Société

Le gma’h : Les autres avant tout

21/10/2014 | par Millie Salomon

Ne laissons pas la grisaille envahir nos vies. Contre la crise, relevons le défi de la solidarité avec le gma’h, nouvelle ancienne institution…

Déborah, la jeune fiancée démunie, quitte le sourire aux lèvres l’appartement de Sonia avec sa robe de mariée en main sans avoir sorti son porte-monnaie. Benjamin a treize ans et demain, c’est sa bar-mitsva. Ses parents ont tout organisé dans la syna du quartier mais n’ont pas eu le temps de s’occuper des fleurs : dans une heure, après un coup de fil à Tsipora, il y aura sur les tables de jolis bouquets artificiels pour agrémenter le repas.

Sara vient d’accoucher d’une merveilleuse petite fille de 3 kg et demi. Après son court séjour à la maternité, elle retourne à la maison un peu fatiguée. Elle n’a pas besoin de s’en faire : tous les repas seront servis pour elle et sa famille, matin, midi et soir.

Au nom de la mitsva de « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », des hommes et des femmes s’adonnent à un « passe-temps » un peu particulier : aider les autres, bénévolement et parfois avec les moyens du bord. A Jérusalem, à Bné Brak, et dans de nombreuses autres villes encore, on prête tout, ou à peu près tout ce qui existe sur cette terre à tous ceux qui en ont besoin. Du téléphone portable à l’argent, en passant par les gâteaux et les conseils médicaux, le gma’h est l’organisation la plus originale et la plus dynamique de ces dernières années. Il est vrai que ce genre d’initiative a toujours existé au sein du peuple juif. Mais il revêt aujourd’hui les formes les plus diverses à cause de la société de consommation qui a décuplé les demandes et les besoin.

La qualité essentielle du Juif

Le mot « gma’h » nous explique Myriam, créatrice de l’un des organismes du même nom, vient des mots « gmilouth ‘hassadim », l’une des qualités essentielles du Juif, celle du don et de la solidarité. Myriam s’occupe d’un gma’h de médicaments depuis plus de vingt ans. Les gens défilent à son domicile 24 heures sur 24 pour profiter e ce service si précieux : l’appartement est ouvert en permanence et, de surcroît, on ne demande pas d’argent ! « Nous fonctionnons très simplement, nous confie cette jeune femme de quarante ans qui est déjà mère d’une famille nombreuse. Nous avons commencé parce que notre fils a eu des bronchites asthmatiques à répétition dès l’âge de trois mois. Une fois par mois, on devait se rendre à l’hôpital pour lui faire des inhalations avec un appareil spécial. Quand il a eu six mois, nous avons décidé, mon mari et moi, d’investir dans l’achat d’une machine ce de type (qui était assez coûteuse). Les gens ont entendu que nous possédions cette machine et ont commencé à nous l’emprunter. C’est ainsi que tout commencé ! »

Myriam habite un quartier près de Jérusalem qui compte sept cents familles. Par son dynamisme et son enthousiasme, elle a acquis au fil des années des connaissances en pharmacie, ce qui lui a permis de développer son activité. Aujourd’hui, son gma’h est devenu l’un des services indispensables du quartier.

« Nous avons d’abord décidé d’ouvrir un gma’h d’appareillage médical. Nous avons acheté des béquilles, une chaise roulante, un humidificateur. A peu pères à la même époque, un couple nous a donné un petit fonds de médicaments (pilules, gélules, suppositoires…). De cette base, on a créé un « département » médicaments, mais il a fallu s’organiser. Le gma’h me prend tellement de temps qu’un bénévole vient m’aider deux fois par semaine pour ranger les médicaments, noter ceux qui manquent et les remplacer. »

Au milieu de la nuit

Le fonctionnement du gma’h de Myriam est simple : chaque personne qui présente une ordonnance (sauf pour les aspirines) reçoit la première série de cachets (par exemple pour les antibiotiques.) Elle doit ensuite se rendre dans une pharmacie et les restituer au gma’h. Mais souvent, les gens n’arrivent pas à le faire. Dance cas-là, c’est Myriam qui rachète les médicaments. « Notre gma’h représente 8000 chékalim (environ 1800 euros). Pour composer le fonds de départ, nous achetons les médicaments au prix fort et non au prix de la sécurité sociale.

Une responsabilité qui engage temps, argent, disponibilité et aussi… discernement. De nombreuses anecdotes rythment la vie du gma’h. Un adolescent se trompe d’ordonnance et demande des somnifères à la place d’antibiotiques… Myriam est en contact permanent avec les médecins. Toujours en ébullition, elle a des idées et de l’énergie : « C’est vrai, au départ, il faut prendre le rythme : les gens viennent parfois au milieu de la nuit (pour une rage de dents par exemple). Il faut retrouver ses esprits ou plutôt se mettre dans la peau d’une pharmacienne rassurante et pro. Mais l’effort est la mesure de la récompense : le gma’h a aidé énormément de familles. Nous avons également ouvert un petit gma’h contre les brûlures superficielles. Et aussi un gma’h d’argent pour payer les taxis des gens qui doivent se rendre à l’hôpital et également un gma’h pour payer les soins dentaires… Et puis j’oubliais, nous avons aussi un gma’h de plateaux… »

A l’échelle nationale

L’histoire de Myriam n’est pas sans rappeler celle d’Ouri Lupoliansky, qui fut maire de Jérusalem de 2003 à 2008, tant sa popularité était grande auprès du grand public grâce à l’activité de son Association. Créé sur des bases similaires à celles du gma’h de Myriam en 1976, l’organisme Yad Sarah a pris une ampleur nationale et dispose aujourd’hui d’un budget de 12 millions de dollars annuel. Plus de 6000 bénévoles sont répartis dans une centaine d’antennes en Israël et gèrent le prêt de 300 000 appareils médicaux ou de rééducation gratuitement. Un institut de sondage a révélé que Yad Sarah permet au pays d'économiser plus de 300 millions de dollars par an en réduisant les hospitalisations. Dans le domaine médical encore, le travail de Rav Firer est également exemplaire. Prix Israël 1997, il exerce une profession (non rémunérée) un peu particulière : il oriente toute personne qui vient le consulter vers les meilleurs spécialistes de santé dans le monde. Depuis des années, entouré d’une équipe expérimentée, il aide tous ceux qui doivent êtres soignés mais qui n’ont pas toujours les informations en main pour décider du médecin, du chirurgien ou de l’hôpital qui sera le plus adapté à son cas. Il y va parfois de l’organisation d’un voyage d’urgence aux États-Unis pour une intervention chirurgicale exceptionnelle. Cette vocation lui prend une grande partie de son temps et de son énergie… Mais il a déjà aidé des milliers de personnes. Il assiste également ceux qui ont besoin d’argent pour des soins coûteux, une hospitalisation… Il est connu dans tout Israël pour son professionnalisme, ses contacts dans tous les milieux médicaux, pour son écoute et son flair.

Quant à vous, si vous manquez d’idées pour lancer votre propre organisme, consultez les bottins des quartiers orthodoxes, chacun d’entre eux compte plus de 400 gma’him !

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