Réflexions Pessah

Le jour où je me suis réconciliée avec le ménage de Pessah

30/03/2017 | par Aish.fr

Pessah avait toujours été l’une de mes fêtes préférées. C’était le vrombissement des aspirateurs et l’huile de coude coulant à flots qui me paralysaient…

Le fait de devenir pratiquante a complètement transformé mon expérience de la fête de Pessah. Nos veillées de Seder ont acquis beaucoup plus de valeur, et se terminent désormais aux petites heures du matin. Nous lisons la Haggadah dans son intégralité et grâce au fait que nos enfants fréquentent désormais une école juive, nous ajoutons chaque année de nouveaux airs à notre répertoire.

Mais c’était les préparatifs de la fête qui me paralysaient ; le vrombissement inquiétant des aspirateurs, et l’huile de coule qui coulait à flots... J'étais au départ pétrifiée par ce récurage intensif ; ce grand ménage était pour moi une gageure. Je regardais fixement les tampons à récurer, perplexe, en me demandant bien comment faire le lien entre ce grand nettoyage de printemps et ma spiritualité. Au moment où je parvenais enfin à saisir mon balai, mes voisins très actifs finissaient généralement le ménage de leurs maisons et cuisinaient déjà en vue du Séder.

J’ai compris alors que j'avais beaucoup à apprendre. Un beau matin,j’ai décidé de suivre la délicieuse odeur de poitrine de bœuf qui émanait de l'appartement de ma voisine. Je savais que je devais me laisser guider par ce fumet. J'avais besoin d'apprendre les secrets du nettoyage en profondeur. C'était maintenant ou jamais.

J’ai tapé timidement à la porte. J’ai entendu les ustensiles carillonner à l'intérieur, et perçu perçus les notes d'un joyeux fredonnement. Enhardie, j’ai tapé plus fort. La porte s’est ouverte en grand et j’ai été accueillie par ma voisine et son large sourire.

J’ai balbutié quelques lieux communs sur la pluie et le beau temps, le prix exorbitant de l’agneau dans les surfaces cacher sans oublier les vertus de la matsa d'épeautre nettement plus digeste. Soudain ma voisine m’a fixé droit dans les yeux et m’a demandé le plus simplement du monde : « Avez-vous besoin d'aide pour venir à bout du ménage de Pessah ? »

Ce matin-là, assise à la table de cette sympathique voisine, j’ai appris tout un tas d'astuces qui ont transformé mon approche du nettoyage de Pessah et m'ont permise de me resituer par rapport à tout ce remue-ménage… Voici quelques unes de mes découvertes :

Faire la distinction entre ménage prioritaire et ménage secondaire

Les zones de nettoyage prioritaires sont les pièces dans lesquelles nous préparons la nourriture, nous cuisinons et nous mangeons. Dans la plupart des maisons, il s'agit de la cuisine et de la salle à manger. Ces endroits doivent être astiqués avec soin car c'est là que nous allons probablement trouver la plupart du 'hamets domestique. (NDA : Il est interdit à tout Juif de posséder ou de manger du 'hamets pendant Pessa'h. Le 'hamets se définit comme du blé, de l'orge, de l'épeautre, du seigle ou de la farine d'avoine qui a été mélangé avec de l'eau et a fermenté avant d'être cuit. La fermentation prend 18 minutes.)

Si aucune nourriture n'a été introduite dans le salon, les chambres à coucher, les salles de bain ou les salles de jeu, ces endroits ne nécessiteront qu'un léger nettoyage. Quand j’appris cette distinction cela, mon appartement a soudain rétréci sous mes yeux, au point d'atteindre une taille tout à fait acceptable pour envisager de relever le grand défi du nettoyage.

Ne pas s'échiner à dénicher de minuscules miettes

Le nettoyage de Pessah consiste à chasser des résidus alimentaires 'hamets de la taille d'un kazaït (c'est-à-dire environ la taille d'un bretzel). S'il faut donc chercher dans les cartables des enfants, dans les poches des vêtements de toute la famille et dans les sacs à main, il n'est en aucune façon nécessaire de retourner chacune des poches en question.

Condamner les armoires inutilisées

Vous n'avez pas à nettoyer toutes vos armoires et étagères, particulièrement si vous ne les utilisez pas pendant Pessah. Il suffit de les « condamner » en les fermant avec du scotch ou tout autre procédé qui vous rappelle de ne pas les ouvrir pendant la semaine de fête.

Utiliser le lave-vaisselle pour stocker des ustensiles

Dans la mesure où vous n'utilisez pas votre lave-vaisselle pendant Pessah, vous pouvez le transformer en placard de rangement. Voila l'endroit idéal pour stocker assiettes, bols, tasses et autres couverts de la vaisselle inutilisée pendant Pessah. Voilà qui vous épargnera la confection de fastidieux cartons qu'il faut entreposer je-ne-sais-où pour juste 8 petits jours…

Souriez, vous nettoyez !

Si vous rechignez à l'astiquage, c'est signe qu'il vous faut faire une pause pour reprendre des forces. Aller faire un tour et revenez à vos préparatifs avec enthousiasme et le sourire aux lèvres !

Garder en tête l’aspect spirituel du ménage

Le judaïsme s'efforce de toujours élever le banal vers le sacré, le matériel vers le spirituel. Si en faisant une bénédiction nous consacrons des actes physiques, comme le fait de manger par exemple, alors pourquoi pas celui de nettoyer ?

Quand nous faisons bedikat 'hamets, la traditionnelle recherche de traces de pain qui est effectuée à la veille de Pessah avec une bougie et une plume, nous recherchons en même temps notre moi intérieur. La mèche de la bougie représente notre corps, tandis que la flamme, qui tend toujours vers le haut, est notre âme. Le pain (le 'hamets) reflète notre propre ego gonflé. Il représente notre égocentrisme, lequel bloque souvent l'élévation de notre âme.

Ainsi, lorsque nous fouillons les moindres recoins obscurs à l'affut de miettes de pain, nous recherchons les enflures de notre ego dans notre moi intérieur. Quand nous trouvons le 'hamets, nous le brûlons en utilisant cette flamme qui nous purge symboliquement de notre ego et libère notre âme.

J'ai été si inspirée par la sagesse de ma voisine que je me suis sentie soudainement prête à faire face à mon ménage de Pessah. Je me suis sentie libérée à bien des égards et ai respecté mon balai comme si c'était un vieil ami.

En réfléchissant à ma vie et à ce qui m'a toujours retenu prisonnière, le récurage et le balayage ont soudain pris une autre dimension. En traquant le 'hamets et en ébouillantant mes éviers, j’ai soudainement pris conscience que mon environnement reflétait ma propre intériorité. En gommant la moindre trace d'ego, j'arrachais les scories de mon cœur, laissant apparaitre un moi étincelant sous la couche de crasse enfin récurée.

A partir de là, mes préparatifs de Pessah sont devenus clairs, positifs et pleins de sens. Ma maison étant fin prête à l'avance, j'ai pu jouir de temps libre pour en apprendre davanatage au sujet de la fête. Pendant que d'autres s'acharnaient encore à balayer, nettoyer et récurer, j'ai assisté à des cours et me suis m'imprégnée de leur sagesse.

L'un des noms de la fête de Pessah est « la fête de notre liberté », c'est-à-dire une période de l’année propice à la libération intérieure.Avec une maison propre, de la clarté et l'énergie à revendre, je me sentais réellement partie prenante à l'essence de cette fête merveilleuse.

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