Guide de Yom Kippour

L'ABC de Yom Kippour

17/09/2015 | par Shraga Simmons

Guide du jour le plus saint du calendrier juif: le Grand Pardon.

À Yom Kippour, chaque Juif ressemble à un ange. Que sont les « anges » ? Ce sont des créatures entièrement spirituelles, dont le seul but est de servir leur Créateur. Le Maharal de Prague l’explique ainsi :

Toutes les mitsvot ordonnées par D.ieu à [Yom Kippour] sont destinées à écarter de nous, autant que possible, notre relation à la matérialité, jusqu’à ce que nous devenions tout à fait semblables aux anges.

Au même titre que les anges (pour ainsi dire) se tiennent droits, nous passons aussi la majorité de Yom Kippour debout dans la synagogue. Et à l’instar des anges (pour ainsi dire) qui portent du blanc, nous avons également la coutume de nous vêtir de blanc à Yom Kippour. De même que les anges ne mangent ni ne boivent, nous aussi nous abstenons de boire et de manger.

Cette idée a même une incidence pratique dans la loi juive : généralement, le second verset du Chema, Baroukh Chem, est récité à voix basse. Mais à Yom Kippour, on le dit à voix haute – de même que les anges.

Les 5 interdits de Yom Kippour

On recense cinq domaines du monde matériel dont nous nous détachons à Yom Kippour :

  1. Manger et boire
  2. Se laver
  3. Appliquer des huiles et des lotions sur le corps
  4. Les relations conjugales
  5. Porter des chaussures en cuir

Tout au long de l’année, nombreux sont ceux qui passent leur journée à se concentrer sur la nourriture, le travail, les biens matériels (symbolisés par les chaussures) et les plaisirs superficiels (symbolisés par l’onction). À Yom Kippour, nous rétablissons nos priorités, et revenons à ce qui compte vraiment dans la vie.

Comme l’écrit le Rav Eliyahou Dessler :

À Yom Kippour, le pouvoir du penchant [matériel] est voilé. C’est pourquoi l’aspiration à l’élévation spirituelle se réimpose, après avoir été mise en veille suite à l’effet assourdissant de la faute sur l’âme. Cette remise en perspective des objectifs accorde à l’individu une considération et un pardon particuliers.

Structure du jour

Le Talmud relate qu’à Roch Hachana, les Livres de la Vie et de la Mort sont ouverts et D.ieu consigne ceux qui mériteront une année supplémentaire de vie. Nombreux sont ceux pour qui cette décision est suspendue dans la balance pendant neuf jours jusqu’à Yom Kippour, où la décision finale est scellée. Les prières de Yom Kippour visent à nous inciter à corriger nos voies.

Voici quelques points forts:

• Les prières de Yom Kippour commencent par la mélodie lancinante de Kol Nidré. Les rouleaux de la Torah sont retirés de l’Arche et le ‘hazan (cantor) chante les prières de Kol Nidré à trois reprises, chaque fois avec une intensité accrue.

• La Amida (prière récitée debout) particulière de Yom Kippour inclut la confession Al ‘Het de nos diverses fautes. À chaque mention d’une faute, nous frappons doucement notre poitrine avec le poing – comme pour signifier que nos impulsions ont pris le dessus sur nous.

• L’office du Yizkor– à la mémoire de nos proches – est récité après la lecture de la Torah du matin.

• Le très long office du Moussaf présente un compte-rendu de la cérémonie de Yom Kippour au Saint Temple à Jérusalem. Un moment fort était constitué par l’entrée du Grand-Prêtre dans le Saint des Saints – la seule personne autorisée à y pénétrer, à ce moment unique de l’année. L’office du Moussaf relate également comment le Grand-Prêtre prononçait le saint nom de D.ieu et comment les Juifs assemblés se prosternaient sur le sol. En arrivant à ces passages, nous nous prosternons aussi sur nos genoux et nos mains.

• Pendant l’office de Min’ha, nous lisons le Livre de Yona, le récit biblique d’un prophète qui tenta « de fuir D.ieu » et finit par être englouti dans le ventre d’un immense poisson.

• Tandis qu’un jour ordinaire de la semaine, nous avons trois offices, et le Chabbat et les fêtes, nous en comptons quatre, Yom Kippour est le seul jour de l’année qui en comprend cinq. La dernière prière est appelée Néila, littéralement la « fermeture des portes », la dernière chance de nous assurer que notre décret pour l’année est « scellé » dans le Livre de la Vie. À la fin de Néila, on souffle du chofar – un long son retentit, symbolisant notre confiance d’avoir passé les Grandes fêtes avec un bon jugement.

Le jeûne lui-même

Le jeûne de Yom Kippour commence au coucher du soleil et dure 25 heures jusqu’à la tombée de la nuit suivante.

L’après-midi précédant Yom Kippour, c’est une mitsva particulière de consommer un repas festif.

Pour faciliter votre jeûne, tentez de rythmer votre consommation la veille en prenant un encas toutes les deux heures. La pastèque et le jus de raisin sont bénéfiques avant un jeûne.

Lors du repas festif lui-même, mangez une portion raisonnable de nourriture pour ne pas accélérer le processus de la digestion. Abstenez-vous également de café et de Coca-Cola, la caféine étant un diurétique. Les consommateurs invétérés de café peuvent éviter les maux de tête redoutés en réduisant progressivement leur consommation la semaine precedant Yom Kippour.

Après un repas, nous avons généralement plus soif, alors après avoir fini votre repas festif, laissez-vous un peu de temps avant le coucher du soleil pour boire. À noter : boire de l’eau tiède avec du sucre peut vous aider à moins ressentir la soif pendant le jeûne.

En cas de maladie

En cas de maladie, lorsqu’un médecin est d’avis que le jeûne peut constituer un danger de mort, le patient doit alors manger ou boire par petites quantités.

Le patient doit tenter de ne manger que 30 ml et attendre neuf minutes avant de manger ensuite. Une fois les neuf minutes écoulées, on peut manger à nouveau cette quantité, et ainsi de suite au cours de la journée.

Quant à la boisson, on doit tenter de boire moins que ce que le Talmud dénomme « mélo lougmav » - la quantité qui remplirait une joue gonflée. Bien que cette quantité diffère d’une personne à l’autre, elle est environ de 35 ml, et l’on doit attendre neuf minutes avant de boire à nouveau.

En quoi la consommation par petites quantités fait-elle une différence ? Dans la loi juive, l’acte de « manger » est défini par « la consommation d’une certaine quantité pendant une certaine période de temps. » Dans le cas contraire, il s’agit de « grignotage » - interdit à Yom Kippour, mais il y a lieu de se montrer indulgent lorsque la santé est en jeu.

La raison de tous ces détails techniques est que la consommation de nourriture à Yom Kippour est considérée comme l’une des infractions les plus graves de la Torah. Il y a des possibilités d’aménagement dans certaines situations, mais nous tentons toujours de les minimiser.

Remarquez que la consommation de nourriture et de boisson sont considérées comme des actes indépendants, à savoir que le patient peut manger et boire en même temps pendant ces neuf minutes, et les quantités ne se combinent pas.

Cela dit, si ces petites quantités s’avèrent insuffisantes pour écarter le danger pour la santé, le patient est autorisé à boire et à manger régulièrement. Dans un tel cas, la personne ne dit pas le Kidouch avant de manger, mais récite les « Actions de Grâce » en insérant le paragraphe « yaalé véyavo »

Qu’en est-il du cas où l’opinion du patient est en conflit avec celle du médecin ? Si le patient est sûr qu’il doit manger pour éviter un danger pour la santé, nous pouvons nous reposer sur son avis, même si le docteur n’est pas d’accord. Et dans le scénario opposé – si le patient refuse de manger en dépit des avertissements du médecin – alors, nous persuadons le patient de manger, car il est possible que son jugement soit affaibli en raison de la maladie.

Un jour de techouva

Suite à la faute du Veau d’Or, Moché implora D.ieu de pardonner au peuple. Finalement, le jour de Yom Kippour, la rectification fut atteinte et Moché descendit du Mont Sinaï avec les secondes Tables.

À compter de ce jour, chaque Yom Kippour porte en lui un pouvoir particulier de purifier nos fautes (à la fois individuelles et collectives) et d’effacer l’ardoise.

Ceci marche à deux conditions :

  1. Nous procédons à un processus appelé techouva – littéralement « retour. » Le processus de techouva comprend quatre étapes :

• Regret – reconnaître qu’une erreur a été commise, et éprouver le regret d’avoir gaspillé une partie de notre potentiel.

• Cessation – parler est facile, mais cesser les actes fautifs reflète une réelle volonté de changer.

• Confession – pour conférer une dimension plus « réelle », nous admettons verbalement notre faute, et demandons pardon à toute personne que nous avons blessée.

• Résolution – Nous prenons le ferme engagement de ne pas répéter les actes répréhensibles à l’avenir.

2) Bien que la combinaison de la techouva et de Yom Kippour répare des transgressions contre D.ieu, cela n’efface pas automatiquement les torts commis envers les hommes. La coutume juive universelle veut que peu de temps avant Yom Kippour, l’on s’excuse et l’on demande pardon à tout ami, proche ou connaissance que nous avons peut-être blessé ou insulté au cours de l’année passée.

Je vous souhaite un bon jeûne et un Yom Kippour enrichissant !

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