Israel

Gaza vue de mon cockpit

04/08/2014 | par Aish.fr

David L. est un officier de réserve de l’armée de l’air israélienne. Il revient sur sa mission à Gaza, les dilemmes éthiques qu’il a recontrés et le regard qu’il porte sur le conflit actuel. Entretien exclusif.

L’auteur est un officier de réserve de l’armée de l’air israélienne.

Assis dans le cockpit de mon F-16 qui survole la Méditerranée orientale, j’ai beaucoup de temps pour réfléchir.

Bien que le trajet Israël-Gaza soit très court, les multiples outils de vérification à haute technologie déployés par Tsahal pour s’assurer que la cible visée soit bien déserte de civils me laissent amplement le temps pour réfléchir. Car outre les multiples dispositifs mis en place pour prévenir les civils d’une attaque imminente (appels téléphoniques et SMS, envois de tracts et bombes assourdissantes), Israël doit faire face à un ultime dilemme :

La frappe est-elle morale ?

Sur le papier, les règles paraissent simples : si la cible est un lanceur de roquettes assassin, il faut frapper vite et fort. Si c’est un civil, il faut renoncer à l’attaque.

Mais dans la réalité, les décisions sont loin d’être aussi simples. La dispersion de l’arsenal militaire du Hamas (rampes de lancement, usines d’armement et dépôt de munitions) au sein même des infrastructures palestiniennes civiles (domiciles privés, écoles, mosquées et hôpitaux) rend la tâche de Tsahal bien plus complexe. Il lui faut alors investir bien de temps, d’argent et d’efforts pour s’assurer de la légitimité éthique de chacune de cesfrappes.

Personnellement, je suis horrifié par les techniques de guerre asymétriques du Hamas qui n’hésitent pas à frapper délibérément des civils israéliens tout en se cachant derrière ces civils palestiniens. Et qui obligent donc l’armée israélienne à minimiser les pertes civiles dans les deux camps. En tant que pilote, c’est moi qui suis responsable de l’ultime vérification et il m’arrive souvent d’annuler un tir au dernier moment à cause de la présence d’enfants qui, n’ayant aucune responsabilité dans le conflit, n’ont pas à en pâtir. Si chaque perte de vie humaine m’attriste profondément, je suis convaincu que le Hamas est le seul responsable des « boucliers humains » qui demeurent à portée d’atteinte. Et je suis très fier que les dommages collatéraux dans cette guerre aient été bien plus réduits que dans bien d’autres conflits internationaux comme les frappes aériennes de l’OTAN sur la Syrie.

De mon hublot, je lance un coup d’œil vers l’aile de mon appareil pour inspecter les munitions spécifiquement adaptées à chaque cible. Comme la forte densité urbaine de Gaza présente un haut risque de dommages collatéraux dus aux éclats d’obus, ces missiles guidés par GPS ont été conçus pour toucher leur cible avec une extrême précision. De plus, ils sont équipés d’un fusible à retardement, ce qui leur permet de s’enfoncer en profondeur dans les bâtiments afin de produire une explosion plus contenue.

J’observe le magnifique littoral de Gaza et je me dis que les choses n’auraient pas dû en arriver là. Je me souviens des espoirs de paix que moi, et tant d’autres personnes, nourrissions en 2005 quand Israël retira jusqu’au dernier de ses soldats et civils de Gaza, offrant aux Palestiniens la possibilité de créer une souveraineté pacifique et florissante qui aurait pu devenir le prochain Singapour.

Au lieu de cela, le Hamas s’empara du pouvoir, augurant le règne de la terreur et de la kleptocratie. C’est ainsi que ces milliards de dollars d’aide international furent exploités, non pas pour la construction d’infrastructures civiles, mais pour l’établissement d’une force militaire qui s’acoquine avec les pires terroristes du monde.

L’Iran, la pire menace globale actuelle, fournit des fonds, des armes et de l’entraînement militaire au Hamas. Quand un missile M-302 atteignit la ville de Haïfa, située au nord d’Israël, c’était en réalitél’Iran qui déployait ses tentacules au seuil de nos portes. Et nous avons eu une pensée soulagée pour l’interception de ce navire Klos-C par Tsahal qui transportait des dizaines de ces missiles delongue portée en provenance directe d’un port iranien.

Je suis rempli de gratitude pour tous ceux qui, de par leurs prières, leurs campagnes en ligne et leurs déclarations de soutien aux quatre coins du monde, se tiennent courageusement aux côtés d’Israël. Et je m’interroge sur les mobiles de ceux qui soutiennent le Hamas et ses valeurs.

Je pense à ces scènes de violence en France où des émeutiers en furie ont enfermé des Juifs dans leur synagogue, des visions qui évoquent les heures les plus sombres de l’histoire juive. Je m’émerveille qu’en tout juste 66 ans d’existence, l’État d’Israël a accueilli des immigrants issus de plus de 90 pays, et je suis heureux d’apporter ma propre contribution à la construction d’un havre de paix dans notre patrie éternelle.

Je pense aux effets traumatiques subis par mes jeunes enfants à la maison, forcés de courir jusqu’à l’abri anti-bombes dès qu’une alerte se fait entendre. Face au Hamas qui bombarde délibérément et aveuglément 75% de la population israélienne, il est de notre devoir moral de les arrêter. Et je me dis qu’en dépit de ceux qui pointent un doigt accusateur sur le faible bilan humain d’Israël, nous ne devrions jamais avoir honte du fait que les civils israéliens sont bien protégés des roquettes.

Et quand bien même mon trajet aérien de deux heures prenne fin sans qu’aucune des cibles du Hamas n’ait satisfait à la rigoureuse épreuve humanitaire de Tsahal, et que je retourne à la base sans avoir utilisé mes munitions, je me sens apaisé, sachant que même dans des circonstances aussi difficiles, Israël est guidé par la valeur juive de « tous les hommes sont créés égaux » et que nous faisons tout notre possible pour protéger la sainteté de chaque vie humaine.

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