Les Basiques - Chavuout

Qu’est ce que la Torah ?

22/05/2012 | par Aish.fr

Plus que les Cinq Livres de Moïse, la Torah est le guide de vie qui définit l’essence du judaïsme et imprègne chaque aspect de la vie et de la tradition juives.

Nul mot dans la religion juive est à la fois aussi indéfinissable et aussi incontournable que celui de Torah. Le terme Torah est le plus exhaustif pour décrire le fondement du judaïsme. La Torah c’est l’Enseignement. La Torah c’est la Loi. Nul ne peut espérer acquérir une appréciation, ne serait-ce que minime, de la religion juive sans apprendre, puis pondérer sur la nature de la Torah et sa place dans la vie du juif.

Will Herberg décrit le génie aux multiples facettes de ce joyau de la couronne du monde littéraire qu’est la Torah:

C’est un livre, une idée, une qualité de vie. C’est le Pentateuque, la Bible dans toutes ses parties ; la Bible et les écrits rabbiniques, des écrits ayant tous trait à la révélation ; tous porteurs d’une réflexion et d’une tradition relatives à D.ieu, l’homme et le monde. Elle est représentée comme une mariée, une « fille » de D.ieu, comme une couronne, un bijou, une épée ; comme l’eau et le feu ; comme la vie, mais pour tous ceux qui en sont indignes ; comme le poison et la mort. C’est la Sagesse et le Verbe Divin préexistants, présente à la création et jouant le rôle de l’ « architecte » de tout travail créatif. Elle préserve le monde de la destruction ; sans elle, toute création retournerait au chaos ; c’est l’harmonie et la loi de l’univers. Elle représente tout cela et bien plus encore, car l’exaltation de la Torah dans la tradition juive est un thème que tous les mots ne suffiront pas pour décrire. La Torah est la raison d’être de l’homme. Elle est l’équivalente des sacrifices du Temple.

Depuis des siècles, la Torah a toujours représenté l’alpha et l’oméga de la sagesse juive. Mais il serait totalement erroné de conclure, à partir de cet accent mis sur l’étude, que la spiritualité juive s’enlise dans les sables de l’intellectualisme.

L’étude de la Torah est un exercice spirituel authentique qui est plus susceptible d’aboutir au mysticisme qu’à l’intellectualisme.

En réalité, l’étude de la Torah est quelque chose de très différent. C’est un exercice spirituel authentique, l’équivalent juif de la communion mystique avec D.ieu. Effectivement, elle est plus susceptible d’aboutir au mysticisme qu’à l’intellectualisme.

Des archives photographiques du ghetto de Varsovie montrent la porte d’une auberge sur laquelle on pouvait lire « Cercle de conducteurs de charrettes pour l’étude du Talmud à Varsovie ». Ce cercle rassemblait les cochers qui saisissaient quelques moments de leur travail pour se retrouver en groupe afin de « grignoter » une page de Talmud, tel que mentionné plus tôt. Ces hommes n’étaient pas des intellectuels, intéressés par les seules subtilités des dialectiques savantes ; ils étaient des hommes profondément religieux assoiffés de rafraichissements spirituels qu’ils trouvaient, comme d’innombrables générations de juifs avant eux, dans l’étude de la Torah.

« Ô combien j’aime Ta Torah ! Elle est tout le jour l’objet de ma méditation » (Psaumes 119, 97) Lorsque la Torah est perçue dans sa pleine dimension, ce verset peut être considéré comme l’attitude authentique du juif croyant en la Torah. La Torah est la Loi, mais en même temps, elle est bien plus que cela.

Mais quelle est, en définitive, la place d’un système légal au sein d’une religion ? Telle qu’elle est perçue par les yeux de la civilisation occidentale, la loi ne devrait pas être mêlée au domaine de la foi. Elle devrait être confinée à la gouvernance de la société et aux affaires d’état tandis que la foi devrait s’appliquer aux choses de l’âme, le domaine privé de l’individu. Comment donc ces deux éléments aussi largement disparates peuvent-ils fusionner dans le judaïsme. Quel est le rapport entre « foi » et « action » ?

L’HOMME NE PEUT PAS VIVRE PAR SA SEULE FOI

Le judaïsme considère, comme un principe cardinal dans son approche face à la religion et à toute la vie, que la foi et les actions sont inséparables. L’homme moderne a du mal à comprendre cela parce qu’il a été élevé dans un cadre de référence occidental qui perçoit la « religion » uniquement comme une affaire de l’âme, propre à ce qui est intérieur. Dans la religion, l’accent est mis sur l’attitude plutôt que l’obéissance, la croyance plutôt que l’action.

Le judaïsme considère la personne qui vit par sa seule foi – c'est-à-dire non traduite dans l’action – comme évoluant dans des généralités spirituelles vagues et confuses.

Le judaïsme considère la personne qui vit par sa seule foi – non traduite dans l’action – comme évoluant dans des généralités spirituelles vagues et confuses.

Pour visualiser l’image parfaite d’une existence terrestre vécue dans les sphères célestes, imaginez Emmanuel Kant, le philosophe allemand, déambulant dans la Wilhelmstrasse, les mains derrière le dos et l’esprit perdu dans la contemplation du firmament. En termes chrétiens, ce décor pourrait changer et mettre en scène un moine méditant sur le Dieu universel dans une minuscule cellule d’un monastère reculé, situé au sommet d’une montagne.

Le portrait typique du juif, en revanche, est inscrit à tout jamais sur le tableau de son imagination par l’histoire du livre de la Genèse qui décrit Abraham à la recherche d’un «homme juste au milieu de la ville » ; Jacob construisant des bâtiments, des routes et des bains publics pour promouvoir l’hygiène communautaire dans toutes les villes qu’il visite ; Moïse quittant l’isolation du palais de Pharaon pour « entrer dans la bataille » au nom de son peuple réduit à l’esclavage.

Dans le judaïsme, la question de la supériorité de la bonne action ou de la bonne intention ne se pose pas ; la seule question est « quel est le bon mode de vie ? » 

L’action de soigner, d’aider, d’améliorer concrètement le quotidien d’autrui possède sa propre signification intrinsèque peu importent les intentions qui ont motivé ces gestes. L’intention est importante, bien entendu, mais elle doit être impérativement traduite dans la réalité tangible. Accueillir un adolescent jeté à la rue revêt une signification qui est indépendante de l’intention qui sous tend cette action.

Le judaïsme est contre l’idée de généralités spirituelles, de chercher un sens à une vie détachée de l’action, comme si la notion de sens existait en tant qu’entité indépendante. Son leitmotiv est de convertir les idées en actions, de transformer des principes métaphysiques en modèles pour l’action, de doter les principes les plus sublimes d’une application dans la vie de tous les jours et inversement de sanctifier le mondain.

Mais comment savoir quelles sont les actions qui sont attendues de nous ? Et comment pouvons-nous déterminer la différence entre le bien et le mal si nous ne sommes pas guidés par la foi ?

La réponse est : En observant la Loi.

La volonté de D.ieu est donnée en cadeau à l’homme enveloppée dans un canon de commandements, une liste de « choses à faire », que les Juifs appellent mitsvot (mitsva) au singulier. Les mitsvot constituent les standards d’actions religieux fixés qui n’évoluent pas avec chaque mouvement de la société. La raison de ces commandements n’est pas souvent évidente en soi et dépasse l’entendement des êtres humains, bien qu’eux-mêmes dépendent effectivement de la compréhension stable et de l’interprétation régulière des maîtres de chaque génération et de leur application de ces lois aux réalités quotidiennes. Le devoir ultime du juif n’est pas de croire en D.ieu mais d’accomplir la volonté de D.ieu.

La mitsva est la matière organique irréductible de la religion juive. Dans le langage populaire, elle est communément désignée par une « bonne action ». Mais sa force et sa signification émanent de son usage correct, formel et original : le commandement. D.ieu, l’émetteur de la mitsva, est le metsavé, « Celui qui commande ». Le moteur de la loi juive et de son respect est l’observance des mitsvot, les commandements donnés par D.ieu.

EXPRIMER SA FOI

En vivant comme des juifs, nous exprimons notre foi en tant que Juifs.

Accomplir une mitsva ne consiste pas simplement à faire une « bonne action », cela revient, en réalité, à observer la loi de D.ieu dans tous ses détails. La volonté de D.ieu est révélée dans les mandats de la Torah, essentiellement sous forme de la Hala’ha — littéralement « la voie » — à savoir, la voie à suivre pour accomplir les commandements.

La Hala’ha, comme la Torah elle-même, est l’un des termes les plus importants et les plus insaisissables et, sans le comprendre, le Judaïsme n’est pas compréhensible. C’est, plus que tout autre domaine de la religion, la quintessence du Judaïsme.

La Torah prévoit une interprétation orale qui est dynamique et progressive et est absolument nécessaire à la compréhension de la Torah écrite. La Loi Orale n’est pas seulement une interprétation de la loi, mais son application aux circonstances changeantes de la réalité à travers les principes logiques traditionnels que la Torah elle-même a établis.

La Torah prévoit une interprétation orale qui est dynamique et progressive.

La loi est fixée par des rabbins érudits en réponse aux questions qui leur sont soumises par des individus ou des communautés entières. Leurs décisions sont par la suite mises en application avant d’être rédigées sous formes de codes de la loi. Ces codes sont ensuite étudiés, interprétés et appliqués par le même système. Tous ceux-ci, ajoutés à une variété de régulations et de décrets, forment le canon de la Loi Orale.

Ou comme Herman Wouk le décrit avec tant d’éloquence dans son ouvrage intitulé « C’est mon D.ieu ».

Nous sommes donc en présence d’un système d’amendements originaire des « sages » et sujet à la ratification ou l’abrogation par la loi – obéissant à la communauté dans son ensemble, dans un référendum silencieux qui est permanent et efficace.

Ce qui soulève l’évidente question : qui sont ces sages et par quel pouvoir sont-ils ordonnés ?

Ceux sont les étudiants qui reçoivent leur ordination des dirigeants des grandes yéchivot, les académies d’étude de la Torah, qui ne sont pas formellement élus ou officiellement désignés, mais sont simplement reconnus par les communautés qui respectent la loi. Dans un certain sens, la communauté de ceux qui respectent la loi représente la Cour Suprême informelle du Judaïsme. Ceux sont eux qui décident qui seront les autorités religieuses. Ils le font en adressant leurs questions religieuses aux quelques érudits vivant dans chaque génération, et en suivant ou en ne suivant pas leurs décisions.

LA LOI : UN ELIXIR DE VIE

En fait, loin d’être emprisonnés par la loi, les Juifs lui ont toujours voué un amour infini. Nous ne pouvons pas conclure notre exposé sur la Torah sans exprimer ce sentiment le plus caractéristique de la littérature juive — l’amour de la Torah.

Vous pourriez demander : un peuple peut-il « aimer » une loi ? Et portant, tel est le paradoxe exquis inhérent au concept de la Torah — elle est respectée et étudiée et crainte, tout en étant aimée, enlacée et embrassée. Tout cela à la fois. Il n’y a pas de bien dans ce monde – pas d’idéal, pas de bénédiction, pas de perfection, pas de gloire – à moins qu’il soit associé avec la loi.

Pour les juifs, la Torah est « lumière » ; elle est la « gloire des fils de l’homme » ; elle est une sève de vie revigorante pour « les os desséchés » (Ezéchiel 37, 4) qui symbolisent les « personnes en lesquelles la sève du commandement est absente. »

Pour les juifs, la loi est maïm ‘haïm, une source de vie rafraîchissante et revigorante ; elle est la douceur du miel et du lait, la joie et la force du vin, et le pouvoir guérissant de l’onguent. C’est un « élixir de vie » qui apporte l’apaisement à tous.

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