Monde Juif

6 communautés juives qui ne manqueront pas de vous surprendre

27/07/2015 | par Yvette Miller

Voyage au cœur de ces contrées lointaines où la vie juive continue de prospérer contre toute attente…

« Je les sèmerai parmi les nations, dans les pays lointains, ils se souviendront de moi, ils y vivront avec leurs enfants puis ils reviendront. » (Zacharie 10, 9)

L’un des aspects notoires de l’histoire unique du peuple juif est la dispersion de ses membres aux quatre coins de la terre. Par miracle, le peuple juif a survécu à l’exil à travers les millénaires, laissant son empreinte tout autour du monde.

Aujourd’hui, le peuple juif est revenu sur sa patrie ancestrale, qui abrite désormais près de la moitié de ses membres. Mais dans certains lieux, aussi variés que surprenants, la vie juive continue de fleurir envers et contre tout.

Gibraltar

Avec une superficie avoisinant les 7 km2, l’avant-poste rocailleux de Gibraltar située à la pointe de l’Espagne est un endroit peu commun. Territoire britannique depuis le début du 18ème siècle, Gibraltar possède sa propre monnaie ­­— la livre de Gibraltar — ainsi que son propre dialecte ; le llanito, un mélange d’espagnol et d’anglais, auquel se mêlent certains termes empruntés à l’hébreu. Elle abrite quelques 30 000 habitants, sans oublier plusieurs centaines de macaques de Barbarie, seule espèce sauvage vivant en Europe.

Interior of Abudarham SynagogueIntérieur de la Synagogue Aboudarham
Crédit : Communauté juive de Gibraltar

Depuis plusieurs siècles, des Juifs ont vécu à Gibraltar, où leur présence est attestée depuis 1356. Aujourd’hui, ils bénéficient d’une communauté prospère forte de 750 membres, et dotée d’une infrastructure particulièrement bien développée : quatre synagogues, un mikvé [bain rituel], un café cacher, et des écoles secondaires religieuses séparées filles/garçons. Majoritairement orthodoxe et séfarade, la communauté de Gibraltar est en pleine croissance. Elle a vu ses effectifs augmenter de 25% depuis 2008, année où elle s’est mise à proposer des prêts immobiliers pour encourager les immigrants juifs potentiels à s’installer sur « le Rocher ».

De par sa taille réduite, la communauté est très soudée.  « C’est une communauté unie où nous nous sentons tous appartenir à une seule et même famille » souligne Mark Benady, un habitant de Gibraltar. « Nous nous réunissons tous ensemble aussi bien dans les moments de joie que, malheureusement, dans les moments de tristesse. »

Le Botswana

Peu peuplé, ce pays enclavé situé en Afrique du Sud est surtout connu du grand public à travers la série populaire « L’Agence N°1 des dames détectives » qui s’y déroule. Cette contrée principalement désertique de 2 millions d’habitants accueille également la plus récente communauté juive d’Afrique du Sud, et la seule à croître en nombre.

Quelques 100 Juifs — pour la plupart des Israéliens expatriés — vivent à Gaborone, sa capitale. Cette dernière a connu une nette croissance au cours des dernières années en raison des réformes économiques qui ont propulsé Botswana, figurant autrefois parmi les plus pauvres du continent africain, parmi l’un de ses pays à plus forte croissance. Les offices du Chabbat et des jours de fêtes se tiennent aux domiciles de certains fidèles. Quant à la nourriture cachère, elle est importée d’Afrique du Sud. En 2004, la communauté s’est dotée d’un conseil administratif, l’officielle « Communauté juive du Botswana » qui envisage l’achat d’un terrain destiné à la construction d’une synagogue ou d’un centre communautaire. En attendant, un ‘héder, une école juive, a ouvert ses portes pour accueillir les quelques vingt enfants de la communauté juive du Botswana, lui garantissant ainsi un avenir prospère.

Le Japon

Quelques 600 Juifs vivent actuellement au Japon, se partageant entre les centres historiques de Kobe et Tokyo. Les premiers pionniers juifs — pour la plupart des commerçants en provenance des États-Unis, de la Grande-Bretagne ou de la Pologne — y arrivèrent en 1861. Ils s’installèrent en premier lieu à proximité de Tokyo, avant de rejoindre la ville côtière de Kobe suite au grand tremblement de terre de 1923. L’un des premiers habitants juifs fut Raphael Schaver, un homme d’affaires américain qui fonda le Japan Express, tout premier journal en langue étrangère du pays. À ce jour, certains de ses descendants vivent encore à Kobe.

Une deuxième communauté juive japonaise vit le jour à Nagasaki, dans les années 1880, sous l’impulsion des Juifs qui fuyaient les pogroms en Russie. Forte de quelques 100 familles, elle ne tarda pas à devenir la plus importante communauté juive du Japon. Au cours du conflit russo-japonais de 1904-1905, la communauté s’enfuit, léguant son rouleau de Torah à ses frères vivant à Kobe. (Un membre célèbre de la communauté juive de Nagasaki fut Joseph Trumpeldor qui perdit un bras durant le conflit russo-japonais. Par la suite, il contribua au développement des forces de défense juives dans ce qui deviendrait l’État juif.)

Chiune SugiharaChiune Sugihara

La communauté juive de Kobe continua à prospérer durant la première moitié du 20ème siècle, attirant des immigrants juifs issus de la Russie, l’Irak, la Syrie, et l’Europe de l’Est. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le Consul général du Japon en Lituanie, Chiune Sugihara, délivra 2000 visas de sortie à des Juifs, les faisant transiter jusqu’à Kobe. À leur arrivée dans cette ville portuaire animée du Japon, qui abritait entre autres une communauté juive prospère, bon nombre de ces Juifs choisirent de s’y installer définitivement.

Aujourd’hui, Kobe accueille une petite communauté juive : les repas de Chabbath y sont pris en commun, et on trouve une synagogue en ville.

La communauté juive de Tokyo est plus récente ; elle remonte aux années 1950, lorsque de nombreux étrangers affluèrent au Japon pour participer à la reconstruction de ce pays déchiré par la guerre. Dès 1952, un centre juif fut établi à Hiroo, quartier central de Tokyo. La langue commune était le Yiddish, cela afin de faciliter la communication entre les immigrés issus de différents pays. En 2009, un centre plus vaste fut inauguré, servant quelques 120 familles installées dans la capitale.

L’Uruguay

On considère que la présence juive en Uruguay remonte au 17ème siècle. Des vestiges d’un mikvé, un bain rituel juif, datant de cette époque ont en effet été découverts à Colonia, une ville rocailleuse du sud-ouest du pays qui aurait accueilli des Marranes durant l’Inquisition.

Toutefois, la communauté moderne date de 1904, quand des commerçants juifs séfarades s’installèrent dans la capitale Montevideo, pour être suivis en 1906 par des Juifs russes. La première synagogue officielle fut inaugurée en 1917 à Montevideo, et la communauté grandit suite à l’immigration de Juifs en provenance d’Europe et du Moyen-Orient. Elle atteignit les 50 000 membres durant les années 1960 pour ensuite décliner jusqu’aux 20 000 à 25 000 membres actuels. À ce jour, sur les 3 millions et quelques habitants que compte l’Uruguay, environ 0,75 % sont juifs.

The formerly predominately Jewish neighborhood on Reus Street in MontevideoL’ancien quartier à forte prédominance juive sur la rue Reus, à Montevideo. (Crédit photo : Gustavo Uval)

Neuf synagogues et deux écoles — qui accueillent près de la moitié des enfants de la communauté — forment la toile de fond de cette communauté juive pleine de vie. Les Juifs uruguayens ont souvent occupé d’importants postes gouvernementaux, voire ministériels et ce, dans une proportion qui dépasse leur poids démographique dans le pays. Exemple représentatif, celui de Ricardo Erlich, membre éminent de la communauté juive d’Uruguay et biochimiste de renom, qui fut maire de Montevideo entre 2005 et 2010, avant d’occuper celui de ministre de l’Éducation.

Les Juifs d’Uruguay sont fiers d’appartenir au tout premier pays d’Amérique latine (et quatrième du monde) à avoir reconnu Israël en mai 1948, ainsi qu’à avoir établi des relations diplomatiques avec l’État juif. L’Uruguay est le seul pays d’Amérique latine à organiser des examens d’entrée aux universités israéliennes, et possède l’un des plus forts taux d’aliya au monde.

Au cours des dernières années, la ville de Punta del Este, située au sud du pays, s’est imposée comme une destination privilégiée pour les vacanciers juifs. Forte de 9 000 habitants en temps normal, cette ville accueille entre 25 000 et 50 000 touristes juifs chaque janvier, qui marque la haute saison estivale en Amérique du Sud. Pendant quelques semaines, Punta del Este se colore d’une ambiance juive prononcée, avec ces juifs qui déambulent sur la plage revêtus de leurs kippot, un spectacle plutôt rare dans certaines régions. Universités et associations culturelles israéliennes sont au rendez-vous, comme l’orchestre philarmonique d’Israël qui y donne des concerts applaudis par un nombre très important de touristes juifs.

La Sibérie

Vingt ans avant la création de l’État d’Israël, Joseph Staline établit une région autonome juive de son cru : le Birobidjan, aux confins de la Sibérie. Situé sur un terrain marécageux infesté de moustiques de l’Extrême-Orient russe, une zone tampon entre l’URSS et la Chine, le Birobidjan était censée devenir un Yidishe Avtonomne Gegnt, une région autonome juive dont la langue officielle serait le yiddish. Des écoles en yiddish furent créées, ainsi qu’un journal en yiddish, « l’Étoile du Birobidjan », et les panneaux de rue et théâtres officiels étaient tous en yiddish.

The old synagogue in Birobidzhan, the capital of Russia’s Jewish Autonomous RegionL’ancienne synagogue de Birobidjan, région autonome juive de la Russie

Le projet rencontra peu de succès en raison de son piètre emplacement : seuls quelques cinq Juifs s’installèrent au Birobidjan à sa création en 1928. La ville juive enregistra un pic d’immigration en 1934 avec l’arrivée de 5 250 Juifs, mais dont la plupart plièrent bagage aussitôt.

Quelques milliers de Juifs demeurèrent au Birobidjan jusqu’en 1991, quand la plupart partirent suite à la chute de l’Union soviétique. Aujourd’hui, la capitale du Birobidjan abrite une population juive d’environ 5 000 membres (sur un total de 76 000 habitants). L’artère principale de la ville s’appelle encore « rue Chalom Alekhem », et une statue à l’effigie du musicien d’Un violon sur le toit se dresse devant la salle de concert locale. L’Étoile du Birobidjan continue d’imprimer deux ou trois pages hebdomadaires en Yiddish, mais les temps ont changé. La rédactrice en chef n’est pas juive ; fille de Cosaques, elle a appris le yiddish à l’université.

L’Azerbaïdjan

 

L’Azerbaïdjan, un pays d’Asie centrale situé à la frontière de l’Iran, abrite une communauté juive prospère et bien traitée.

Des commerçants juifs s’y installèrent dès le 5ème siècle, mais la première localité juive permanente date de 1730, quand un souverain local autorisa les Juifs à acquérir un terrain sur son royaume. Connu sous le nom de « Village rouge », ce lieu demeure à ce jour un bastion de la vie juive azérie. Forte de 4 000 habitants — tous Juifs — cette ville faite de maisons en briques et en pierre compte trois synagogues, une école juive et quelques restaurants. Chaque semaine, à l’entrée du Chabbath, les commerces ferment et la ville entière s’offre un repos bien mérité.

Bakou, la capitale située à deux heures de voiture, abrite quelques 10 000 Juifs. Et le gouvernement azerbaïdjanais encourage l’essor de cette communauté. Le président Ilham Iyev a sponsorisé l’achat d’une troisième synagogue dans la capitale en 2012 et finance entièrement ses deux écoles juives. (Au « Village rouge », le gouvernement finance également les frais de chauffage des synagogues et écoles juives.)

Pays à majorité chiite, l’Azerbaïdjan maintient d’étroits liens commerciaux avec Israël, pour un total annuel de 5,5 milliards de dollars. Parmi les éminents citoyens du pays, se trouvent de nombreux Juifs, dont le physicien Lev Laudau, lauréat du Prix Nobel ; le champion d’échec Garry Kasparov, et les écrivains Essay Bex et Kurban Saïd qui a écrit Ali et Nino, un best-seller international. Les Juifs azéris ont aussi fait leurs preuves en Israël, comme c’est le cas des célèbres chanteuses israéliennes Sarit Haddad et Yaffa Yarkoni.

Prions et espérons voir arriver le jour où les Juifs du monde entier rentreront chez eux, en terre d’Israël, apportant avec eux la beauté de leurs traditions respectives.

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