Articles sur le Shabbat

Sous la glace, la lumière

20/11/2014 | par Leah Abramowitz d’après Rabbi Nachman Kahane

Comemnt Eliezer Nanas, grâce au chabbath, réussit à briser la glace du goulag sibérien.

À cette époque, je travaillais au ministère des cultes où j’occupais le poste d'assistante du ministre. Un jour, un responsable est venu me voir et m’a dit : «Venez dans mon bureau, s’il vous plait. Il y a un homme ici que vous vous devez de rencontrer. » Nous nous sommes rendus dans le bureau adjacent et nous avons salué un homme âgé, légèrement courbé qui avait fait son aliya de Russie seulement deux jours auparavant. Son nom était Eliezer Nanas.

Il était alors très difficile de sortir d’URSS. La guerre froide était à son paroxysme et le départ des Juifs étaient sévèrement réglementé. Pourtant, ce Juif religieux avait réussi à franchir le rideau de fer. Son histoire était fascinante. Nous découvrîmes qu’il avait toujours observé les mitsvoth, même quand il était presque impossible de le faire tout en vivant à Moscou. Il avait finalement été arrêté à cause du « crime » d’avoir créer un ‘heder pour enseigner le judaïsme à des jeunes dont les parents étaient prêts à prendre le risque.

Il fut envoyé en Sibérie pendant dix ans, une destination qui était synonyme de peine de mort pour la plupart des prisonniers. Après le long et pénible voyage, Eliezer arriva au camp de travail et fut jeté dans la petite hutte où il n'y avait rien d’autre qu’un lit, entourée de vastes étendues vides éternellement enneigées. La nourriture qu'il recevait était à peine suffisante pour lui permettre de rester en vie dans le froid extrême, dans une Sibérie ou l'apport calorique faisait toute la différence entre rester en bonne santé et en vie ou succomber.

Un garde entra bientôt dans la hutte pour informer Eliezer qu'il avait été affecté au travail relativement facile de peintre en bâtiment. On lui remit une échelle, un pinceau, un seau et on l’envoya peindre différents domaines de l'immense camp. La misère, le froid et le désespoir régnaient partout en maître. Pourtant, Eliezer se fit des amis et encouragea ces frères juifs à garder espoir. Cependant, après quelques jours, il ne se présenta pas sur son lieu de travail. Un garde en colère vint le chercher. « Que se passe-t-il ? » demanda-t-il au Juif. «Pourquoi ne viens-tu pas travailler ? »

« C’est aujourd'hui chabbat », répondit Eliezer. « Nous ne travaillons durant ce jour ».

« Haha ! » s’exclama le garde. « Nous avons déjà eu affaire à des types comme toi dans le passé. Nous savons très bien comment s’occuper de vous. Nous te donnerons simplement moins de nourriture jusqu'à ce que tu sois prêt à obéir aux ordres ! », dit-il en claquant la porte. Eliezer retourna au travail le dimanche, mais il reçut moins de nourriture et commença à se sentir de plus en plus faible.

Un jour, il fut appelé pour peindre la maison du commandant du camp. La femme du commandant lui parla poliment et Eliezer sentit tout de suite qu’elle était juive elle-même. Il lui adressa quelques mots en yiddish afin de vérifier ses soupçons et établir un contact. Ils commencèrent à parler en même temps qu’il peignait. Il raconta son expérience et elle vit qu’Eliezer n’était pas un criminel, mais une personne spirituelle peu commune qui possédait un niveau intellectuel élevé. Elle apprit également que ses rations de nourriture avaient été réduites comme punition.

Cette nuit-là, la femme du commandant décida de s’adresser à son mari (qui était aussi Juif, mais le niait depuis toujours). Elle lui demanda d'intervenir pour aider le peintre afin de rétablir ses rations de nourriture. « Ne t’immisce pas dans les affaires du camp » fut la réponse qu’elle reçut.

Leur fille de 16 ans se tenait dans la pièce attenante et entendit la discussion. « Tu iras au Guehinom (en enfer) ! » répondit sa femme.

« Qu’est-ce que le Guehinom? » demanda la fille, curieuse.

« Peu importe » répondit sa mère. « Cela n'a rien à voir avec toi ».

« Mais je veux savoir ! » insista la jeune fille. Elle argumenta jusqu'à ce que sa mère lui explique finalement le peu qu'elle savait. « Les Juifs de l’ancien temps croyaient que lorsqu’on quitte cette terre on avait deux destinations possibles : soit le Gan Eden (le jardin d'Eden) ou le Guehinom (l'enfer) en fonction de la façon où l’on avait agi dans le monde. Mais cela n'a rien à faire avec nous. Oublies tout ça ! »

Peu de temps après, le garde entra dans la hutte d’Eliezer et lui dit « Vous avez un visiteur ».

« Qui peut me rendre visite en Sibérie ? » pensa Eliezer, surpris. Même sa famille n’avait jamais été en mesure de faire le voyage. Il vit alors une jeune fille qu’il identifia comme la fille du commandant. Ils se regardèrent pendant plusieurs minutes, chacun se demandant quoi dire.

Enfin la jeune fille demanda : « Si je vous aide, accepteriez-vous de me donner la moitié de votre Gan Eden ? »

Eliezer fut pris de court. Il l’observa, vit sa sincérité et sa foi naïve et lui répondit : « Oui, je vous donnerai la moitié de mon Gan Eden ».

Ce fut la fin de cette conversation très courte et plutôt étrange. Eliezer reçut à partir de ce jour des rations normales et continua à rester dans sa hutte le jour du sabbat.

Après plusieurs semaines, la fille revint lui rendre visite. Cette fois, elle rayonnait. « Ne le dites à personne encore, mais vous allez être libéré. Ils vont vous renvoyer à Moscou ! Souvenez-vous que nous avons fait un pacte » rappela-t-elle au Juif. « Vous me donnerez la moitié de votre part au monde futur ! »

« Oui, bien sûr, mais je ne pense pas que vous en ayez besoin » dit finalement Eliezer. « Vous méritez une part complète au Gan Eden, qui est votre bien propre ! »

Eliezer Nanas fit son aliya en Israël peu de temps après et put faire venir sa famille en après plusieurs mois. Il raconta ses expériences dans un livre intitulé « Subbota » sous le pseudonyme « Avraham Netzach ». Subbota, le mot russe qui désigne le chabbat, était devenu son surnom en prison à cause de son engagement total même dans les situations les plus extrêmes. Il vécut à Jérusalem pour le reste de sa vie. Une rue d’un faubourg de Jérusalem à Ramat Shlomo porte son nom.

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