Société

Cinq leçons à tirer des attentats à Paris

19/11/2015 | par David A. Harris

Nous devons renouveler notre engagement envers les valeurs que les terroristes veulent détruire, et afficher une ferme détermination à vaincre nos adversaires.

Une fois de plus, les terroristes ont frappé, à Paris cette fois-ci, et avec des résultats dévastateurs.

Les scènes étaient déchirantes, alors que la France affrontait l’attaque la plus meurtrière depuis la Seconde guerre mondiale et ce, seulement dix mois après les trois attentats terroristes survenus dans la capitale française qui ont coûté la vie à 17 personnes.

Aujourd’hui, on s’emploie à pleurer les victimes, à réconforter leurs familles, à soigner les blessés, à calmer l’anxiété du public et à renforcer la sécurité, tout en s’assurant qu’il n’y ait pas de compatriotes terroristes attendant dans les coulisses, prêts à déclencher une nouvelle flambée de violence. En même temps, les autorités doivent faire le point sur le déroulement précis des attentats, l’identité de leurs auteurs, le lieu de leur entraînement militaire et la provenance de leurs armes, et tenter de déterminer si les services de renseignements français n’ont pas négligé les signaux d’une attaque qui était de toute évidence le fruit d’un plan sophistiqué, non pas d’une action spontanée.

Demain, on devra s’employer à prendre en considération cinq facteurs à plus longue échéance.

Premièrement, la solidarité entre les pays attachés aux mêmes principes se doit d’être permanente, non pas épisodique. Le monde civilisé fait face à une menace transnationale. Les terroristes se déplacent librement. Ils profitent de l’ère digitale, laquelle ne connaît aucune frontière. Ils créent des réseaux aussi bien formels qu’informels qui s’étendent à travers les pays, les continents et au-delà.

En conséquence, il faut réagir en garantissant un maximum de concertation, coopération et coordination entre les différents pays en proie à la même menace.

Deuxièmement, il est grand temps d’abandonner la terminologie évasive trop souvent employée pour décrire les auteurs de ces crimes atroces, au profit d’un discours plus précis. Ces individus ne sont pas simplement des « extrémistes violents », même si, bien entendu, ils le sont. Ceux ne sont pas simplement des « terroristes », même si, bien entendu, ils le sont aussi.

Ceux sont des islamistes radicaux inspirés par leur interprétation personnelle de la religion, aussi pervertie soit-elle. Ils crient « Allahou Akbar – Dieu est grand » avant de tuer. Ils croient au djihad comme étant une forme de violence légitime. Ils aspirent à accéder à une place privilégiée au paradis en tant que « martyrs », et avec les récompenses qui leur reviennent. Et ils croient fermement accomplir la volonté divine.

Troisièmement, ceci est une épreuve de vérité pour la France et, effectivement, l’ensemble de l’Europe. Qu’ils ne s’avisent surtout pas à y échouer. Les enjeux sont trop importants. Quant à ceux qui, de l’extérieur, tournent en dérision l’Europe, la reléguant au rang de dépotoir de l’histoire, ils commettent là une erreur monumentale.

L’Europe doit impérativement prévaloir dans cette lutte épique. Si elle capitule, le monde entier – ou du moins cette partie de lui qui croit aux valeurs démocratiques, à l’État de droit, au pluralisme et à la protection de la dignité humaine – est perdant. L’Europe, en compagnie de ses alliés, doit mobiliser sa volonté et sa capacité de riposter, se défendre, et triompher.

Cela ne sera ni facile, ni rapide. Mais se contenter d’espérer que le problème disparaîtra un jour n’est pas une stratégie valable ; ni lier les mains de, ou éviscérer les budgets des forces de l’ordre, des services de renseignements et de l’armée ; ni encore défendre le droit à la vie privée à tout prix, comme certains puristes politiques le suggèrent, même si cela implique de compromettre la sécurité nationale et personnelle. De judicieux accommodements doivent être apportés aux sociétés démocratiques d’aujourd’hui, sans quoi les conséquences risqueraient d’être désastreuses.

Quatrièmement, tant que le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont instables, les défis géopolitiques demeureront considérables. Non, il n’existe pas de chemin tout tracé pour s’extirper de ce bourbier. Cette leçon, les États-Unis l’ont apprise à maintes reprises en essayant d’aider l’Irak à construire son pays, en vain, puis en recherchant une stratégie de retrait de l’Irak, laquelle fut loin de se dérouler comme prévue. Et nous l’avons aussi apprise en Syrie, où les bonnes options n’existaient tout bonnement pas, et qu’il fallait choisir entre le mal et le pire.

Cela dit, nous autres, Américains et Européens, pouvons difficilement nous permettre de rester à bout de bras, en priant de rester indemnes. Les événements récents prouvent l’échec de cette approche.

L’Europe est inondée de migrants issus de pays en déliquescence ou en voie de l’être, et rien ne laisse à penser que le flux doive se tarir prochainement. Quelles que soient les nobles intentions de l’Europe, les défis sont considérables – tenter de déterminer la véritable identité de ces individus ; développer des stratégies à court terme pour leur fournir soins médicaux et logements ; planifier leur intégration et leur acculturation, tout en sachant combien il a souvent été difficile d’absorber les générations précédentes issues de ces mêmes régions ; et tout en étant à l’affût d’individus dangereux ou rebelles qui pourraient se retourner contre leurs pays d’accueil.

Autrement dit, si nous n’allons pas au Moyen-Orient (ou en Afrique du Nord), le Moyen-Orient viendra à nous, et ce, par des moyens qui pourraient s’avérer perturbateurs, pour ne pas dire mortels.

Et dernièrement, quand l’Europe se réveillera-t-elle enfin pour se rendre compte que l’Israël démocratique fait partie de la solution, non pas du problème ?

En fin de compte, le terrorisme auquel doit faire face la France – ou la Belgique, le Danemark, l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni, etc. – est le portrait craché de celui qu’affronte Israël. Certains dirigeants européens se donnent beaucoup de mal pour nier cette vérité flagrante, en s’efforçant d’établir des distinctions qui sont, en fait, quasiment inexistantes, ou en suggérant qu’Israël a en quelque sorte bien « mérité » le sort qui lui est réservé, alors que l’Europe non.

Soyons réalistes.

Les auteurs des attaques du 11 septembre détestaient l’Amérique et ce qu’elle incarne. Ils se moquaient éperdument de l’appartenance politique du parti qui était au pouvoir, parce qu’ils ont attaqué les tours jumelles quand Clinton était président et de nouveau quand Bush siégeait au bureau Ovale.

Il en va de même pour l’Europe. La cible visée est le système de valeurs de l’Europe – sa démocratie, son ouverture, sa liberté et son laïcisme.

Et, disons-le, il en va de même pour Israël. Les terroristes du Hamas (avec lesquels l’Autorité palestinienne a pactisé), le Hezbollah soutenu par l’Iran, le Djihad islamique, et Daech ne veulent pas qu’Israël existe, un point c’est tout. Ce qui les intéresse n’est pas de savoir qui détient le pouvoir à Jérusalem ni comment parvenir à un accord à deux États, mais plutôt d’imposer leur autorité sur la totalité de cette terre.

Comment, dans ce cas, pouvons-nous nous assurer que la tragédie barbare de Paris ne tombe pas trop rapidement dans l’oubli ni vienne simplement s’ajouter à une liste croissante d’actes terroristes ?

Essentiellement, en poursuivant deux stratégies à la fois – renouveler notre engagement envers les valeurs que les terroristes voudraient détruire, et relever la tête en affichant notre ferme détermination à vaincre nos adversaires.

Eux ont leur monde – un monde fait, comme nous l’avons vu, d’attentats suicide, de décapitations, d’intolérance, de répression des femmes, et de doctrine religieuse étouffante.

Nous avons le nôtre – un monde qui aspire aux droits de l’homme, à l’égalité, à la liberté de culte et au respect mutuel.

Les tragiques événements de Paris devraient nous servir de sonnette d’alarme : que nous vivions en France ou ailleurs, notre monde a besoin, et mérite d’être défendu.

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