Monde Juif

Comme un seul homme, d'un seul cœur...

06/07/2014 | par Shraga Simmons

Quelques réflexions sur l’enterrement des trois adolescents.

La chaleur suffocante du désert moyen-oriental a eu raison de nos clivages socio-politico-ethnico-religieux. Telle une unique rivière humaine, nous avons afflué le long de ces sentiers sinueux où vivaient jadis les Maccabées, pour accompagner trois enfants innocents vers leur dernière demeure.

Point de cris de vengeance, point de pleurs de colère. Seuls résonnaient les chants d’espoir entonnés spontanément par des groupes de jeunes gens.

Pourquoi le public est-il si calme et paisible ? me suis-je étonné.

Et puis j’ai compris. Pendant 18 jours, trois mères juives ont scandé un message de foi inébranlable : « Je crois dans une foi parfaite que Dieu est juste, que Dieu est bon et que Dieu est un. »

Ce faisant, elles ont inspiré une génération entière. Depuis les étudiants de Yéchiva, les fidèles dans les synagogues récitant des Psaumes pour les garçons, jusqu’au au ministre israélien des Finances qui a prié pour la première fois depuis sa bar-mitsva, des millions de personnes ont renforcé leur foi en Dieu.

Une telle sérénité ne s’offre qu’à celui qui se laisse mouvoir par les flux et les reflux de l’orchestration divine, en étant pleinement conscient qu’ils servent un intérêt suprême.

C’est un calme qui, né de la rencontre face-à-face avec le mal, renforce nos convictions dans la justesse de notre cause.

Comme au mont Sinaï

Pendant 18 jours, nous nous sommes dévoué corps et âme pour le retour de nos trois enfants dans leurs foyers, générant un élan de solidarité, de fraternité et d’unité sans précédent.

Pendant 18 jours, nous avons tous partagé la douleur des familles pour ces enfants, sachant qu’ils auraient pu être les nôtres.

Qu’ils soient inquisiteurs, troupes d’assaut ou kamikazes, nos ennemis ne font aucune différence entre religieux, laïques, Ashkénazes, Séfarades, Hassidim, réformés ou toute autre obédience.

Car tous les Juifs sont liés les uns aux autres, et intrinsèquement égaux.

Il y a 3300 ans, face au Mont Sinaï, lorsque le plan du destin juif fut révélé, nous nous sommes tenus « comme un seul homme, avec un seul cœur. »

Et aujourd’hui, dans les collines de Modiine, les barrières qui nous divisent se sont de nouveau abaissées, nous offrant un avant-goût des temps futurs auxquels nous aspirons.

Des éclairs de bonté

Pendant 18 jours, nous avons prié pour que les enfants retournent dans leurs foyers et qu’ils ne souffrent pas entre les mains de ces démons humains. Et Dieu a bel et bien répondu à nos prières, même si ce n’était pas de la manière dont nous l’espérions. Exécutés quelques minutes après leur enlèvement, nos garçons ont ainsi échappé à une torture physique et morale inconcevables. Quant à leurs dépouilles, elles ont été restituées à leurs parents, une marque de bonté que Rachel Frankel n’a pas manqué de souligner dans son éloge funèbre.

Mais une question reste en suspens : si le sort des victimes fut si vite scellé, pourquoi ce drame s’est-il étendu sur 18 jours ?

Qui sait ? Il fallait peut-être au peuple juif un processus de 18 jours pour consolider son unité, pour intégrer ces messages de foi, et projeter son destin vers l’avant.

Ce n’est pas un hasard si ce drame a duré 18 jours. Valeur numérique du mot ‘Haï – la vie – le chiffre 18 incarne la quintessence du peuple juif, le peuple qui chérit la vie.

Et même si l’enterrement des garçons s’est déroulé sur fond d’une pluie de roquettes en provenance de Gaza, nous ne renoncerons pas à notre retour miraculeux sur la terre sainte.

Malgré la haine révoltante qui nous entoure – ces Palestiniens qui célébrèrent l’enlèvement des garçons par des danses et des distributions de friandises, et la mère d’Amar Abou Ashya qui a déclaré : « Si le responsable de l’enlèvement s’avère être mon fils, je suis fière de lui – nous n’avons pas galvaudé notre propre humanité.

Ainsi, au cours de ces 18 jours, l’ONG israélienne Save a Child’s Heart a opéré et sauvé la vie de cinq enfants palestiniens et admis 8 autres patients palestiniens dans son programme gratuit.

Même si les trois adolescents ne sont pas revenus vivants, nos efforts n’ont pas été vains. Toutes ces recherches, ces prières et ces mouvements de mobilisations ont ressoudé notre peuple, et nous ont donné l’occasion de proclamer à l’unisson au monde entier : Am Israël Haï.

100 000 personnes assistent à l'enterrement à Modiine

Le grand principe

Et maintenant, comment conserver toute cette unité, toute cette solidarité ?

Il faut commencer par cultiver le souci de l’autre, comme la Torah nous l’enjoint : « Aime ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19 :18). Autrement dit, s’efforcer de se soucier de l’autre autant que l’on se soucie de ses propres besoins, en brisant ses habitudes égocentriques.

« Aime ton prochain comme toi-même » est un commandement que Rabbi Akiva a décrit comme étant un « grand principe de la Torah » car c’est là un grand facteur d’unification. Quand nous connaissons notre place, nous permettons aux autres de trouver la leur à leur tour.

Dans une même optique, le Arizal, kabbaliste du 14ème siècle expliquait que le commandement « Aime ton prochain » était le creuset où le destin individuel s’unissait avec celui de l’ensemble du peuple.

Tout commence par la prise de conscience suivante : nos frères juifs ont beau être différents de nous, ils ne sont pas étrangers à nous.

Car nous sommes une grande famille. Une grande tribu.

Nous nous tenons comme un seul homme,  avec un seul cœur.

Nous appartenons à la même entité, et nous sommes intrinsèquement reliés les uns aux autres.

Et nous partageons ce même but ultime du Tikoun Olam, qui consiste à conduire le monde vers son état de perfection.

Lors de l’enterrement, le rabbin Dov Zinger, directeur de la Yéchiva Mékor Haïm où étudiaient deux des garçons a remarqué : « Nous connaissons tous l’adage qui prétend : “Deux Juifs, trois opinions.” En réalité, il existe une suite : “ Deux Juifs, trois opinions… mais un seul cœur.” »

Trois vies ont été fauchées brutalement. Chacun d’entre nous a été affecté, et chacun d’entre nous doit faire en sorte que leur mort n’ait pas été vaine.

Comment ? En œuvrant activement pour que l’union, la solidarité et la fraternité nées de cette tragédie perdurent et se renforcent encore davantage.

Et voici quelques conseils pratiques pour y parvenir :

  • Aider son prochain sur le plan technique, financier ou émotionnel
  • Accorder à autrui le bénéfice du doute
  • Se concentrer sur les bons côtés de l’autre
  • Respecter les personnes âgées
  • Aider son entourage à progresser sur le plan spirituel
  • Réciter chaque matin à son réveil : « Je vais m’efforcer d’accomplir le commandement d’aimer mon prochain comme moi-même. »

Puisse le mérite de cette union constituer un mérite éternel pour ces trois garçons purs qui ont soudé tout notre peuple : Guilad Michael ben Ofir, Eyal ben Ouri et Yaacov ben Avi, hy’’d.

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