Éducation

Comment gérer l'insolence?

30/01/2013 | par Slovie Jungreis-Wolff

Et si la cause de l'insolence chez l'enfant était à chercher du côté du manque de respect régnant entre les parents?

— Nous avons un problème.

— Racontez-moi, dis-je aux parents au bout du fil.

— Notre fille de neuf ans…

S'ensuit un long silence gêné.

— Oui ? 

— Eh bien, nous voulons que vous sachiez que c’est vraiment une enfant particulière. Nous ne voulons pas que vous la jugiez mal. Elle est généralement très gentille. Elle se conduit très bien à l’école, a beaucoup d’amies et ses enseignants ne tarissent pas d’éloge sur elle. 

— D’accord, répondis-je. Alors, quel est le problème ? 

Silence gêné de l’autre côté de la ligne. Puis la mère de Maya prend la parole.

— Elle est si irrespectueuse ; j’en suis parfois réduite aux larmes. Elle pique des colères et nous adresse des paroles désobligeantes. 

Le père de Maya se joint maintenant à la conversation :

— Parfois, j’ai du mal à croire à une telle conduite ! Je ne la comprends pas du tout ! Elle est adorable avec tout le monde. Elle reçoit des récompenses à l’école. Lorsqu’elle est invitée chez des amies, leurs parents ne cessent de faire des compliments sur elle. Mais chez nous, elle peut devenir méchante et mettre toute la maison sens dessus dessous.

Il est assez fréquent que des parents entendent des rapports brillants de leur enfant et se sentent pourtant impuissants à la maison, et font les frais d’un incroyable manque de respect. 

Quelle pourrait être la cause d’un changement aussi drastique entre une conduite en public et une conduite en privé ?

— Laissez-moi vous poser quelques questions. Premièrement, pouvez-vous me décrire des exemples de cette insolence ? Nous pourrons ensuite voir s’il existe des facteurs déclenchants.

Les parents de Maya me racontent son retour de l’école chaque après-midi et toutes ses histoires autour du dîner. Elle préfère consommer des bêtises et refuse de ce fait de prendre son dîner jusqu’à ce qu’elle consomme les snacks qu’elle désire. Elle fait ses devoirs, mais une fois ceux-ci finis, la soirée devient une nuit sans limites. Elle refuse d’aller au lit à son heure fixe de coucher. Elle refuse de mettre son pyjama et de se brosser les dents lorsqu’on lui demande. En général, elle finit par jouer à l’ordinateur ou à lire jusqu’à ce qu’elle décide qu’il est temps d’aller dormir. Lorsqu’on lui demande d’aller se coucher, Maya ignore ses parents et continue à vaquer à ses occupations. Maya mène la barque.

— Vous ne pouvez tolérer qu’une pareille conduite persiste, dis-je aux parents de Maya. Non seulement c’est destructeur pour Maya, mais ses jeunes frères et sœurs intègrent tout et pensent que c’est permis. Sous peu, votre famille sera construite sur un manque de respect.

— Nous savons que c’est mauvais, admettent-ils, mais que pouvons-nous faire ? Elle n’écoute tout simplement pas.

— Vous allez vous réunir avec Maya et engager une discussion très sérieuse. Il faut que vous soyez tous les deux présents - pas de téléphones portables, pas de Blackberry, pas d’interruptions. Il faut qu’elle voie que vous ne plaisantez pas. Je vais vous guider, mais je voudrais savoir encore une chose. Lorsqu’elle adopte ce comportement insolent, comment réagissez-vous ? »

Le père de Maya raconte que ce manque de respect est souvent dirigé contre lui. Il lui dit qu’il ne convient pas de parler de cette manière et elle répond qu’il ne sait pas comment s’y prendre avec elle.

— Tu devrais t’inspirer de maman ! Elle sait comment s’y prendre avec moi.

— Qu’est-ce qu’elle entend par là ? Comment maman se conduit-elle exactement ? demandais-je.

La mère de Maya m’explique qu’elle enjôle souvent son mari afin de donner à leur fille une autre chance. Lorsque Maya se conduit mal ou parle en manquant de respect, son père en est contrarié et la menace d’une punition. La mère de Maya demande alors à son mari de détourner les yeux ou de laisser à leur fille « juste encore un petit gâteau, ou cinq minutes de plus. »

La mère de Maya ne supporte pas les situations tendues et les conflits.

J’ai trouvé le moment clé. C’était l’information que j’attendais.

La Torah décrit le cas inhabituel d’un « enfant rebelle » qui n’écouta pas la « voix de son père et de sa mère. » En employant cette tournure « le père et la mère », plutôt que simplement « les parents », la Torah nous donne une idée brillante de la raison qui pousse l’enfant à se révolter. Les parents ne parlaient pas d’une même voix. Lorsqu’ils se critiquent l’un l’autre et remettent en question le jugement de l’autre devant l’enfant, celui-ci profite du désaccord et oppose une résistance à ses parents. Après tout, si vous êtes incapables de vous écouter l’un l’autre et d’exercer votre rôle de parent d’une seule voix, pourquoi votre enfant devrait-il vous écouter ? Sans le savoir, en vous opposant devant votre enfant, vous apprenez à votre enfant à vous témoigner un manque de respect.

La première mesure à prendre est de présenter un front commun et parler à nos enfants d’une seule voix.

Dans de nombreuses familles, un des parents essaie de jouer le rôle du « gentil. »

Lorsqu’un conflit éclate, ce parent souhaite rétablir la paix et être entouré de visages joyeux. En général, cela devient une partie de deux contre un alors que l’enfant s’allie à un parent contre l’autre. Mais plutôt que de trouver la paix, le résultat est l’insolence et le manque de respect. L’enfant apprend qu’il peut amener ses parents à se chamailler et se quereller. Il n’y a pas de sens de la discipline, ni de sens du respect.

La première chose que je conseille aux parents de Maya est de s’unir et d’exercer leur rôle de parent d’une seule voix. Je leur demande de décider comment ils souhaitent gérer les conflits et quelles conduites répréhensibles engendreraient des conséquences. J’explique à la mère de Maya qu’elle contribue au manque de respect de sa fille à chaque fois qu’elle demande à son mari de détourner les yeux ou de céder à une conduite blâmable.

Nous avons fixé quatre principes de discipline que j’aimerais partager avec vous.

1. Écartez les sources inutiles de conflit

De même que nous mettons hors de portée de nos tout-petits les objets délicats ou dangereux plutôt que de dire « non » toute la journée, il est sage d’éliminer toute cause insignifiante de désaccord. Décidez de certaines situations importantes et de situations sur lesquelles vous pouvez fermer les yeux. De cette manière, vous n’avez pas l’impression de passer vos jours et vos nuits à vous quereller. 

2. Établissez des routines

De nombreux conflits éclatent lorsque les enfants ignorent ce à quoi s’attendre ou ce qui est permis. Si nous permettons parfois aux enfants de jouer au ballon à l’intérieur ou de manger des friandises avant le dîner, et qu’à d’autres moments, nous disons « non », nous créons une confusion. Les enfants testent ensuite nos limites et nous poussent jusqu’à ce qu’ils entendent notre « oui », sachant que nous allons céder s’ils insistent suffisamment. 

3. N’employez pas le terme « punition »

La punition a une connotation de méchantes belles-mères dans les films de Disney et inspire des sentiments d’injustice et de revanche. Nous voulons plutôt aider nos enfants à apprendre qu’ils sont responsables de leur conduite - à la fois bonne et mauvaise. Ceci nous conduit au point 4.

4. Discutez des privilèges et des conséquences naturelles qui en découlent

Expliquez à votre enfant qu’il est privilégié d’appartenir à cette famille et que c’est un privilège de jouer à l’ordinateur, d’avoir un moment particulier pour lire avant d’aller au lit, de posséder les jeux avec lesquels il joue (d’avoir un téléphone cellulaire, si c’est le cas) et de profiter des sorties le soir en famille. S’il parle en manquant de respect ou qu’il ignore les règles de la famille, il n’apprécie visiblement pas les privilèges qui lui ont été conférés et il est responsable lui-même des conséquences : la perte de ces privilèges.

En tant que parent, il vous faudra réfléchir aux conséquences naturelles qui conviennent le mieux à la vie de votre enfant. Cette conversation doit avoir lieu avant qu’un nouveau conflit n’éclate. Parlez d’une voix douce, mais ferme. Évitez la colère qui ne fait qu’aliéner les enfants et parlez du fond du cœur. Plutôt que de faire un discours long et décousu, énoncez vos points clairement et de façon concise. Assurez-vous de donner à votre enfant un ou deux exemples d’une conduite qui ne sera pas tolérée et demandez-lui de réfléchir à une meilleure réaction - sans insolence - qui vous permettra d’être à son écoute.

Si les deux parents parlent d’une même voix et se soutiennent tout en maintenant une discipline cohérente dans leur foyer en suivant ces lignes directrices, ils s’apercevront que leurs enfants respectent leur unité et abandonnent l’insolence. Bien qu’il y ait certainement d’autres causes à l’impertinence et à la révolte chez les enfants, les parents qui se critiquent mutuellement introduisent sans aucun doute un manque de respect dans leur foyer. Pourquoi voudrions-nous engendrer du chaos et des souffrances dans notre existence ?

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