Société

Demander une augmentation

22/01/2012 | par Asher Meir

Suis-je obligé de donner une augmentation à mon employé ?

Question. J'ai un bon employé qui me demande une augmentation. Dois-je négocier avec lui? 

 
Réponse. C'est probablement la question la plus fréquente que je reçois: les employés estiment qu'ils sont sous-payés et voudraient contraindre leurs employeurs à payer ce qu'ils valent vraiment, et les employeurs font face à des employés qui insistent. 
 
La plupart des autorités rabbiniques reconnaissent que le modèle de l'emploi dans le Talmud et la loi juive est l'emploi volontaire, ce qui signifie que les parties sont tenues seulement par leur contrat de travail. L'employeur est libre de renvoyer l'employé à tout moment, à condition que la période convenue soit terminée (généralement c'est un mois mais on demande souvent un mois ou plus de préavis), et le salarié est libre de quitter son employeur n'importe quel moment, avant même que la période d'emploi soit terminée. Un autre principe de la loi juive est que les accords de travail sont supposés être conformes à la loi et aux coutumes locales. Comme la plupart des pays de droit commun ont aussi des règles pour l'emploi de gré à gré, si vous vivez dans un de ces pays alors le modèle implicite et la validation de la loi laïque vous donneraient deux raisons de pouvoir renvoyer vos employés sur la base de votre meilleure appréciation des choses. 
 
Le Talmud relate dans un certain nombre de passages la situation que vous décrivez: lorsque l'employé est convaincu que la vraie valeur de son travail est plus élevée que celle convenue. 
 
Dans un de ces cas, le Talmud évoque une situation où recevoir un salaire de quatre zuz est chose commune, et qu’il aurait été possible de démontrer que l'employeur aurait été prêt à payer quatre zuz, si les employés avaient insisté. Mais les employés avaient accepté de travailler pour seulement trois zuz. La conclusion est que les employés n'ont pas droit à quatre zuz, et que leur salaire sera conforme à l'accord original. Toutefois, le passage rapporte également que si l'employeur était  librement disposé à offrir quatre zuz et que son directeur ait de sa propre initiative décidé de limiter les employés à un salaire de trois zuz, les employés sont en droit d’avoir un grief envers ce directeur (1). 
 
Dans un autre cas, le Talmud rapporte un cas où la négociation salariale a été faite au taux courant, mais au milieu de la période de contrat, les salaires pratiqués ont  augmenté. En conséquence les ouvriers commencent à se plaindre, et le patron les convainc de rester par de vagues assurances qui ne l’engagent à rien. (On peut imaginer qu'il a dit quelque chose comme : «Je vais faire quelques modifications pour que vous ayez intérêt à rester».) La conclusion est que cela ne constitue pas une promesse de se mettre au niveau des salaires du marché. L'employeur pourra remplir son obligation par quelques améliorations mineures dans les conditions de travail. (Le Talmud donne l'exemple de donner de plus gros repas.) (2)  

Nous apprenons que le patron n'est pas obligé de remettre en question l'accord original, mais il semble aussi qu’il faille accéder aux demandes des employés à hauteur de la moitié de leur requête.

  
Je pense donc que la conclusion de votre affaire est la suivante: si vous estimez que la demande de votre employé est justifiée – il gagne moins que la moyenne des salaires, comme les employés du Talmud – je suggèrerais d'accepter de négocier. Dans les deux cas le Talmud semble indiquer que le résultat idéal implique quelques concessions aux employés. Mais le travailleur n'est en aucun cas en droit de recevoir une augmentation, et il ne peut pas l’exiger. Si vous ne pensez pas que la demande soit justifiée, il ne semble pas y avoir d’exigence éthique de négocier avec lui. 
 
Bien sûr, l’employé est un home libre et  est totalement dans son droit de faire toutes les demandes qu'il désire, et de démissionner si elles ne sont pas accordées. Si votre employé travaille bien, il est peut être plus intelligent de lui faire plaisir. Mais il ne peut pas accepter de rester, et en plus contraindre l'employeur à répondre à ses exigences, même si elles sont raisonnables. 
 
SOURCES: (1) BT Baba Metzia 76a; Shul’han Aroukh ‘Hoshen Mishpat 332:2. (2) BT Baba Metzia 77a; Shul’han Aroukh ‘Hoshen Mishpat 332:5

 

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