Articles sur le Shabbat

Chabbath et stéthoscope

18/08/2016 | par le Dr Jacob L. Freedman

Pourquoi le chabbath est-il un atout en médecine.

« Avez-vous jamais eu de problèmes pour respecter le chabbath en tant que médecin ? » me demanda mon nouveau collègue à l'hôpital. J’ai dû souvent répondre à cette question pendant mes études en utilisant de nombreuses variantes. Un jour, mon colocataire me demanda : « Comment diable réussiras-tu ton examen d'anatomie lundi si tu n'étudies pas samedi ? »

J'ai eu beaucoup d'expériences intéressantes quant à mon respect du chabbath depuis mes débuts. Alors que j’étais étudiant en troisième année, un chirurgien me toisa d’un air incrédule, un vendredi après-midi, après lui avoir annoncé que je devais rentrer à pied chez moi s’il continuait à me dicter ses notes postopératoires. Une autre fois, l’une de mes collègues d’internat se plaignit qu'il était injuste de me voir chômer le chabbath jusqu’au moment où je lui proposai de la remplacer durant Thanksgiving.

Mon respect du chabbath, qui date de l’année 2005, n’a pas été aussi difficile que je le pensais a priori. La première étape fut la recherche d'un programme d’un internat puis un poste à l'hôpital qui puisse honorer les exigences de mon calendrier. Les entretiens étaient toujours parsemés de quelques blagues éprouvées par le temps. Ma disponibilité 24/6 et la question de savoir exactement à quoi ressembleraient mes jours de vacances durant les 224 prochaines années selon le calendrier juif, restent les perles de ces entretiens. Je me suis lié d’amitié avec des collègues, en acceptant de les remplacer durant les dimanches et tous les 25 décembre et 1er janvier de l’année. En contrepartie, ils acceptaient de venir le vendredi soir et le samedi, ce qui représentait un bon deal.

Je n’ai pourtant jamais vraiment mis au vestiaire ma blouse blanche et mon stéthoscope durant chabbath car je devais souvent assurer des urgences, averti par mon beeper. Je suis rentré plus d’une fois à pied à la maison alors que la nuit était déjà tombée. Il y a également eu des cas où je pouvais redevenir médecin durant un office à la synagogue afin d’aider des gens, comme je l’aurais fait n’importe quel autre jour de la semaine. Car sauver une vie ou soulager quelqu’un annule les interdits du chabbath. En outre, les soins à administrer aux patients ne constituent pas une violation du chabbath pour les médecins ou pour les infirmières.

Observer le chabbath m’a permis de prévenir de nombreux écueils. J’expliquais à l’un de mes amis qui me demandait comment je réussissais à identifier les 3481 parties de l'abdomen humain et du thorax pour notre test d'anatomie, que le fait de se reposer un jour par semaine donnait la force d'étudier laborieusement tous les autres jours. Le chabbath, moment plein de sens et de joies, me permit tout au long de mes études de réussir avec succès d’innombrables examens et de devenir interne à la Harvard Medical School, école de médecine réputée.

Observer le chabbath m’a également évité le syndrome du burnout qui fait des ravages chez mes collègues. Il m’a préservé des heures sup, de l’envie de rédiger des thèses et de suivre des tests de laboratoires.

Grâce au chabbath, je suis resté équilibré et proche de ma famille. En regardant les visages des médecins de garde à l'hôpital le lundi matin, il n’est pas nécessaire d’être un fin psychologue pour comprendre leur désaroi après un week-end surchargé loin de leurs familles. Ils ont l’expression de l'épuisement mental, et l’air d’avoir besoin de toute urgence d’une bonne thérapie contre le surmenage. Durant mes études, l’un de mes amis parvint à battre un record historique en passant 137 jours d’affilée à la bibliothèque !

Il est également intéressant de noter que de récentes recherches prouvent que l'épuisement du médecin provoque des défaillances dans les soins administrés ainsi que des erreurs médicales. Le chabbath est donc également positif pour mes patients.

Le chabbat a été pour moi davantage une aide qu’un obstacle. Il y a plusieurs années, lors d'une randonnée dans le nord d'Israël, je rencontrai un jeune ‘hassid avec qui je ne partageais pas la même langue mais qui profitait comme moi du cadre idyllique dans lequel nous nous trouvions. Durant notre conversation improvisée, il me demanda dans un anglais approximatif, si je « protégeais » le chabbath. A quoi je répondis sans hésitation : « Ce n’est pas moi qui « protège » le chabbath mais bien le chabbath qui me protège.

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