Respect des Parents

La fête des Mères à la sauce juive

05/05/2015 | par Baroukh Leff

N’hésitez pas, invitez-là au resto et offrez-lui un cadeau. Mais assurez-vous que cette marque de gratitude ne se limite pas à un seul jour.

Si votre mère ressemble un tant soit peu à la mienne, cela fait sans doute plusieurs semaines qu’elle vous serine de ne rien lui offrir pour la fête des Mères : « Depuis quand est-ce que nous, les juifs, nous célébrons la fête des Mères ? Ne te tracasse pas pour moi ! »

Bien sûr, vous comme moi, nous savons pertinemment qu’il vaut mieux faire la sourde oreille à ce genre de commentaires frôlant l’autodénigrement. Ceci étant, nos chères mamans ont un argument valable. En tant que juifs, ne sommes-nous pas censés célébrer la fête des Mères 365 jours sur 365 ? La Torah nous exhorte en effet à honorer et révérer notre mère à chaque instant. Alors pourquoi montrer notre gratitude de manière aussi ostentatoire le jour précis de la fête des Mères ?

Soyons francs. Si la fête des Mères est notre seule et unique occasion de lui prouver combien nous tenons à elle durant le reste de l'année, ce jour ne fait que réduire la véritable appréciation que nous devrions avoir pour nos mères.

Alors comment tirer le meilleur parti de cette journée ?

Réponse : en l’abordant avec la même approche qu’une fête juive.

Comment pouvons-nous tirer le meilleur parti de la fête des Mères ? En l’abordant avec la même approche qu’une fête juive.

Laissez-moi m’expliquer. Les fêtes juives sont fondamentalement différentes des fêtes laïques comme le 14 juillet ou le 11 novembre. Tandis que ces dernières commémorent des événements, les fêtes juives sont des portails temporels qui nous invitent à ressentir une fois de plus les forces spirituelles qui furent libérées lors d’un événement historique.

Prenons par exemple la fête de Chavouot durant laquelle nous célébrons le don de la Torah. Chaque année, à la même date, nous renouvelons cette expérience et pouvons, si nous le voulons, accepter de nouveau la Torah et renforcer ainsi notre engagement personnel.

Le Rabbin Dessler compare le temps à une spirale. En voyageant à travers le temps, nous revenons à des moments clés du passé et récupérons l'énergie spirituelle inhérente qui s’y trouve. C'est pourquoi les fêtes juives sont appelées en hébreu « Moadim » – lieux de rencontre. De même, le mot hébreu « Zman » – temps – signifie « désigné » ou « nommé » parce que chaque moment dans le temps se destine à un but spirituel spécifique.

Ce qui soulève la question suivante : l’impact spirituel des fêtes juives ne devrait-il pas nous accompagner tout au long de l’année et non pas uniquement lors des jours précis où tombent les fêtes ?

Pessah par exemple célèbre l’intervention de Dieu pour nous libérer de l’esclavage et nous faire sortir d’Egypte. Mais la Torah précise que nous devons nous souvenir de l'Exode d'Egypte chaque jour de notre vie, comme il est mentionné à la fin de la prière du Chema. Pourquoi alors célébrer Pessah si nous le faisons déjà en nous rappelant l’Exode de manière quotidienne?

La même question pourrait se poser pour chacune ou presque des fêtes juives. Le jour de Chavouot, nous célébrons le don de la Torah sur le Mont Sinaï. Mais nous avons aussi un commandement plus général de nous rappeler les événements qui se déroulèrent sur le Mont Sinaï, aussi souvent que nous le pouvons. Comment le fait de se réjouir à Chavouot pourrait-il renforcer notre expérience religieuse?

Nous célébrons toutes nos fêtes avec l’idée suivante à l’esprit. Certes, nous devons garder en tête les miracles et la bonté dont Dieu fait preuve à notre égard à tout moment, à chaque instant. Mais une telle exigence s’avère parfois difficile car accomplir une même action en permanence risque d’affaiblir son intensité, d’amoindrir sa force. L’effet dramatique peut alors éventuellement s’émousser, perdre de son faste et l’élévation, la splendeur initiale n’être plus que routine.

Voilà pourquoi, les fêtes permettent de nous concentrer sur une seule note à la fois, essentielle et significative, parmi l’étendue de notre gamme spirituelle. Nous la jouons le temps d’une journée ou d’une semaine et l’engrainons ensuite dans notre essence pour le reste de l'année.

Nous devons certes travailler constamment pour nous libérer, c’est une lutte de tous les instants. Mais lorsque Pessah arrive et nous fait revivre l'Exode du peuple juif d'Egypte durant toute une semaine, nous nous sentons soudain plus forts et capables de saisir ce sentiment de vraie liberté pour le faire vivre en nous le reste de l'année.

Si vous décidez de célébrer la Fête des Mères, faites-le donc de la même manière que vous célèbreriez une fête juive. Montrez à votre mère votre appréciation, achetez-lui un beau bouquet, écrivez-lui une jolie carte, n’hésitez pas à l’inviter au restaurant. Mais faites en sorte que ces marques d’affection et de gratitude ne se limitent pas à un seul jour dans l’année. La fête des Mères devrait être une journée remplie d'amour et d'affection qui vous aide à retrouver ces sentiments tout au long de l’année.

Autrement dit, une fête des Mères à la sauce juive…

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