Le Couple

Mon Couple Est en Péril

15/01/2014 | par Feige Twerski

Mon mari est convaincu que la seule manière de faire les choses, c'est la sienne.

Je n’ai plus le courage d’essayer de sauver notre couple. Nous avons vécu de bons moments ensemble, et nous avons aussi accompli de grandes choses , comme élever nos enfants et réaliser notre rêve de venir habiter en Israël.

Mon mari ne croit pas qu’on doive faire des concessions dans un couple.

Mais nous avons aussi connu des passages difficiles. Mon mari ne croit pas qu’on doive faire des concessions dans un couple. Il pense au contraire que chacun doit agir selon « ce qu’il est juste de faire ». Parfois il est prêt à écouter mon avis, et il s’adapte à ma manière de penser. Mais la plupart du temps, il campe sur sa position, et comme il est de nature dominante, nous finissons par faire ce qu’il a décidé.

Avant notre mariage, je m’étais résolue (sans le lui dire) à être accommodante et à suivre la plupart de ses opinions. D’une part parce que je pensais que c’était la manière appropriée de s’entendre avec un homme qui possède un fort caractère, et aussi parce que c’est ma nature d’être accommodante. Je ne m’attarde pas sur ce que je considère comme des sujets sans importance. Mais lorsqu’il s’agit des enfants, c’est différent. Comme c’est essentiellement moi qui m’occupe de leur éducation, et que c’est moi qui les connais le mieux (mon mari est souvent en voyage d’affaires), j’ai confiance dans les méthodes que j’utilise. Malgré cela, il continue à vouloir imposer sa vision de « ce qu’il est juste de faire ».

Pendant des années j’ai essayé de faire tout ce qu’il me demandait. Et ça m’a pris toutes ces années pour me rendre compte que plus j’essayais de le suivre à la lettre, moins il me respectait.

Et attention à celui qui ne fait pas « ce qu’il est juste de faire ». Il devient impatient, nerveux, il se met en colère, devient méprisant. En 22 ans de mariage, il m’a physiquement agressée trois fois (deux fois en me bousculant et une fois en me frappant). Je ne crois pas qu’il me frappera à nouveau, mais si j’ai le malheur de le contredire, même poliment, même calmement, il va exploser et me hurler dessus.

Tout cela m’a fatiguée. J’ai renoncé à essayer de ne pas le décevoir, parce que je suis moi-même déçue par lui dans plusieurs domaines importants, et qu’il refuse d’y voir sa responsabilité.

C’est là que j’en suis. Mes grands enfants n’habitent plus chez nous, mais j’ai encore plusieurs petits à la maison. Le plus jeune demande une attention spéciale à cause de difficultés de croissance qu’il a. J’essaye d’assurer le minimum, et je voudrais faire plus, tant pour eux que pour moi, mais au lieu d’essayer une nouvelle idée ou de me remonter seule le moral comme je le faisais avant, je me retrouve à plat et sans ressources.

Après des années au foyer, je suis devenue financièrement dépendante de mon mari (et ce malgré avoir exercé un métier pendant plusieurs années au sortir de l’université). Nous avons longtemps essayé de faire avancer notre couple, et nous avons fait quelques progrès, mais nous revenons toujours à ce problème qu’il ne peut pas m’adresser la parole sans me crier dessus.

J’ai consulté des conseillers matrimoniaux plusieurs fois, mais lui méprise tout ce qui touche à  l’aide sociale et ne se présentera jamais chez un conseiller, il préfère tenter de résoudre ses problèmes seul.

Il a l’impression qu’il a fait la plus grande partie du chemin, et que c’est maintenant mon tour d’assumer. Je suis moralement épuisée, et tout ce que je veux c’est me vider l’esprit en face d’un écran d’ordinateur. Je n’en peux plus.

Tout conseil que vous pourrez me donner sera vraiment bienvenu.
 

Chère lectrice.

Quand on y réfléchit, la première qualité que l’on attend d'une relation de couple saine est l’harmonie. Le terme d’harmonie appartient à la composition musicale, où elle sert à accorder le son de plusieurs instruments différents pour qu’il en sorte une musique agréable.

L'harmonie sert à accorder le son d'instruments différents

De même, dans un couple, le mari et la femme qui expriment des opinions différentes, fonction de leur vision différente des choses, peuvent cependant se mettre « d’accord ». Ce sont précisément les points de vue différents qui mènent à une vision équilibrée. L’un sera plutôt interventionniste, l’autre penchera plutôt pour le laisser-faire, et ensemble ils pourront trouver le juste-milieu idéal. 

Déconsidérer la manière de penser de l'autre ne doit jamais être une option.

Mais l’élément crucial cependant, c’est un accord préalable, un engagement implicite d’accepter de se contredire avec respect. Déconsidérer la manière de penser ou le point de vue de l’autre, ne doit jamais être une option. Tant bien sûr qu’il s’agit de sujets qui ne remettent pas en cause les règles de la morale ou de l’éthique : par exemple les interdits de meurtre, de vol, de médisance ou les lois de la Torah ne peuvent être sujets à discussion.  Par contre, les sujets  qui traitent de la meilleure manière de gérer une situation donnée, peuvent donner lieu à discussion et à expression de points de vue différents. 

Il ressort de votre récit, chère lectrice, que votre mari a adopté une attitude excessivement autoritaire et autocratique. Même si « ce qu’il est juste de faire » auquel il tient tant se réfère à un système objectif de valeurs, ce n’est pas une raison pour mépriser votre opinion. Il est toujours indispensable qu’une discussion reste civile. Il ne s’agit pas de savoir si on a tort ou si on a raison, mais de se parler pour échanger des points de vue.

Notre époque a perdu la notion de ce qu’est savoir écouter.

Le respect et l’écoute sont les éléments-clef d’une bonne communication. Malheureusement notre époque a perdu la notion de ce qu’est savoir écouter. L’écoute attentive demande une concentration totale sur ce que l’autre exprime. Généralement, nous sommes tellement absorbés par nos pensées, qu’avant même que notre interlocuteur ait fini de s’exprimer et de développer ses arguments, notre esprit est déjà occupé à formuler notre propre réponse. Nous ne sommes pas complètement présents. Savoir momentanément faire taire son opinion afin de pouvoir écouter l’autre réellement, est une faculté qu’on obtient par beaucoup de pratique. d’efforts et de volonté. 

Je retiens de ce que vous avez dit que si vous vous sentiez écoutée et respectée, vous ne feriez pas une affaire d’avoir ou non le dernier mot. Cependant quand on est sans cesse traite avec mépris, on perd son énergie et son amour propre. Nous avons tous une meilleure image de nous-mêmes quand nous sentons que nos opinions comptent pour les autres.

Bien que vous vous définissiez comme « accommodante », il n’en reste pas moins que vous avez formé un grand ressentiment de toutes les concessions que vous avez fait. Une sage recommandation nous apprend à toujours mesurer l’importance d’un problème avant de décider d’y investir nos forces. Il semblerait que vous l’avez largement suivie, même, hélas, dans les domaines qui sont les vôtres comme la maison et les enfants.

Ne pas céder.

En pratique, voici ce que je vous recommanderais :

1 – Un jour de bonne entente, asseyez vous avec votre mari, sans qu’il y a ait de sujet brûlant sur le tapis, un jour où vos êtes bien disposes l’un vis-à-vis de l’autre. Ouvrez-vous à lui. Après lui avoir dit tout ce que vous appréciez en lui, dites lui qu’en ce qui concerne vous écouter et vous comprendre, son attitude n’a pas exactement été « ce qu’il est juste de faire », à vos yeux. Dites-lui ce qui vous peine et vous déçoit. Demandez-lui par avance de vous laisser terminer ce que vous avez à dire sans être interrompue. Puis laissez le répondre sans le couper. Parlez calmement. Débutez vos phrases par des « je », pas des « toi ». Par exemple : « Je ressens cela ou cela quand tu…. », et non pas « tu me fais ressentir cela ou cela… »

Pensez à investir dans l’écoute, ne cherchez pas seulement à sortir ce que vous avez sur le cœur. Le but est de tenter de trouver des longueurs d’onde communes pour communiquer et pouvoir échanger des sentiments sans crainte. S’il s’avère que les discussions en face-à-face ne fonctionnent pas, envisagez d’exprimer vos sentiments par écrit.

2 – Prenez conscience, chère lectrice, que les femmes s’habituent avec le temps à  certaines formes subtiles de violence, et trouvent des excuses au

Sans qu’elle ne s’en rende compte, la grenouille se retrouve ébouillantée.

conjoint violent, comme : il est tellement gentil en dehors de ça, il est aussi tellement amusant, etc. Regardez une grenouille qu’on fait bouillir. Comment peut-elle se laisser bouillir ? On s’attendrait à ce qu’en sentant l’eau bouillante, elle saute immédiatement et qu’il soit impossible de la faire bouillir. Le truc, c’est de la mettre d’abord dans l’eau tiède et d’augmenter doucement le feu sans qu’elle ne s’en rende compte, jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour échapper. et la grenouille se retrouve ébouillantée. 

« Personne ne peut vous faire sentir inférieur sans votre accord »

Dans les cas de violence, ouverte ou cachée, le mari joue sur les faiblesses de sa femme. Comme une situation n’est jamais à cent pour cent « noire », la femme la supporte et finit par se convaincre qu’elle mérite la violence qu’elle subit. Et avant qu’elle ne réalise ce qui lui arrive, elle se retrouve « ébouillantée ». 

Eleanor Roosevelt a dit un jour avec beaucoup de sagesse : « Personne ne peut vous faire sentir inférieur sans votre accord ». Votre rôle à ce stade, chère lectrice, est de ne pas donner votre accord.

Faites comprendre clairement que vous n’êtes disposée à endurer aucune violence plus longtemps. 

Il va se rendre compte que vous n’êtes plus disposée à endurer de sa part quelque violence que ce soit.

Si aucun changement ne se produit, il vous faudra à ce stade trouver un rabbin, un mentor, ou toute autre personne que votre mari respecte. Proposez-lui de rencontrer la personne qu’il choisira. S’il refuse d’y aller malgré tout, il vous faudra peut être aller parler à cette personne directement et lui faire part de vos inquiétudes. Le faire savoir à votre mari pourra le motiver à vous suivre, et en tout cas, il prendra conscience qu’il devra désormais assumer les conséquences de son attitude. Il va se rendre compte que vous n’êtes plus disposée à endurer de sa part quelque violence que ce soit. 

3 – Bien que vous ayez déjà tenté le conseil conjugal, je vous encourage fortement à trouver un individu objectif auquel vous puissiez vous confier, que votre mari s’y joigne ou non. Vous décharger de votre douleur et de votre frustration aura un effet thérapeutique. De plus, le fait d’entendre un autre point de vue devrait vous clarifier les idées et le cœur, et vous donner de nouvelles énergies. Votre engagement dans cette procédure et les résultats qu’elle produira, vous fourniront les outils émotionnels dont vous avez besoin pour gérer le poids de votre situation.

4 – Gardez en tête qu’il suffit d’une personne dans le couple pour influencer l’ambiance d’un foyer. Une confiance retrouvée en vous même va générer une réaction adéquate de la part de votre famille. 

Comme dans toute situation qui nous remet en question ou qui nous met à l’épreuve, priez pour que le Ciel vous aide.

Pour finir, prenez soin de vous-même physiquement et mentalement. Au lieu de vous figer devant l’ordinateur, prenez l’air, ou mieux encore arrangez-vous pour qu’une amie se joigne à vous pour un sérieux programme d’exercice quotidien. Cela va améliorer votre fonctionnement hormonal vous aider à rejeter les pensées dépressives. Emplissez-vous d’étude autant que possible, vous aborderez la vie avec plus de tranquillité. Et comme dans toute situation qui nous remet en question ou qui nous met à l’épreuve, priez pour que le Ciel vous aide. 

Dieu vous bénisse !

 

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