Israel

Jérusalem, le cœur de notre cœur

22/05/2017 | par Elie Wiesel

Pour moi, pour le Juif que je suis, Jérusalem est au-dessus de la politique.

Auteur lauréat du prix Nobel et survivant de l'Holocauste, Elie Wiesel publie une pleine page dans le Wall Street Journal, sous la forme d'une lettre ouverte au président Obama, avec qui il a visité le camp de la mort de Buchenwald l’année dernière. Voici le texte de sa lettre.

Pour Jérusalem

C’était inévitable : Jérusalem est une fois de plus au centre des débats politiques et des tempêtes internationales. Anciennes et nouvelles tensions remontent à la surface à un rythme inquiétant. Dix-sept fois détruite et dix-sept fois reconstruite, elle est toujours au cœur d'affrontements diplomatiques qui pourraient mener à un conflit armé. Ni Athènes ni Rome n’ont suscité de passions aussi nombreuses.

Pour moi, pour le Juif que je suis, Jérusalem est au-dessus de la politique. Elle est mentionnée plus de six cents fois dans la Bible, et pas une seule fois dans le Coran. Sa présence dans l'histoire juive est écrasante. Il n'y a pas de prière plus émouvante dans l'histoire juive que celle exprimant notre désir de retourner à Jérusalem. Pour beaucoup de théologiens, elle est L'histoire juive, pour de nombreux poètes, elle est une source d'inspiration. Elle appartient au peuple juif et elle est beaucoup plus qu'une ville, elle est ce qui lie un Juif à l'autre d'une manière qui reste difficile à expliquer. Quand un Juif visite Jérusalem pour la première fois, ce n'est pas la première fois, c'est une sorte de retour aux sources. La  première chanson que j'ai entendue était une berceuse de ma mère sur Jérusalem. Sa tristesse et sa joie font partie de notre mémoire collective.

Quand un Juif visite Jérusalem pour la première fois, c'est un retour aux sources.

Depuis que le roi David décida de faire de Jérusalem sa capitale, les Juifs ont habité à l'intérieur de ses murs, avec seulement deux interruptions, quand les envahisseurs romains leur ont  interdit l'accès à la ville et à nouveau, sous l'occupation jordanienne. Juifs, sans distinction de nationalité, se sont vu refuser l'entrée dans le vieux quartier juif pour méditer et prier au Mur, le dernier vestige du temple de Salomon. Il est important de se rappeler que si la Jordanie n’avait pas rejoint l'Egypte et la Syrie dans la guerre de 1967 contre Israël, la vieille ville de Jérusalem serait encore arabe. De toute évidence, alors que les Juifs étaient prêts à mourir pour Jérusalem, ils n’auraient pas tué pour Jérusalem.

Aujourd'hui, pour la première fois dans l'histoire, les juifs, les chrétiens et les musulmans peuvent tous librement adorer leurs sanctuaires. Et, contrairement à ce qui est rapporté dans certains médias, les juifs, les chrétiens et les musulmans sont autorisés à construire leurs maisons partout dans la ville. L'anxiété qui règne à Jérusalem n'est pas une question d'immobilier mais une question de mémoire.

Quelle est la solution? Les pressions ne produiront pas de solution. Y a-t-il une solution? Il doit y en avoir, il y en aura. Pourquoi s'attaquer au problème le plus complexe et le plus sensible prématurément? Pourquoi ne pas d'abord prendre des mesures qui permettront aux communautés israéliennes et palestiniennes de trouver des manières de vivre ensemble dans un climat de sécurité. Pourquoi ne pas laisser la plus difficile, et la plus sensible des questions, pour cette période ?

Jérusalem doit rester la capitale spirituelle juive mondiale, pas un symbole d'angoisse et d'amertume, mais un symbole de confiance et d'espoir. Comme le maître hassidique Rabbi Nahman de Breslev l’a dit: «Tout dans ce monde a un cœur, le cœur lui-même a son propre cœur. »

Jérusalem est le cœur de notre cœur, l'âme de notre âme.

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