Développement Personnel

Yom Kippour et le 10ième commandement

17/09/2015 | par rabbin Benjamin Blech

Voulez-vous connaître le secret du bonheur? Étrangement, c'est Yom Kippour, avec son lot de privations, qui nous le livre.

Voulez-vous connaître le secret du bonheur dans la vie ?

Etrangement, c’est précisément Yom Kippour, le jour qui semble quasiment entièrement consacré à nous priver des plaisirs de ce monde, qui nous en donne la réponse. Mais pour véritablement comprendre cette idée, nous devons au préalable percer le sens profond de ce dernier des dix jours de pénitence.

Ce n’est pas une coïncidence si le nombre de jours désignés par la tradition juive pour l’introspection et l’auto perfectionnement correspondent aux 10 Commandements. Les 10 jours entre Roch Hachana à Yom Kippour  nous fournissent l’opportunité de consacrer un jour à chacun des commandements contenus dans le Décalogue.

Nous entamons notre odyssée spirituelle durant les deux premiers jours de Roch Hachana en accentuant notre engagement envers les deux premiers commandements. Nous réaffirmons notre croyance en l’existence de D.ieu ainsi qu’en Son Unité – « Je suis l’Eternel Ton D.ieu » et « Tu n’auras point d’autre dieu que Moi » – alors que nous sonnons le Chofar et reconnaissons Sa souveraineté et Son jugement divins.

Au fils des jours qui suivent, nous suivons la progression des 10 Commandements pour franchir des niveaux de difficultés toujours plus grands. Tout comme l’entraînement physique exige la maîtrise d’exercices sportifs d’un niveau de difficulté croissant, de même notre code moral progresse vers des défis toujours plus importants et difficiles à relever.

Le 10ième et dernier commandement – Tu ne convoiteras point – nous astreint à contrôler non seulement nos actions et nos paroles mais également nos pensées. C’est le commandement le plus difficile de tous, et l’un des plus actuels à l'époque contemporaine. Ce n’est qu’en internalisant son message que nous pourrons prétendre au bonheur et à l’épanouissement personnel.

« Ce n’est pas tant ce qui nous fait défaut que ce que les autres possèdent qui nous rend malheureux. »

Après tout, quelle est la chose qui donne à tant de gens l’impression d’avoir raté leur vie ? Superficiellement parlant, c’est la sensation de manque et de privation qui nous sape le moral. Mais en y réfléchissant de plus près, on s’aperçoit que ce n’est pas le cas. Notre obsession d’acquérir la richesse est beaucoup moins liée à nos désirs personnels qu’elle l’est à notre refus d’en avoir moins que ceux qui nous entourent. Nous devons nous rendre à l’évidence que, comme Franck Ross l’affirme, « ce n’est pas tant ce qui nous fait défaut que ce que les autres possèdent qui nous rend malheureux ».

Une étude psychologique fascinante réalisée par des chercheurs de l’Université de Warwick et Cardiff corrobore cette position. La question suivante fut adressée à un échantillon représentatif de personnes : Préféreriez-vous gagner 100 000 dollars alors que tous vos voisins en gagnent 50 000, ou gagner 200 000 dollars alors que tous vos voisins en gagneraient 400 000. L’étude précisait bien que la question supposait que le coût de la vie et des biens restait le même. Quelle fut l’option choisie par les personnes interrogées ? Une personne rationnelle choisirait la seconde option, celle où elle gagne plus d’argent quoi que moins que ses voisins. De cette manière, elle aurait le loisir de dépenser deux fois plus. Mais dans la réalité, la plupart des gens choisirent la première option. La considération la plus importante était simplement d’être plus riche que les autres.

Voilà pourquoi, il existe une industrie de plusieurs milliards de dollars dont le but est la dissémination systématique de l’envie : la publicité. Son but, comme l’a admis le gourou de la pub, B. Earl Pucket est le suivant : « Notre boulot est de rendre les hommes et les femmes mécontents de ce qu’ils ont ».

Tous les quelques mois, la mode change. Ce qui est considéré comme « in » un mois devient « out » le suivant. Une semaine, vous êtes un paria si vous ne portez pas un certain type de baskets. La semaine suivante, vous passez pour un arriéré si vous ne les avez pas troquées contre la prochaine marque en vogue. Pourquoi sommes-nous constamment en quête de nouveauté ? Parce que les grandes marques ont besoin de clients. Alors il faut apprendre aux clients à se concentrer sur ce qui leur manque plutôt que de se soucier de combler leurs véritables besoins.

Combien de fois par jour, nous exhorte-t-on à ne pas être content de ce que nous avons sous prétexte que les autres en ont plus ? Thomas Clapp Patton, dans son ouvrage Envy Politics, nous dévoile le chiffre faramineux de publicités auxquels les Américains sont exposés, à savoir 3000 par jour ! Les journaux des grandes villes sont constitués de 70 à 90 % de pubs plutôt que de nouvelles. Le message subliminal reste toujours le même : que vous en ayez besoin ou non, tâchez de ne jamais vous retrouver sans ce que les autres gens ont…

Il y aura toujours quelqu’un qui en aura un peu plus que nous.

Si notre désir pour une certaine chose est basé sur le besoin, alors le fait de l’obtenir nous donne une grande satisfaction. Mais si le but est de convoiter les acquisitions d’autrui, alors nous voilà voués à la déception et à une insatisfaction toujours plus profonde. Il y aura toujours quelqu’un qui en aura un peu plus que nous – du moins assez pour éveiller en nous une dose d’envie suffisante pour nous empêcher d’être satisfaits de notre propre sort.

Une étude publiée juin dernier dans la revue Psychological Science confirme ce que nous aurions dû reconnaître intuitivement. « Les choses dont on nous a appris à penser qu’elles nous rendent heureux, comme avoir une nouvelle voiture tous les deux ans ou acheter les habits à la dernière mode ne nous rendent pas heureux. Bien au contraire, acheter des objets de luxe nous précipite dans un cycle interminable de compétition, celui où vos voisins s’achètent une nouvelle voiture et – comme par magie – la vôtre vous paraît subitement ringarde ! »

Alors, qu’est-ce donc qui garantit le vrai bonheur ? La foi en un pouvoir supérieur figure assurément en tête de liste. L’optimisme basé sur la croyance en D.ieu vaut mieux qu’un million de dollars en banque. Un sentiment d’estime de soi ancré dans l’engagement dans une vie empreinte des valeurs fournit bien plus de satisfaction que des quantités illimitées de gadgets pour remplir nos placards.

La ligne de fond ? Les récompenses spirituelles découlant d’une perspective spirituelle dépassent de loin les bénéfices vantés par ces publicités mensongères qui nous bombardent quotidiennement de vaines et futiles promesses.

C’est la raison pour laquelle nous avons désespérément besoin de Yom Kippour pour nous aider à remettre de l’ordre dans nos priorités. C’est un jour durant lequel nous démontrons que nous sommes capables de maîtriser nos besoins physiques. Nous privilégions la prière sur la nourriture. Nous privilégions la communion avec D.ieu sur la course vers l’argent. Nous ne portons pas nos bijoux et nos parures afin que nul n’envie les possessions d’autrui. Nous nous concentrons non pas sur les choses que nous convoitons chez autrui pas mais sur les bénédictions que D.ieu nous a déjà accordées et qui pourraient nous procurer tant de joie si seulement nous les appréciions à leur juste valeur.

Et c’est la raison pour laquelle Yom Kippour, avec son lot de privations, contribue à nous enseigner la véritable signification du bonheur et de la satisfaction.

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