Réflexions - Chavouot

50 secrets de Chavouot

22/05/2012 | par Aish.fr

Un parallèle entre le sens intrinsèque du chiffre 50 et la raison pour laquelle Chavouot n'a pas de véritable date.

Toutes les fêtes juives tombent un jour spécifique du mois, à une exception près : Chavouot, ce jour des plus importants, celui où nous avons accepté la Torah.

En effet, la date à laquelle tombera la fête de Chavouot est fixée par un compte de 50 jours. Chavouot tombe toujours le 50eme jour suivant le début de Pessah. Le calendrier juif fonctionnant selon un système ou le tribunal rabbinique détermine le début d'un mois grâce à des témoins ayant vu la nouvelle lune, cette fête peut donc techniquement tomber sur l'une quelconque des trois dates, puisque le nombre de jours du mois juif peut varier d'année en année. Le nom de la fête de Chavouot fait donc allusion à son indépendance par rapport au calendrier standard. Le nom Chavouot signifie "semaines", montrant comment la fête marque l'aboutissement de sept semaines, indépendamment de la date à laquelle le 50 eme jour tombera.

Mais quelle est donc l'essence de ce jour sans date? Des indices menant à la réponse à cette question se trouvent dans le processus qui nous amène à Chavouot, dans le livre que nous lisons à l’occasion de cette fête, et dans la signification du nombre 50 lui-même.

Métamorphose

La clé de la compréhension de la fête de Chavouot se trouve dans le processus qui mène à sa célébration. Nous commençons à compter les jours à partir de notre exode d'Egypte, de notre naissance en tant que peuple et nous continuons à compter jusqu’au 50e jour, jusqu'à Chavouot. Ce que marque ici, le nombre 50 c’est une période de métamorphose nationale.

En effet, le peuple juif était alors si profondément enraciné en Egypte que la Torah décrit l'Exode comme l'extraction d'une nation du milieu d’une autre. Comme un enfant qui vient de naître, nous étions dans un état d’enfance spirituelle et en 50 jours seulement, nous avons atteint la haute stature nous permettant de recevoir la Torah. Notre décompte commence avec un simple sacrifice constitué d'orge, nourriture considérée comme de l’alimentation pour animaux et il se termine par un sacrifice spécial composé de pain, la plus belle alimentation humaine. Ce sacrifice de la fin du décompte symbolise alors notre arrivée nationale à un nouveau niveau d'existence.

Ruth

La progression d'un peuple à une nation mature se reflète également dans l'histoire de Ruth, que nous lisons à Chavouot. Ruth était une princesse Moabite, qui avait épousé un Juif. Lorsque son mari mourut, Ruth, qui était encore jeune, aurait pu facilement retourner à son peuple et devenir une sorte de célébrité à la cour royale. Au lieu de cela, elle s'accrocha avec ténacité, à Naomi sa belle-mère juive et se montra déterminée à se convertir et à embrasser le judaïsme, malgré toutes les tentatives de cette dernière pour l'en dissuader.

Elle rejoignit la nation juive sans un sou et avec sa belle-mère comme unique amie. Pourtant, son abnégation et ses qualités furent remarquées par un riche propriétaire terrien et éminent juge nommé Boaz. Celui ci la remarqua alors qu’elle faisait la collecte des céréales non moissonnées qui restaient dans son champ afin d’assurer sa subsistance et celle de Naomi. Il finit par l'épouser, et leur union donna naissance au greffon de la monarchie juive du roi David. Notre tradition nous enseigne que le Machia'h, le futur roi du peuple juif, viendra également de cette lignée. David étant né à Chavouot, nous lisons donc l'histoire de ses ancêtres ce jour-là.

L'ironie de l'origine de la famille royale juive est remarquable. En effet, Moab était la plus vile des nations, connue pour sa cruauté en particulier envers les Juifs, et pour ses mœurs particulières qui encourageaient la promiscuité. L’ascendance de Moab lui-même était de nature douteuse : sa naissance étant le fruit d'une relation incestueuse entre Lot et sa fille ; celle-ci ayant enivré son père dans ce but précis. Encore plus terrible, loin d’avoir honte de son acte, cette fille nomma sa progéniture «Moab» qui signifie littéralement «de mon père». Pourtant, le roi David viendra également de la lignée de cette princesse Moabite, qui, au moins en titre, représentait l’idéal de Moab.

Ruth, sa renaissance en tant que Juive, et sa transformation qui a pu donner naissance au roi David à Chavouot, est à mettre en parallèle avec notre ascension nationale de Pessah à Chavouot. Nous commençons du plus bas des niveaux tout comme Ruth l'a fait, mais nous ferons notre chemin jusqu'au niveau nécessaire pour mériter de recevoir la Torah.

Le sens du chiffre 50

En cherchant plus profondément, nous pouvons trouver ce thème reflété dans notre compte des jours restants avant d’atteindre Chavouot et dans l'identité de la journée qui sera le 50e jour d'un comptage. Le secret réside dans le nombre 50 lui-même. Selon la tradition juive, le monde naturel est fondé sur des systèmes de sept ans. Dans le temps, il y a sept jours de la semaine. Dans l'espace, un point central peut se développer dans six directions opposées: droite et gauche, de haut en bas, d'avant en arrière, le point étant lui-même le thème central autour duquel tout se trouve. Le mot, sheva sept, est composé des mêmes lettres que le mot Savea, qui signifie rassasié, indiquant un domaine qui représente l'expansion de toutes les possibilités.

Le chiffre 50 symbolise la capacité de transcender tous les détails et d’entrer dans un domaine nouveau et plus élevé.

Il apparait que tout chiffre au delà de sept représente un monde qui transcende la nature - un monde plus élevé. Le chiffre huit, shmoneh, vient de chamen, gros, ce qui indique quelque chose qui va au-delà de ses propres frontières. Une brit, la circoncision qui marque l'entrée dans l’alliance avec Dieu, a lieu le huitième jour, un jour qui, par conséquent, va au-delà de toutes les règles naturelles régissant le fonctionnement du monde et peut donc connecter l'être humain au Divin.

Si nous prenons ce thème au niveau suivant, il s’ensuivrait que la plus grande possibilité d’expansion des lois de la nature se trouve lorsque l'on multiplie sept par sept. Le résultat est 49. Pour aller plus loin, le chiffre 50, qui se trouve juste après 49 symbolise alors la capacité de transcender tous les détails afin d’entrer dans un domaine nouveau et plus élevé.

Mais comment est-ce que ce niveau 50 est-il en corrélation avec l’ascension d’une nation de l’état d’enfance à celui de la maturité? Quel lien y a t-il entre Ruth originaire de Moab, la plus dégénérée des nations à la mère de la royauté juive? La clé de la signification profonde de ce niveau 50 se trouve dans un récit biblique parlant de notre ancêtre Yaakov.

Le Compte juif

En route vers la terre d’Israël, Yaakov rencontra son frère Eisav qui venait le "saluer" avec une armée de 400 soldats. Considérant la résolution antérieure d’Eisav de le tuer, Yaakov pria, se prépara à faire la guerre et envoya également plusieurs vagues de cadeaux dans le but d’apaiser son frère. Dans un premier temps, Eisav les refusa en répondant : "Yesh li rav, j'ai beaucoup de choses." Toutefois, Yaakov insista et répondit "Yesh li kol ¸ j'ai tout." La réponse de Yaakov semble avoir alors prévalue puisqu’Eisav accepta tous ses cadeaux.

Mais quelle est la véritable signification de ce dialogue? Comment expliquer que le fait que Yaakov appelle ses possessions "kol", ait été le facteur ayant déterminé l’acceptation des cadeaux par Eisav?

Yaakov a voulu fusionner tout ce qu'il possédait en un ensemble plus vaste, celui d'une unité transcendante.

Dans ses protestations initiales, Eisav indiquait par sa parole qu'il avait rav, ce qui signifie beaucoup ou nombreux. En effet, Eisav représente un monde fondé sur des multitudes, sur un grand nombre et sur la quantité. Quand la famille d’Eisav comptait seulement quelques personnes, la Torah fait référence à eux comme nefashot, les âmes, au pluriel. En revanche, lorsque la famille de Yaakov ne comptait que 70 personnes, la Torah les appelle les nefesh, l'âme, au singulier. La puissance de Yaakov vient du sens de ce qu’il a : kol. En effet, Yaakov n'était pas simplement celui qui a amassé une richesse. Au lieu de cela, il voyait un thème fédérateur dans tout ce qu'il possédait, et chaque unité individuelle avait fusionné avec un ensemble plus vaste, celui d'une unité transcendante. Ainsi, Yaakov avait vraiment tout, et le don était approprié pour Eisav, pour lequel amasser plus de quantité a toujours été un but.

Dans notre compte à rebours vers Chavouot, nous nous efforçons d'atteindre le niveau de Yaakov. Nous comptons 49 jours, ce qui représente le monde de Eisav, le domaine de la multitude dans la pleine expansion du nombre sept représentant la nature. Nous atteignons le maximum d'un monde fondé sur la quantité. Il n'est pas surprenant, que la valeur numérique du nom Moab, la nation mère de Ruth, soit de 49, représentant le monde de tout ce qui est physique, de la quantité à amasser. Pourtant, nous, nous allons une étape au-delà, afin d'atteindre le 50e niveau, représentée par le kol possédé par Yaakov.

La valeur numérique de kol est de 50. Notre kol nous permet d'aller au-delà des détails et de les fusionner en une seule unité : l'ensemble. Il nous permet de transcender la quantité et de parvenir à un ensemble unifié. Il est ce niveau élevé qui nous amène de la petite enfance, de notre statut de nouveau-nés jusqu'à l'échéance, et transforme chaque expérience que nous avons vécue en cours de route en un seul thème. Il nous permet de pouvoir venir des plus humbles origines et néanmoins d'atteindre les plus hautes destinées comme ce fut le cas pour la lignée de David.

Nous avons reçu la Torah le 50e jour, et non pas à une date du calendrier. Ce jour est le produit de notre compte de chaque niveau naturel, et la réalisation de la transcendance, au point que nous n'avons même pas à compter le cinquantième jour - une date qui n'est pas quantifiable. Au lieu de cela, on arrive à elle.

Ce jour-là, nous étions tous au mont Sinaï comme une seule personne avec un seul cœur. Nous n'étions pas des millions, mais tout simplement un. De manière parallèle, la Torah aborde tous les aspects de la vie, et fournit des conseils pour toutes les circonstances concevables. Elle unifie tous les détails, fusionne toutes les composantes disparates. Elle est le nec plus ultra, le kol. Elle nous permet de prendre nos expériences les plus communes et nos origines les plus humbles et de les unir à une plus grande cause.

Aujourd’hui, ce pouvoir survit encore. Grâce au processus de la fête de Chavouot et des jours qui mènent à elle, nous pouvons transcender notre passé, et unir tous les détails de notre expérience avant d’arriver au point ou nous allons transcender ce que nous étions et devenir quelque chose de beaucoup plus grand.

 

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