Articles sur le Shabbat

Pourquoi le chiffre sept est-il saint ?

06/02/2013 | par rabbin Benjamin Blech

Le Chabbat, nous mettons le monde à l'écart pour nous mettre à l’écoute de notre âme.

Fermez les yeux et imaginez…

Votre portable est éteint pendant vingt-quatre heures. Personne ne peut vous importuner – ni courtier en assurance ni percepteur d’impôts, ni agent de sondage ni chasseur de tête. Vous êtes tout simplement injoignable, pour la simple et bonne raison que vous allez enfin vous consacrer à la personne la plus ignorée de votre existence : vous-même.

Tout bon observateur de notre société contemporaine vous fera remarquer que nous sommes tout bonnement trop occupés pour traduire ce rêve en réalité – trop occupés pour penser, trop occupés pour ce travail d’introspection, trop occupés pour nous interroger sur la direction prise par nos vies, emportés comme nous le sommes par le torrent quotidien des rendez-vous, des réunions et des obligations qui occupent la majeure partie de notre existence.

Ne souhaiteriez-vous pas fermer boutique pour une journée, peut-être une fois par semaine, et déclarer – pour reprendre les mots du titre de la fameuse pièce de théâtre : « Arrêtez le monde, je voudrais descendre ».

Il y a quelques années, Norman Mailer se présenta à la Mairie de New York. L’un des points les plus intrigants de son programme, et je ne plaisante pas, était l’idée qu’un jour par semaine, tout le monde éteigne son portable, sa télé et sa radio, oublie les centres commerciaux ou les salles de cinéma, et apprenne simplement à méditer et à se familiariser à nouveau avec la nature, avec sa famille et ses propres sentiments.

Le Chabbat est fait pour nous, pas pour Lui. Et ce n’est pas une simple loi, c’est une véritable bouée de sauvetage.

Eh bien, devinez quoi ? Mailer a perdu, mais son idée était tellement gagnante qu’elle fut approuvée par nul autre que D.ieu. La seule différence est qu’il ne s’agissait pas d’une suggestion pour D.ieu ; Il en a fait un commandement. En réalité, c’est l’un des Dix principes fondamentaux inscrits sur les Tables de pierre, des principes de base destinés à assurer la survie humaine. Il y a pratiquement 4000 ans, D.ieu a appelé ce plan Chabbat – le Sabbat – et ceux qui ont pris au sérieux cette recommandation divine ont bénéficié de ses bienfaits spirituels depuis lors. 

J’ai toujours été étonné de constater que nombreux sont ceux qui pensent qu’en observant les préceptes bibliques, ils rendent un service à D.ieu. Faites-moi confiance. D.ieu ne retire aucun bénéfice de notre respect du commandement : « Souvenez-vous du jour du Chabbat pour le sanctifier. » Cette idée, A’had Haam, le grand essayiste et philosophe juif du siècle dernier, l’a reprise dans son célèbre épigramme : « Plus qu’Israël a gardé le Chabbat, le Chabbat a gardé Israël. » Le Chabbat est fait pour nous, pas pour Lui. Et ce n’est pas une simple loi, c’est une véritable bouée de sauvetage.

La mystique juive nous fournit une explication remarquable sur la raison pour laquelle le Chabbat tombe précisément le septième jour de la semaine. Les êtres humains sont limités par six directions : les quatre côtés qui nous entourent horizontalement – est, ouest, nord et sud – et les deux directions verticales, en haut et en bas. Ces six directions représentent notre existence quotidienne. Elles circonscrivent tous nos mouvements dans la sphère matérielle. Mais bien entendu, il y a une septième dimension. Elle déplace notre centre d’attention sur nous-mêmes. Elle nous tourne vers l’intérieur pour communier avec notre être réel. Nous délaissons le monde pour nous mettre à nouveau à l’écoute de notre propre âme. Le nombre sept n’est pas qu’un chiffre porte-bonheur (je me demande bien qui l’a décidé), il contient également une sainteté. C’est ce que le septième jour de chaque semaine vise à nous rappeler : nous sommes créés à l’image de D.ieu, et si nous prenons simplement le temps de tenir compte de cette partie spirituelle de nous-mêmes, nous comprendrons le lien qui nous unit avec elle.

L’un des éléments les moins appréciés de la valeur éternelle de la Bible est le commandement du Chabbat. De par le monde et à travers les temps, presque toute société – depuis la plus laïque jusqu’aux disciples des principales religions – a suivi le cycle de sept jours pour décrire le passage du temps. Dans la France napoléonienne, après la Révolution, une tentative fut lancée pour établir une « semaine » de dix jours, comprenant neuf jours de travail suivi par un jour de repos. Cette initiative fut abandonnée sans délai. Elle allait simplement « contre la nature humaine », car la nature humaine, semble-t-il, est destinée aux lois décrétées par le Créateur.

Les êtres humains ont impérieusement besoin d’un jour sur sept pour imiter ce que D.ieu Lui-même fit lorsqu’Il créa le monde. En six jours, Il le créa, et le septième, Il se reposa. Ce n’est pas parce qu’Il était fatigué. Il ne s’était pas vraiment donné du mal en prononçant les termes : « Que ce soit… » pour tout créer. Ce qu’Il fit, c’est de mettre un terme à la création afin d’évaluer ce qu’Il avait déjà créé.

A l’instar de Dieu, notre capacité de créativité nous emplit de fierté. Mais que dire si nos efforts ne produisent pas de meilleur résultat que le scientifique dément qui parvint à fabriquer le monstre de Frankenstein ? Et n’est-ce pas la métaphore parfaite d’une réussite scientifique qui ignore ses conséquences morales ? En quoi notre créativité est-elle une réussite si nous fabriquons des armes de destruction massive, si nous créons une culture qui engendre la violence, si nous érigeons des monuments pour notre arrogance, notre inexorabilité et notre stupidité ? Qu’en est-il si nous passons notre vie à lutter à chaque instant pour amasser davantage afin d’accéder au prix absurde promis par le slogan : « Celui qui meurt avec le plus de jouets est le gagnant » ?

Oui, à l’image de D.ieu, notre obligation est de créer, d’être productif, d’être occupé – mais uniquement pour six jours de la semaine. Le septième jour, nous le devons à nous-mêmes pour passer en revue ce que nous avons accompli au niveau spirituel pour notre âme. C’est le seul moyen de pouvoir, comme D.ieu, réfléchir à tout ce que nous avons fait et déclarer : « Et voici, c’était très bien. »

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