Israel

Interdit aux Juifs et aux Israéliens !

22/12/2015 | par Yvette Miller

Kuwait Airways a préféré supprimer certains vols plutôt que de d’accepter des passagers israéliens à bord. Une discrimination scandaleuse qui ne fait malheureusement pas figure d’exception.

Plutôt que d’ouvrir ses vols aux citoyens israéliens, la compagnie Kuwait Airways a préféré supprimer sa liaison populaire entre New York et Londres.

L’affaire commence en 2013 quand Eldad Gatt, un citoyen israélien, se voit refuser une réservation en ligne par ladite compagnie. Motif ? « Les détenteurs de passeport israélien ne peuvent voyager sur Kuwait Airways. » Gatt porte aussitôt plainte auprès du département des transports américain lequel, après enquête, somme la compagnie aérienne koweïtienne de mettre fin à ses mesures discriminatoires à l’égard des citoyens israéliens. Mais plutôt que de se plier à cette décision, Kuwait Airlines a annoncé qu’elle annulait ses vols entre New York et Londres.

Pour sa défense, la compagnie aérienne a souligné qu’elle ne faisait que se plier à la loi koweïtienne qui interdit tout contact, accord ou commerce avec des ressortissants israéliens. Si aujourd’hui la compagnie n’assure plus de liaisons entre les États-Unis et l’Europe, elle maintient ses vols directs en direction du Koweït, au départ de plusieurs pays. Et continue de refuser l’accès aux citoyens israéliens à bord, en toute impunité.

Cette mesure discriminatoire ne fait malheureusement pas figure d’exception. Voici plusieurs exemples non moins scandaleux de personnes victimes de boycott en raison de leurs liens avec l’État juif.

Interdit aux Juifs

Quand la famille israélienne Hayardéni a voulu s’offrir une excursion en famille dans la Jordanie voisine à l’occasion des vacances de Hanouka 2015, elle s’est vue refoulée à la frontière. Son crime ? Le père et ses deux fils portaient des kippot.

La mère de famille, Tamar Gewirtz Hayardéni, une guide touristique agréée qui a visité la Jordanie par le passé, a tenté d’intervenir, arguant que son mari et ses fils prévoyaient de troquer leurs calottes contre des casquettes durant leur excursion en Jordanie. Mais le garde-frontière est resté inflexible. Alors que les Hayardéni se trouvaient en pleine négociation avec les gardes jordaniens, un autre touriste israélien a été conduit dans la pièce. Le détecteur de rayons X ayant détecté une paire de téfilines dans ses bagages, il s’est lui aussi vu refuser l’accès en Jordanie. Selon des sources officielles, la Jordanie interdit désormais l’entrée d’objets de culte juifs dans le pays.

Que tous les Juifs quittent la pièce !

La cérémonie d’ouverture du 23ème sommet de l’union africaine tenu à Malabo, en Guinée équatoriale, devait réunir des représentants de nombreux pays, dans le but de renforcer leurs liens politiques, culturels et économiques. Au lieu de cela, ce sommet s’est transformé en épreuve de force, puisque les délégués arabes sont parvenus à exiger l’expulsion de tous les Juifs présents dans la salle.

« Tout a commencé lorsque l’un des délégués arabes, venu d’Égypte, nous a abordés lors du dîner organisé la veille du sommet. Il nous a demandé ce que nous faisions ici, en désignant du doigt les hommes portant des kippot, » a raconté la femme d’affaires israélienne Yardéna Ovadia, qui avait organisé la présence de 14 délégués de la Conférence des présidents des principales organisations juives américaines à ce sommet.

Le lendemain, des représentants de la Ligue arabe ont refusé d’entrer dans la salle de conférence tant que tous les Juifs, qu’ils appelèrent « la délégation israélienne », ne quitteraient pas la pièce. Ovadia a précisé que ces Juifs en question étaient américains, non pas israéliens, mais les délégués arabes ont campé sur leur refus. « Nous étions déjà installés dans la salle de conférence, a précisé Ovadia. Les membres de la Ligue arabe ont annoncé qu’ils boycotteraient la conférence jusqu’à ce que “la délégation israélienne” quitte les lieux ». Pour finir, les quatorze Juifs se sont levés et ont quitté la salle.

Un fonctionnaire américain présent a protesté, mais d’autres personnages officiels – dont le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, le Premier ministre espagnol et d’autres diplomates – n’ont rien fait pour empêcher l’expulsion des Juifs.

« Je n’avais jamais vu un tel racisme, un tel antisémitisme. Nous avons été humiliés, » a déclaré l’un des Juifs renvoyés de la salle. Après le départ des Juifs, la conférence a débuté, avec une demi-heure de retard.

Une journaliste israélienne exclue

Quand le maire de Londres Boris Johnson s’est rendu en visite officielle en Israël et dans les territoires palestiniens en novembre 2015, il était accompagné par une délégation de journalistes britanniques qui couvraient le moindre de ses déplacements. Mais lorsque Mr Johnson a été invité à rencontrer les membres du Forum des femmes d’affaires de Palestine, l’une de ces journalistes s’est faite exclure : il s’agissait de Noga Tarnopolsky, une Juive israélo-britannique qui couvrait la visite pour l’hebdomadaire juif britannique Jewish Chronicle.

Tim Shipman, journaliste politique au Sunday Times, qui était aussi du voyage, a résumé la réaction de beaucoup de personnes : « En ce qui me concerne, les journalistes sont des citoyens du monde, et le fait d’empêcher n’importe quel reporter de faire son travail de manière impartiale et indépendante est absurde, et ce, quelque soit sa nationalité. » Stephen Pollard, journaliste au Jewish Chronicle, lui a répondu : « Telle est la réalité du BDS. Oublions les mensonges prétendant que le BDS vise des institutions plutôt que des individus. Comme cette exclusion scandaleuse d’un journaliste pour aucun autre motif que sa nationalité le prouve, ce mouvement vise essentiellement à stigmatiser des Israéliens en particulier et à leur dire qu’ils sont exclus en tant qu’individus. »

Après que Johnson ait critiqué le mouvement BDS (boycott, désinvestissement et sanction) qui cible l’État juif, bon nombre de ses rencontres restantes avec des personnages officiels palestiniens ont été subitement annulées.

Quand les athlètes israéliens sont mis sur la touche

Lorsqu’il est question d’Israéliens, les notions d’esprit sportif et de franc-jeu sont souvent mises sur la touche. Ainsi, certaines équipes se débarrasseront de leurs joueurs israéliens, tandis que d’autres refuseront de jouer contre des adversaires israéliens. C’est le scénario qui s’est produit en janvier 2014, lorsque les membres du club des Pays-Bas Vitesse Arnhem devaient jouer quatre matches différents contre deux équipes allemandes. Mais lorsque leurs hôtes arabes ont fait clairement savoir au club néerlandais que son défenseur d’origine israélienne, Dan Mori, était indésirable aux Émirats Arabes Unis, l’équipe s’est envolée vers Abu Dhabi sans lui.

Un peu plus tard en 2014, Abu Dhabi a de nouveau refusé l’accès à des athlètes israéliens dans son pays. Les planchistes israéliens Cha’har Tsoubari et Maayan Davidovitch ont dû se retirer de la Coupe du monde de planche à voile qui avait lieu à Abu Dhabi du 27 au 30 novembre, puisque les autorités locales ont refusé de leur délivrer des visas d’entrée.

Cette discrimination à l’égard des sportifs israéliens se retrouve jusqu’au niveau olympique. Ainsi, lors des Jeux olympiques d’Athènes en 2004, l’athlète iranien Arash Miresmaeili, double champion du monde de judo et l’un des favoris pour la médaille d’or, s’est subitement retiré de la compétition pour ne pas avoir à affronter un judoka israélien.

Chiens autorisés, Juifs interdits

Les boycotts – ou les tentatives de boycotts – à l’encontre des Juifs ou des Israéliens se sont multipliés en Europe au cours des dernières années.

En 2014, dans la province de Liège, la police belge a fait retirer une affiche placardée sur un café turc dans laquelle on pouvait lire en français et en turc : « L’entrée est autorisée aux chiens mais aux sionistes en aucune façon. » (Dans l’inscription en turc, le mot « sionistes » était remplacé par « Juifs ».) Ce même mois, une femme juive orthodoxe s’est vue interdire d’effectuer des achats dans un magasin de prêt-à-porter anversois « en guise de protestation contre Israël ». Toujours à Anvers, un docteur a refusé de soigner une vieille dame juive souffrant d’une fracture des côtes, avant de lancer à son fils : « Envoyez-la donc quelques heures sur la bande de Gaza, elle ne sentira plus la douleur. »

En août 2014, le député britannique George Galloway qui représente la commune de Bradford a déclaré cette dernière « zone libre d’Israéliens », affirmant que sa ville rejetait tous les produits israéliens, mais aussi les services, les universitaires et même les touristes en provenance d’Israël. Dans les jours qui ont suivi, il a répété sa déclaration, allant même jusqu’à encourager d’autres villes britanniques à adopter sa « politique ».

Certains magasins en Grande-Bretagne – et ailleurs – semblent parfois suivre leur propre politique de discrimination envers les Juifs. En septembre 2014, Sports Direct, une chaîne britannique de magasins d’articles de sport a été tenue de présenter ses excuses après qu’un agent de sécurité ait empêché des adolescents juifs d’entrer dans l’une de ses succursales en leur disant : « Pas de Juifs, pas de Juifs. ».

À la même période, dans le centre-ville d’Istanbul, en Turquie, une boutique de téléphonie mobile a placé un écriteau à son entrée : « Les chiens juifs n’ont pas le droit d’entrer ici. »

Une voie dangereuse

Ces scénarios sont tristement familiers. Dans les années 1930, les Allemands ont étiqueté les Juifs comme « Untermenschen » : un terme qui signifie inférieurs ou sous-hommes. Cette insistance à présenter les Juifs comme une espèce à part – différente des autres gens et indigne de toute forme basique de respect et d’empathie – a ouvert la voie à l’antisémitisme ignoble qui a suivi.

Nous ne sommes plus en 1930 ; les Juifs ne sont pas traités avec le même mépris que nous l’étions autrefois. Mais si l’histoire peut servir de guide, le fait de stigmatiser les Juifs – ou n’importe quel autre groupe – engendre toujours plus de haine et de méfiance. Alors que le sentiment anti-israélien déferle à travers le monde, il est temps de prendre position et d’exiger que les Israéliens – et ceux qui ont des liens avec Israël – ont droit au même respect que tout le monde.

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