Les 48 Voies de la Sagesse

Voie n°2 : L'art de l'écoute

04/07/2011 | par Noa'h Weinberg

Savoir écouter n'est pas simple.

Il vous est certainement arrivé de participer à une conversation où vous ne parveniez pas à faire entendre votre point de vue ? A bout de nerfs, vous avez peut-être crié : " Mais enfin, vous ne comprenez rien ? Vous êtes bouché! ". Mais vous-même, n'êtes-vous jamais dans le rôle de l'interlocuteur obtus ?

Vous vous croyez attentif mais votre esprit est ailleurs. Alors rappelez-vous: avant d'approuver ou de réfuter une idée, avant d'émettre une opinion ou de vous emporter, assurez-vous d'être objectif. Sans quoi, ce que vous exprimerez sera de l'ordre de l'émotionnel et non pas une opinion. Shémi’a béozen signifie littéralement " écouter avec ses oreilles " Dans la Torah, le mot shéma (comme dans Shéma Israël) indique toujours un dégré d'écoute supérieur, fait de concentration, d'attention, de compréhension et de mise en pratique.

Une écoute réelle nécessite de :

  • Comprendre les mots.
  • Comprendre le message.
  • Le mettre en application.
     

S'entendre sur le sens des mots. 

Vous êtes un bafoostik !

J’ai rencontré un jour un touriste qui visitait Israël pour la première fois. L'air déçu, il me dit : " Je me demande bien pourquoi on appelle ça la Terre sainte. J'ai voyagé du nord au sud, de Jérusalem à Massada, je n'ai rien vu de saint. " Je lui répondis : " Ah ! Vous êtes un bafoostik ! (mot que j'inventai) " " Ça veut dire quoi, je ne comprends pas ? " " Et saint, ça veut dire quoi ? Des petits anges auréolés qui battent des ailes? "

C'est souvent comme ça, nous nous servons de concepts que nous ne comprenons pas vraiment. Or, sans définitions claires, aucune réflexion ne peut s'élaborer.
" Etes-vous quelqu'un de bien ? "
" Bien sûr ! Pour qui me prenez-vous ? "
" Alors dites moi, c’est quoi la définition de bien ? "

Pour pouvoir s'auto-évaluer, il faut plus que de vagues notions, il faut des concepts précis. Sans quoi on peut faire n'importe quoi et s'estimer bon. Hitler n'avait-il pas le sentiment d'agir pour le bien, en voulant éliminer les Juifs de la surface du globe ?
C'est donc relativement à  la notion objective du bien qu'on doit se positionner. Evidemment, il est toujours possible de tricher, mais plus la définition est claire, moins c'est aisé.

Le jeu du JE TU IL. 

A ce stade, il devrait se rendre compte tout seul qu’il se comporte comme un fou

Il existe dans le programme des 48 voies un jeu appelé le JE TU IL, basé sur le principe que nous utilisons trois échelles différentes pour qualifier les personnes: quand il s'agit de nous-mêmes, nous ne craignons pas de faire un portrait plus que flatteur; quand il s'agit de personnes à qui nous devons des égards, nous employons le gris; enfin, aux absents, aux sans-défense, nous réservons le noir.
Ça donne donc : JE suis blanc - TU es gris - IL est noir. 

Pour mieux comprendre, voici un exemple concret : vous êtes passager dans une voiture qui descend une route de montagne à 130 km/h. Crispé de peur et cramponné à votre fauteuil, vous faites observer au conducteur qu'il est peut-être un brin téméraire. Il vous répond : " Moi, téméraire ? Je suis tout simplement courageux. Je n'ai peur de rien ! " Je suppose que si vous survivez pour raconter votre aventure, vous direz du conducteur « C’est un fou ! »
Nous avons donc ici les trois points de vue : JE suis courageux - TU es téméraire - IL est fou.
Mais de ces portraits, lequel est le vrai ? Grâce à des définitions objectives, nous pourrons évaluer la situation sans l'interférence des émotions.

A. Courage : Prendre un risque nécessaire. Ex. Se jeter dans un bâtiment en flammes pour sauver des enfants.
B. Témérité : Prendre un risque non nécessaire, mais dans un but noble. Ex. Se jeter dans les flammes pour sauver des enfants, mais sans équipement approprié.
C. Folie : Prendre des risques non nécessaires, dans un but inutile. Ex. Se jeter dans un bâtiment en flammes pour voir tomber les poutres embrasées.

Maintenant, rejouons la séquence : Vous êtes sur une route de montagne… Vous dites au conducteur : " Pourquoi risquons-nous notre vie ? Y a-t-il une utilité  à cela ? " Logiquement, à ce stade, il devrait se rendre compte tout seul qu’il se comporte comme un fou.
C’est cela la manière intellectuelle d'aborder les problèmes. Se servir de sa réflexion plutôt que de se laisser mener par ses sentiments, méthode qui vous condamne au modèle : " Je suis courageux - Il est fou". 

Vous croyez en la Tolérance. Qu'est-ce que ça signifie ?

Pour être sûr d'avoir des définitions justes, commencez par le début. Prenez d'abord les concepts les plus communs et les plus fondamentaux. N'employez un mot que lorsque vous êtes sûr de sa définition. Vous serez surpris de constater combien de fausses idées vous aviez sur la question et comment elles ont orienté votre vie. Vous croyez en la Tolérance. Qu'est-ce que ça signifie ? Vous croyez en la Justice, en la Vérité, en l'Amour, en la Liberté, en l'Egalité? Demandez-vous : Que signifient réellement ces notions ? Si ce sont pour vous des principes auxquels vous tenez, alors mieux vaut en avoir des définitions claires. 

Prenons l'exemple du libre arbitre. Le Judaïsme nous enseigne que le libre arbitre est le choix entre ce qu'on "veut" faire et ce qu'on a "envie" de faire. Par exemple, si on a froissé quelqu'un, on veut lui demander pardon, parce qu'on sait que c'est la meilleure chose à faire. Mais on n'a pas envie, parce que c'est désagréable. 

" Je ne cherche pas à être grand. Je me contente d'être moyen. "

C'est ainsi la plupart du temps. On ne choisit pas sciemment de faire le mal. On ne se dit pas : " Je veux être mauvais et faire souffrir. " On choisit le mal parce qu'il est la solution la moins pénible, du moins dans l'immédiat, à une situation délicate. On fait ce qu'on a envie de faire par facilité. 

Mettez en pratique cette définition du libre arbitre. Vous voulez vous parfaire ? Bien sûr ! Mais vous n'avez pas envie de faire l'effort. Vous remettez, vous éludez, vous vous dérobez.

" Je ne cherche pas à  être grand. Je me contente d'être moyen. "
" Ah bon ? Vous aimez la médiocrité ? "
" Mais pas du tout ! Je veux progresser… mais ce n’est pas pressé… pas tout de suite. "
" Pourquoi pas tout de suite ? "
" Parce que je n’ai pas envie. "

Vous avez des buts. Vous savez que vous êtes capable d'y parvenir, mais ça vous paraît difficile ? Alors prenez la décision maintenant et rien ne pourra vous arrêter. C'est cela, exercer son libre arbitre. 

On peut polémiquer des heures sans savoir vraiment sur quoi.

Parfois on ne fait pas attention. On peut polémiquer des heures sans savoir vraiment sur quoi.
Beth Hillel et Beth Chammaï  sont souvent cités dans le Talmud pour leurs divergences sur la plupart des sujets et leurs conceptions très éloignées. Beth Hillel disait, par exemple, que l'on devait allumer une lumière supplémentaire chaque soir de 'Hanouka, alors que Beth Chammaï pensait qu'il fallait allumer les huit flammes le premier soir et aller en diminuant les soirs suivants. Diamétralement opposés…
La loi juive a finalement suivi Beth Hillel. Pourquoi ? Parce que dans tout désaccord, Beth Hillel présentait la position de Beth Chammaï avant la sienne, ce qui fait que la position de Beth Hillel était considérée plus objective car reflétant une réalité située à mi-chemin entre les deux opinions. 

Le désaccord ne se situe pas où vous le pensiez

Dorénavant dans une discussion, mettez les choses à plat. Ne tenez rien pour évident. Décryptez le message qui se cache derrière le message. Vous constaterez très souvent que le désaccord ne se situe pas où vous le pensiez. Peut-être qu'au fond, ce que votre interlocuteur exprime c'est : " Il n'a pas de respect pour moi. " ou " Il ne fait même pas attention à moi. " Décodez les mots. Demandez-vous : " Que veut-elle dire ? Que cherche-t-elle ? Laissez toujours l'autre aller jusqu'au bout de sa pensée. Ecoutez-le attentivement au lieu de préparer votre réponse. En posant des questions, vous découvrirez sans doute un contenu plus profond. Et pour être sûr que vous parlez bien de la même chose, demandez : " Est-ce que tu veux dire que… ? Dis-moi si j'ai bien compris. " Lorsque vous pensez avoir saisi l'idée, essayez de la formuler à votre manière. 

Fabriquer votre propre exemple pour illustrer l'idée vous permet également de l'approfondir. Cela peut être un bon moyen de vérifier que vous comprenez le message, tout en vous aidant à l'intégrer et à le mémoriser.

Ne faites pas le zombie! 

Il se plonge des heures dans son journal et puis… Pouf ! Plus rien. Il n'a rien retenu

La paresse est un boulet. Toutes les créatures animales utilisent leurs caractéristiques naturelles (ailes, bec, griffes, etc.) de manière efficace. L'homme lui, ne fait pas toujours un usage très optimal de ce qui le singularise : son cerveau. Il est même capable de se donner beaucoup de mal pour ne pas s'en servir. Par exemple, il se plonge des heures dans son journal et puis… Pouf ! Plus rien. Il n'a rien retenu.
La solution, c'est de se mettre en mode "définition". Prenez l'habitude d'analyser ce qui se passe autour de vous. Toute activité mérite que l'on s'y investisse. Lire le journal ou un roman, discuter, regarder un film, voyager, tout peut être enrichissant.

" La clarté ou la mort "

Fixez-vous un but à l'avance. Quand vous l'avez atteint, faites le bilan de ce que vous avez appris. Sans cela vous resterez toujours dans un flou intellectuel. Comme ces personnes qu’on vient de licencier et qui disent avoir beaucoup appris: " Maintenant je sais qu'on ne peut pas faire confiance aux patrons" ou " Je suis incapable de réussir " ou encore " Le monde des affaires est pourri, etc… "
Ce n’est pas ce qu’elles devaient en retirer. Ce qu’elles devaient en retirer, c’est l’importance de réfléchir aux moyens de réussir dans une carrière avant de postuler pour un emploi. 

Le Judaïsme va bien plus loin : " La clarté ou la mort " La mort est l'absence totale de conscience, donc une conscience partielle est une mort partielle. Si on ne sait pas pourquoi on vit, ce qu’on veut, ce qui nous plait, alors on vit comme un zombie. C’est pourquoi nous avons besoins de definitions. Elles sont la clarté, donc la vie.

La sagesse de la Torah

Avoir des notions claires est particulièrement important dans le domaine de la Torah. A première vue, la Torah peut paraître simpliste, pourtant nous savons par tradition que les concepts les plus profonds y sont enfouis, sous forme de messages simples où chaque mot est soigneusement choisi. 

Nous devons comprendre le Tout-Puissant quand il s’adresse à nous

. La Torah, c'est D. et c'est l'Eternité. C’est un domaine où l’on ne peut se permettre la moindre erreur, car se serait une erreur définitive. C'est comme envoyer une fusée dans la lune, et manquer l'objectif à cause d'une infime erreur de calcul. La fusée se perdra dans l'espace. Prenons un exemple. La Torah nous fait le commandement de savoir qu'il y a un D. Or, qu'est-ce qu'un commandement ? Que signifie savoir ? Qui est D. ? Définissez ces notions pour pouvoir pénétrer le message et découvrir d'autres notions aussi essentielles pour votre vie. Bref, décodez. 

Sans définitions, on peut facilement se persuader qu'on est quelqu'un de bien

La dernière étape, tout aussi primordiale, sera de vous demander : " Et maintenant que j'ai compris cela, qu'est-ce que j'en fais ? Pourquoi une écoute réelle est-elle un facteur de sagesse ? Ecouter commence toujours par se taire. Ayez toujours une approche objective de la situation, particulièrement quand vous êtes émotionnellement impliqué. Ne tombez pas dans le piège du JE-TU-IL. Rappelez-vous que sans définitions, on peut facilement se persuader qu'on est quelqu'un de bien. Vous n'avez pas envie d'être un bafoostik. 

La Torah renferme des outils de vie très performants. Tâchez toujours de comprendre en profondeur. Il ne sert à rien d'argumenter si vous ne savez pas précisément sur quoi vous argumentez. Il ne sert à rien d'apprendre si vous ne retenez rien de la leçon. Il ne sert à rien d'agir si vous ne savez pas ce que vous voulez obtenir.

Si vous suivez cette ligne de conduite, vous deviendrez riche !

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