Réflexions - 15shvat

Pourquoi célébrer le festival des arbres au plus noir de l’hiver ?

07/02/2017 | par la rédaction d’Aish.fr|Itiel Goldwicht

N’aurait-il pas été plus judicieux de célébrer Tou Bicheva en plein été, quand la nature est au meilleur de sa forme ?

Si vous avez fréquenté le Talmud Torah ou l’école juive dans votre enfance, vous connaissez sans doute la célèbre comptine israélienne qui est à l’honneur à Tou Bichevat : « Tou Bichevat iguia, ‘hag la’ilanot - Tou Bichevat est arrivé, c’est la fête des arbres. »

Pourtant, si vous jetez un coup d’œil dehors, vous ne verrez pas le moindre arbre en fête... Bien au contraire, la nature semble quasiment morte, les branches sont desséchées. Pas le moindre fruit n'est en vue.

Ne serait-il pas plus judicieux de célébrer Tou Bichevat, le festival des arbres, au printemps ou en été, quand les arbres se parent d’un feuillage verdoyant ? Quand des fruits juteux et colorés se balancent sur leurs branches ? N’est-ce pas un peu contradictoire que de célébrer le festival des arbres au plus noir de l’hiver ?

Petite graine deviendra fruit…

Suivant une ancienne coutume kabbalistique, nous avons l’habitude d’organiser ce qu’on appelle un Séder de Tou Bichevat, c’est-à-dire un repas festif durant lequel nous dégustons et faisons l’éloge des fruits qui font la fierté de la terre d’Israël.

Cliquez ici pour découvrir le Séder de Tou Bichevat selon la tradition kabbalistique.

Or il existe un ordre très précis selon lequel on nous recommande de consommer ces fruits : d’abord l’olive, ensuite la datte, puis le raisin, la figue et enfin la grenade.

Comme le soulignent les maîtres de la Kabala, cet ordre n’a rien de fortuit ; il renferme un message très profond et d’une actualité saisissante que nous allons découvrir ensemble.

Chacun de ces cinq fruits que nous avons cités renferme une (ou plusieurs) graines qui lui sont propres.

  • L’olive et la datte ne contiennent qu’une seule graine qui porte le nom de noyau.
  • Le raisin, pour sa part, contient plusieurs graines, que l’on appelle pépins.
  • La figue, quant à elle, abrite en son intérieur un grand nombre de petites graines croquantes, nommées akènes.
  • Enfin, la grenade est composée de graines pulpeuses appelées arilles.

Comme vous pourrez le constater, ces différentes espèces de graines n’ont pas droit à un traitement uniforme de la part de nous autres, mangeurs de fruits. Certaines ne sont pas destinées à la consommation, tandis que d’autres oui. Le soir de Tou Bichevat, nous veillons à déguster leurs fruits selon une progression ascendante bien précise ; depuis ceux dont les graines ne sont pas comestibles, jusqu’à ceux dont les graines sont destinées à la consommation.

  • Le tout premier fruit est l’olive, un fruit dont nous nous empressons de recracher le noyau parce qu’il est amer.
  • Ensuite vient la datte, un fruit dont le noyau est incomestible mais recouvert d’une fine membrane légèrement sucrée, et que nous suçons pendant un bref instant avant de le jeter.
  • Puis c’est au tour du raisin. Dans ce cas, les pépins sont si petits qu’il nous arrive souvent de les avaler plutôt que de les recracher.
  • Puis arrive la figue, dont la chair est composée de milliers d’akènes, que nous mangeons car elles font partie intégrante du fruit.
  • Enfin, c’est au tour de la grenade dont nous mangeons uniquement les graines.

L’ordre dans lequel nous consommons les fruits d’Israël suit donc une progression bien précise ; nous commençons par un fruit dont le noyau est totalement incomestible parce qu’amer (l’olive), nous continuons avec un fruit dont le noyau est incomestible mais pouvant tout de même être sucé (la datte), nous poursuivons avec un fruit dont les pépins sont tolérables (le raisin), nous enchaînons avec un fruit dont les akènes font partie intégrante du fruit (la figue) et nous terminons en beauté avec un fruit dont les graines constituent la seule et unique partie comestible du fruit (la grenade) !

Méfiez-vous de la nature qui dort...

Après cette petite parenthèse kabalistique, revenons à la question que nous avions posée en introduction : pourquoi célébrons-nous Tou Bichevat au beau milieu de l’hiver ?

Les sages du Talmud (Traité Roch Hachana, p.14/a) nous révèlent que Tou Bichevat correspond au moment précis où la sève recommence à circuler dans les différentes parties des végétaux. Un liquide nourricier qui permettra, le printemps venu, à de magnifiques fruits de s’épanouir sur ses branches. À l’extérieur, la nature semble morte. Mais à l’intérieur, le processus de sa régénération est d’ores et déjà enclenché.

Si nous célébrons le festival des arbres à Tou Bichevat c’est parce que nous comprenons que c’est justement à partir de l’obscurité hivernale que naît et renaît la floraison estivale. C’est au plus noir de l’hiver que le processus de la régénération de la nature est d’ores et déjà enclenché dans les coulisses. Et ça, ça mérite bien une petite fête...

L’homme est un arbre

Le judaïsme compare l’homme à un arbre. Car comme lui, nous traversons parfois des moments d’obscurité, des moments de désespoir, des moments de découragement. Nous avons sur le cœur comme une sorte de « noyau amer » dont nous voudrions à tout prix nous débarrasser.

C’est là qu’intervient Tou Bichevat. Car le festival des arbres est le moment où nous comprenons que chaque noyau amer pourra un jour se transformer en un fruit sucré.

C’est le moment où nous comprenons que nous sommes parfois obligés de traverser une période d’hiver, une période de difficulté, pour arriver à la floraison de l’été.

Alors, ce Tou Bichebat, quand nous dégusterons les fruits de la terre d’Israël, arrêtons-nous un instant pour les observer et réfléchir au message que leur graine incarne. Quand nous rencontrons un "pépin", voulons-nous simplement le jeter, faire comme s’il n’existait pas, ou préférons-nous le transformer en un fruit sucré ?

Nous avons le pouvoir de transformer chaque période difficile en un tremplin vers le progrès. Il n’en tient qu’à nous.

Tou Bichevat Saméa’h !  

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