Yom Hazikaron

Deux héros parmi des milliers d’autres

21/04/2015 | par Sara Yoheved Rigler|Israël Rohn Rigler

Portrait de deux jeunes hommes qui donnèrent jusqu’à leur vie pour Israël.

Yom Hazikaron (qui tombe cette année le mercredi 22 avril) est un jour de deuil aux accents douloureusement personnels pour tout le peuple d’Israël. Lors de cette journée consacrée au souvenir des victimes de guerre, nous pleurons nos fils, frères, maris et voisins qui donnèrent leurs vies pour la défense du peuple et de la terre d’Israël.

Durant l’histoire courte mais ô combien tumultueuse d’Israël, 23 169 soldats furent tués au cours de leur service militaire. Soixante six d’entre eux trouvèrent la mort l’été dernier, lors de l’opération Bordure Protectrice qui fut lancée dans l’espoir de mettre un terme aux incessants tirs de roquettes du Hamas depuis Gaza.

Pour saluer la mémoire et la bravoure de ces hommes qui donnèrent jusqu’à leurs vies pour leur peuple et leur patrie, nous avons choisi de vous livrer quelques aperçus de la vie de deux d’entre eux : Bénaya Sarel et Chaï Kouchner.

Bénaya Sarel, l’éternel fiancé

Petit-fils d’un rescapé de la Shoah, Bénaya Sarel, 26 ans, devait convoler en justes noces avec Gali Nir, le 20 aout 2014, à Néot Kédoumim, une réserve naturelle d’Israël. Mais le lancement de l’opération Bordure Protectrice sonna le glas de leurs joyeux préparatifs de mariage. Bénaya, qui était commandant dans une unité d’infanterie d’élite, fut appelé au front pour affronter les terroristes du Hamas en plein cœur de Gaza.

Ce n’était d’ailleurs pas la première fois qu’il pénétrait dans l’antre gazaouïe. Deux ans plus tôt, lors de l’opération Pilier de Défense, il s’était déjà illustré par sa bravoure, se faisant un point d’honneur de toujours ouvrir la marche lorsque lui et ses hommes devaient pénétrer dans un bâtiment : « De cette façon, si quelqu’un devait mourir, alors ce serait moi » avait-il expliqué quelque temps plus tard lors d’un entretien de presse.

En plein cœur des combats, il avait harangué ses troupes : « Qui est prêt à donner sa vie me suive ! » Tous ses soldats lui avaient emboité le pas.

L’été dernier, lors de l’opération Bordure Protectrice, Benaya fut blessé par un éclat d’obus qu’il essaya stoïquement de s’enlever tout seul. Plein d'humour, il envoya même à sa famille via Whatsapp un autoportrait le montrant en train d’essayer d’extraire l’éclat, intitulé : « Selfie chirurgical »…

Pour finir, Benaya fut conduit à l’hôpital Soroka de Beer Chéva. Quand les médecins l’informèrent qu’il devait subir une opération, il refusa, exigeant de repousser l’intervention chirurgicale jusqu’après de la guerre afin de lui permettre de rejoindre le front.

Quand ses parents apprirent qu’il se trouvait à l’hôpital, ils voulurent lui rendre visite. Cette fois encore, Benaya ne les laissa pas faire, arguant que lui-même ne permettait à ses soldats de recevoir des visites. À sa mère qui protesta : « Mais personne ne le saura jamais ! », Bénaya répliqua : « Mais moi si ! »

Les médecins recousirent ses blessures sans avoir extrait l’éclat, et Benaya s’empressa de retourner à Gaza pour y rejoindre ses soldats.

Benaya était particulièrement proche de sa famille. Chaque jour, sa mère et lui se retrouvaient autour d’un « café virtuel » : dès que Bénaya appelait chez lui à Kiriat Arba, sa mère allumait la cafetière, tandis que Bénaya, quelque soit l’endroit où il était en stationnement, se versait une tasse de café tout en discutant au portable.

Mais ce vendredi fatal d’août, Mme Sarel et son fils n’eurent pas le temps de goûter à leur rituel quotidien.

À 8h38, Bénaya appela sa mère et d’une voix calme, il lui apprit qu’il y aurait bientôt un cessez-le-feu.

Soulagée, sa mère ne put s’empêcher de lui demander : « Alors pourquoi es-tu encore là-bas ? [à Gaza]

Il répondit : « J’ai quelque chose à finir. Allume la cafetière, on va bientôt prendre le café ensemble. » Et d’ajouter : « Maman, tu es la meilleure ! »

Ceux furent ses derniers mots. À 9h10, Bénaya fut tué en plein combat. C’était le 1er août, 20 jours avant la date de son mariage qui n’aurait jamais lieu.

Chaï Kouchner, le « fonceur »

Fils unique du côté de son père, Chaï Kouchner passa sa dernière année de lycée à tenter de convaincre ce dernier de lui permettre de s’enrôler dans une unité de combat. En effet, la loi en Israël dispose qu’un fils unique ne peut servir dans une unité de combat sans l’accord écrit de son parent.

Mais le père de Chaï n’était pas prêt à céder. Ayant lui-même servi dans l’unité d’élite convoité par son fils, il était parfaitement conscient des dangers en jeu. Mais après un an de supplications de son fils bien-aimé, il finit par capituler.

Yavgeny, son ami, écrirait par la suite à son sujet :

Chaï était un véritable “fonceur”, et en tant que tel, il n’était jamais tracassé par les petits soucis de rien du tout qui caractérisent l’adolescent moyen. Il allait constamment de l’avant et impressionnait tous ceux qui croisaient son chemin. Même si Chaï était impliqué dans de nombreux projets, il savait toujours accorder de son temps à chacun – ses parents, sa demi-sœur et ses amis intimes. Ce que j’ai appris de lui, c’est ce que j’appelle le « mode Chaï » – aller droit de l’avant et relever avec brio chaque défi et épreuve. [Adapté d’un témoignage paru sur le site Walla!, Michpa’hot Hallelei Tsouk Eitan Kotvot, 3 octobre 2014]

Chaï était passionné par la musique. Il découvrit les joies de la guitare à l’âge de 12 ans, et depuis, il en devint un inconditionnel.

Quand l’opération Bordure Protectrice fut lancée, Chaï avait vingt ans et il en était déjà à sa deuxième année de service militaire. Son unité fut envoyée en plein cœur de Gaza.

Le 30 juillet, Mickaël Kouchner envoya la lettre suivante à son fils :

Shaïka,

Tu me manques énormément. J’ai l’impression que plusieurs années se sont écoulées depuis la dernière fois que je t’ai vu. Pas le moindre moment ne passe sans que je ne pense à toi – de jour comme de nuit.

J’essaie d’imaginer comment toi et tes camarades affrontez cette situation qui est loin d’être simple, comment vous réagissez face à cette épreuve dans laquelle vous avez été projetés, toi et tous les autres jeunes gens qui se sont vus confier cette difficile mission.

Avec chaque jour qui passe, Bordure Protectrice se mue d’une simple « campagne » en une véritable guerre, avec toutes les connotations tragiques de ce mot. Mais je sais et j’ai confiance que toi et tes amis êtes forts et déterminés, et pleins de motivation pour mener à bien la difficile tâche qui vous été assignée.

Vous êtes dans nos cœurs et dans nos âmes. Prenez soin de vous.

Ton papa qui se languit de toi,

Abba

Mickaël Kouchner envoya cette lettre sur le portable de son fils, mais Chaï combattait en plein cœur de Gaza, là où les soldats (hormis les officiers) n’avaient pas le droit d’utiliser leurs téléphones. Le lendemain, Chaï fut tué au combat.

Il ne reçut jamais cette lettre.

Yom Hazikaron, ce mercredi, nous nous souviendrons de Chaï et de Bénaya, et des milliers d’autres soldats qui, comme eux, donnèrent leurs vies pour permettre aux Juifs de vivre sur leur patrie ancestrale.

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