Société

Ce tableau de Léonard de Vinci vaut-il ses 450 millions de dollars ?

29/11/2017 | par rabbin Benjamin Blech

Tout dépend qui en est l’auteur.

Une œuvre d’art peut-elle valoir près d’un demi-milliard de dollars ?

Visiblement, un certain acheteur – qui a préféré garder l’anonymat – semblait être de cet avis quand il a fait l’enchère gagnante de 450 millions de dollars chez Christie’s pour Salvador Mundi, une toile de 600 ans attribuée à Léonard de Vinci.

Ce prix d’achat astronomique fait de ce portrait de 65 cm de haut l’œuvre d’art la plus chère de l’histoire, pulvérisant le précédent record de vente aux enchères pour un tableau qui s’élevait à 179,4 millions de dollars pour « Les Femmes d’Alger » de Pablo Picasso, vendu en 2015.

Ce qui est peut-être le plus remarquable à propos de la somme exorbitante déboursée pour ce que Christie’s a présenté comme « le dernier tableau de Léonard de Vinci » est le montant payé pour ce même portrait de taille modeste en 1958 avant qu’il n’ait été reconnu comme un authentique « Leonardo ». À cette époque, il s’était vendu pour la bagatelle de 60 dollars, n’impressionnant pas outre-mesure les enchérisseurs par ses qualités artistiques. Puis en 2005, quand la même toile est récupérée d’une vente sur licitation, un acheteur se laisse persuader de l’acquérir moyennant 10 000 dollars.

Beaucoup de critiques d’art soulignent que même si Salvador Mundi a effectivement été peint par Léonard de Vinci, une opinion qui demeure contestée, il ne mérite certainement pas le titre de « chef-d’œuvre ». Peu de temps après sa vente record, le critique d’art Jason Farago a écrit sur le New York Times que bien qu’il ne soit pas en position de « confirmer ou de contester l’attribution de la toile, » il considère que le prétendu chef-d’œuvre est « une peinture religieuse talentueuse mais pas particulièrement distinguée venant de la Lombardie du début du 16ème siècle et qui a subi d’innombrables restaurations. » Pour sa part, le critique d’art Jerry Saltz n’a pas hésité à qualifier ce portrait de « mort » et d’« inerte » dans un essai pour le magazine New York.

Alors pourquoi serait-on prêt à débourser presqu’un demi-milliard de dollars pour l’obtenir ?

Même le plus riche oligarque doit impérativement éprouver une certaine satisfaction dans la dépense d’une somme d’argent aussi exceptionnelle et il est évident que le simple plaisir d’admirer cette peinture n’est pas une explication suffisante.

En effet, la preuve que la valeur d’une toile a très peu de lien, si ce n’est aucun, avec sa valeur artistique, est un scandale qui s’est déroulé en 2011 quand Pierre Lagrange, un patron d’un fonds spéculatif belge, a découvert que le tableau attribué à Jackson Pollock qu’il avait acheté pour 17 millions de dollars à une galerie contenait deux pigments qui n’était pas encore commercialisés à l’époque de Pollock. À la suite de cette affaire, de nombreux autres clients de cette même galerie, laquelle proposait des tableaux de plusieurs millions de dollars attribués à des artistes très célèbres comme Mark Rothko, Jackson Pollock et Willem de Kooning, se sont aperçus qu’on les avait escroqués en leur vendant de fausses toiles.

La révélation que leur véritable auteur était Pei-Shen Qian, un immigré chinois de 73 ans qui peignait ces fausses toiles dans son garage du Queens, un quartier de New-York, contre quelques milliers de dollars seulement, a immédiatement rendu ces toiles sans valeur. Et pourtant, l’apparence de ces peintures n’a pas changé. Jusque-là, elles avaient été fièrement exposées, suscitant une vive admiration. La seule chose responsable de la chute drastique de leur valeur fut la découverte du véritable nom de leur auteur.

Pendant des années, Pierre Lagrange était un homme très heureux. Il possédait un tableau qui, comme il l’a confié, l’impressionnait constamment par sa beauté et le talent qui s’en dégageait. Mais quand il a découvert qu’il ne possédait pas un vrai Jackson Pollock, il en est devenu furieux et misérable.

À l’évidence, ce qui importe davantage que l’aspect d’une œuvre d’art est la croyance en celui que nous assumons en être l’auteur.

Cette réflexion véhicule également un message religieux important.

Nous sommes entourés par un monde d’une beauté infinie. Le roi David dans son magistral livre des Psaumes nous exhorte dans d’innombrables passages d’une brillance inoubliable à observer autour de nous toutes les majestueuses œuvres de la nature avec la plus grande admiration et appréciation. « Que tes œuvres sont grandes, ô Seigneur! Toutes, tu les as faites avec sagesse; la terre est remplie de tes créations » (Psaumes 104, 24).

Alors pourquoi sommes-nous si nombreux à ne pas apprécier toute cette beauté ? Henry Thoreau y répond de manière éloquente en soulignant que « le ciel se trouve aussi bien sous nos pieds qu’au-dessus de nos têtes. » En d’autres termes, le ciel nous entoure sur terre mais seulement si nous croyons au ciel là-haut ; pour apprécier véritablement la création nous devons reconnaître la vérité d’un Créateur.

Pour ceux qui considèrent la vie comme le résultat d’une évolution athée, le monde est réduit à une simple contrefaçon, aussi dénuée de valeur qu’un faux Léonard de Vinci ou Pollock.

Une idée que l’on retrouve dans cette célèbre citation de George Santayana : « Le monde a une musique pour ceux qui écoutent. » Nous pouvons apprécier pleinement la beauté de cette musique, mais seulement si nous prenons la peine d’y déceler le Compositeur Suprême.

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