Société

Massacre à Paris

15/11/2015 | par rabbin Benjamin Blech

Ces scènes de mort – qu'elles soient vues à Paris, Hébron, Jérusalem ou New York – devraient nous servir d’avertissement à tous.

On l’appelle déjà vendredi noir, un jour qui restera dans les annales de l’histoire pour la cruauté barbare qui s’y est déchaînée, meurtrissant la civilisation occidentale dans sa chair.

Vendredi soir, 129 personnes furent brutalement assassinées et plus de 350 autres furent blessées dans une série d’attaques coordonnées survenues dans sept lieux différents de la capitale française et sa banlieue. Dans la salle de spectacle du Bataclan où se déroulait un concert du groupe de rock américain Eagles of Death Metal,  quatre hommes armés ont ouvert le feu aux cris de « Allah Akbar », exécutant 82 otages les uns après les autres.

Au lendemain de l’attentat le plus meurtrier de l’histoire de la France depuis la Seconde guerre mondiale, la Tour Eiffel a fermé ses portes jusqu’à nouvel ordre, tout comme le Louvre. Le pays qui chérit les libertés laïques a interdit les rassemblements publics jusqu’à jeudi au moins.

La France a promis de lourdes représailles pour venger ces attentats. François Hollande a qualifié ces fusillades et explosions meurtrières d’ « acte de guerre ». Il a déclaré l’état d’urgence et a pris la mesure sans précédent de fermer toutes les frontières. « Nous allons mener le combat, il sera impitoyable » a-t-il affirmé samedi.

Aux quatre coins du monde, les gens se rassemblent pour pleurer les victimes des attentats de vendredi, organisant des veillées aux bougies, chantant la Marseillaise et déposant des gerbes et des messages devant les ambassades françaises du monde entier. De nombreux monuments mondiaux se sont illuminés aux couleurs du drapeau français en signe de solidarité.

La presse suggère un nouveau slogan pour exprimer la douleur et la répulsion partagées face à ces actes de terrorisme qui ont frappé la France. « Je suis Charlie » cède la place à « Nous sommes tous la France. »

La seule devise qui n’a malheureusement pas eu droit à la même notoriété et qui est pourtant tout aussi appropriée, la devise qui touche au cœur de cette tragédie et en identifie la cause principale est celle qui, au lendemain de ce vendredi noir, devrait enfin réveiller les hommes politiques somnambules de leurs rêveries indifférentes et secouer les dirigeants silencieux de leur réaction apathique au terrorisme qui fait rage dans le seul pays démocratique du Moyen-Orient. Le monde doit enfin comprendre que « Nous sommes tous Israël ».

Ce n’est pas une coïncidence si ce vendredi noir à Paris fut aussi le jour d’une autre attaque meurtrière survenue en Israël. Les victimes étaient Rav Yaacov Litman et son fils Netanel qui furent tuées en route pour un Chabbat Kala de leur fille Sarah qui devait se marier mardi. Ils furent assassinés sur les collines de Hébron par des terroristes islamiques qui étaient cachés aux abords d’un virage. Cette fois, ce furent des victimes juives innocentes qui périrent par les balles. Au cours des semaines passées, il y eut de nombreux autres meurtres et attaques au couteau, autant de massacres aveugles perpétrés sans distinction d’âge, de sexe ou d’endroit.

Pour toutes ces victimes, le monde n’a pas crié sa douleur et sa solidarité. Pour eux, le monde s’est contenté de trouver des « explications », le moyen prétendument civilisé de justifier des actes de terreur impardonnables. Pour eux, le monde fut capable d’excuser l’inexcusable, de pardonner l’impardonnable, de défendre l’indéfendable.

Je ne fais aucune distinction entre le terrorisme et le terrorisme.

Dans l'allocution qu'il a prononcée aux funérailles de Yaacov et Netanel Litman, le président israélien Réouven Rivlin a insisté sur ce point précis. S’adressant aux centaines de personnes présentes à l'enterrement, le président a déclaré qu’il n’y a aucune différence entre les attaques terroristes en Israël et celles qui surviennent à l’étranger.

« Je ne fais aucune distinction entre le terrorisme et le terrorisme. Aucun terrorisme n’est justifiable. Il n’y a pas un terrorisme qui est plus justifié ou moins justifié. Les scènes de mort et de bain de sang que nous avons vues à Paris, dans l’ensemble du Moyen-Orient, et ici, dans notre pays, devraient servir d’avertissement pour nous tous. Que ce soit à Paris ou Hébron, Jérusalem ou New York, nous devons combattre dans une lutte acharnée et obstinée ceux qui massacrent des innocents, ceux qui assassinent de sang-froid. »

C’était bien dit. Mais ce qu’il reste à ajouter est le lien évident existant entre le fanatisme qui a conduit aux massacres atroces en France et son précurseur en Israël devant lequel le monde a fermé les yeux parce que les victimes n’étaient que juives. Combien de temps faudra-t-il à l’Europe et au reste du monde pour comprendre que « Nous sommes  tous Israël » ?

L’histoire a prouvé que les Juifs incarnent ce proverbial canari dans la mine de charbon. Tout comme ce dernier prévient les mineurs de l’imminence d’un coup de grisou en succombant par asphyxie à des gaz toxiques indétectables par l’homme, de même la situation des Juifs dans leurs sociétés respectives est un indicateur du niveau de sécurité de l’environnement où ils évoluent. L’histoire nous a prouvé que les Juifs sont invariablement choisis comme les premières victimes. Trop souvent, ils sont perçus comme des personnes dont on peut aisément se passer, des victimes dont les meurtriers ne doivent pas être punis. Il a fallu du temps pour que le monde comprenne que la solution finale d’Hitler pour les Juifs n’était qu’une première étape de la menace qui pesait sur l’ensemble de l’humanité civilisée.

Combien de temps devrons-nous attendre pour que le monde comprenne que « Nous sommes tous Israël » ? Que les extrémistes fanatiques qui poignardent des innocents à Jérusalem aux cris de « Allah Akbar », ne trouveront que trop rapidement leur chemin non seulement en France mais aussi dans tous les derniers bastions des valeurs, confessions et cultures du monde civilisé ?

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