Monde Juif

L’excellence juive serait-elle en voie de disparition ?

10/02/2014 | par rabbin Benjamin Blech

Des études récentes ont mis en évidence un déclin spectaculaire des performances académiques des juifs de par le monde. À qui la faute ?

Les juifs sont intelligents, personne n’en doute. J’irais même jusqu’à dire qu’ils sont particulièrement intelligents, et certainement assez pour faire d’eux des candidats au concours du peuple le plus brillant sur terre.

Et ce n’est pas parce que je fais moi-même partie de cette tribu que j’ose suggérer un stéréotype à priori si chauvin et radical. C’est là un fait que d’innombrables individus ont reconnu dans le passé, et qui a récemment été corroboré par une foule d’études, statistiques à l’appui.

Bien avant le règne du politiquement correct, qui l’aurait sans doute empêché de le déclarer aussi crûment, l’écrivain Mark Twain s’exprimait ainsi à propos des Juifs au 19e siècle :

[Les Juifs] sont curieusement et ostensiblement l’aristocratie intellectuelle du monde… Les contributions [juives] à la liste de grands noms de la littérature, de la science, des arts, de la musique, de la finance et de la médecine sont…sans commune mesure avec le nombre réduit de ses membres. Ils ont mené une lutte merveilleuse dans ce monde… et l’ont fait avec les mains liées dans le dos.

La liste des vainqueurs du Prix Nobel du 20e siècle confère aux paroles de Twain un accent quasi prophétique. La proportion des Juifs honorés par le Prix Nobel dépasse de loin celle de toute autre minorité, ethnique ou culturelle, puisqu’on en dénombre près de 20% parmi tous les lauréats de cette prestigieuse distinction. Bien qu’ils ne forment que 0,2 % de la population mondiale, ils ont raflé 54% des champions du monde d’échecs, 27% des prix Nobel de physique et 31% des lauréats de médecine.

Le Q.I. moyen des Juifs est 40 % plus élevé que la moyenne globale mondiale.

Mais l’existence de génies n’est pas le seul élément à démontrer l’excellence intellectuelle des juifs. Une étude remarquable conduite par le psychologue Richard Lynn et l’expert en sciences politiques Tatu Vanhanen et publiée en 2006 dans IQ and Global Inequity a calculé que le Q.I. moyen des Juifs, qui s’élève à 115, est supérieur de 8 points au Q.I généralement admis de ses plus proches rivaux - les Asiatiques du Nord-est - et approximativement 40 % plus élevé que la moyenne globale du Q.I., qui est de 79,1.

Voilà pour les bonnes nouvelles…

Du côté des mauvaises nouvelles, c’est l’article du vainqueur du Sydney Award – un prix américain décerné au meilleur article de presse écrite – qui a de quoi vous déprimer.

S’exprimant dans les colonnes de la revue American Conservative, Ron Unz met le doigt sur ce qu’il nomme « l’étrange effondrement des résultats académiques des Juifs ». L’essentiel de sa thèse qui lui a valu la victoire est la révélation remarquable selon laquelle les Juifs n’excellent désormais plus dans des domaines où, par le passé, ils affichaient une prééminence académique particulièrement haute. En comparant le nombre de Juifs ayant remporté des prix dans une foule de domaines universitaires et scientifiques durant les 10 dernières années, aux résultats des années précédentes, Unz a découvert une diminution spectaculaire et sans précédent.

Voici sa description : « Le pourcentage décevant d’étudiants juifs qui obtiennent aujourd’hui des scores élevés dans les tests d’aptitude universitaires était totalement inattendu, et bien différent des conclusions auxquelles j’étais parvenu pendant mes propres années de lycée et d’études supérieures il y a de cela une génération environ. L’examen d’autres statistiques disponibles semble apporter un appui à mes souvenirs et constitue la preuve d’un récent déclin spectaculaire dans les performances universitaires des Juifs américains. »

Si la conclusion d’Unz est juste, il nous faut poser une question évidente : qu’avons-nous perdu qui nous rendait tellement intelligents autrefois ? Quelle est donc l’élément à l’origine de notre puissance cérébrale qui est entré en sommeil. Si désormais nous laissons les autres se hisser à notre place sur la plus haute marche du podium, qu’est ce donc qui nous distinguait par le passé.

À mon avis, la réponse évidente est celle qui prend sa source dans la description la plus célèbre du peuple juif. Nous sommes connus pour être le « peuple du livre. » Nous fûmes le premier peuple à rendre obligatoire l’apprentissage de la lecture et de l’écriture pour tous les enfants et la formation continue pour les adultes. Dans son ouvrage L’âge d’or des prouesses juives, Steven L. Pease établit une liste d’hypothèses pour expliquer le nombre incroyable de prouesses juives, et donne la primauté aux valeurs culturelles qui prennent leur source dans la Bible et la religion juive. Les Juifs n’ont pas hérité de leur génie ; ils ont fait de l’étude un point central de leur foi et ont transmis leur amour de l’étude à leurs enfants.

Il y a quelques années, l’ambassadeur de la Corée du Sud en Israël, Ma Young-Sam, avait annoncé que l’étude du Talmud était maintenant une matière obligatoire du cursus des écoles du pays. En réalité, il avait affirmé que presque chaque foyer en Corée du Sud s’enorgueillissait d’une version du Talmud en coréen, et que les parents l’enseignaient à leurs enfants. Quelle en est la raison ? Il s’explique :

« Nous étions très curieux des résultats académiques élevés des Juifs. Nous avons tenté de comprendre : quel est le secret du peuple juif ? Comment peuvent-ils, plus que tout autre peuple, accéder à ces résultats impressionnants ? Pourquoi êtes-vous si intelligents ? La conclusion à laquelle nous sommes parvenus est que l’un de vos secrets est votre étude du Talmud. Nous pensons que si nous enseignons le Talmud à nos enfants, ils deviendront également des génies. C’est ce raisonnement qui nous a conduits à introduire l’étude du Talmud dans le programme d’étude de nos écoles. » (Why Koreans Study Talmud, ynetnews.com)

Je doute franchement que l’étude du Talmud dans ce cadre puisse transformer les enfants sud-coréens en érudits. Mais je sais aussi que le fait de créer un climat de respect pour l’érudition, de révérence pour l’étude, de préférer l’acquisition de la sagesse au détriment de toutes possessions matérielles - tous les idéaux qui représentent la contribution caractéristique du judaïsme au monde - furent les clés du caractère exceptionnel de notre spiritualité, mais aussi de notre intellectualité.

Le peuple du livre est en train de devenir le peuple de l’argent

C’est pourquoi je pense que l’assimilation des Juifs à la culture générale va bien au-delà d’une préoccupation théologique. Je ne crains pas seulement que les Juifs perdent leur foi. Ce qui me peine, c’est que le « peuple du livre » est en train de devenir le « peuple de l’argent. » Je redoute que nous commencions à perdre de vue ce qui, pendant des lustres, nous a donné le mérite d’être une lumière pour les nations.

Tant que nos enfants imitaient les héros de l’esprit et de l’âme, nous maintenions notre première place dans le monde au niveau des réalisations intellectuelles. Mais lorsque nous constatons que Maimonide a cédé la place à Madonna, alors nos objectifs se limitent aux succès des marchés et de nos comptes en banque.

Avec toute la matière grise que nous possédons, il serait bien dommage de ne pas faire preuve d’assez d’intelligence pour nous rattacher fermement aux traditions mêmes qui ont assuré notre excellence intellectuelle.

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