Éducation

Éduquer un enfant, c’est l’élever…

06/11/2014 | par Aish.fr

Comment s’y prendre avec nos petits et nos ados ? L’élixir de la réussite, par une éducatrice chevronnée, Jacqueline Ehrentreu*.

Aish.fr : Quel est le message que les parents doivent transmettre à leurs enfants ?

J.E. : Les parents sont les porteurs de ce qui nous rattache à nos ancêtres. Le monde occidental considère que l'humanité avance. Nous pensons qu'elle dégringole. C'est logique. Si l'on descendait du singe, la vérité serait que chaque génération se bonifie. Mais nous, nous descendons d'Avraham et de Moïse... Nous devons transmettre de génération en génération les valeurs de ces géants.

Aish.fr : Les enfants élevés dans le respect des mitsvot sont-ils différents des autres ?

J.E. : Tout d'abord, il existe un patrimoine des midoth (qualités) comme il existe un patrimoine génétique. Les bons caractères se transmettent. Ce qui ne veut pas dire qu'un père blond n'aura jamais un enfant brun... Il y a aussi, bien évidemment, une différence d'éducation. Mais dans votre question, je retiens surtout le mot respect. Je crois que les enfants éduqués dans le respect... d'autrui (y compris des parents), sont différents des autres. En français, il y a un très joli mot pour dire éduquer : on dit élever. On nous confie un petit bébé qui ne connaît que lui : il a faim tout de suite, il a sommeil immédiatement, il veut jouer maintenant... Et le rôle des parents est d'en faire un adulte, c'est-à-dire un être capable de se contrôler et, mieux encore, de se tourner vers les autres pour les aider si besoin est. C'est le but de la vie : passer de l'égocentrisme au 'hessed (la générosité). La Thora dit de Moché rabénou "qu'il a grandi", au moment où il sort du palais de Pharaon (où il avait été élevé) pour aller voir ce qui se passe en dehors. On voit ici que la Thora appelle adulte celui qui s'ouvre aux autres. Car devenir adulte, ce n'est pas vouloir une grosse moto ou un grand appartement. En consommant, on ne devient pas plus grand, on devient plus gros ! Aider un enfant à devenir autonome dans son rôle d'être humain qui partage, c'est vraiment l'élever, l'élever au-dessus de sa condition de petit animal égocentrique. C'est cela l'éducation.

Petit guide pratique

Loin de la théorie abstraite, Jacqueline Ehrentreu nous livre ses petits secrets pour une éducation harmonieuse, au cas par cas…

L'enfant tient tête et répond.

On ne peut se battre que si l'on est deux. Si le parent ne répond pas, l'enfant se retrouve seul dans sa bataille. Il faut éviter le conflit autant que possible. Quand il est inévitable, on dira : "Je suis ton père, tu dois faire ce que je te demande." S'il répond encore, on lui précise : "Tu ne devrais pas faire cela. Ce n'est pas respectueux." On le dit calmement et sans cri et on passe à autre chose. Si un enfant a vraiment un problème d'obéissance, on lui donnera le moins d'ordres possible. On essaiera de valoriser les épisodes où il a obéi.

L'enfant ne fait pas ce qu'on lui a pourtant demandé une dizaine de fois.

Il ne faut pas arriver jusqu'à dix fois ! On dit une chose deux ou trois fois. Ensuite, on fait la "grève" de la parole. "Puisque tu n'entends pas ce que je te dis, il ne sert à rien de te parler." En général, les enfants ont beaucoup de mal à supporter le silence d’un parent ! Il préfèrera donc maintenir le contact et obéir que rester dans le vide relationnel. Mais attention : certains jeunes enfants ont des problèmes d'ouïe et n'entendent que s'ils écoutent attentivement. Un petit contrôle médical peut éclaircir la situation.

L'enfant ne veut pas manger.

Aucun enfant ne se laisse mourir de faim. Il suffit de ne pas lui donner l'occasion de manger des bêtises. Parfois, il est aussi trop fatigué pour manger. Laissons-le dormir et il mangera ensuite. À noter : certains enfants refusent de respirer pour faire une pression sur les parents. Il faut leur donner un petit coup qui leur fera mécaniquement reprendre leur souffle. Surtout, ne pas montrer qu'on a eu peur, qu'ils ont trouvé un moyen de pression. C'est l'une des règles de base à connaître.

Il est jaloux du nouveau bébé.

On lui fera comprendre que ce bébé est aussi le sien. C'est le bébé de toute la famille. D'autre part, il faut parfois prendre délibérément le parti de l'aîné. Par exemple : on est en train de parler ou de jouer avec l'aîné, et le bébé pleure. On le laisse un peu pleurer et l'on dit : "Tant pis, je le laisse pleurer un peu. Je vais d'abord m'occuper de toi et j'irai le calmer ensuite." L'ainé sera rassuré. Ses besoins restent importants. Il n'y a pas que le bébé qui compte aux yeux de maman.

On peut aussi responsabiliser l'aîné : "Allons-voir pourquoi le bébé pleure." Ou encore : "Donne-lui sa sucette..." Le nouveau bébé est un projet commun, qui n'est pas le bien de la maman.

L'enfant pleure sans arrêt. Faut-il le laisser pleurer ?

Un enfant pleure rarement sans raison. On doit simplement lui apprendre à s'exprimer : "Tu as soif ?, Tu as mal ?", et l'on procède par élimination. Les petits enfants jusqu'à six, sept ans, ne savent pas très bien où ils ont mal. Ils disent et pensent avoir mal au ventre, mais en réalité, leur ventre, c'est tout leur corps. Si l'on constate qu'un enfant pleure vraiment trop souvent, il faut lui apprendre à dire les choses avec un sourire. Le cas échéant, on l'emmène devant une glace et on lui dit : "Regarde, tu n'es pas beau, (ou jolie) quand tu pleures." Si ça ne marche pas, à chaque fois que l'enfant pleure sans raison, on l'envoie très gentiment dans sa chambre, sans le gronder : "Quand tu auras fini de pleurer, tu reviens me voir et tu m'expliques ce que tu as." Il faut aussi, sans doute, se remettre un peu en question : « Est-ce que j'écoute mon enfant quand il me fait part de son problème sans pleurnicher ? Je ne lui donne peut-être pas l'attention dont il a besoin ? »

L'enfant a des problèmes scolaires alors que ses professeurs reconnaissent qu'il est intelligent.

Il peut y avoir bien entendu plusieurs causes. L'élève n'est pas assez motivé ou trop tendu. Le niveau de la classe est peut être trop faible ou trop haut pour lui. Il peut y avoir un manque de sympathie pour le professeur. N'oublions pas que les élèves travaillent pour les enseignants, pas pour eux-mêmes ! De notre côté, montrons-nous assez d'intérêt pour son travail scolaire ?

L'enfant ment, raconte des histoires.

Souvent, vers l'âge de six ans, les enfants racontent des histoires. Leur imagination est vivante. Il faut leur montrer la différence entre le réel et l'imaginaire. "Ça, c'est une blague, ca n'existe pas, ça c'est vrai..."

Si c'est un mensonge pragmatique, conscient, il faut montrer sans ambigüité que l'on a repéré la manœuvre, et insister sur la valeur de la vérité (émeth). Souvent, une trop grande sévérité entraîne des mensonges. Il est bon de féliciter l'enfant qui a eu le courage de dire la vérité, même dans une situation délicate.

Peut-on s'énerver contre un enfant ?

Evidemment, l'idéal serait de ne pas s'énerver. Mais les enfants n'aiment pas non plus avoir des parents robots. Si l'on s'est énervé une fois un peu trop fort, ce n'est pas un drame : on explique qu'on était fatigué, qu'on avait mal à la tête. Cela montre à l'enfant que la maman ou le papa est un être humain, à qui l’on doit des égards.

*Jacqueline Ehrentreu a été la directrice pendant plus de trente ans du séminaire de Lucerne (Suisse). Mère de sept enfants, qui eux-mêmes sont devenus de grands éducateurs, elle possède une expérience et une connaissance incomparable des enfants. Comme elle le dit elle-même, "l'éducation, c'est une affaire familiale" !

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