Société

La théorie du genre – état des lieux

19/05/2014 | par Yonathan Bendennoune

Un regard juif sur la théorie qui n’en a pas fini de faire parler d’elle.

« Cette fille, c’est un garçon manqué ! » Nous avons tous entendu cette phrase un jour dans la cour de l’école. Et pourtant, certains adultes très sérieux continuent à s’interroger à ce sujet longtemps après, sur les bancs de l’université…

Résumons brièvement la polémique qui a tant ému le territoire français ces derniers mois. Judith Butler, une philosophe américaine, a étudié la question des « stéréotypes des genres » – entendez des genres masculins et féminins. Elle explique qu’au fil des siècles, c’est l’environnement culturel qui a fixé les rôles, les métiers, les goûts, en bref, toutes les « normes » qui définissent la place qu’occupent l’homme et la femme au sein de la société.

Les poupées pour les filles !

Pourquoi les filles jouent-elles aux poupées et les garçons aux voitures ? Pourquoi certains métiers sont-ils presque exclusivement masculins ? Et pourquoi certaines matières ne sont-elles étudiées que par des femmes ? La réponse à ces questions, estime la philosophe, réside dans les stéréotypes de la société : l’être humain s’est forgé une image de ce que « doivent » être un homme et une femme, et c’est selon ce modèle que « doivent » se développer respectivement les deux sexes.

Cette position, pour respectable qu’elle soit, soulève une question a priori élémentaire, mais qui mérite d’être posée : aspirer coûte que coûte à l’égalité, en accordant à tous les mêmes attributs et en ôtant toute spécificité aux genres, ne revient-il pas à réduire l’espèce humaine à une simple mécanique ? Admettre que la mentalité et le tempérament ne sont que le fruit de l’environnement, ne revient-il pas à annihiler l’essence même de l’esprit ?

Un père jusqu’au-boutiste

Donnons un exemple concret aux thèses de Mme Butler. Un père, « malheureux » d’avoir eu une fille au lieu d’un fils, décide de l’éduquer exactement comme un garçon. Il la prive de toute référence féminine, il l’isole de ses amies, lui interdit toute coquetterie, et lui apprend très jeune les subtiles différences qui distinguent une Ferrari d’une Lamborghini.

Ce « système éducatif » peut aboutir à deux résultats : soit la jeune fille deviendra un parangon de virilité, soit elle prendra un jour conscience de certains « instincts » qui vibrent en elle, et qui l’appellent à sortir du moule dans lequel on l’a façonnée.

Si l’on croit en l’homme, si l’on admet que l’individu peut, par sa conscience, opérer des choix, des décisions, orienter sa vie selon ce qu’il sait et ce qu’il veut, il ne fait aucun doute que cette petite fille reviendra un jour à elle-même. Mais si l’on prétend le contraire – affirmant que tous sont « égaux » et dotés d’une constitution morale exactement identique –, on en vient à nier l’existence même de la conscience. L’être humain serait une entité monolithique, dont l’esprit ne serait pas différent d’un liquide épousant la forme du récipient dans lequel il est versé.

Connais-toi toi-même

Sans avoir nécessairement étudié la psyché humaine en profondeur, il semble admis que notre conscience et notre esprit nous distinguent fondamentalement des autres êtres de la création, notamment du règne animal. Ce quelque chose d’unique qui nous anime, la Torah l’appelle « souffle de vie » (Béréchit 2, 7) – à savoir cette âme divine qui fait que nous sommes nous-mêmes.

Ainsi, au-delà de toute considération culturelle, chaque individu possède une identité propre. Et s’il en est ainsi des individus du même genre, à plus forte raison pour les sexes opposés : les hommes et les femmes ont des manières d’être différentes, parce qu’ils sont animés d’une conscience qui les oriente vers leur « eux-mêmes ».

En cherchant à brouiller les frontières bien réelles existant entre les deux genres, la société moderne chercherait-elle à les affranchir de la mission précise qui leur incombe respectivement ?

Et pour que les choses soient dites, cette affirmation ne remet nullement en question l’égalité des sexes. Dans le judaïsme, les droits juridiques et moraux des femmes sont fondamentalement les mêmes que ceux des hommes. Et si certains répugnent à l’admettre, c’est parce qu’ils distinguent difficilement la nuance entre « droits » et « rôles ». Précisément parce que le masculin est différent du féminin, la Torah attribue à chacun la vocation qui lui convient, selon sa nature et son essence. Être femme ne signifie pas jouer systématiquement le « second rôle », mais c’est être soi-même et s’épanouir selon sa nature profonde.

Nos Sages enseignent en ce sens : « De même que leurs visages ne sont pas identiques, ainsi leurs pensées diffèrent les unes des autres » (Deutéronome 21). Et nous pourrions prolonger cette maxime en ajoutant : « De même que la physionomie de la femme diffère de celle de l’homme, ainsi leurs natures respectives sont-elles différentes. »

En cherchant à brouiller les frontières bien réelles existant entre les deux genres, la société moderne chercherait-elle à les affranchir de la mission précise qui leur incombe respectivement ?

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