Foire aux questions

Tout pour plaire... Et toujours célibataire

11/11/2012 | par Jack Botwinik

Comprendre et affronter la crise du célibat involontaire.

À 50 ans, l'âme de Benjamin est en souffrance. Jour après jour, il rencontre des amis plus jeunes que lui qui ont déjà des enfants, voire parfois des petits-enfants. Benjamin se réjouit sincèrement pour eux. Il danse de tout cœur à leurs célébrations. Ses plaintes, il les garde pour D.ieu.

« ll y a des moments où je me sens tellement en colère contre le Ciel, tellement déprimé, confie-t-il. Mon Dieu, Tu m'as donné tellement de talents, mais tu ne me donnes pas l'occasion de m’en servir pour rendre heureuse ma femme ».

Si Benjamin avait des défauts majeurs, sa situation serait plus compréhensible. Mais ce n'est pas le cas.

Bel homme dynamique et plein d’humour, Benjamin est profondément ancré dans la culture et l'identité juives. Depuis ses trente ans, il est devenu pratiquant et ce, à travers son engagement progressif dans le mouvement Aish Ha-Torah.

Benjamin rêve d’inviter ses amis à son mariage et des amis, il en a des tas. Sa nature sociable et sa personnalité très attentionnée lui ont valu une grande popularité au sein de sa communauté. Au fil des années, beaucoup de ses connaissances ont tenté de lui présenter des jeunes filles. Et plus encore se sont étonnés qu'un homme qui a tout pour plaire soit toujours célibataire.  Certains lui reprochent de faire le difficile, mais sa liste d’exigences est courte. Benjamin n’a pas d’attentes déraisonnables sur la vie à deux, et il n'a pas changé de point de vue au cours des dix dernières années.

La situation de Benjamin est déchirante. Malheureusement, il y a des dizaines de milliers de Benjamin dans nos communautés, autant de victimes de cette calamité sociale appelée célibat involontaire qu’il nous faut comprendre et affronter.

La culture de l’illusion

Au tout premier rendez-vous, les filles me font le coup de l’interrogatoire. Puis elles se font leur petite idée sur moi sans prendre la peine de me connaître vraiment.

Une nouvelle philosophie s'est emparée de l’Occident, une philosophie que l’on pourrait appeler l’instantané-isme. Celle-ci vient se greffer à la culture égocentrique du « tout m’est dû » qui prévaut depuis les années 70 et qui explique pourquoi les gens d'aujourd'hui ont moins de patience et moins de tolérance pour les défauts que par le passé. Est-ce les retombées de la restauration rapide, des actualités en temps réel, de  la messagerie instantanée ? Toujours est-il que dans ce contexte de gratification immédiate, nous espérons succomber au coup de foudre tout de suite et nous n’avons pas la patience de fournir les efforts nécessaires pour apprendre à connaître le caractère d'une personne, ses objectifs et ses valeurs. Autant de facteurs sont pourtant les conditions sine qua non d’une relation à long terme réussie.

A la place, nous nous concentrons sur le superficiel ou le transitoire : un tour de taille hollywoodien, des biceps à la James Bond, une excellente situation financière.  Or de telles considérations détournent l’attention de ce qui importe vraiment dans une relation. « Au tout premier rendez-vous, les filles me font le coup de l’interrogatoire. Puis elles se font leur petite idée sur moi sans prendre la peine de me connaître vraiment », déplore Benjamin

Le matérialisme est endémique. Attentes d'une bague de fiançailles au prix exorbitant, visions d'un mariage somptueux et d’une maison luxueuse. Benjamin confie que certaines filles tentent de connaître le montant de sa fiche de paie au cours des 15 premières minutes du rendez-vous. S’il en avait le cran, il aimerait les taquiner : « J’ai un revenu à six chiffres, mais avec une virgule au milieu… »

Parmi les personnes les plus engagées dans la religion, il y a aussi le critère de l’ascendance, une espèce de pression inflexible d’entrer uniquement dans une famille sans tâche, issue d’une lignée prestigieuse. D’après ce critère, il s’avère que si nos patriarches vivaient aujourd'hui, ils seraient restés célibataires : le père d'Abraham était un idolâtre invétéré, Isaac avait un frère arabe extrémiste, et le jumeau de Jacob était un truand… Bon nombre d’entre nous pensons que les gens possèdent une certaine « valeur marchande » calculée à partir d’indices tels la santé, l’apparence, le rang social, le niveau d'éducation, et ainsi de suite. Au moment de choisir notre conjoint, nous comparons cette valeur marchande avec la nôtre, comme s’il s’agissait de faire « la meilleure affaire possible ».

Le seul hic, c’est que les relations interpersonnelles ne fonctionnent pas de cette manière. Que l’amour n’obéit pas aux règles du marché. Et que cette volonté puérile de mesurer les autres à l’aulne de l’avoir plutôt que de l’être peut nous barrer à tout jamais la route de la vie à deux : ce que nous désirons sera impossible à obtenir, et ce que nous pouvons obtenir sera indésirable.

Ne nous faisons pas d’illusion : la perfection n’est pas de ce monde. Et quand bien même ce serait le cas, l’ironie veut que ce soit plutôt l’imperfection qui est garante d’un mariage heureux. Car c’est elle qui laisse de la latitude au travail sur soi, et qui permet à chaque partenaire d'apporter une contribution unique et significative au développement de l'autre. La compatibilité, bien que primordiale, n'est qu'un des facteurs clés d'un mariage heureux, l’autre étant l’effort fourni en permanence par les deux partenaires pour entretenir la flamme.

Ce que nous pouvons faire pour les aider

Il y a beaucoup de choses que l’on peut faire, à titre communautaire ou individuel, afin d'aider ce nombre croissant de célibataires éprouvés à trouver âme sœur.

Les couples mariés doivent s’efforcer de garder contact avec leurs amis célibataires.

Les rabbins recommandent aux fiancés de suivre des cours de préparations au mariage. Pourquoi ne pas élargir l’initiative en organisant des ateliers pré-rencontre pour enseigner aux jeunes ce qu'il faut rechercher chez un conjoint ? Ces ateliers pourraient être proposés dans les écoles secondaires juives, et couvrir les aspects religieux et psychologiques des rencontres. Et que diriez-vous de créer une mini agence matrimoniale dans chaque communauté dont l’objectif serait de répondre aux besoins des célibataires juifs locaux? Mieux encore, de mettre en place des réseaux à l’échelle nationale qui recruteraient des bénévoles, recueilleraient des fonds et aideraient les célibataires à se rencontrer ?

Et puis, chaque communauté devrait penser à organiser des évènements originaux pour les célibataires, comme des débats ou des conférences sympas sur ce qui compte vraiment chez un conjoint potentiel.

Au niveau individuel, les couples mariés devraient faire l’effort de garder contact avec leurs amis célibataires. Certes, vos centres d’intérêt ne sont plus les mêmes, vos responsabilités se sont multipliés, mais un coup de fil de 15 minutes peut remonter le moral de votre copain et renforcer son sentiment d’appartenance à la collectivité. Soutenez-le, conseillez-le et surtout, écoutez-le.

Autre conseil, tenez votre propre carnet de rencontres. Consacrez une colonne pour les hommes éligibles et un autre pour les femmes célibataires que vous connaissez. Notez les numéros de téléphone, la ville de résidence et l'âge (n'oubliez pas de dater les entrées). Précisez quelques détails pertinents : aime sortir, veut vivre en Israël etc. Chaque fois que vous rencontrez ou pensez à de nouveaux célibataires, notez-les dans la colonne appropriée et cherchez dans l'autre colonne une personne potentiellement compatible.

Pensez aussi à inviter des célibataires pour Chabbath ou Yom Tov. Accueillez-les seul pour mieux les connaître, ou avec d’autres couples mariés ou des célibataires pour agrandir leur réseau social. Juste un conseil, évitez les rencontres forcées en invitant un seul représentant de chaque sexe à moins bien sûr de les en avoir prévenus.

Et, last but not least, mentionnez vos amis célibataires dans vos prières. Outre le pouvoir de la prière, cette attention leur garantira une place dans votre cœur et votre esprit, et vous serez naturellement aux aguets quant aux candidats potentiels que vous pourrez leur présenter.

Pour Benjamin, comme pour tant d'autres qui aspirent à construire leur propre foyer, les aiguilles tournent trop vite. Pourtant, il reste positif et optimiste. Ce qui lui donne la force d’avancer, c’est cet espoir : si D.ieu l’a fait patienter si longtemps, c’est qu’Il lui a sûrement prévu une femme exceptionnelle…

Benjamin y met du sien. A nous d’en faire autant.

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