Monde Juif

Ma réponse face à l'antisémitisme

04/02/2013 | par Chaim Levine

Quand le problème devient la solution !

Je n'oublierais jamais la première fois où j'ai décidé de porter la kippa. J'avais 21 ans et je vivais en Israël. Porter la kippa me paraissait tellement naturel au milieu de tous ces juifs venus d'horizons différents pour vivre dans notre pays. J'en éprouvais une grande fierté.

Je n'oublierais jamais la première fois où de retour aux États-Unis, je portais cette même kippa. J'étais tellement mal à l'aise. J'avais l'impression qu'on pouvait lire sur mon front : « Eh, vous voyez cette kippa ? Je suis juif ! Je suis juif ! » Je ne me souviens pas avoir été aussi gêné que lorsque je suis descendu de cet avion. Je marchais le long des couloirs de l'aéroport, craignant d'être la proie de remarques antisémites.

Avec du recul, je réalise qu'il y avait une appréhension encore plus profonde cachée en moi. Une peur que je n'osais avouer. « Si quelqu'un devait me faire une remarque antisémite, serait-ce une raison suffisante pour enlever ma kippa et me balader avec une casquette le restant de ma vie ?»

J'avais l'impression qu'on pouvait lire sur mon front : «Eh, vous voyez cette kippa ? Je suis juif !»

Plus d'une fois, durant les premières semaines de mon retour aux États-Unis, je me suis senti tendu en société, me préparant à l'éventualité de ce moment que je redoutais.

Ça n'a pas raté. Un mois plus tard dans les rues de Boston, alors que je regardais le marathon, j'ai entendu quelqu'un hurler dans la foule : « Eh, toi x#&#*!%! juif ! Retourne à Jérusalem, où l'argent court les rues ! » (De toute évidence, cette personne n'y connaissait pas grand chose à la situation économique de Jérusalem.) Je me suis retourné, humilié et hors de moi. Je foudroyais du regard mon agresseur au milieu de cette foule. C'était un gros bonhomme antisémite pas très raffiné. Avant de s'en aller, il a crié par la fenêtre de sa voiture : « Les juifs me rendent malades ! » Mon visage était tout rouge. J'étais en colère ­ et j'avais honte de porter ma kippa.

Revoir mes valeurs

Je n'ai jamais enlevé ma kippa, mais j'en ai retiré une grande leçon qui, je pense, contient en elle-même la plus grande des réponses face à l'antisémitisme.

En fait, je ne m'étais jamais vraiment identifié à la véritable raison qui me poussait à porter une kippa. J'aurais pu, bien sûr, vous donner toutes sortes de raisons, mais je n'aurais fait qu'articuler des mots sans toutefois les ressentir avec mon cœur.

La meilleure réponse face à l'antisémitisme est d'intégrer plus de valeurs juives au quotidien.

L'incident de la kippa a été pour moi révélateur. J'ai dû me poser la question de savoir Pourquoi je souhaitais vraiment porter la kippa ? Par tradition ? Parce que cela faisait de moi quelqu'un de plus religieux ? Non. Je voulais porter ma kippa afin d'accomplir la raison pour laquelle les rabbins ont décrété qu'elle devait être portée : un rappel constant que nous, en tant que juifs, devrions marcher avec humilité devant Dieu. Un rappel que nous devrions agir de telle sorte à incarner l'essence même des valeurs de la Torah - la bonté, l'empathie, la responsabilité d'aider les autres, l'honnêteté et l'intégrité. Vu sous cet angle, porter une kippa devenait véritablement le plus grand des honneurs, un honneur qui véhiculait en soi une immense responsabilité.

Lorsque j'ai réalisé cela, mon sentiment de honte s'est transformé en une marque de reconnaissance et en une profonde fierté d'avoir le privilège de pouvoir vivre conformément aux valeurs du judaïsme. Au lieu de vouloir enlever ma kippa, j'ai eu envie d'aller en acheter une plus grande. J'ai alors compris que dans le problème se trouvait la solution. En effet, la meilleure façon de faire face à l'antisémitisme était de vivre encore plus intensément son judaïsme et d'intégrer ses valeurs au quotidien !

Si quelqu'un s'attaquait à Israël, et que vous saviez réellement à quel point ce pays est un cadeau, alors non seulement les propos de cette personne ne vous affecteraient pas, mais ils vous feraient apprécier encore plus la valeur de ce cadeau. Si quelqu'un vous attaquait parce que vous donnez la tsedaka, la bienfaisance, et que vous compreniez l'importance de la tsedaka dans le monde, ceci vous pousserait à donner encore plus.

Chaque fois qu'Israël est attaqué, nous devrions planifier notre prochain séjour à Tel Aviv.

Réfléchissez un moment à ce qui se passerait si ces personnes antisémites et anti-Israël voyaient que chacune de leurs agressions menait à une plus grande détermination et reconnaissance, et à un plus grand engagement, vis-à-vis du judaïsme et d'Israël ! Comment réagiraient-elles si elles réalisaient que chacune de leurs actions nous encourageait à nous renforcer encore plus dans notre judaïsme ? 

Elles seraient immédiatement désarmées ! Elles verraient que leur haine ne ferait que nous rendre encore plus forts et plus reconnaissants.

Chaque fois que nous entendons qu'une synagogue est incendiée en Europe, nous devrions être encore plus motivés d'aller à la synagogue. Chaque fois que nous lisons qu'Israël est attaqué, nous devrions planifier notre prochain séjour à Tel Aviv. Mais notre réponse ne peut être contrainte ni forcée, elle doit provenir du cœur, d'une plus grande appréciation de ce qu'est la valeur d'être juif. Si nous parvenons à trouver ce genre de réponses à l'intérieur de nous-mêmes, alors l'antisémitisme deviendra le moteur de notre engagement et de notre fierté vis-à-vis du judaïsme.

De nombreuses années sont passées depuis que j'ai décidé de porter la kippa, et je suis heureux de dire que je la porte avec une profonde gratitude et fierté. Mais ce qui me rend plus heureux, c'est que mon fils de 6 ans est encore plus fier de porter la sienne.

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