Sciences

Judaïsme & vie extraterrestre

01/03/2017 | par rabbin Benjamin Blech

La découverte exceptionnelle de sept exoplanètes par la NASA a relancé l’hypothèse d’une vie sur d’autres planètes. Quel est le point de vue du judaïsme sur la question ?

Y a-t-il de la vie sur d’autres planètes ?

Pour nous autres, habitants de la Terre, cette question d’une portée considérable est l’une des plus intrigantes qui puisse être soulevée. Sommes-nous seuls dans le cosmos ou y aurait-il d’autres êtres – nous ressemblant ou non – quelque part dans l’univers ?

Et pour ceux d’entre nous qui croient au récit de la création tel qu’il nous est relaté dans la Torah, quelle interprétation donner au tout premier verset : « Au commencement Dieu créa le Ciel et la Terre » ? Faut-il y voir une description exhaustive de la création de la vie par le Tout-Puissant ? Ou n’est-ce, au contraire, qu’une information concernant uniquement les terriens, parce que nécessaire à leur relation avec Dieu, mais n’excluant pas l’éventualité d’autres manifestations de la force créatrice divine ?

Bref, les juifs religieux croient-ils en la possibilité d’une vie extraterrestre ?

Cette question qui jusqu’à présent relevait de la pure théorie est subitement devenue éminemment pertinente dans le sillage de l’annonce majeure faite par la NASA. À leur grand étonnement, les astronomes viennent de découvrir sept exoplanètes de la taille de la Terre, qui pourraient être habitables.

Selon les premières conclusions de la NASA, il est possible qu’une vie extraterrestre ait évolué sur au moins trois planètes de ce système solaire récemment découvert à seulement 39 années lumières de la planète bleue.

Ce ne sont pas moins de 7 exoplanètes d’une taille proche de la Terre qui ont été détectées orbitant autour d’une toute petite étoile (dite « naine ultra-froide ») appelée Trappist-1. Les six planètes les plus proches se trouvent dans une zone où la température à la surface va de 0 à 100 degrés. Parmi celles-ci, au moins trois pourraient disposer d’océans d’eau liquide, et donc, potentiellement, de la vie. Aucun autre système connu ne contient autant de planètes similaires à la Terre et probablement rocheuses.

L’astronome britannique Dr Chris Copperwheat, de l’université John Moores de Liverpool, qui a codirigé l’équipe internationale de recherche a déclaré : « La découverte de plusieurs planètes rocheuses dotées d’une température de surface permettant la présence d’eau liquide nous fournit une excellente cible dans la recherche d’une éventuelle vie extraterrestre. »

Selon le judaïsme, cette hypothèse est-elle plausible ? Peut-on concevoir l’existence d’autres univers dont les habitants jouiraient, eux aussi, d’une relation privilégiée avec Dieu ? Et pour passer du sublime au cocasse, ces extraterrestres seraient-ils des juifs qui respectent les lois de la Torah, construisent des synagogues et des lieux de culte, et collectent des fonds pour des œuvres caritatives ?

Si d’une perspective égocentrique nous considérons l’espèce humaine comme étant la seule digne de l’attention particulière de Dieu, nous pourrions aisément en conclure que la vie extraterrestre n’existe que dans la science-fiction. Et c’est un point de vue que de nombreux sages rabbiniques partageaient. Mais ce qui est fascinant, c’est qu’un nombre conséquent de sources juives traditionnelles confirment l’éventualité d’une vie extraterrestre et trouvent de surcroît des preuves bibliques et midrashiques pour étayer leur point de vue.

Dr David Weintraub, professeur d’astronomie à la Vanderbilt University et auteur de l’ouvrage Religions and Extraterrestrial Life: How Will We Deal With It? affirme que le judaïsme est spirituellement prêt à accueillir des petits hommes verts. « Le judaïsme accepte la possibilité d’une vie extraterrestre. Il est même probable que la théologie juive exige une telle croyance étant donné que le pouvoir du créateur ne souffre aucune limite. En d’autres termes, prétendre qu’aucune vie ne peut exister en dehors de la Terre reviendrait à réduire la force créatrice de Dieu, une idée inacceptable pour les juifs. Car l’univers appartient à Dieu et Dieu peut faire ce que bon lui semble avec l’univers » écrit-il.

Plusieurs siècles en arrière, le grand philosophe juif Chasdaï Crescas (1340-1411) a consacré un chapitre entier de son œuvre classique Or Hachem à prouver que l’éventualité d’une vie sur d’autres planètes ne va aucunement à l’encontre de la croyance juive. Et de citer pour preuve le verset de Psaumes (19, 2) : « Les Cieux déclarent la gloire de Dieu ». Comme le laisse entendre ce verset, le riche paysage cosmique, avec toutes les merveilles qu’il comporte, force sans arrêt notre admiration à travers les possibilités infinies des créations de Dieu.

Crescas mentionne également le passage talmudique affirmant que « Dieu vole à travers 18 000 mondes » (Traité babylonien Avoda Zara 3b). De plus, le verset de Psaumes (145, 13) affirmant que « Ton royaume est un royaume qui emplit tous les univers » pourrait impliquer l’existence d’une vie extraterrestre, étant donné que si ces univers n’abritaient aucun sujets, ils ne mériteraient pas le titre de « royaume ».

Une autre allusion biblique à la vie extraterrestre se trouve dans les paroles du cantique composé par la prophétesse Déborah suite à sa victoire sur le général Sissera : « Maudit soit Méroz, a dit l’ange du Seigneur, maudits soient ses habitants. » (Juges, 5, 23) Le Talmud donne deux opinions quant à l’identité de Méroz, l’une étant que Méroz soit une planète dont les habitants extraterrestres étaient venus prêter main forte à Sissera. Cet avis est partagé par Rabbi Pin’has Eliahou Horowitz, (18ème siècle) dans son ouvrage Séfer Habrit (« Livre de l’alliance »). En outre, ce sage affirme avec emphase que Dieu a créé un nombre infini d’univers d’une nature physique, spirituelle et inter-dimensionnelle. Un point de vue partagé par le Arizal (Rabbi Its’hal Louria) qui parle lui aussi d’un nombre infini de mondes spirituels.

En revanche, les sages qui admettent l’hypothèse d’une vie sur d’autres planètes ne nous ont guère livré de description précise des êtres qui les peuplent, ni de la relation qu’ils entretiennent avec le Tout-Puissant, ni des lois (si loi il y a) qui les gouvernent, ni de l’éventuelle « image » à laquelle ils furent crées. Et surtout, ils ne nous ont pas révélé si ces E.T. sont dotés du libre arbitre, cette capacité à opérer des choix indépendants que nous, humains, possédons et qui fait de nous des êtres créés « à l’image de Dieu. »

« Rester les bras croisés et prétendre qu’il n’y a pas de vie en dehors de la planète Terre équivaut à mettre des limites au Créateur. »

Nous ignorons les réponses à toutes ces interrogations. Mais nous n’en demeurons pas moins ouverts aux questions et tout aussi désireux de leur trouver des réponses.

Dans cette optique, il convient de méditer à la réponse que le Rabbi de Loubavitch donna au Dr Velvel Green, un éminent microbiologiste qui fut engagé par la NASA dans le cadre de son projet visant à déterminer s’il y avait de la vie sur Mars. Quand ce dernier lui demanda à titre privé s’il convenait de se livrer à une telle recherche, le Rabbi lui répliqua : « Dr Greene, cherchez donc s’il y a la vie sur Mars ! Et si vous n’en trouvez pas là-bas, cherchez ailleurs dans l’univers. Car rester les bras croisés et prétendre qu’il n’y a pas de vie en dehors de la planète Terre équivaut à mettre des limites au Créateur. Et cela, aucune de Ses créatures ne peut le faire ! »

Découvrir de nouvelles merveilles de l’univers peut donc contribuer à renforcer notre amour et notre connaissance de Dieu. À vos télescopes !

 

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