Israel

Lettre ouverte à JK Rowling

02/11/2015 | par Yvette Miller

Merci de ne pas avoir cédé à la pression de boycotter Israël.

Chère JK Rowling,

Comme des millions de personnes dans le monde, je voudrais vous remercier d’avoir introduit la magie d’Harry Potter dans notre maison. Nous avons organisé des fêtes d’anniversaire sur le thème d’Harry Potter, confectionné un nombre incalculable de costumes de Pourim à son effigie et même – à la veille des onze ans de notre fils – fabriqué une fausse lettre d’admission à Poudlard écrite à l’encre visible. Vous avez forgé un univers où chacun a le choix d’être bon.

Aujourd’hui, vous avez choisi de défendre le bien dans un contexte différent : vous vous êtes opposée publiquement au boycott d’Israël. Et pour cela, j’aimerais vous adresser mes plus vifs remerciements.

La pression qui a été exercée sur vous en vue de censurer Israël a été considérable. En février 2015, plus de 700 écrivains, scénaristes, dramaturges, architectes, musiciens et autres figures culturelles britanniques ont écrit une lettre ouverte – publiée par le quotidien The Gardian – condamnant l’État juif et s’engageant à « ne plus jouer de musique, ne pas accepter des récompenses, ne pas assister à des expositions, des festivals, des conférences, des master class ou des ateliers » où que ce soit en Israël.

Depuis, la pression de boycotter Israël n’a fait que s’accentuer. Le 27 octobre 2015, une autre lettre est apparue dans ce même quotidien, signée cette fois par 343 universitaires, lesquels ont promis de ne plus accepter désormais d’invitations de la part d’institutions universitaires israéliennes ni de participer à des conférences organisées ou sponsorisées par ces facultés.

Ces lettres n’ont jamais fait mention, ni encore moins condamné, la terreur quotidienne dans laquelle les Israéliens vivent. Elles n’ont pas fait mention de la récente vague d’attaques au couteau qui ont tué et blessé de nombreux Israéliens aux cours des semaines passées. À la place, elles ont exposé un narratif simpliste dans lequel Israël est éternellement fautif et méprisable.

Je suppose qu’en votre qualité de plus célèbre écrivaine de Grande-Bretagne, on vous a demandé de signer ces lettres à votre tour. Et vous avez peut-être éprouvé une certaine pression à vous conformer à l’opinion commune en jurant de coupant les ponts avec l’État juif. Mais au lieu de cela, vous — tout comme 150 autres écrivains, artistes et personnalités médiatiques britanniques — avez fait votre propre déclaration, vous engageant à résister à tous les appels de boycott culturel envers l’État juif.

 « Les Israéliens seront en droit de demander pourquoi des boycotts culturels ne sont pas également proposés contre – pour prendre des exemples au hasard – la Corée du Nord ou le Zimbabwe, dont les dirigeants ne sont pas considérés comme des modèles par la communauté internationale » avez-vous déclaré dans cette lettre publiée le 23 octobre 2015. « L’engagement culturel construit des ponts, nourrit la liberté et permet des changements positifs. »

L’une des choses que j’ai toujours appréciées à propos de vos livres est la manière dont vous décrivez l’impression ressentie par la pression de suivre la foule, et celle dont vous saluez ceux qui ont le courage d’y résister  et d’affirmer leurs convictions personnelles.

Dans votre série Harry Potter, le ministre de la Magie et la Gazette du Sorcier tournent en dérision les avertissements d’Harry voulant que Voldemort soit retourné au pouvoir ; seule une poignée d’enfants courageux prennent la décision de défendre la cause d’Harry et de le soutenir.

C’est peut-être pour cela que vous même – ainsi que beaucoup d’autres personnalités culturelles britanniques comme Fay Weldon, double lauréate du prix Booker, Hilary Mantel, et l’activiste musulman Maajid Nawaz – avez été prêts à vous opposer fermement à l’automatisme du sentiment anti-israélien, et à porter un regard juste sur Israël.

Porter un regard juste sur Israël, cela signifie observer Israël et y voir une démocratie vibrante dans laquelle tous les citoyens – quelle que soit leur appartenance ethnique ou religieuse – possèdent le droit de vote. Cela signifie voir un pays dans lequel la Knesset actuelle (le parlement israélien) compte 17 députés arabes (sur un total de 120). Dans lequel 28 membres sont des femmes. Et cela signifie aussi voir un pays dans lequel des citoyens arabes occupent les fonctions de magistrats à la Cour Suprême, ambassadeurs, personnalités de la télévision, conférenciers universitaires, ministres du gouvernement et soldats. Cela signifie voir un pays dans lequel Emiel Habibi, auteur et député de la Knesset, a remporté le Prix d’Israël, le prix culturel le plus prestigieux du pays, pour la littérature arabe ; dans lequel Rana Raslan, une arabe israélienne, a été élue Miss Israël, et dans lequel Lina Makhloul, une arabe israélienne d’Acre, a été sacrée meilleure chanteuse d’Israël dans la célèbre émission de télé israélienne « The Voice ».

Porter un regard juste sur Israël c’est prendre conscience que ce pays compte des dizaines de journaux en plusieurs langues et jouit d’une presse libre, ouverte et privée. C’est constater qu’Israël possède le plus grand nombre de musées par habitant au monde ; qu’il est le deuxième plus grand publicateur de livres par habitant ; qu’il présente la plus forte concentration de start-up de high-tech au monde après les États-Unis ; qu’un grand nombre d’inventions que nous utilisons au quotidien – comme les composants électroniques, les portables, les boîtes vocales, les systèmes d’exploitation Windows, les pacemakers, la messagerie instantanée et la micro-irrigation – furent toutes développées grâce à la technologie israélienne.

Porter un regard juste sur Israël – et indifférent aux appels partiaux à le boycotter – c’est voir un pays qui, en 2015, a obtenu la quatrième place du classement des pays où il fait bon élever des enfants. Qui a été classé première destination mondiale pour la qualité des soins médicaux apportés. Qui se situe en 11ème position dans le Rapport mondial sur le bonheur. C’est voir un pays qui – malgré des appels quotidiens à le rayer de la carte du monde, malgré des menaces constantes de terrorisme et des attentats – réussit à conserver son ouverture, son caractère démocratique, son engagement en faveur des droits de l’homme et de l’égalité des opportunités pour l’ensemble de ses citoyens.

Après avoir signé votre engagement à ne pas boycotter Israël, vous avez essuyé de nombreuses critiques. Mais vous avez refusé de faire marche arrière et défendu votre opposition au boycott culturel via Twitter : « Le partage de l’art et de la littérature à travers les frontières est un immense pouvoir pour le bien dans ce monde » et « nous rappelle notre humanité commune. À l’époque où la stigmatisation des religions et des appartenances ethniques semble s’accroître, je crois sincèrement que le dialogue et la collaboration culturels sont plus importants que jamais auparavant et que les boycotts culturels créent des divisions, et sont discriminatoires et contre-productifs. »

Dans la tempête médiatique déclenchée par votre engagement à ne jamais boycotter Israël, vous avez fait quelques critiques plutôt acerbes sur le gouvernement israélien. En toute franchise, de nombreux Israéliens ont été offensés par vos remarques. Vous semblez imputer en grande partie la responsabilité du terrorisme palestinien non pas à l’incitation permanente diffusée à travers les manuels scolaires, les mosquées, la télévision et les journaux palestiniens qui ont créé une atmosphère de soif de sang dans laquelle des gens ordinaires ont brandi des couteaux de bouchers pour tuer des Juifs mais plutôt à Israël.

Honnêtement, j’ai failli ne pas vous écrite cette lettre parce que certaines de vos déclarations me paraissaient trop proches de celles de vos confrères artistes qui dénigrent l’État juif. Mais après avoir relu votre lettre, j’ai eu envie de vous écrire à mon tour. Car vous avez dit non aux boycotts culturels d’Israël. Non au fait d’isoler Israël comme étant le seul pays au monde ayant droit au mépris. Vous auriez pu aisément croiser les bras et garder le silence. Mais vous ne l’avez pas fait.

Au contraire, vous avez pris position et affirmé clairement et publiquement votre ferme opposition au boycott d’Israël. C’était très courageux de votre part.

Je ne pourrais le dire mieux qu’Albus Dumbledore : « Nous devons tous choisir entre le bien et la facilité. »

JK Rowling, vous avez choisi de défendre le bien, non pas la facilité. Pour cela, je vous remercie. Et je vous invite à venir visiter Israël pour constater de vos propres yeux la réalité de ce pays extraordinaire, ce qui vous permettra d’en savoir davantage à propos d’Israël et de sa politique.

Bien à vous,

Une fervente admiratrice 

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