Monde Juif

Les convertis, une force vive

30/10/2014 | par le rabbin Ari Sytner

Ils sont authentiques et sincères et peuvent parfois nous rendre un peu jaloux. Le secret de leur judaïsme ? L’engagement…

La Torah, comme la grenade, est pleine de commandements. Certains n’apparaissent qu’une seule fois alors que d’autres y sont cités fréquemment. Une mitsva particulière y est mentionnée 46 fois : c’est celle d'aimer le converti. La Torah veut ainsi signifier que l’on doit accorder un « traitement de faveur » aux personnes nouvellement entrée dans l’alliance.

Qu'y a-t-il de si difficile dans l’accomplissement de cette mitsva pour qu’elle soit rappelée si souvent ? D’autant que la Torah nous ordonne déjà d’aimer notre prochain comme nous-mêmes, ce qui inclut les convertis qui sont devenus partie intégrante de notre nation. Pourquoi est-il donc nécessaire de multiplier des commandements liés spécifiquement aux convertis ?

Nos Sages donnent une parabole qui met en lumière la façon dont le Tout-Puissant considère le converti : Il était une fois un roi puissant qui tirait une grande fierté de sa richesse. Il avait de nombreuses résidences, des jardins, des pâturages et du bétail. Un jour, alors qu'il se tenait sur une colline et admirait son troupeau constitué par des milliers de moutons, il remarqua qu’un jeune cerf se trouvait parmi eux. Il interrogea le berger qui lui expliqua que depuis déjà quelques semaines, le serf suivait les moutons là où ils allaient. Peu lui importait la chaleur, le froid ou la pluie, il tenait à rester dans le troupeau.

Le berger demanda si l’on devait écarter le cerf du troupeau. Le roi déclara que le cerf devait rester parmi les moutons. Le berger se risqua à lui demander : « Si pour vous le troupeau est une source de grande fierté, pourquoi acceptez-vous qu’un cerf y soit mêlé ? »

Le roi répondit : « Mon troupeau est très beau, et se laisse mener là où nous le décidons, vers de verts pâturages ou l'herbe est bonne et l’eau fraîche. Il n’a pas d'autre option ni de choix. Par contre, ce cerf a la liberté de vivre n'importe où et à courir librement dans la nature, et il a choisi de vivre avec eux afin de se distinguer. C’est pour cette raison que le cerf est spécial à mes yeux, plus encore que les moutons eux-mêmes. Non seulement le cerf est autorisé à rester dans la bergerie, mais nous devons le choyer particulièrement, lui offrir une meilleure protection, de la nourriture, de l'eau, de l'amour et de l'attention, encore davantage que pour les brebis. » (Cf. Midrash Tehilim 146).

Grâce cette parabole, nous pouvons apprécier à quel point les convertis sont précieux aux yeux de D.ieu et pourquoi la Torah insiste tant sur le commandement de les aimer et de faire preuve d’une vigilance accrue les concernant. Ces nombreuses occurrences viennent également nous mettre en garde contre tout sentiment de dédain et nous aident à surmonter certains sentiments négatifs, afin que nous puissions accepter les convertis comme il se doit.

D’où proviennent ces sentiments mitigés ? Parfois, les convertis peuvent inspirer de la jalousie, eux qui ont en si peu de temps acquis un judaïsme plein de vitalité. C’est ainsi que notre propre engagement peut paraître bien fade, puisqu’il est le fruit de l’habitude.

«Vous aimerez l'étranger »

Ce sentiment de culpabilité est légitime : les convertis ont lutté contre vents et marrées afin d’intégrer le peuple juif alors que nous avons souvent vécu notre identité complaisamment, sans vraiment fournir d’effort.

Le converti nous interpelle à plusieurs niveaux : aurions-nous pu faire les mêmes choix qu’eux, choix difficiles s’il en est, et assumer autant de sacrifices et de transformations profondes ? Sommes-nous aussi engagés et impliqués qu’eux au quotidien ?

Nous connaissons en fait la valeur d’un converti aux yeux de D.ieu. Et en fin de compte, il nous rappelle non seulement qui nous étions autrefois, comme le déclare la Torah, « Vous aimerez l'étranger, vous qui fûtes étrangers dans le pays d'Égypte ! » (Deutéronome 10:19), mais également l’idéal de judaïté auquel nous aspirons. Ils nous rappellent notre serment devant le Sinaï, notre engagement vis-à-vis de notre fidélité à D.ieu et à l’acceptation de la Torah, et aussi nos fréquents égarements. Pour toutes ces raisons, la Torah nous enseigne à observer le converti, à nous inspirer de lui et à le considérer avec amour.

Cela vaut non seulement durant le moment exaltant de la conversion elle-même mais également durant le long et difficile processus de transformation qui l’a précédée. Comme le judaïsme ne s’acquiert pas dans les livres, mais en le vivant, le converti ne peut pas intégrer le chabbath ou la prière à moins d’être adopté par une communauté, prête à l’aider dans son cheminement. N’oublions pas qu’il doit non seulement apprendre une nouvelle langue, de nouvelles coutumes et un mode de vie inédit, mais également se détacher de sa vie antérieure, de ses habitudes et de ses anciennes relations. Par conséquent, il incombe à la communauté juive de le soutenir avec le maximum d’empathie.

La prochaine fois que vous rencontrerez un converti – cet être d’exception qui a transformé sa vie du tout au tout avec une détermination héroïque (démarche dont nombre d’entre nous est incapable) soyons conscients de sa valeur et adoptons-le pleinement.

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