Les 48 Voies de la Sagesse

Voie n°23 : Un bon coeur

26/10/2011 | par Noa'h Weinberg

Aller dans le sens du bien ou choisir son seul intérêt, c’est la difficulté du combat qui oppose les deux penchants de l’être humain.

On voudrait tous être bon, mais ça n’est pas si évident. Prenez un gentil et un méchant et demandez-leur s’ils se trouvent bons. Vous vous apercevrez que celui qui répond oui n’est pas celui que vous pensiez. Le méchant qui frapperait sa propre mère pour obtenir ce qu’il veut se perçoit comme bon car il a une logique bien à lui : « Si je l’ai un peu frappée c’est parce qu’elle voulait que je descende la poubelle, et moi je voulais pas parce qu’après la poubelle ce serait autre chose ! »

Le gentil est moins sûr de lui. Il a descendu la poubelle mais se reproche d’avoir maugréé auparavant : « D’une certaine manière, j’ai fait du mal à ma mère. J’étais en train de lire, j’ai râlé pour l’embêter et pour ne plus qu’elle me le demande. »

Comme vous le voyez, le premier pense avoir raison. Etant donné qu’il ne cherche pas à être bon, la lutte entre bien et mal n’existe pas chez lui et donc il s’estime bon. Par contre, le second aspire à être bon, sait que cela demande des efforts et lutte pour y arriver.

Il existe une autre catégorie d’individus appelés tsadikim (êtres justes) qui non seulement descendent la poubelle mais disent : « Avec plaisir, maman. Tu travailles dur pour nous. Merci de me donner l’occasion de te montrer ma reconnaissance. »  

ENTRE DESIR ET VOLONTE 

La lutte pour le bien oppose deux penchants antagonistes dans l’homme. Un peu comme si on possédait deux cœurs : l’un attiré par le bien, l’autre par la satisfaction purement personnelle. C’est en prenant conscience de ce duel que l’on arrive à se conduire bélev tov, c’est à dire en privilégiant le côté bon. Voici quelques exemples de cette lutte au quotidien : 
 
• Vous voudriez utiliser votre temps efficacement mais vous aimez bien traîner. 
• Vous voudriez manger sain, mais vous adorez les gâteaux et les bonbons. 
• Vous voudriez acquérir de la sagesse, mais vous êtes un drogué de télé.

La volonté s’inscrit dans la permanence et l’envie dans le momentané. Le vouloir est dans le réel, alors que l’envie se moque des conséquences et fait dans la surenchère. L’âme par nature tend vers l’amour des autres, la justice, la générosité, la droiture, la raison, le devoir, car elle a un potentiel à concrétiser. Le corps, qui est voué à disparaître, aspire au plaisir de l’instant. Il recherche le plaisir de la nourriture, du sommeil, etc. Autrement dit, lorsque votre cœur animé par le bien vous dit que c’est mal de refuser de descendre la poubelle, votre cœur animé par le désir, vous chuchote de rester au chaud avec votre bouquin. Je suppose, qu’en lisant ces lignes vous vous dites : « Retiens bien ça. Ca va t’aider à t’améliorer. » Mais votre cœur/corps contre-attaque en susurrant : « C’est trop d’effort et de concentration. Laisse tomber. »

Devant chaque décision les deux cœurs entrent en conflit et génèrent un dilemme. Pour s’en sortir, il suffit de suivre sa tendance naturelle au bien. Si vous intégrez bien cela, les résultats ne se feront pas attendre : vos décisions seront plus réfléchies et pertinentes. 

DISTINGUER ENTRE LES DEUX CŒURS. 

Il n’est pas toujours aisé de distinguer lequel des deux cœurs s’exprime. Livrez-vous à une petite expérience. Demandez à une personne ce qui, de l’argent ou du bonheur importe le plus elle. En principe, elle répondra : « Le bonheur bien sûr, mais évidemment, il faut d’abord un toit, de quoi manger et se vêtir. Ensuite, cap sur le bonheur ! » Après tout elle a raison, personne ne souhaite être riche et malheureux.

Proposez alors : « Donne-moi une semaine pour te montrer le bonheur. » La réponse est moins empressée : « Ouais! Pas mal… je verrai. » Proposez alors : « Bon, si d’ici un mois tu as accru ton capital de bonheur, je t’offre 10 000 Euros ». Là, la réaction est nettement plus enthousiaste. Pourquoi ? Parce que même si la conviction que le bonheur prime provient du profond de l’âme, le physique prend le dessus, sensible qu’il est aux billets de banque.

Les désirs finissent par brouiller le jugement. Le matériel est si attirant qu’il nous persuade qu’il est ce à quoi nous aspirons. Faute de distinguer entre ses aspirations et ses envies et de cerner laquelle des deux forces prédomine en soi, on risque de ne jamais parvenir à ses objectifs. Devant un dilemme, posez-vous deux questions simples : « Qu’est-ce que je veux faire ! » par opposition à « Qu’est-ce que je suis tentée de faire ? » Il est à peu près certain que ce qu’il convient de faire est ce que votre volonté vous suggère. Ce que vous avez l’envie de faire est seulement ce qui vous arrange ou vous est agréable.

Quand votre réveil sonne, votre intention est de vous lever. En même temps, vous aimeriez bien appuyer sur le bouton et vous rendormir. Chaque matin, recommence cette lutte horrible où sortir du lit devient un véritable enjeu moral. Votre victoire dépend de la voix que vous écouterez. Une fois que vous êtes conscient de ce conflit et de la nécessité de lutter, vous êtes forcément plus attentif à la voix de la volonté et capable de résister à celle du désir égoïste. 

DEFINIR LE BIEN 

Définir le bien est au commencement de toute chose. Il est évident qu’on ne peut chacun avoir sa propre définition et qu’il faut se référer à des systèmes reconnus. C’est seulement ensuite que l’on peut juger lequel de ces systèmes est la plus adapté à l’homme et à la réalité. A Gaza, la définition du bien, ça peut être s’attacher une ceinture d’explosifs pour se faire sauter au milieu d’une foule juive. En occident, la valeur suprême est la réussite financière, à tel point que la dépression guette quand on n'obtient pas le poste espéré.

Notre façon de consommer obéit également à des codes trompeurs. Nos CD, nos vacances, notre voiture représentent pour une part notre bien-être et pour deux parts le statut social que nous voulons afficher. Ils sont un moyen de montrer qu’on colle aux idéaux d’une certaine société.

Nous devrions constamment vérifier que notre conception du bien va d’après les valeurs qui assurent le bien de l’humanité et non d’après ce qui fait bien dans la société. Si on n’est pas très attentif à cela, on risque de finir riche, célèbre, ravagé par la drogue et miné par la dépression. Ceux que nous appelons les stars et qui passent leur temps devant le juge ou chez leur psy, et divorcent tous les six mois, se trompent probablement de définition.

Dans le Judaïsme, la définition du bien nous est donnée par la Torah. On y apprend comment se comporter envers un ami, un parent ou la société en général. Le bien est constitué par la bonté, la justice la vérité et la loyauté envers D.ieu. Mieux vaut d’emblée adopter la bonne définition pour ne pas réaliser au bout de vingt ans qu’on a tout faux. 

NE PAS S’ECARTER DU CHOIX DU BIEN 

Une fois que vous tenez la bonne définition, ne la lâchez plus. Certains vous pousseront à  en changer, particulièrement ceux qui sont mal à l’aise avec leur conscience.

Alors soyez sûr de vous, même si on vous critique. Ne faites pas comme celui qui joue à la roulette russe pour montrer qu’il n’est pas un lâche. Il n’a pas compris que la pire des lâchetés est justement de ne pas affronter les railleries ! Celui-là croit ne pas vivre en lâche mais meurt comme tel. Ironie ultime, la subjectivité a éclipsé la réalité. Accrochez-vous à vos certitudes. 

SUIVRE LE BIEN EST PLUS IMPORTANT QUE LE BIEN LUI-MEME

 

Imaginez que vous êtes un chirurgien de renom, riche, marié à  une femme superbe et père de superbes enfants. Vous êtes président de votre synagogue et docteur honoraire de la faculté de médecine. La vie vous sourit ! Un jour, vous partez en voyage avec des amis dans un pays d’Asie. Alors que vos compagnons sont sortis, la police secrète se présente à votre hôtel et vous somme sous peine d’exécution d’indiquer où sont vos amis, soupçonnés d’espionnage. Que faire ? Vous ne pouvez imaginer vendre vos amis, mais d’un autre côté vous tenez à la vie, d’autant que personne n’apprendrait jamais la beauté de votre sacrifice. Alors peut-être que vous abandonneriez les copains.   

Mais modifions la donne. Cette même police vous offre la vie sauve contre l’assassinat par vous-même de 1000 enfants ? En admettant que vous parveniez à commettre une telle horreur, est-ce que vous ne vous tireriez pas une balle dans la tête deux jours après ? Evidemment vous vous sacrifiez. Cela signifie que si on est prêt à donner sa propre vie par bonté, c’est qu’il n’y a pas but plus grand dans la vie que la bonté elle-même.

Il faut donc se battre pour cela et tout y sacrifier. C’est ce que nous voulons profondément.  

TOUT ETRE HUMAIN VISE LA GRANDEUR

 

 

Personne ne veut être moyen. Essayez de dire à haute voix : « Je voudrais être moyen » Ca ne passe pas ? C’est parce qu’en fait nous ne voulons pas simplement être bons mais grands. Aimeriez-vous être celui ou celle qui découvrirait le remède contre le cancer ou le moyen d’empêcher une guerre nucléaire ? Bien sûr que oui, nous voudrions tous mettre fin aux malheurs du monde et unir l’humanité dans la paix et l’harmonie. C’est en fait le concept du messianisme.

Un jour je demandai à  une classe : « Est-ce qu’au fond de vous, vous souhaiteriez être le messie ? » Toute la classe a dit oui. Mais en fait, je vais vous révéler un grand secret : l’âme est une étincelle divine qui n’aspire qu’à être réunie à sa source, le Tout-puissant. Pour cette raison, chaque être humain au fond de son âme voudrait être plus que le messie : D.ieu Lui-même. Et c’est l’une des mitsvot de la Torah que de chercher à Lui ressembler par ses actions. Nous pouvons tous contribuer au bien de la société. Les Sages nous enseignent que chacun doit penser que le monde est fait pour lui. Cela ne signifie évidemment pas que l’on peut spolier autrui mais que chaque individu est responsable de ce monde. Nous sommes venus au monde pour le corriger.  

COMMENT S’Y PRENDRE ?

 

 

Demandez à des jeunes « Quels sont les risques de guerre nucléaire aujourd’hui ? » Certains diront 90%, d’autres plus optimistes diront 20%. Demandez-leur alors ce qu’il peuvent y faire.

« Moi, j’y peux absolument rien, c’est à l’ONU, aux chefs d’état de s’en occuper. Moi, je suis rien. » 
« Mais si vous saviez que le Tout-puissant vous aidait, que feriez-vous ? » 
« Tout ! »

Eh bien ! Sachez que D.ieu est près de vous et vous dit : « Si tu essayes, Je t’aiderai. Je veux que tu répares le monde. » La mission du peuple juif est le tikoun olam, la réparation du monde et si nous nous défilons, nous devrons rendre des comptes. Nous pouvons et avons le devoir de devenir grand. Aide-toi… 

UN CŒUR BON, UNE PASSERELLE POUR LA SAGESSE 

• Rappelez-vous quotidiennement votre volonté de devenir meilleur. La vie quotidienne nous en fait souvent oublier l’importance.

• Soyez conscient du conflit entre volonté et désir.

• Une fois que vous avez compris qu’il y a conflit, il est plus aisé de faire le choix conscient du bien.

• Soyez conscient qu’être bon est surtout bon pour vous. Votre propre estime est ce qui vous tient le plus à cœur.

• Assurez-vous de toujours poursuivre ce que vous savez être bon et non pas ce que la société valorise.

• Si vous désirez être bon, recherchez ce qui est bon. La sagesse vous permet de reconnaître ce qui est bon et de prendre les bonnes décisions.

• Avant une décision, demandez-vous ce que veut votre âme par rapport à ce que veut votre corps.

• Ne vous dites jamais que vous êtes bien assez bon. Vous savez que ce n’est pas tout à fait vrai.

• Si cela vaut le coup de mourir pour le bien, c’est que cela vaut le coup de vivre pour lui.

• N’oubliez jamais qu’il existe une mitsva de ressembler à D.ieu.  

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