Le Couple

Pourquoi les couples de seniors divorcent

05/07/2017 | par Slovie Jungreis-Wolff

Une spécialiste du couple se penche sur le phénomène tristement fréquent du « divorce poivre et sel ».

De plus en plus de couples se séparent après plus de 20 ou 30 ans de vie commune. Selon les chiffres du ministère de la Justice, le nombre de personnes séparées âgées de soixante ans ou plus a pratiquement doublé entre 2004 et 2014.

Une tendance qui a de quoi surprendre. Et pour cause, de nombreux couples attendent avec une certaine impatience de profiter de leur retraite à deux. Ils s’imaginent le calme et la tranquillité qui règnera dans leurs foyers, les dîners aux restaurants sans caprices à gérer, et les voyages et les vacances dans des pays lointains dont ils ont rêvé pendant de nombreuses années. Plus de trajets embouteillés jusqu’à l’école, plus de rendez-vous chez l’orthodontiste, plus de réunions parents-professeurs, plus de soirées passées à courir derrière vos enfants pour qu’ils fassent leurs devoirs ou prennent leur douche… Plutôt séduisant comme tableau, n’est-ce pas ? Alors comment ces couples en viennent-ils à la rupture ?

Nos sages nous conseillent : « Qui est sage ? Celui qui est capable de prévoir l’avenir » (Traité talmudique Tamid p.32/a) Pour parer à ce danger, nous devons nous projeter vers les défis qui menacent les couples d’un certain âge. Et nous efforcer, dès à présent, de solidifier notre couple en ce sens.

Le syndrome du nid vide

Après de nombreuses années passées à élever leurs enfants et à se consacrer à leurs carrières entre 20 et 40 ans, certains couples découvrent non sans surprise qu’ils ne sont plus ceux qu’ils étaient au début de leur vie à deux. Quand ils se retrouvent tous les deux et rien que tous les deux à la table du dîner nouvellement silencieuse, une certaine gêne se fait ressentir. Mari et femme se rendent compte que la personne assise en face d’eux leur paraît un peu étrangère. Car dans l’agitation des « années glorieuses », chaque conjoint s’est subrepticement transformé en une autre personne. Et puis on se réveille un beau jour, les enfants ont quitté le nid familial, et on ne reconnait plus l’étranger pourtant si intime avec qui nous partageons notre existence.

Des chercheurs en sociologie qui se sont penchés sur les taux de divorce ont résumé les résultats de leur étude dans un article intitulé Le divorce poivre et sel (The Grey Divorce). Selon les derniers chiffres de l’Institut national des études démographiques (Ined), le taux de divorce après un mariage de 35 ans a même été multiplié par près de 2 en dix ans et par 9 en quarante ans. Si nous prêtons attention aux signaux d’alarme, nous pouvons espérer ne pas venir grossir ces tristes statistiques.

Les signaux d’alarme

Il existe des signaux d’alarme que nous avons tendance à ignorer alors que nos vies s’installent dans une routine monotone. Généralement, ce n’est pas la survenue d’un événement dramatique qui ébranle un couple. C’est plutôt la présence insidieuse de petites fissures tout au long de la ligne de faille qui finissent un jour ou l’autre par éloigner les deux conjoints l’un de l’autre. Avec le passage du temps, ces fissures se transforment en fossés, lesquels sont désormais trop profonds pour être comblés. Parce qu’il vaut mieux prévenir que guérir, voici certains de ces signaux d’alarme à ne surtout pas négliger.

Les « appels en absence »

Le mari ou la femme amorce un rapprochement et émet le désir de passer davantage de temps en compagnie de son conjoint. Mais ce dernier ignore l’appel. Voici quelques exemples classiques :

  • David voudrait sortir plus souvent au resto. Rébecca lui répond qu’elle est trop fatiguée le soir, sans compter qu’elle a beaucoup de mal à trouver une baby-sitter.
  • Johanna se sent distante de son mari. Elle aimerait discuter plus souvent avec lui, et essaie de lui communiquer ses craintes et ses frustrations. Jérémie balaie ses appréhensions d’un simple : « Mais ne t’inquiète pas Chérie, notre couple va parfaitement bien ». De même, quand Johanna tente de se confier à lui, elle a l’impression que Jérémie ne l’écoute que d’une seule oreille.

Ce genre de scénarios se répètent à maintes reprises jusqu’à ce que le conjoint qui lance en vain des appels au rapprochement se décourage et perd confiance en la relation conjugale.

Le repli sur soi-même

Quand on leur demande de s’investir davantage dans leur relation de couple, certains individus ont plutôt tendance à se replier sur eux-mêmes. Les hommes comme les femmes découvrent aisément toutes sortes d’échappatoires pour fuir les tête-à-tête avec leur conjoint. Voici quelques pratiques qui devraient éveiller notre vigilance : rester tard au bureau pour boucler un travail urgent, sortir trop souvent avec des collègues après le travail, passer trop de temps en salle de sport, s’adonner avec trop d’intensité à un passe-temps ou à un loisir, consacrer trop de temps aux tâches domestiques, multiplier les événements communautaires, passer trop de temps dans les réseaux sociaux. Bien sûr, nous avons tous besoin de moments de détente et de ressourcement. Mais lorsque ces derniers se transforment en refuges nous permettant d’éviter notre conjoint, il y a lieu de tirer la sonnette d’alarme quant à la stabilité de notre couple.

La perte du sentiment amoureux

Avec le stress du quotidien, les couples ont tendance à négliger leur vie sentimentale et amoureuse. Les discussions interminables sur les problèmes financiers, l’éducation des enfants ou les tâches domestiques occupent toutes leurs conversations. Les promenades en amoureux et les mots doux entre le mari et la femme ne sont plus qu’un lointain souvenir de leurs premières années de mariage. Après de nombreuses années centrées sur leurs carrières ou leurs enfants, les couples à la retraite se retrouvent subitement en tête-à-tête, et ils ont du mal à gérer cette proximité soudaine, à occuper leur temps commun. Il ne devient que trop facile pour le mari et la femme de mener des existences parallèles en se réfugiant sur leur tablette ou leur iPhone. Le nid vide est rempli d’un silence gênant ; au-delà de conversations d’ordre technique (« Où as-tu rangé mon chargeur ? »), les conjoints n’ont plus grand-chose à se dire. Il est temps pour eux de réinventer leur vie sentimentale.

Comment protéger votre couple ?

J’ai lu l’histoire d’un couple d’un certain âge qui se trouvait au bord du divorce. Leurs enfants avaient quitté le nid familial et ils n’avaient plus rien d’autre en commun. Ils finirent par trouver une solution : ils restèrent mariés mais vécurent dans deux appartements différentes, et ils convinrent de se retrouver quelques moments par semaine.

Toutefois, pour un couple qui a passé plusieurs décennies ensemble, je suis certaine qu’il doit y a avoir de meilleurs moyens pour éviter le divorce.

Voici trois solutions à mettre en place dès maintenant pour préserver la vitalité de votre couple :

1. Efforcez-vous constamment de mieux connaître votre conjoint

Madame, intéressez-vous au monde intérieur de votre mari, à ses centres d’intérêt en constante évolution. Monsieur, aidez votre épouse à cultiver ses rêves et ses espoirs. Contrairement aux apparences, votre conjoint évolue et progresse chaque jour. Projetez-vous dans l’avenir et discutez de vos futurs rôles et ambitions. Prenez le temps d’écouter vos désirs et vos appréhensions respectifs.

2. Réservez du temps pour cultiver votre vie sentimentale

Ne faites surtout pas l’erreur de négliger votre vie intime, tant sur le plan physique que sentimental. Planifiez certains moments pour sortir ensemble et profiter de votre compagnie respective. Mais attention, une fois dehors, ne gâchez pas cet instant privilégié pour ressasser de vieilles disputes, ou discuter essentiellement du sempiternel trio enfants-budget-boulot… Le but de ces parenthèses hebdomadaires est de raviver la flamme de votre couple, de redécouvrir l’autre non pas en tant que père de famille ou maîtresse de maison, mais en tant que partenaire amoureux.

Outre le plaisir d’un dîner aux chandelles, trouvez des activités qui vous permettront de briser la routine et de vous ressourcer. Vous pouvez par exemple vous aventurer dans un quartier méconnu de la ville, assister à une conférence ensemble, vous initier à une nouvelle cuisine. Ne vivez pas passivement. Trouvez des moyens d’explorer de nouvelles voies, de rallumer votre passion de vivre.

Et bien entendu, n’oubliez surtout pas de vous parler de manière respectueuse et affectueuse ni de dire chaque jour à votre conjoint combien vous l’appréciez. J’ai découvert que les marques quotidiennes d’amour (je t’aime) et d’appréciation (merci pour ce que tu fais pour moi) constituent la « colle forte » qui soude les couples.

3. Impliquez votre conjoint dans votre vie

Quand vous découvrez une activité qui vous passionne, partagez votre enthousiasme avec votre partenaire. Discutez de vos centres d’intérêts. Expliquez à l’autre pourquoi ceux-ci vous passionnent et vous importent. Trouvez le moyen d’impliquer votre conjoint dans votre univers. Par exemple, si vous avez récemment découvert un nouveau sport, ou si vous avez commencé à vous consacrer à une certaine bonne cause, demandez-vous de quelle manière vous pourrez faire participer votre conjoint et l’impliquer dans cette nouvelle passion.

J’ai rencontré beaucoup de couples qui se sont considérablement rapprochés lorsque l’un des deux conjoints qui revenait à la pratique du judaïsme avait fait l’effort d’encourager son partenaire à l’accompagner à des conférences de Torah.

Si nous veillons à cultiver activement notre amour tout au long de notre vie à deux, les fruits de nos efforts nous procureront bonheur et satisfaction bien après que nos petits derniers auront quitté le nid familial. C’est ainsi que nous pourrons vivre ensemble dans la joie et l’harmonie et ce, jusqu’à un âge avancé.

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