Articles sur le Shabbat

Le chabbath mondial, 25 heures qui ont changé le monde

17/11/2014 | par Simon Apfel

« La vie ne sera plus jamais la même ! »

Les 24 et 25 octobre dernier, le chabbat a été célébré dans le monde entier, comme jamais cela n’avait été fait depuis longtemps. Dans 460 villes – de Los Angeles à Londres, de Melbourne à Moscou, de Buenos Aires à Paris en passant par Berlin, Tel-Aviv et Tokyo, de Manille à Montréal, de Addis-Abeba à Ashkelon, de Sao Paulo à Seattle, de Strasbourg à Johannesburg, les Juifs de tous horizons se sont réunis pour observer le chabbat ensemble.

Le projet du chabbat mondial a été créé en Afrique du Sud en 2013 par le Grand Rabbin Warren Goldstein, en collaboration avec Laurence Horwitz et une équipe talentueuse d’experts en communication et en réseaux sociaux, de gestionnaires de projet, de concepteurs et d’écrivains qui ont assuré l’organisation du projet cette année.

L'initiative a connu un succès remarquable et les témoignages affluent.

À Strasbourg, le chabbath a été organisé par le Rav Szmerla qui raconte :

« Pour la soirée ‘hala, sont 130 participantes de tous milieux qui sont venues et sont toutes reparties en demandant qu'on réorganise un épisode la semaine d’après ! À l'office de vendredi soir, la grande synagogue était archipleine, plus qu'à Kippour, soit plus de 1600 personnes, et l'office sous la conduite du ‘hazan et chanteur de Safed Chmouel Greinemann était féérique, on a chanté et dansé dans toute la synagogue durant l'office ! Quant au concert de havdala de samedi soir donné par le même chanteur, la communauté avait prévu 100 places et ce sont 300 personnes qui sont venues. La salle était comble et l'ambiance extraordinaire. »

À Buenos Aires, même écho enthousiaste : des milliers de familles juives en ont accueilli d'autres qui n’avaient jamais respecté réellement chabbat. Un individu a dressé la liste des personnes de son quartier et a invité tous ceux qui ont des noms de famille juifs. Un autre a déclaré avoir respecté ce chabbat, même s’il n’avait jamais jeûné le jour de Yom Kippour.

Iara Antébi Sacca, un étudiant d'université, a assisté à un dîner de jeunes du centre-ville où s’étaient réunies 100 personnes : « L’énergie était incroyable. Je ne suis jamais allé à un événement où régnait un tel sentiment d’unité. Nous étions si différents les uns des autres, mais il y avait quelque chose de plus grand que nous-mêmes qui nous réunissait ».

De Toronto à São Paulo via Seattle

À Toronto, 400 familles ont passé chabbat ensemble grâce au site web du projet tandis que 1000 autres familles ont été placées au sein de la communauté. « 24 synagogues participaient au projet. Elles avaient organisé des programmes », explique Dena Bensalmon, qui a passé la nuit de vendredi à rencontrer les participants, aux quatre coins de la ville. Elle estime qu'elle a rencontré 3000 personnes durant la nuit.

Une communauté a dressé des tables pour séouda chlichit afin d’accueillir 250 personnes et 1000 sont venus au rendez-vous. Beaucoup de synagogues de la ville ont été littéralement débordées !

Simon Pinto signale le même phénomène à São Paulo au Brésil. Dans l'une des synagogues de la ville, 30 personnes en moyenne assistent généralement à un service de chabbat régulièrement. Ce chabbat-là, elles étaient plus de 700. Or, il y avait 26 autres synagogues à travers la ville impliquées dans le projet du chabbat mondial…

À Montevideo (Uruguay) un service de vendredi soir a été suivi par 450 personnes qui se pressaient dans une synagogue qui peut en accueillir seulement 350. Le Grand Rabbin Ben-Tsion Spitz qui officiait au service avait l'impression de revivre ses premiers jours en tant que conseiller auprès des jeunes NCSY.

« Beaucoup de jeunes expérimentaient leur première Kabbalat chabbat », explique t-il. « Je montrais aux gens comment suivre la prière, en les encourageant à participer et en demandant à ceux qui étaient familiers d’aider les autres. Les chants étaient forts, émouvants, et nous avons même réussi à danser quelques pas dans le couloir étroit où il y avait encore un peu de place. »

Hong Kong Challah BakeLa cuisson des ‘haloth à Honk Kong

À Hong Kong, où des dîners ont été organisés à travers la ville, une famille a marché 16 kilomètres jusqu’à la synagogue. À Rotterdam, aux Pays-Bas, Yehuda Forest qui dirige le Beit ‘Habad local, a rapporté que certains ont marché plus d'une heure pour se rendre à la synagogue le vendredi soir et à nouveau le chabbat matin, tandis que ceux qui habitaient trop loin étaient logés dans des hôtels à proximité.

Daniel Cohen, un étudiant de 19 ans originaire de Seattle, a souhaité organiser le projet du chabbat mondial dans sa ville. Sa motivation était claire. « Une grande partie de la communauté de Seattle vit dans son propre petit monde – personne ne sait vraiment ce que vivent les autres ni ne communique avec eux. Cela semblait être l'occasion idéale pour notre communauté de s’unir sous la bannière de la fierté juive, sous la bannière du chabbat ».

Melbourne Challah BakePréparation des ‘haloth à Melbourne

Des dîners dans la rue, certains regroupant jusqu'à un millier de personnes, ont eu lieu partout dans le monde, dont un dans pratiquement chaque quartier juif, à Johannesburg, à Melbourne et ailleurs. Les participants été assis à une longue table mesurant près d'un demi kilomètre !

Des tentes, des repas en plein air, une ambiance ultra conviviale

Des tentes furent montées dans des jardins privés, des repas organisés dans des salles à manger et des salons vidés pour l’occasion. La famille Hoff de Golders Green à Londres, a accueilli 100 personnes pour le déjeuner dans une grande tente installé dans leur jardin, alors que dans la banlieue voisine de Hendon, la famille Nissim a reçu 150 personnes pour l’ensemble des repas. Simon de Winter à Melbourne a accueilli vendredi 70 amis. Sa seule condition étant qu'ils fassent la marche jusqu’à chez lui.

« Je fus surpris », témoigne t-il. « Ils ne sont pas venus seulement pour le vendredi soir, ils sont revenus pour le déjeuner le lendemain ! »

À Aventura en Floride, Yisrael Abisror avait prévu d’accueillir chez lui 15 invités pour le dîner. Presque du jour au lendemain, les 15 personnes sont devenues 125, et une salle de fêtes, une équipe de restaurateurs, et un groupe de bénévoles de la communauté ont dû être contactés !

Persha Valman à Raanana a organisé un repas du vendredi soir auquel était invité l'ensemble de ses voisins. 60 personnes de « tous horizons » sont venues profiter de l’ambiance.

« Ce fut une merveilleuse soirée gastronomique mais aussi pleine de chants où l’on a appris à se connaître les uns les autres », explique t-il. « Pour la plupart d'entre nous, ce fut la première fois que nous avons pu rencontrer nos voisins ».

À Dallas, Marcy Abadi Rhoads et quatre de ses voisins ont fait du porte-à-porte dans leur quartier, déposer une invitation de chabbat et des bougies, ainsi que des informations sur le « projet chabbath », là où elle trouvait une mezouza.

« Nous avons été ravis de recevoir 28 nouvelles personnes pour les repas ! ».

Une communauté dans le Massachusetts a invité des dizaines de personnes pour vivre le chabbat ensemble.

« Au dîner du vendredi soir, l'atmosphère était merveilleuse grâce aux chants, à la prière, aux bons plats et à aux discours », explique Robbie Kirshner, qui se décrit comme un « Juif pratiquant ».

M. Kirshner explique : « Je suis sorti pour regarder le magnifique ciel étoilé, émerveillé par la création de D.ieu et j’ai réfléchi à tout ce que je avais appris et ressenti au cours des dernières 25 heures. »

Dasi Lefkowitz, une française de la colline de Jérusalem, témoigne qu’elle a passé le chabbat auprès de 12 femmes non-pratiquantes qu'elle n’avait jamais rencontrées avant. Elle a ressenti quelque chose de spécial. « Nous ne sommes pas des étrangers, mais une nation, une famille. Nous avons chanté et dansé jusqu'à minuit ! ».

Elle décrit le troisième repas communautaire le lendemain, au cours duquel des centaines de Juifs pratiquants et non pratiquants se sont réunis. « C’était un peu surréaliste et merveilleux ».

Ailleurs en Israël, à Tel Aviv, des événements inédits ont été organisés, alors qu’à Beit Chemech, après le dîner, on pouvait entendre partout des chants et des danses.

Sydney Havdallah ConcertLe concert de Havdala à Sydney

À Sydney, près de 10.000 Juifs – un quart de la population juive locale – se sont impliqués dans les activités du chabbat mondial. « La banlieue Est de la ville s’est embrasée grâce aux Juifs de tous niveaux d'observance qui se saluaient dans la rue et assistaient aux offices » explique Tuvia Book.

« Une fois le chabbat commencé », s’émerveille Lindy Wertheim, une résidente de Sydney qui respectait son premier chabbat, « nous avons tous goûté au plaisir de ne pas répondre au téléphone et de ne pas être devant la télévision. Il n'y avait rien d'urgent à faire. Je pouvais tout simplement me détendre. J’ai ressenti un lien fort avec D.ieu, un sentiment non seulement de judéité, mais aussi de bonheur spirituel ».

Pour d'autres, comme Joëlle Chandler, les joies étaient variées. « Ce fut la première fois que je me sentais vraiment détendue un samedi. Les tâches ménagères n’étaient plus une excuse pour transgresser chabbat mais chabbat était une bonne raison de ne pas accomplir ces tâches ménagères ! »

Beunos Aires Havdallah ConcertL’immense concert de Havdala à Buenos Aires

En Angleterre, plus de 100 communautés dans 22 villes ont participé au projet. En Israël, des centaines de milliers d'Israéliens laïques se sont joints aux festivités. Que ce soit à Sydney, à Melbourne ou à Johannesburg, à Toronto, à Miami ou à Buenos Aires, tous les chiffres de participation ont été extraordinaires.

Comme Coca Cola, il semble que le projet chabbat ait été présent dans le monde entier. En Angola par exemple : « Nous avons eu plus de 40 Juifs présents à l’office du vendredi soir, pour le Kiddouch et les repas » raconte Elazar Benjamin, un résident de Luanda. À Quito, en Équateur, le projet a rencontré un vif succès. À l'hôtel « Rumipamba de las’ Rosas », à une heure et demie de la ville, 100 personnes se sont réunies (près d’un tiers de la population juive du pays). En Graaff-Reinet dans le désert du Karoo en Afrique du Sud, le seul habitant juif de la ville a rejoint deux compatriotes qui ont passé un chabbat qu’ils ne sont pas prêts d’oublier. Le mercredi, quelqu'un a même écrit des Maldives : « Le pays est petit, composé d'îles, au sud de l'Inde et du Sri Lanka. La population y est à 100% musulmane. Je suppose donc que nous serons probablement les seuls à respecter Chabbat ici ! ». Des Juifs au Cambodge, en Jamaïque, dans les îles Fidji, en Finlande et en Zambie ont signé afin de participer au Chabbat mondial.

Pétrir en famille et avec… des inconnues !

Les soirées « ‘Hala », organisées le jeudi soir avant le grand chabbat ont été des expériences inoubliables.

Durant ces événements extraordinaires, on a vu des femmes de tous âges et de tous niveaux d'observance se rassembler dans les villes à travers le monde pour préparer des ‘haloth, dans la joie et l’allégresse.

Au Miami Beach Convention Center, 4600 femmes ont utilisé 10 000 œufs, 436 kilos de sucre, des centaines de litres d'huile végétale, 115 kilos de sel, 5600 kilos de farine et 154 kilos de levure pour fabriquer environ 9.000 pains.

Buenos Aires a attiré environ 4.500 femmes dans un parc de la ville. Viviana Tarrab, l'une des 300 bénévoles, a vu quatre générations de sa famille « pétrir ensemble ». « La joie était visible sur le visage de toutes les femmes. Ma mère a expliqué à ses nièces, à ses cousines, et même à ses petites-filles comment préparer des ‘haloth », explique-t-elle. « Certaines de mes amies qui n’avaient jamais préparé de pain avaient envie de pleurer…d'excitation ! »

Pendant ce temps, à Londres 3000 femmes étaient au rendez-vous. 800 personnes étaient sur la liste d'attente pour l'événement qui a eu lieu à l'Allianz Park Stadium.

Ailleurs en Europe, à Paris, la soirée a été organisée par un grand chef pâtissier tandis qu’à Anvers, une foule bigarrée de femmes ‘hassidique et non religieuses se pressaient pour préparer leurs ‘haloth.

L’événement a eu lieu dans des dizaines de villes à travers toute l’Amérique (du nord au Sud) et notamment à Toronto, à San Diego, et à Mexico (chacun comptant 2500 participantes).

Peut-être l'événement le plus extraordinaire a eu lieu au Monument commémoratif de la guerre à Johannesburg, où plus de 3000 des 5000 femmes ont bravé une pluie torrentielle pour préparer les ‘haloth. Nombre d’entre elles sont restés pour danser et chanter ensemble tard dans la soirée.

Finir en beauté

Le projet du chabbat mondial a commencé en trombe et a fini en feux d’artifice. À la sortie des étoiles, le 25 Octobre, des scènes de joie ont éclaté à travers le monde. Les gens ont donné libre cours à leurs sentiments grâce au chant et à la danse durant les concerts de Havdala organisés pour l’occasion. Ce fut le motsé chabbat le plus exaltant de l'année pour les musiciens juifs et le public. Les Maccabeats ont donné un concert à San Diego couvert par la télévision locale. Le musicien israélien Gad Elbaz et le chanteur folk Shlomo Katz ont joué devant 1800 personnes à Toronto. Eitan Katz (le frère de Shlomo) s’est rendu aux festivités du chabbat projet à Dallas (parcourant en un temps record une distance record !) en donnant un concert au Metroplex. Pendant ce temps, Soul Farm a enflammé le Manhattan Beach et, au Royaume-Uni, Alex Clare a rejoint le groupe moshav à un concert en plein air à Johannesburg.

À Melbourne et à Buenos Aires, les concerts les plus impressionnants ont été donnés. Dans la capitale argentine, organisé avec l'aide du gouvernement et retransmis en direct à la télévision nationale, le concert a attiré pas moins de 13.000 personnes dans un parc de la ville jouxtant le planétarium.

De l’autre côté de l’océan, à Melbourne, quelque 10.000 personnes se sont rassemblées au Caulfield Park, pour l'un des plus grands événements juifs de l'histoire de la ville.

« Nous étions sous les étoiles, en chantant avec le groupe, fasciné par les feux d'artifice », raconte Kennard. « Mais ce ne fut pas seulement un divertissement qui nous unissait dans la joie. Nous avons eu conscience que nous faisions partie de quelque chose de formidable, et nous avons découvert que la vie ne serait plus jamais la même. Nous avons respecté un chabbat ensemble. »

Bien qu’il ne soit pas chomer chabbat, De Winter a été passionné par le projet dès qu’il a entendu parler de l'idée.

« Il est difficile de décrire ce qui s’est passé ici ! » s’exclame t-il, « c’était tout simplement fabuleux. L'impact a été profond et la ville a changé. »

Ali Martell, une célèbre écrivain-photographe de Toronto, a redécouvert chabbat après l’avoir observé pour la première fois depuis des années.

« Quelque chose d'intéressant se passe quand vos enfants jouent un jeu réel à la place d’un jeu virtuel. Quelque chose d'intéressant se passe quand vous vous asseyez sur le canapé avec une couverture, un livre, un peu de thé et que vous ne pouvez pas utiliser votre télécommande pour regarder une émission culte. Quelque chose d'intéressant se passe également quand vous vous asseyez à une table pour déjeuner avec des amis et avoir une vraie discussion, puisque vous ne pouvez pas utiliser vos téléphones, ni d’ailleurs Instagram. De plus, vous ne pouvez pas prendre un appel rapide pour le travail, ni ne pouvez regarder la vidéo d’un mignon panda que tout le monde partage sur Facebook ».

Martel avait été contacté pour immortaliser la magie de la cuisson des ‘haloth à Toronto et de Havdala Concert.

« Et entre ces deux événements plein d’une énergie magnifique », explique-t-elle, « je me suis arrêtée, reposée, j’ai éteint mes appareils, et j’ai continué chabbat. Ce n’était pas la première fois. Mais c’était une grande première quand même car c’est la première foi que j’ai réalisé profondément sa signification. C’est un chabbat qui restera inscrit en moi. »

Comme pour beaucoup d’autres…

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