Éducation

Pourim & l’abus d’alcool chez nos jeunes

03/03/2015 | par Ora Marhely

Et si cette permissivité ponctuelle vis-à-vis de l’alcool invitait nos jeunes à développer une dangereuse dépendance ?

Vins, alcool et spiritueux… À Pourim, la boisson est en fête et nos jeunes s’en donnent à cœur joie. Tournées de collecte de fonds, ou fêtes entre copains, toutes les raisons sont bonnes pour déboucher la bouteille et trinquer Lé’haïm. Au début, on grimace, puis très vite, on y prend goût. Et si sous couvert du devoir de boire à Pourim, cette permissivité ponctuelle vis-à-vis de l’alcool invitait nos jeunes à développer une dangereuse dépendance ? A travers le témoignage d’une famille qui en fit la cruelle expérience, Aish.fr tire la sonnette d’alarme sur les dangers de l’abus d’alcool à Pourim. A lire sans modération…

Le verre de vin qui faucha toute une vie…

De l’avis général, c’était un enfant vif, joyeux, attachant et débordant de sensibilité. Et même si Yéhouda Mond zal ne collait pas tout à fait au moule classique, il aimait sa famille et adorait la vie. Et pourtant, il eut à peine le temps d’y goûter qu’il la perdit dans son sommeil, à cause d’une overdose d’alcool. Comment cet adolescent américain orthodoxe se retrouva-t-il happé dans le sombre couloir de l’alcoolisme ?

Selon son père, la descente aux enfers du jeune Yéhouda commença un jour de Pourim, lorsqu’un adulte « bienveillant » lui servit son premier verre d’alcool, alors qu’il avait à peine treize ans. Ceci, affirme-t-il, fut le début de la fin pour leur fils. Yéhouda souffrait de sévères difficultés d’apprentissage, et malgré tous les efforts qu’il fournissait pour s’accrocher, sa scolarité fut extrêmement cahoteuse. Le sentiment d’échec permanent qui le rongeait fit de lui une proie facile face à l’illusion de bien-être procuré par l’expérience de la boisson. Et c’est en buvant son premier verre durant les festivités de Pourim que l’adolescent découvrit que l’alcool possédait la propriété « magique » de lui faire oublier ses difficultés et de fournir une échappatoire facile face à la cruauté de ce monde.

Au début, Yéhouda s’en tint au jour de Pourim. Puis très vite, il s’aperçut qu’il n’était pas nécessaire d’attendre le 13 Adar pour voir les bonnes bouteilles sortir de leurs armoires. Et pour cause, que ce soit lors des mariages, des fêtes juives, la boisson figurait invariablement sur la liste des invités... Et de verre en verre, c’est ainsi que l’enfant devenu jeune homme se retrouva emprisonné dans les tentacules de l’alcoolisme.

La Fondation Yéhouda Mond : transformer la tragédie en tremplin

Même si ses déboires avec la boisson étaient un sujet que Yéhouda abordait ouvertement avec ses parents et ses frères et sœurs mariés qui mirent en œuvre tous les moyens possibles pour l’aider à s’en sortir, ces derniers n’auraient jamais cru que les choses se termineraient ainsi. Bien que la tragédie fut difficile à encaisser, et encore davantage à surmonter, les Mond comprirent que le meilleur moyen de gérer leur douleur était encore de le transformer en un tremplin pour aider les autres à ne jamais ressentir pareil chagrin.

C’est ainsi que naquit la Fondation Yéhouda Mond pour l’Amour de la Torah [The Yehuda Mond Fondation of Ahavas Torah ], dont les nombreuses activités bénévoles seraient consacrées à l’élévation de l’âme de Yéhouda Aryé ben Yéochoua Yakir. Comme la famille revêtait une importance extrême aux yeux de leur fils et frère, la famille Mond décida que l’objectif de la fondation serait d’améliorer la qualité de la vie de famille de manière à mettre en exergue la beauté de l’héritage juif. Distribution de paniers de Chabbat aux familles nécessiteuses, redistribution des restes alimentaires des repas de mariage, aides aux jeunes mariés, permanence téléphonique destinée à la lutte contre les dépendances, site dédié à la diffusion de cours de Torah, les membres de la famille ainsi qu’un nombre grandissant de bénévoles furent mis à contribution pour ces projets.

« Lechaim ? » : un DVD pour dénoncer les dangers de l’alcoolisme chez les jeunes

Naturellement, la toute première réalisation de l’association fut la production d’une présentation audiovisuelle intitulée « Lechaim ?  - À la Vie ? » qui tire la sonnette d’alarme face à la prévalence sournoise de l’abus d’alcool dans les communautés juives, et plus particulièrement chez les étudiants en Yéchiva. Le DVD, signé par un réalisateur professionnel, retrace le drame, ô combien réaliste, d’un jeune homme invité à un mariage qui abuse de la boisson « pour mieux réjouir le ‘Hatan » et finit par causer la mort de son camarade qu’il avait raccompagné en voiture. La lutte contre la tentation posée par l’accès libre au bar de la salle de mariage, ainsi que la tragédie qui s’ensuivit sont basés sur un fait réel, ce qui ne fait qu’ajouter à l’impact de cette présentation. Il est suivi par l’intervention d’une grande figure du judaïsme orthodoxe américain qui a accordé son entier soutien au projet ; le Rav Shmouel Kamenetzky chlita, rosh yéchivat Philadelphia.

Le DVD se ferme sur le témoignage d’ un ex-alcoolique, ainsi qu’une série de mesures anti-alcoolisme présentées par le Rav Dr. Abraham Twersky chlita, spécialisé dans le traitement de l’alcoolisme et d’autres dépendances. « Les jeunes de moins de 21 ans ne doivent boire de whisky ou de bière en aucune circonstance. Pas à Sim’hat Torah, pas à Pourim, pas à un mariage. Je sais que je peux paraître extrémiste. Mais les parents qui ont perdu un enfant ne sont pas de cet avis ! » scande-t-il.

Il fallut certainement une bonne dose de courage à la famille Mond pour oser évoquer avec autant de franchise le sujet sensible de l’alcoolisme dans la communauté juive. Mais les proches de Yéhouda étaient déterminés à sublimer leur tragédie en une source de force et d’inspiration pour les autres. « Si, à travers cette présentation, nous avons le mérite de transformer la vie des jeunes gens de notre communauté, ce sera la plus grande élévation pour la précieuse néshama de Yéhouda », affirme le père de ce dernier. Et de conclure : « Même si une seule âme juive est sauvée, cela valait la peine de partager l’histoire de Yéhouda ! »

S’enivrer à Pourim : devoir ou danger ?

Qui ne connait pas le célèbre adage talmudique ? « L’homme est tenu boire à Pourim jusqu’à ce qu’il ne sache plus différencier entre « Béni soit Morde’hai » et « Maudit soit Haman ». Talmud [Méguila 7b]. De là à cautionner l’ivresse ? Comme l’a souligné le Rav. Dr Avraham Twersky, les choses sont loin d’être si simples… « A propos de la mitsva de boire à Pourim, le Rama stipule qu’il n’est pas nécessaire de s’enivrer, mais simplement de boire un peu plus qu’à l’ordinaire, puis de faire une sieste.  Le Michna Beroura [695] écrit : « Telle est la conduite à adopter ». Le Beth Yossef est encore plus catégorique : « La mitsva de boire à Pourim ne signifie pas s’enivrer, car s’enivrer un issour absolu, et il n’existe pas de plus grande avéra que celle-ci. » Parents, exercez votre autorité pour empêcher vos enfants de se faire du mal, et du faire du mal aux autres. Chefs de famille, quand des ba’hourim vous rendent visite à Pourim, ne leur-servez pas d’alcool ! Ni de vin, ni de bière, ni de liqueur ! Ils peuvent consommer la quantité permise de vin chez eux, sous la surveillance de leurs parents ! » A méditer…

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