Réflexions Pourim

Pourim et l'Iran

19/02/2013 | par Shraga Simmons

Des parallèles stupéfiants entre la Perse antique et l'actuelle menace iranienne sur Israël.

2.500 ans après notre confrontation avec un certain dément perse aux visées génocidaires, le peuple juif se retrouve de nouveau face à la même menace – celle posée par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et ses mollahs fous, qui ont à maintes reprises déclaré qu'«Israël devait être rayé de la carte».

La tension est grande en Israël aujourd’hui : 6 millions de Juifs restent dans l’attente de voir comment vont s’enchaîner les événements. Israël va t-il bombarder l'Iran? Le monde soutiendra t-il une telle attaque? Et cette question peut-être la plus cruciale de toutes : que pouvons-nous faire?

Certains parallèles importants se retrouvent dans l'histoire même de Pourim. La lecture du texte ancien peut nous éclairer et nous guider quant à la manière de procéder pour sortir de cette effrayante situation aujourd'hui.

Etablir des parallèles

Le fanatisme religieux - Haman s’était apposé une idole sur son torse et avait décrété que tout le monde devait s'incliner devant lui. Le refus de Mordechaï déclenche la furie d’Haman qui élabore alors son plan d’anéantissement.

La naissance de l’Islam eut lieu mille ans après l'histoire de Pourim. Quand les Juifs refusèrent de reconnaître Mahomet comme prophète, il déchaîna son courroux contre eux:

• « Allah a maudit [les Juifs] et les a transformés en singes et en porcs. » (Coran 5:60)

• « Les Juifs sont couverts d'humiliation et de pauvreté, et la colère de Dieu s’est dirigée contre eux. » (Sourate 2:61)

• « Le salut ne viendra que lorsque les Musulmans auront tué tous les Juifs qui se cachent derrière chaque rocher et chaque arbre. » (Sahih Muslim, 41:6985)

Ce n'est pas une simple rhétorique. Dans la région de La Mecque, Mohammed expulsa, pilla et massacra les Juifs. Aujourd'hui, ces passages du Coran encouragent l'ayatollah Ali Khamenei à déclarer: « Le régime sioniste est une tumeur cancéreuse et doit être amputée ».

La légalisation de l'antisémitisme - Plutôt que d'appliquer immédiatement son plan et se mettre à massacrer les Juifs, Haman ne ménagea ni son argent ni ses efforts pour légaliser son projet sous forme d’un décret dument scellé.

Aujourd'hui aussi, le chef suprême de l'Iran a fait part de l’autorisation légale et religieuse d’attaquer les Juifs partout dans le monde et de détruire l'Etat d'Israël - annonçant la « justification faisant office de jurisprudence de tuer tous les Juifs et d’anéantir Israël, combat qu’a le devoir de mener le gouvernement islamique d'Iran ».

• La volonté d’aller jusqu’au sacrifice – Digne descendant d'Amalek, l’exemple typique de l’antisémite enragé, Haman est aveuglé par sa haine des Juifs, même si celle-ci s’avère néfaste pour lui-même – et va jusqu’ à offrir à A'hachvéroch une fortune pour obtenir le droit de les anéantir (Meguilat Esther 3:9).

Un régime iranien fasciné par un messianisme apocalyptique ne fait preuve d’aucune logique.

Ce même manque de logique s’applique en Iran aujourd'hui. Le concept du contrôle et de la surveillance des armes nucléaires par Mutually Assured Destruction, Destruction Réciproque Garantie, (signifiant qu’aucun pays n’oserait déclencher une attaque nucléaire, sachant que sa cible riposterait immédiatement, résultant ainsi en l’anéantissement des deux parties) ne s'applique pas à un régime iranien fasciné par un messianisme apocalyptique. En fait, il se peut même que ce soit l’inverse. Tout comme les extrémistes musulmans ont perpétré des centaines d'attentats-suicides, l'Iran préconise l’ultime attentat-suicide: bien qu’une attaque nucléaire contre Israël pourrait déclencher des représailles pouvant coûter la vie de 15 millions d’Iraniens, cela ne serait qu’un « faible prix à payer » ont déclaré les dirigeants iraniens, pour anéantir les 6 millions de Juifs d’Israël.

• La guerre psychologique – Esther, dans son effort d’annuler le décret, ne confronta pas directement Haman. Elle l'invita au contraire d’abord à deux banquets (Meguilat Esther 5:4, 7) – ayant pour but de laisser sa colère se calmer, lui faire baisser sa garde, et devenir ainsi vulnérable pour la poursuite du plan qu’elle avait en tête.

Aujourd'hui, Israël pourrait bien lui aussi, mener une guerre de désinformation conçue pour leurrer les Iraniens et leur faire croire qu'Israël ne possèderait ni la puissance militaire ni la cohésion interne nécessaires pour lancer une attaque. L'ex-chef du Mossad, Meir Dagan croit-il vraiment qu'une attaque israélienne contre l'Iran est « la chose la plus stupide qu’il n’ait jamais entendue »? Un drone israélien d’une technologie très poussée - clef de toute éventuelle opération contre l'Iran – a-t-il vraiment pris feu et s’est-il vraiment écrasé lors d’un récent vol expérimental? Ces informations reflètent-elles la réalité ou, fidèles à l'esprit de Pourim, ne sont-elles que des leurres intentionnels?

• L’infiltration - Dans l'histoire de Pourim, le fait qu’Esther fut choisie comme reine lui donna accès au roi, une opportunité sans précédent – et lui permit ainsi d'infiltrer le sanctuaire de la puissance perse et de sauver le peuple juif.

Aujourd'hui, l'arme essentielle utilisée par Israël contre le programme nucléaire d'Iran a causé d’importants ravages internes: des dizaines de scientifiques nucléaires iraniens ont été mystérieusement assassinés, et le virus informatique Stuxnet a détruit 1.000 centrifugeuses dans l'installation nucléaire de Natanz. Le virus contient le code « MYRTUS », une référence possible à la myrte - en hébreu, Hadassah, le nom de naissance de la reine Esther.

Destiné à être différent

Une dernière similitude révèle les défis auxquels doit faire face le peuple juif et qui sont profondément ancrés dans son histoire. Alors qu’il sollicitait la permission d'exterminer les Juifs, Haman affirma:

« Il est une nation séparée, dispersée parmi les autres nations ... dont les lois diffèrent de celles de toute autre nation » - c'est-à-dire qu'ils ne mangent pas notre nourriture, gardent le Shabbat, et ne se marient pas avec nos filles (Meguilat Esther 3:8).

Haman accuse les Juifs d'être une entité étrangère, déloyale à qui on ne peut faire confiance. Il s'agit d'un thème récurrent tout au long de l'Histoire: Les Croisés du Moyen-âge ou les inquisiteurs espagnols massacraient les Juifs, les accusant de ne pas se conformer aux normes religieuses d’Europe; Alfred Dreyfus fut condamné pour trahison, faussement décrit par le gouvernement français comme le représentant d’un complot juif; la police secrète russe fabriqua de toutes pièces Les Protocoles des Sages de Sion, dénonçant un complot ignoble des Juifs pour prendre le contrôle du monde.

Aujourd'hui aussi, l'Etat d'Israël est la cible d’une intense diabolisation - condamné à l'ONU, placé sous le microscope des médias, et délégitimé par un jugement biaisé disproportionné vu sa taille.

La solution n'est pas pour Israël d'effacer ses différences et devenir une nation comme les autres. Nous devons prêter attention à la description prophétique des Juifs émise par Bilaam:

« Oui, je le découvre, ce peuple, il vit solitaire, il ne se confondra point avec les nations. » (Nombres 23:9)

Le secret de la réussite juive est notre identité distincte. Le Netsiv, un grand rabbin du 19ème siècle, explique que les Juifs ont la mission sacrée d'apporter moralité et monothéisme au monde. L’assimilation nous a éloignés de notre mission. Tant que nous conservons toute notre spécificité, nous ne pouvons que survivre. Mais lorsque notre identité nationale s’affaiblit, nous devenons une espèce en voie de disparition.

Si nous échouons et ne pouvons promouvoir l’unicité de notre identité, elle nous sera imposée de force par les antisémites.

Il a été dit que « si les Juifs ne font pas le Kiddouch, les non-Juifs feront la Havdallah. » Nous avons le choix, soit nous sanctifions l’unicité de notre identité (Kiddouch), soit nous choisissons d'effacer ces phrases pour devenir comme toutes les autres nations, faisant alors se lever les antisémites qui nous imposeront cette distinction (Havdallah).

La preuve: lorsque les Juifs de l'histoire de Pourim furent invités au banquet d’Achashverosh qui dura 180 jours, ils choisirent de se joindre à la foule et de se comporter comme tout le monde. C'est à ce moment précis qu’Haman commença à répandre ses propos calomnieux contre le caractère distinctif des Juifs.

Lorsque nous, Juifs, faillons à notre mission de représenter le Divin dans le monde, d'autres théologies déformées s’engouffrent alors dans le vide que nous avons laissé. Cela peut se manifester par des bus que l’on fait exploser, des avions que l’on envoie s’écraser contre des gratte-ciels, ou des menaces d’apocalypses nucléaires. Il s'agit là d'une « mesure pour mesure » une conséquence inversement proportionnelle à notre abandon: la mesure dans laquelle le peuple juif ne remplit pas son rôle de lumière des nations, sera la mesure avec laquelle les autres vont s’enhardir pour agir contre nous d’une manière où le Divin n’a que très peu de place.

Ce qui nous ramène à une question cruciale à laquelle doit faire face l'État d'Israël aujourd’hui: quelle personnalité reflétons-nous? Devons-nous mettre en avant notre universalisme laïque - concerts de rock, médailles olympiques et plages de rêve - ou devons-nous mettre l'accent sur notre unique héritage spirituel?

Menahem Begin gardait toujours une kippa dans sa poche et la sortait à des moments propices lors de visites de chefs d'État étrangers, pour réciter des versets bibliques ou une bénédiction. Son message: nous sommes une nation unique et sainte. Loin de déclencher les railleries des dirigeants du monde, cette manifestation de fierté juive d'Israël imposait un énorme respect.

Concrètement...

Avec l’ombre d’un anéantissement nucléaire planant aujourd'hui au-dessus d'Israël, que pouvons-nous - Juifs, non-Juifs et tous ceux de bonne volonté - faire à ce sujet?

Quand Esther fut informée de l'imminence du génocide, elle accepta d'approcher le roi, tout en exhortant Mordechaï: Fais en sorte que les Juifs jeûnent et prient pendant trois jours. Elle savait que dans les moments de danger, nous levons les yeux vers le ciel et reconnaissons que notre force et notre victoire ne viennent que de Celui qui a fait de nous une nation éternelle.

Le message d'Esther résonne tout aussi clairement pour nous aujourd'hui:

Oui, nous devons nous efforcer d’influer sur les gouvernements pour qu’ils soutiennent le droit d'Israël à l'autodéfense (si ce n’est que par signer cette pétition), tout en acceptant de laisser ceux qui détiennent toutes les informations nécessaires, prendre la décision en toute connaissance de cause, d’attaquer ou non les sites nucléaires d’Iran.

Oui, nous devons dénoncer les médias pour leur minimisation biaisée de la menace que pose l’Iran pour l'existence d'Israël.

Mais par-dessus tout, nous devons être dignes de recevoir l’aide Divine.

Une connexion divine est nécessaire pour que notre mission soit couronnée de succès.

À la fin de l'histoire de Pourim, Esther réussit à obtenir l'appui du roi pour que les Juifs puissent combattre et se défendre contre le décret d'Haman. Après avoir passé des mois dans les préparatifs militaires, la veille du déclenchement de la guerre - le 13 Adar - tous les soldats juifs observèrent un jeûne. Affaiblir physiquement les troupes semble pour le moins être contre-productif. Pourtant, les Juifs comprirent que le jeûne aide à réduire l’importance de la dimension physique pour ne se concentrer que plus intensément sur celle de la spiritualité, forgeant ainsi la connexion divine nécessaire pour que notre mission soit couronnée de succès.

La nation juive sortit victorieuse de cette bataille. Ce fut un temps d’unité juive extraordinaire, un retournement spectaculaire de la description utilisée par Haman pour décrire les Juifs lorsqu’il les dénonça : « Il est une nation séparée, dispersée parmi les autres nations ... » (Meguilat Esther 3:8)

Les commentateurs, qui lisent entre les lignes, voient dans les mots « séparée et dispersée » une indication sur la division et les conflits régnant entre les Juifs. Ils renforcèrent Haman qui y puisa la confiance nécessaire pour s'élever contre nous. Esther comprit donc que pour mériter le salut, son peuple aurait besoin de se rassembler dans un esprit d'unité. Ce qui lui fit dire à Mordechai: « Va, rassemble tous les Juifs» (Meguilat Esther 4:16) – en d’autres mots, je ne peux réussir que si les Juifs sont unis.

Ce même message s’adresse à nous aujourd'hui. Nous sommes tous concernés. Tout le monde doit être à son poste – qu’il soit spirituel, politique, militaire ou un mélange d’un peu de tout. Tout comme Haman n'a pas fait de discrimination entre nous, nous ne devons pas en faire nous-mêmes et devons au contraire respecter l’importance de chacun et apprécier le rôle distinct assigné à chaque Juif.

La menace de l'Iran va bien au-delà du ciblage isolé d'Israël. C'est un signal d’alarme pour le monde entier. L'Iran a clairement fait savoir qu'il considérera toute attaque israélienne comme une attaque américaine et réagira en conséquence – activant les cellules terroristes partout dans le monde contre des cibles juives et américaines.

Cette notion de destin commun fut consignée dans les traditions de Pourim établies par Mordechaï (Meguilat Esther 9:22). Nous nous envoyons des Mishloach Manot, des cadeaux composés de denrées alimentaires, pour nous imprégner de ce message: si nous voulons réussir, nous devons nous rassembler, tous unis, sous la bannière de notre fierté juive - célébrant notre patrimoine unique, notre message unique, et notre capacité unique à inspirer ainsi le monde entier.

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