Israel

Gaza : L'escalade

15/11/2012 | par Corey Feldman

Quel autre pays au monde tolérerait pareille violence ?

Un soldat, qui a souhaité garder l'anonymat en raison de restrictions imposées par l’armée, m’a envoyé la lettre suivante, que je vous transmets :

Ces dernières 24 heures, 107 roquettes sont tombées sur le sud d’Israël. 107 roquettes tirées dans l’intention de tuer, de blesser, et d’estropier. 107 roquettes qui visent les populations civiles d’une nation souveraine. Et étant donné que nous ne sommes pas présentement engagés dans une opération de grande envergure pour nous soucier des responsables de cette violence, je poserai cette question évidente : « Quel autre pays tolérerait cela ? »

Quel autre pays souverain dans le monde permettrait-il une violation si flagrante de ses frontières et de sa sécurité sans réagir par une opération de grande envergure ? Les représailles ciblées sont un premier pas, mais elles ne correspondent pas à la réaction exigée par de telles attaques. Les actions mesurées d’Israël sont en partie dues à ce que ce pays est placé à un niveau qu’aucun autre pays au monde n’est tenu de maintenir, et qu’il fait grand cas de l’opinion internationale. 

Le monde appelle maintes et maintes fois Israël à « exercer de la retenue » face aux attaques infondées sur sa population, et je voudrais poser une seule question à ce propos : « En vertu de quel précédent ? » De bien plus petites incursions ont conduit à des actions bien plus musclées par d’autres pays souverains. Entre 1936 et 1939, les Britanniques ont géré la révolte arabe en brûlant des villages entiers et en tuant 3000 Palestiniens. Dans les années 1970, le Roi Hussein de Jordanie réagit aux émeutes palestiniennes en Jordanie en massacrant 2500 Palestiniens en dix jours. En 1989, au Panama, quatre membres de la Marine américains non armés se trompèrent de direction et aboutirent à un poste de contrôle militaire. Ils tentèrent de prendre la fuite et l’un d’eux fut tué et un autre blessé. Bush décrivit cet incident comme une « immense atrocité » et envahit le Panama avec 20 000 soldats ce qui se solda par la mort de 4000 personnes.

Depuis le début de 2009, environ 2262 roquettes ont été tirées depuis Gaza vers Israël, visant principalement des centres de population civile. D’après le blog officiel de l’armée israélienne, au cours des trois années écoulées depuis la dernière opération à Gaza, 11 personnes ont été tuées et 127 blessées dans des attaques à la roquette depuis Gaza. Ces dernières semaines, les attaques en provenance de Gaza se sont sensiblement intensifiées. Le 23 octobre, un capitaine de l’armée israélienne a été grièvement blessé alors qu’il effectuait une patrouille de routine à la frontière. La semaine dernière, un soldat de l’armée a été blessé modérément et deux autres légèrement, victimes d’une attaque lors d’une patrouille de routine. Deux jours plus tard, des terroristes à Gaza ont ouvert le feu sur une patrouille de routine de l’armée.

Hier, la plus récente flambée de violence a commencé aux alentours de 16 heures, lorsqu’une jeep de ma base transportant quatre soldats, dont deux que je connais, fut touchée de plein fouet par une roquette. L’un de ces soldats se trouve dans un état critique, et l’on ignore s’il pourra se rétablir. Aujourd’hui, trois civils en route pour le travail ont été blessés dans la ville de Sdérot, située au sud du pays. Depuis hier, ceux d’entre nous qui sont en première ligne d’action sur la frontière de Gaza ont été confinés à des véhicules blindés. Nous avons dormi quelques minutes, certainement pas des heures, et dans ces véhicules blindés nous avons mangé, tenté de dormir, ri, nous nous sommes plaints, nous avons chanté et parfois, prié.

L’une de nos responsabilités principales en tant que premiers intervenants consiste à protéger les localités et kibboutzim situés à proximité de la frontière des infiltrations terroristes, et les tirs de roquette sont souvent le précurseur d’une attaque terroriste. En conséquence, lorsque les missiles tombent, les premiers intervenants se hâtent de rejoindre leurs véhicules tandis que les civils se précipitent vers les abris anti-bombes. Et blottis dans un véhicule insuffisamment protégé, nous avons observé toute la nuit dernière et aujourd’hui,  les dizaines de roquettes s’abattre en direction d’Israël depuis Gaza.

Lorsque vous observez une roquette lancée dans votre direction,  il vous semble, du moins au début, qu’elle vous vise directement. Si vous êtes intelligent, vous apprenez à cesser de regarder. Lorsque le tseva adom (la sirène avertissant de l’imminence d’un missile) sonna, nous avons chanté, crié, prié, évoqué nos petites amies réciproques ; tout pour nous éviter de penser trop. Inévitablement, la roquette frappait et le sol tremblait à divers degrés, en fonction de la distance où elle atterrissait, secouant non seulement notre véhicule, mais aussi notre santé mentale collective.

Bien que nous n’ayons pas demandé cette escalade de violence, nous sommes prêts et disposés à défendre nos maisons et nos familles.

Et je continue à écrire, pas en tant que citoyen, mais soldat : je suis prêt. N’ayant jamais été à la guerre, je ne peux pas savoir en quoi elle consiste. Je sais seulement que cette situation est inacceptable. Même une bruine quotidienne de roquettes depuis Gaza, qui est à présent une pluie torrentielle, est inacceptable. Nos familles méritent mieux. Notre pays mérite mieux. Pour être clair, personne ne souhaite la guerre, en particulier pas un soldat combattant dans une unité servant à la frontière de Gaza. Je comprends les dangers, et je ne les prends pas à la légère. Mais au bout du compte, nous choisissons d’être des soldats combattants. Et bien que n’ayant pas demandé cette escalade, nous nous tenons néanmoins prêts et disposés à défendre nos maisons et nos familles.

Nous avons demandé la paix, et nos ennemis ont riposté par des roquettes. Nous avons demandé de pouvoir envoyer nos enfants à l’école sans nous soucier de l’incertitude de leur retour; de conduire vers notre lieu de travail sans craindre que des roquettes ne tombent au moment de l’heure de pointe sur la route ; de mener notre existence sans la crainte des roquettes et la terreur, et l’on nous a répondu par un « Non ! » retentissant.

Depuis le retrait de Gaza en 2009, notre désir de paix s’est heurté à des milliers de missiles ; des missiles qui équivalent à une déclaration de guerre. Nous ne l’avons pas demandé. Et nous ne l’avons pas souhaité. Mais à un certain point, le prix de l’inaction devient trop élevé. Comme l’a écrit une fois John Stuart Mill :

« La guerre est une chose laide, mais pas la plus laide. L’état décadent et avili du sentiment moral et patriotique qui estime que rien ne vaut la guerre est bien pire. »

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