Roch Hachana

La symphonie du nouveau monde

21/09/2014 | par Yaacov Spitezki

Source de renouvellement, « tête » de l’année, anniversaire de la création de l’homme, Roch Hachana est une symphonie aux multiples harmonies…

Le judaïsme n'est pas une religion particulariste. Ses valeurs sont universelles. Elles ont été proclamées au Mont Sinaï. Qu'il s'agisse de la dignité humaine, “de la liberté, de la justice et de la paix ” (Charte de l'ONU) ; de la protection des enfants et de l’importance de l’éducation qui est « une considération primordiale » (UNICEF) et d’une multitude d’autres principes fondamentaux. Oui, la Bible est le fondement de notre civilisation.

Roch Hachana est beaucoup plus qu’un simple début de l’année, « un premier janvier » marqué par une nuit de réveillon. C’est, selon la traduction littérale de ce terme, la « tête de l’année ».

À Roch Hachana chacun d’entre nous a le pouvoir d’insuffler de la « vitalité », de la transcendance dans les jours qui suivent.

Avec le cœur et le foie, le cerveau est ce qu’il y a de plus important chez un être humain. C’est le centre nerveux du corps tout entier. À son niveau, le moindre accident a des effets désastreux sur le reste de l’organisme. L’année est semblable à un corps. Chaque jour, chaque instant, est une entité que nous devons apprécier pleinement et ne pas gâcher par des futilités.

À Roch Hachana chacun d’entre nous a le pouvoir d’insuffler de la « vitalité », de la transcendance dans tous les jours qui suivent. Nous sommes invités à « construire la nouvelle année » et à en faire un édifice de moralité et d’humanité. L’occasion nous est ainsi donné de prendre les bonnes décisions qui s’imposent. Celles qui transformeront nos personnalités et rejailliront sur l’ensemble de la société pour faire un monde meilleur.

Roch Hachana donne donc vraiment le ton.

Contrairement à ce que l’on pense communément, cette fête n’est pas l’anniversaire de la création du monde, mais de celle de la création du premier homme, Adam Harishon. Ceci vient nous enseigner que c’est l’être humain qui donne à l’ensemble de l’univers son sens ultime, sa finalité.

Tikoun haolam

Tandis que les autres religions fixent le début de leurs calendriers à partir d’un événement important de leur histoire (une naissance, l’Hégire…), le judaïsme voit dans Roch Hachana un événement universel. Les Rabbins du Talmud relèvent le fait qu’Adam fut créé seul afin qu’il ne puisse pas dire « mon sang est plus rouge que le tien », et aussi parce qu’un individu, seul, peut changer le cours de l’histoire. Le mois de Tichri est d’ailleurs placé sous le signe de la balance. Maïmonide souligne que chaque être humain doit se considérer comme étant à moitié coupable, et à moitié innocent. De quoi donner matière à réflexion avant d’agir. À chaque instant et particulièrement au seuil de la nouvelle année, nous sommes à la croisée des chemins. Nous pouvons continuer de végéter, de stagner ou au contraire progresser.

« Réfléchissez, sentez, goûtez et voyez… »

Chana vient de la racine « répéter » qui évoque le cycle routinier de l’année, le jour et la nuit, l’été et l’hiver. Mais Chana c’est aussi Chinoui, le changement, le progrès, les jours et les mois (‘hodesh) qui changent. À première vue, ce terme implique une contradiction. D’une part, il y a le flot continu de l’existence qui est stable. D’autre part, il y a des évènements voulus ou pas qui viennent modifier notre parcourt en bien ou en mal. Dans certains cas, nous sommes conscients de qui nous arrive vraiment. Mais trop souvent nous n’avons pas le recul nécessaire pour discerner ce qui est intrinsèquement positif. Nous devons briser la routine et nous renouveler. Être vraiment nous-mêmes. Nous remettre en question. Répondre aux questions existentielles. Est-ce possible ? Oui. Emouna veut dire beaucoup plus que « avoir la foi ». Le mot Emouna implique la réflexion et le « travail sur soi ». L’art, l’artisanat se dit en hébreu Omanout. Ce terme a la même racine que le mot Emouna. Les Psaumes (XXXIV, 9) nous recommandent « Réfléchissez, sentez, goûtez et voyez combien l’Éternel est bon ». Ainsi nous arrivons, comme le dit la prière, à prendre pleinement conscience que D.ieu est « notre Père, notre Roi »

Un océan de possibilités

L’une des idées centrales de Roch Hachana est que le monde revient au point zéro. Les pendules sont remises à l’heure. Le temps ressemble aux battements du cœur. Chaque pulsation constitue un phénomène à part. Le sang, la vie jaillit à nouveau. En hébreu, paam, signifie « une fois ». Chaque instant est unique. Yom veut dire « jour » mais c’est aussi la même racine que Yam, la mer. En effet, à chaque instant, nous avons comme un océan de possibilités qui s’ouvrent à nous et nous donnent la force de nous surpasser. Les repères qui nous empêchent de nous noyer sont la Tora et les Mitsvot.

Pour les Grecs, le temps est cyclique. Dans le judaïsme, le temps est linéaire. Il nous invite à progresser, à nous renouveler, à sortir de la routine, à préparer le Kets Hayamim, la venue du Messie. La vie ne doit pas se limiter à un « copier –coller »

Le shofar : la symphonie d’un nouveau monde

La Tora décrit Roch Hachana comme étant le Yom Teroua, le jour de la sonnerie du Chofar. La Bible ne nous prescrit pas l’utilisation d’un ensemble d’instruments mais uniquement celle d’une corne de bélier qui ne produit pas des compositions musicales sophistiquées. C’est en effet la simplicité, le retour vers la nature, le retour vers sa propre nature qu’il nous faut rechercher pour faire le bilan en ce Jour du jugement. Un seul « instrument » est utilisé. Ce n’est pas un orchestre qui va interpréter cette « symphonie ». Dans un premier temps l’accent est mis sur chaque individu. Celui-ci doit se transformer.

Le son du chofar est semblable à un cri poussé du plus profond de notre être.

Puis il changera la société. Le son du chofar est semblable à un cri poussé du plus profond de notre être. Le chofar est semblable à l’alarme émise par une sirène.

Les différentes sonneries évoquent les divers sentiments que nous éprouvons : des soupirs, des sanglots, l’expression de la crainte révérencielle, la proclamation de la Royauté divine. Elles nous invitent à la réflexion, à la sérénité de la méditation.

Le son du chofar est d’une grande simplicité. Effectivement, devant l’ineffable nous ne trouvons pas les mots pour exprimer tout ce que ressentons au plus profond de notre être.

La pureté des tonalités émises par cette corne de bélier est pour ainsi dire la symphonie d’un nouveau monde. Une ère de Justice et de Paix pour l’ensemble de l’humanité telle qu’elle a été annoncée par les Prophètes au son du Chofar.

Paix, bonheur, santé et prospérité. C’est ce que nous nous souhaitons tous à l’occasion de Roch Hachana. Lechana Tova OuMetouka Tikatévou !!

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