Monde Juif

Notre voyage en Inde, avec la tribu perdue d’Éphraïm

20/04/2017 | par Aish.fr

À travers le pouvoir de la musique et de la prière, nous avons transcendé nos différences.

Ce Pessah, mon épouse et moi avons voyagé en Inde du Sud pour visiter « la tribu perdue d’Ephraïm ».

Ce clan d’environ 150 membres se revendique descendant des tribus perdues d’Israël. Ils pratiquent les traditions juives, célèbrent la plupart des fêtes et ont commencé à observer de nombreuses mitsvot (commandements divins), souvent à leur propre façon.

Par exemple, dans leur tradition, la veille de Pessah ils abattent bel et bien une chèvre et appliquent son sang sur le montant de leurs portes ! Ils furent très surpris de découvrir que ce commandement n’est désormais plus en vigueur à notre époque. Ils furent ravis d’en apprendre davantage sur la façon dont le « judaïsme classique » est pratiqué dans le reste du monde. Beaucoup rêvent du jour où ils pourront s’installer dans la terre sainte d’Israël.

Bien que mon épouse et moi-même étions venus pour les aider à diriger le Séder de Pessah, nous avons fini par apprendre énormément de choses de notre escapade indienne. Voici quelques leçons et points culminants de notre séjour :

1. Le pouvoir de la musique

Quelques 10 minutes après notre arrivée au village de Chebrolu, je me suis rendu compte que nous avions un petit souci. Les habitants ne parlent pas l’anglais ! Certes, nous étions accompagnés d’un interprète et quelques-uns des habitants connaissaient des rudiments d’anglais, mais cela dit, comment étions-nous censés partager la beauté et la profondeur de nos traditions de la Torah si nous ne parlions pas la même langue ?

La réponse : à travers la magie de la musique.

La musique abat toutes les barrières. Alors que ce soit au cours du Séder, au cours de la kabalat Chabbat, avant, pendant et après les cours, nous avons veillé à chanter et à danser… et beaucoup.

Un soir, après un long cours donné aux villageois, quatre jeunes amis indiens nous ont raccompagnés à l’hôtel. (Après cinq nuits de douches à l’aide d’un seau sous une température de 48° et de toilettes dans la nature, nous avions décidé de nous offrir le luxe d’un hôtel pour les dernières nuits de notre séjour.)

La température était plus clémente et les routes moins cahoteuses. Notre interprète n’était pas là alors nous avons gardé le silence dans la voiture.

Puis un garçon indien, m’a demandé avec un grand sourire aux lèvres : « Rav Keith… Vous connaissez la chanson “Chabe’hi” ? ». Bien sur que je la connaissais ! Et tout d’un coup, les routes indiennes, flanquées de temples, églises et mosquées, se sont emplies du chant passionné de six âmes juives. Nous avons chanté toutes les chansons juives possibles et imaginables à tue-tête, depuis Am Israël ‘Haï jusqu’à Kol Haolam Koulo en passant par la Tikva… Ma femme et moi étions bouche bée ; nos compagnons en connaissaient toutes les paroles à la perfection. Ce fut vraiment une soirée inoubliable !

2. Quand prière rime avec sincère

Après chaque soirée de questions-réponses, nous accomplissions la mitsva de compter le Omer avec notre groupe. Je leur avais expliqué les détails pertinents de ce commandement, ainsi que sa signification profonde.

Après avoir compté le Omer, j’ai ressenti qu’il manquait quelque chose à notre soirée. Je n’étais pas encore prêt à terminer le cours. J’ai décidé d’organiser une prière silencieuse de trois minutes en groupe. Étant donné que les Télugu ne savent pas lire l’hébreu, le rituel formel de la prière leur était difficile à saisir. En revanche, la prière spontanée était vraiment un domaine dans lequel ils excellaient !

Après deux minutes de prière, j’ai ouvert discrètement les yeux pour épier l’assemblée. Et j’ai eu du mal à retenir mes larmes. Peut-être qu’ils priaient pour décrocher un emploi, ou pour que l’une de leurs sœurs trouvent un parti convenable, ou peut-être qu’ils priaient pour pouvoir enfin monter à Jérusalem, mais quelle qu’en était la raison, ils étaient tous plongés dans des prières d’une telle sincérité et d’une telle intensité que je me suis senti tout petit à côté d’eux.

3. Savoir apprécier ce que l’on a

En Hébreu, l’Inde s’appelle Hodou, qui signifie remercier. Au début du voyage, j’étais convaincu que ce nom était là pour me rappeler le devoir de remercier Dieu de m’avoir permis de ne pas vivre en Inde !

Tout au long de la journée, je remerciais Dieu en silence pour tous les conforts de la vie moderne qui me faisaient cruellement défaut en Inde :

Grâce à Dieu, pensais-je, je prends des douches normales qui ne consistent pas en un seau d’eau tiède !

Grâce à Dieu, je peux traverser la rue à Jérusalem sans prendre le risque d’être renversé par un motoriste, un mendiant ou une vache !

Grâce à Dieu, je dispose d’assez d’argent pour assurer mes besoins médicaux élémentaires comme l’achat de médicaments antiasthmatiques.

Grâce à Dieu, je ne suis pas obligé de vivre dans un pays si chaud que les gens sont contraints d’hiberner de 10h à 17h, et grâce à Dieu je ne suis pas forcé de travailler dans des conditions pénibles pour grappiller 5 dollars par jour en vue de subvenir aux besoins de ma famille.

Je me sentais vraiment privilégié d’avoir eu droit à une existence aussi luxueuse.

Pourtant, alors que notre séjour en Inde se poursuivait, ma femme et moi nous sommes rendus compte qu’il y avait peut-être une raison bien plus positive pour laquelle l’Inde s’appelait Hodou en hébreu. Paradoxalement, ces gens que nous côtoyions semblaient beaucoup plus reconnaissants que les Occidentaux pourtant plus aisés. En Inde, pratiquement tout le monde pratique une religion. Et pratiquement tout le monde consacre un moment à la prière et aux louanges dans sa vie. Paradoxalement, les individus qui semblent avoir les meilleures raisons d’être reconnaissants sont ceux qui négligent le plus ce devoir élémentaire.

Depuis, l’Inde est devenue pour moi la terre de la reconnaissance, celle qui me rappelle mon devoir et mon privilège de dire merci… même quand la vie n’est pas un long fleuve tranquille.

Alors, merci mon Dieu de m’avoir accordé l’opportunité inouïe de m’inspirer de ces « Juifs Télugu ». Et merci aux « Juifs Télugu » de nous avoir accueillis si chaleureusement ma femme et moi et de nous avoir fait vivre une expérience aussi inoubliable.

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