Monde Juif

Vivre côte à côte avec des Arabes à Jérusalem

04/12/2014 | par Nechemia Coopersmith

Depuis le massacre d’Har Nof, la vie dans notre capitale éternelle a perdu le cachet paisible que je lui connaissais.

Depuis les deux derniers mois, la vie à Jérusalem n’a plus le cachet paisible qu’on lui connaissait. Même si les autorités israéliennes se refusent à prononcer le terme de troisième intifada, il ne fait aucun doute que la cité millénaire s’est embarquée dans une dangereuse spirale de violence. Après le triple attentat à la voiture-bélier, la tuerie immonde dans la plus grande synagogue d’Har Nof, sans mentionner l’attaque au poignard contre deux hommes par des assaillants arabes près de la porte de Jaffa, les hiérosolymitains vivent avec la peur au ventre. Et comme si cela ne suffisait pas, on vient d’apprendre que le Shin Ben a déjoué une attaque du Stade Teddy fomentée par le Hamas. Les vaporisateurs à gaz poivré sont en rupture de stock dans la capitale et la méfiance envers les habitants et employés arabes de Jérusalem est à son comble.

Le sentiment d’insécurité n’épargne personne. Il faut dire que l’ennemi n’a qu’une idée en tête : exterminer le peuple juif et nous chasser de notre patrie. Alors même si certains Arabes veulent sincèrement la paix, il devient de plus en plus difficile de faire la différence entre un Arabe inoffensif et un Arabe qui n’hésiterait pas à brandir une hache – ou une voiture – pour tuer des civils innocents. Et que l’on ne me taxe pas de raciste. Telle est l’inquiétude qui saisit au quotidien chaque Juif de Jérusalem. Et pour vous en convaincre, il vous suffira d’un petit trajet dans le tramway de Jérusalem.

Doit-on pour autant basculer dans le pessimisme et le désespoir ? La section hebdomadaire de la Torah nous fournit quelques indications quant à la réaction qu’un Juif doit adopter face à un individu qui lui veut du mal.

Quand Jacob apprend qu’Ésaü, son jumeau rival qu’il évite depuis plus de 20 ans vient à sa rencontre, escorté par une armée de 400 soldats, le patriarche est saisi d’effroi. Il va alors mettre au point une triple stratégie pour affronter son ennemi.

Pour commencer, il lui envoie des messagers pour l’avertir de l’envoi imminent d’un monumental présent fait de troupeaux et de serviteurs, dans l’espoir que l’appât du gain apaisera son courroux. Ensuite il se prépare à la bataille dans le cas où ces cadeaux ne produiront pas l’effet escompté. Et pour finir, Jacob prie à Dieu de le sauver.

L’ordre de la triple stratégie de défense de Jacob n’est pas laissé au hasard. Pourquoi donc la prière apparait-elle en dernier. La toute première arme d’un Juif est la prière. Pourquoi Jacob ne l’a-t-il pas fait précéder aux deux autres moyens de défense ?

Le cadeau : une arme à double tranchant

En réalité, la Torah nous livre de précieux enseignements à travers le comportement de Jacob et la chronologie précise de sa stratégie de guerre.

Si Jacob a commencé par envoyer des présents à Ésaü c’est parce que la voie de la confrontation doit être évitée à tout prix. Si un pot-de-vin, aussi coûteux soit-il, peut acheter la paix et éviter l’effusion de sang, c’est sans nul doute la meilleure voie à choisir.

Une concession qui n’est pas doublée d’une ferme disposition à la confrontation équivaut à une déclaration de capitulation laquelle engendre le mépris, non pas la paix.

Mais à lui seul, un pot-de-vin est une stratégie extrêmement dangereuse. Car il n’est efficace que si l’ennemi comprend que sous le gant de velours se cache une poignée d’acier. Ésaü doit impérativement savoir que si la tentative de conciliation échoue, Jacob est tout à fait prêt à déclarer la guerre et à faire tout le nécessaire pour assurer la protection de sa famille.

Un cadeau qui n’est pas doublé d’une ferme disposition à la confrontation équivaut à une déclaration de capitulation laquelle engendre le mépris, non pas la paix. Alléché par l’odeur de la faiblesse, l’appétit sanguin de l’ennemi n’en est que plus aiguisé.

C’est une des raisons pour lesquelles les accords d’Oslo se soldèrent par un échec aussi retentissant. Nos ennemis arabes prirent conscience que la nation d’Israël étais lassée de la guerre. Le gouvernement israélien leur offrait des concessions territoriales sur un plateau d’argent sans manifester la moindre disposition à s’engager dans la voie militaire. Résultat, ces terres sacrifiées sur l’autel de la paix produisirent des conflits sans fin et une escalade perpétuelle de la violence. Les dirigeants arabes interprétèrent nos concessions comme une forme de capitulation, ce qui les exhorta à durcir leurs positions et à attaquer Israël.

La prière : échappatoire ou prise de responsabilité ?

En décidant de faire de la prière son troisième et ultime acte de préparation, Jacob nous enseigne une leçon cruciale quant à l’interaction entre la prière, la confiance en Dieu et la prise de responsabilité.

On ne peut prier qu’une fois avoir fourni tous les efforts possibles pour affronter notre destin.

L’exercice simultané de la foi en Dieu, et de la nécessité de l’intervention humaine exigent un équilibre délicat. Car l’un comme l’autre sont tout autant impératifs. On ne peut prier qu’une fois avoir fourni tous les efforts possibles pour affronter notre destin. Si nous n’assumons pas nos responsabilités, nous risquons alors de nous réfugier dans l’illusion de notre propre vertu pour ensuite recourir à la prière comme une échappatoire de nos obligations. Et c’est là une attitude qui se situe aux antipodes de ce que Dieu attend de l’homme.

Imaginez que vous croisez sur votre chemin une chenille en pleine métamorphose qui lutte de toutes ses forces pour s’extraire de son cocon. Pris de pitié pour cette pauvre créature qui peine à émerger à l’air libre, vous décidez de lui donner un petit coup de main en déchirant le cocon de vos propres soins. Vous êtes certains d’avoir fait une grande faveur à cette malheureuse chenille, mais en réalité, vous lui avec causé un dommage irréversible. Car c’est précisément en luttant pour briser son cocon que le futur papillon exercera ses muscles et obtiendra la force nécessaire pour battre ses ailes et s’envoler.

Le Tout-Puissant souhaite que nous exercions nos muscles, que nous fournissions nos propres efforts, et endossions nos responsabilités. Se rabattre sur la prière comme une solution de facilité pour échapper à nos responsabilités va à l’encontre du projet divin. Car cela nous prive de l’opportunité de marcher dans Sa voie en exerçant notre libre arbitre.

En même temps, la prière nous rappelle qu’au bout du compte, tout vient du Tout-Puissant. Elle nous aide à prendre conscience que c’est Dieu qui contrôle notre vie et nous accorde Son plein soutien. Mais la prière n’est appropriée qu’une fois que nous prouvons à Dieu que nous faisons preuve de responsabilité en faisant tout ce qui est de notre ressort pour affronter notre destin. C’est pourquoi Jacob n’eut recours à la prière qu’après avoir mis en place les deux autres stratégies, et c’est aussi pourquoi nous devons nous assurer de faire tout notre possible avant de nous reposer sur la prière pour nous sauver.

Le massacre d’Har Nof nous a fait basculer dans l’insécurité, accentuant notre sentiment de vulnérabilité. Mais nous devons rester forts et fermes. Nous devons prendre toutes les mesures nécessaires, en tant que nation et en tant qu’individus, pour faire face à cette vague de terreur.

Si vous ne vivez pas à Jérusalem, votre participation à l’effort de guerre peut se traduire par un voyage de solidarité en Israël, prouvant ainsi que vous refusez de plier l’échine face au terrorisme. (Tenez, la semaine passée, 400 femmes du monde entier sont venues en Israël pour un voyage de solidarité. Pas une seule n’a annulé son vol.) Et pour finir, nous devons placer notre confiance dans le Tout-Puissant et tourner nos cœurs vers Dieu par des prières sincères, conscients que seul Lui peut nous sauver du danger.

Inspiré d’une conférence du rabbin Noa’h Weinberg et avec l’assistance de mon frère, le rabbin Eric Coopersmith.

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