Société

Sheryl Sandberg ou l'art de transformer le deuil en résilience

31/07/2017 | par Sara Debbie Gutfreund

Une démarche dont nous pouvons nous inspirer en cette veille de Ticha Béav.

Quand le mari de Sheryl Sandberg, directrice des opérations de Facebook, est décédé subitement en vacances il y a deux ans, elle ne savait pas comment annoncer la nouvelle à sa fille et son fils, alors âgés de 7 et 10 ans. C’était la pire expérience de sa vie, et quelles que soient les mots qu’elle employait, elle n’arrivait pas à calmer l’angoisse sourde qui l’étrenait à l’idée que ses enfants ne pourraient jamais se remettre de la mort de leur père à un âge si jeune. Comment, se disait-elle, pourraient-ils retrouver goût à la vie ?

Alors elle s’assit avec ses enfants et établit une liste de « règles familiales » qui les aideraient à affronter la douleur accablante que tous éprouvaient. « On a convenu ensemble qu’on a tout à fait le droit d’être tristes, et de pleurer. On a le droit d’être heureux et de rire. On a le droit d’être en colère et jaloux des amis et cousins qui ont encore leurs pères. On a le droit de dire à quelqu’un qu’on n’a pas envie d’aborder ce sujet pour le moment. Et puis on a toujours le droit de demander de l’aide. Ce poster que nous avons préparé ce jour-là, avec les règles que mes enfants ont écrites en feutres colorés, est toujours accroché dans notre couloir de manière à ce qu’on puisse le consulter au jour le jour. Il nous rappelle que nos sentiments revêtent beaucoup d’importance et que nous ne sommes pas tous seuls. » (“Sheryl Sandberg: How to Build Resilient Kids, Even After a Loss, NY Times, April 24, 2017)

Mais même après avoir rédigé ces règles familiales, Sherly a commencé à s’inquiéter que ses enfants, devenus orphelins si jeunes, en viennent à oublier le souvenir de leur père. Décidée à perpétuer la mémoire de son mari Dave, elle a demandé à des dizaines de ses proches, amis et collègues de leur envoyer des vidéos où ils parlaient de lui, et elle a également enregistré ses enfants partageant leurs propres souvenirs de leur père.

L’année dernière, à la fête de Thanksgiving, la fille de Sheryl lui a confié avec tristesse : « Je crois que je commence à oublier Papa, parce que cela fait si longtemps que je ne l’ai pas vu. »

Alors Sheryl a filmé sa fille en train de raconter les souvenirs qu’elle avait de son père, et cela lui a apporté beaucoup de réconfort.

Il s’avère que le fait de parler ouvertement de leurs souvenirs, qu’ils soient joyeux ou douloureux, aide les enfants à comprendre leur passé et à aborder leurs défis futurs. Il est particulièrement réconfortant de partager des anecdotes montrant comment la famille est restée unie et soudée dans les moments de joie comme ceux d’adversité, cela donne aux enfants le sentiment d’appartenir à une dimension qui les dépasse.

Quand nos enfants grandissent en étant versés dans l’histoire de leur famille – où leurs grands-parents ont grandi, comment s’est déroulée l’enfance de leurs parents – ils développent de meilleures capacités d’adaptation et un sentiment d’appartenance plus fort. Et si le fait d’exprimer des souvenirs douloureux peut être pénible sur le moment, Jamie Pennebaker de l’université du Texas a découvert que cela améliore notre santé physique et émotionnelle à long terme.

Sandberg a déclaré : « J’espère me rappeler de Dave sous son vrai jour : affectueux, généreux, brillant, drôle et aussi particulièrement maladroit. Il renversait constamment des choses mais, étrangement, il était toujours étonné lorsque cela lui arrivait. Maintenant, quand il y a de la tension dans notre maison mais que mon fils garde son calme, je lui dis : “tu es exactement comme ton papa.” Quand ma fille prend la défense d’une camarade de classe qui se fait ennuyer, je lui dis : “tu es exactement comme ton papa.” Et quand l’un ou l’autre renverse un verre, je leur dis aussi la même chose. »

Nous avons la capacité de transformer le deuil en résilience, la douleur en foi.

À Ticha Béav, nous sommes comme des enfants qui nous nous réveillons un matin avec des larmes aux yeux en disant : « Je commence à oublier le Temple. Je ne me rappelle plus de rien. Je ne sais même plus quel effet cela faisait d’avoir un Temple, d’être dans la Jérusalem qui était imprégnée de la présence divine. Cela fait si longtemps. Je ne sais même plus d’où je viens. »

La véritable tragédie de Ticha Béav, c’est que nous ne savons même plus ce que nous avons perdu. C’est pourquoi, nous devons écouter des récits sur le Temple, lire les mots des Lamentations, nous rattacher à une dimension qui nous dépasse, nous rappeler comment notre peuple s’est élevé de l’obscurité jusqu’à la gloire, prier, transmettre l’aspiration et l’héritage de ceux qui nous ont précédés et l’histoire que nous partageons tous.

Alors, nous nous asseyons à même le sol et lisons les mêmes mots que nos grands parents et arrière grands parents et leurs parents lurent à Ticha Béav jusqu’à ce que nous nous rappelions d’où nous venons. Et c’est ce qui nous donne la force de nous relever, le courage d’aller de l’avant. À l’instar des être chers que nous avons perdus mais qui restent à jamais dans nos cœurs et dans nos vies quotidiennes grâce à la lumière qu’ils ont apportée dans nos existences.

Puisse le saint Temple être reconstruit rapidement de nos jours, et en attendant, puissions-nous nous rappeler de la Lumière qu’il diffusait. Parce qu’avec cette lumière, nous pouvons apprendre à transformer notre deuil en résilience.

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