Société

Le Hafets Haïm & la présidentielle américaine

06/11/2016 | par rabbin Benjamin Blech

Si seulement les deux candidats avaient pris à cœur le message de ce grand sage !

De toute ma vie, je n’ai jamais été témoin de débats aussi houleux et passionnés que ceux suscités par le choix du futur président des États-Unis. Selon des rapports fiables, ce ne sont pas seulement des amitiés de longue date qui seraient aujourd’hui rompues en raison de divergences d’opinions trop prononcées, mais aussi des couples qui se trouveraient au bord du divorce alors que maris et femmes se transforment en ennemis politiques.

Loin de moi ne serait-ce que de suggérer une préférence personnelle pour l’un ou l’autre des candidats en lice. Ce n’est pas le genre d’articles que vous trouverez sur Aish.fr. Mais en tant que personne habituée à percevoir l’actualité sous le prisme de la Torah, ce serait manquer à mon devoir que de ne pas souligner une vérité remarquable à propos de cette présidentielle riche en rebondissements – une vérité qui propulse les gros titres actuels au premier plan d’un message éthique mis en exergue par l’un des plus grands sages de la Torah de la génération précédente.

Rabbi Israël Méïr Kagan, plus connu sous le nom de son magnum opus Hafets Haïm, est reconnu comme la plus grande sommité et le plus grand défenseur de l’importance de l’éthique de la parole dans le judaïsme. Il a intitulé son œuvre portant sur les lois du langage d’après le célèbre verset du livre des Psaumes : « Venez, enfants, écoutez-moi ; je vous enseignerai la crainte de l’Éternel. Quel est l’homme qui souhaite la vie (hafets haïm), qui aime de longs jours pour goûter le bonheur ? Préserve ta langue du mal, et tes lèvres des discours perfides. Éloigne-toi du mal et fais le bien, recherche la paix et poursuis-la. » (Psaumes 34 : 12 – 15)

Son ouvrage est basé sur de prodigieuses sources toraniques et une profonde connaissance des textes juifs. Pourtant, détail remarquable, ce sage rabbinique a jugé bon d’y inclure une illustration des merveilles de la technologie moderne de l’époque. C’était au moment où les télégrammes venaient de faire leur apparition, permettant la transmission instantanée d’informations importantes jusqu’à aux endroits les plus reculés.

Le seul écueil considérable était le prix. Les télégrammes étant facturés au mot, les phrases et les idées se voyaient réduites au minimum – ce qui les rendait parfois quasiment incompréhensibles – parce que tout le monde savait que chaque mot comptait, et qu’on devrait payer pour chaque parole que l’on dirait.

Le Hafets Haim ne put s’empêcher de relever la portée symbolique de cette invention sur le plan spirituel. Un jour, disait-il, nous nous tiendrons devant le Seigneur et devrons rendre compte non seulement de nos actes mais aussi de nos paroles. Et le prix à payer, ajoutait-il avec un sourire emprunt de gravité, dépassera de loin celui d’un télégramme.

Nos paroles ont un coût. Nous sommes allés bien plus loin que les télégrammes ; nos technologies comprennent les emails et Twitter, Facebook et WhatsApp. Nous appartenons à une génération qui comprend sans doute mieux que toutes celles qui l’ont précédée la pleine portée de la recommandation des Maximes des Pères : « Considère trois choses et tu n’en viendras pas à la transgression : sache d’où tu proviens, où tu aboutiras et devant qui tu es appelé à rendre compte. D’où tu proviens : d’une goutte putride ; où tu aboutiras : dans un lieu de poussière, de vermine et de vers ; et devant qui tu es appelé à rendre compte : devant Celui qui est souverain sur les rois des rois, le Saint béni soit-Il. » (Maxime des Pères 2, 1)

Si seulement les deux candidats en lice pour la présidentielle américaine avaient pris cette leçon à cœur !

C’est là un puissant message à méditer à la veille d’une élection. Mais c’est une idée aussi importante pour chacun d’entre nous  que pour ceux qui briguent la Maison-Blanche.

Les jours de nos vies sont les pages d’un livre que nous écrivons au cours de notre passage sur terre. Son contenu est totalement connu du Créateur et le moment viendra où nous devrons répondre de toutes ses notes. C’est bien plus qu’un journal intime. C’est un testament sans fard de nos réussites tout comme de nos échecs. C’est l’héritage que nous laissons pour le futur et qui témoigne de la valeur de notre existence. Il englobe toutes nos expériences, depuis celles qui nous comblent de fierté jusqu’à celles qui, avec le recul, nous emplissent de honte.

Le Midrach dégage de magnifiques enseignements des actions des grandes figures bibliques. Il nous révèle, entre autres exemples, que si Ruben, le fils aîné de Jacob, avait su que la Torah mentionnerait qu’il avait sauvé Joseph du puits dans lequel il avait été jeté par ses frères, il ne se serait pas contenté de le secourir ; il l’aurait porté sur ses épaules durant toute la longue distance qui le séparait de son père.

C’est là une réflexion profonde. Si nous étions conscients que nos bonnes actions étaient dûment enregistrées dans l’au-delà, la valeur que nous leur accorderions en serait décuplée. Aux yeux de Dieu, la notion de vie privée n’existe pas, peu importe si nos actions sont consignées dans le Livre que Lui-même a écrit, ou dans celui que chacun d’entre nous écrit pour l’éternité.

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