Développement Personnel

Dieu ou Prozac ?

14/07/2011 | par Sara Yoheved Rigler

Des scientifiques de renom prouvent que la foi reduit l'anxiété.

Quand David Rosmarin connut ses premières crises d'anxiété, il était encore un jeune étudiant. Ses inquiétudes ressemblaient à celles de n'importe quel autre étudiant préoccupé par son avenir et ses études. Mais le jour où elles commencèrent à l'empêcher de dormir, il envisagea sérieusement de consulter le psy du campus pour se faire prescrire des calmants.

Il décida néanmoins de consulter le rabbin Nissan Applebaum au sujet de ses problèmes de sommeil. Au sortir d'une session d'étude hebdomadaire de Torah, il l’interrogea: « Rabbin, devrais-je consulter un psychologue, ou même un psychiatre, pour surmonter mes angoisses? »

Le rabbin Applebaum bondit de son siège et sortit de la pièce sans lui répondre. Aussi embarrassé qu’intrigué, David le suivit. « Je l’ai vu photocopier les pages d’un livre, constituant le dossier qui allait métamorphoser le cours de ma vie. » 

Quand il eut terminé, le rabbin Applebaum remit entre les mains de David un volume de 61 pages. Sur la page de garde on pouvait lire : « Portail de la Confiance en Dieu ». Ces pages contenaient un extrait d'un livre nommé « Les Devoirs du Cœur », écrit au 11ème siècle, en Espagne, par le grand sage Be'hayé Ibn Pékouda.

« J’ignore si tu devrais confier tes angoisses à un professionnel, dit le rabbin à David. Ce que je sais en revanche, c’est que la lecture de ces pages t'aidera. Consacre-leur un quart d'heure tous les soirs, avant d'aller dormir, en te concentrant bien sur la profondeur du texte. »

David suivit l’ « ordonnance » du Rav. Il relate ici son expérience :  

A ma grande surprise, en l'espace de deux mois, j'ai non seulement retrouvé le sommeil, mais mes angoisses ont, elles aussi, quasiment disparu. Ce qui m'a encore plus étonné, c'est que l'amélioration de mon état psychologique s’est produite alors qu'aucun de mes facteurs d'anxiété ne s'était amélioré au cours de cette même période : je me trouvais en plein période d’examens, mes problèmes financiers étaient pires qu’auparavant, et mon avenir était toujours incertain ! Ce qui avait changé, c'était mon attitude face aux difficultés, et face à la vie en général. J'avais davantage de confiance en Dieu, et j'avais acquis les outils spirituels nécessaires pour affronter mes angoisses. A l’instar d’un patient qui s'en remet au professionnalisme d'un médecin réputé, j’avais réalisé que les conjonctures de ma vie se trouvaient entre les mains ô combien expertes de Dieu. Dès lors pourquoi aurais-je dû me faire du souci ?

Ces anciens enseignements de la sagesse juive exposaient une méthode secrète pour éliminer les effets de l'anxiété chez l'homme, au moyen d'outils spirituels.

Après l’obtention de son diplôme, David s'inscrivit en maîtrise de psychologie. Quand l'heure fut venue de choisir son sujet de thèse, il se souvint de sa propre expérience face aux angoisses. Il se remit à lire « La Porte de la Confiance en Dieu », mais il aborda cette fois le texte d'un point de vue plus psychologique.

« Après avoir lu trois pages du livre, je me suis rendu compte qu'on pouvait comprendre le texte comme une théorie psychologique exhaustive sur l'étiologie de l'anxiété humaine. Ces anciens enseignements de la sagesse juive exposaient une méthode secrète pour éliminer les effets de l'anxiété chez l'homme, au moyen d'outils spirituels. Mes directeurs de thèse, à qui je les ai présentés, se sont eux aussi déclarés fortement impressionnés par le rabbin Be'hayé Ibn Pékouda. »

Les convictions religieuses aident-elles a affronter le stress?

David venait ainsi de faire connaissance avec l’immense champ d’étude de la psychologie des religions, laquelle, en l’espace de 20 ans, a publié plus de 1,800 ouvrages sur des questions telles que :

  • La religion peut-elle constituer une source de soutien en période de stress ?
  • Y a-t-il une corrélation entre la fréquentation des services religieux et la dépression ?
  • Les traitements psychologiques sont-ils plus efficaces sur les personnes religieuses que sur les non-religieuses ?
  • Peut-on intégrer la spiritualité  et la religiosité comme éléments d’une thérapie clinique pour le traitement de problèmes psychologiques ? 

Un exemple récent d’une étude de ce type a été publié au Canada dans le National Post du 4 mars 2009. Cette étude, menée par le professeur Michael Inzlicht de l’Université de Toronto, a été publiée dans le magazine Psychological Science. Les chercheurs ont mesuré l’activité d’une région du cerveau appelée cortex cingulaire antérieur qui mesure le niveau de stress d’une personne. On a demandé aux patients de passer un test appelé le « Test de Stroop », qui suscite une certaine dose de stress chez les individus. 

D’après le Pr. Inzlicht, les premiers tests visaient uniquement à comprendre quels sont les facteurs de stress sur le cerveau, sans lien avec la croyance religieuse. Au départ, on a demandé aux patients de  se définir en tant que libéraux ou conservateurs. A d’autres on a demandé de situer le niveau de leur estime de soi. Aucun de ces paramètres ne montrait de corrélation avec les « ondes de stress » du cerveau. Mais quand on leur a demandé s’ils croyaient en Dieu, les corrélations sont apparues : ceux qui se disaient les plus croyants étaient plus enclins à ne pas s’attarder sur leurs erreurs, tandis que ceux qui se définissaient comme étant athées développaient du stress et de l’anxiété à chacune des erreurs qu’ils commettaient. A un tel point que le Pr. Inzlicht fut forcé de constater qu’aucune des personnes se disant croyante n’avait été cataloguée dans le groupe des « très anxieux », et qu’aucune des personnes s’affirmant athées ne figurait dans le groupe des « peu anxieux » !

Le Pr. Inzlicht qualifia cette étude de « statistiquement déterminante » en estimant qu’elle permettrait de déterminer à l’avance la réaction de certains individus face à des situations de stress authentique, comme les récents crashs boursiers récents.

Vérité scientifique sur le rapport entre religion et psychologie

Selon Freud, une bonne santé psychologique serait inversement proportionnelle au niveau de religiosité  d’une personne. Dans les années 1980, le psychologue de renom Albert Ellis, désigné par ses pairs comme le « 2ème psychologue le plus influent du monde », prétendait que les gens dotés de puissantes convictions religieuses présentaient moins de résistance à l’instabilité, étaient moins endurants et plus enclins à l’anxiété et aux névroses. 

Dans les années 1990, le psychologue Kenneth Pargament décida de se confronter à ces géants de la psychologie et suggéra de vérifier leurs hypothèses par des expériences cliniques, en faisant abstraction de tout préjugé religieux ou antireligieux. Dr Pargament fit de la psychologie de la religion une science empirique, et publia sur ce sujet deux ouvrages ainsi que plus de 150 articles scientifiques. Ses travaux ont été de nombreuses fois primés par l'American Psychological Association et l'American Psychiatric Association. Globalement, ils démontrèrent que la spiritualité est une ressource importante pour les personnes en situation de stress, et que le lien avec Dieu peut susciter une nette régression des symptômes de stress, de l'inquiétude ou de la dépression.

Après avoir étudié  les conclusions des recherches du Dr Pargament, le Dr Ellis rétracta publiquement ses déclarations et admit que, d’un point de vue psychologique, la religion « n’est pas forcément une mauvaise chose ».

« Les enfants d'aujourd'hui âgés de 11 à 13 ans sont en moyenne aussi anxieux que la moyenne des patients psychiatriques des années 1950. »

En réalité, le niveau d'anxiété et de dépression a augmenté proportionnellement à celui de la sécularisation de la société. Comme l’a récemment souligné Robert Leahy, professeur clinique en psychiatrie à l'Université Cornell, dans un entretien avec Dennis Prager : « Nous vivons une tendance historique majeure dans l'augmentation du phénomène de l'anxiété [...] Les enfants d'aujourd'hui âgés de 11 à 13 ans sont en moyenne aussi anxieux que la moyenne des patients psychiatriques des années 1950. » Le Dr Leahy a également noté : « Certaines recherches démontrent que les personnes ayant un système de croyance et appartenant à une communauté qui les soutient mènent effectivement une vie meilleure et plus heureuse. » 

Durant ces cinq dernières années, David Rosmarin a travaillé pour un programme de doctorat en collaboration avec le Dr Pargament, et a récemment reçu une nomination à l’Ecole Médicale de Harvard en tant que Clinicien au Département de Psychiatrie.

David Rosmarin a publié  de nombreuses études dans des revues académiques et a donné  quelques conférences officielles sur la corrélation entre la religion/spiritualité et l’anxiété, le stress et la dépression. [à consulter sur  www.jpsych.com] De nombreuses études sur le sujet ont été réalisées chez les Chrétiens, mais David Rosmarin a été le pionnier de ce type d’études au sein de la communauté juive. Ses recherches ont invariablement révélé que la confiance en Dieu ainsi que les pratiques religieuses (comme la prière, les études religieuses ou la présence aux offices) sont généralement liées à une diminution de la détresse psychologique.

Des traitements au coût faramineux

Le nombre de prescriptions thérapeutiques de médicaments de type psychotropes chez les adultes non internés aux Etats-Unis a considérablement  augmenté  au cours des vingt dernières années. Leur utilisation a doublé  en moins d'une décennie entre 1994 et 2002, voire triplé pour plusieurs d’entre eux, durant cette période relativement courte.

Ces calmants et remèdes antidépresseurs ont généralement des effets secondaires tels que la dysfonction sexuelle, les nausées, et - paradoxalement - la nervosité et l'insomnie. D'autres médicaments plus communs agissant sur l'humeur ou les troubles de l’anxiété, comme le tricyclique et les IMAO, peuvent causer des effets secondaires bien plus graves encore et entraîner le coma ou même la mort. 

Les médicaments sont souvent nécessaires pour aider les personnes victimes d'un déséquilibre chimiques de l’organisme. On ne doit pas avoir honte de devoir prendre ce type de médicaments, ni considérer cette prise un signe comme un manque de foi. Les personnes chez lesquelles une dépression clinique a été diagnostiquée ne doivent surtout pas utiliser cet article comme prétexte pour cesser leur traitement médicamenteux. Toutefois, David Rosmarin se demandait si augmenter sa foi en Dieu, comme il l’avait fait, était susceptible d’aider également les personnes souffrant d'un faible niveau d'anxiété.

David Rosmarin, en collaboration avec les rabbins Leib Kelemen, Noah Orlowek, et le Dr. Pargament, a développé un programme de traitement du stress et de l'inquiétude au sein de la communauté juive. Ce programme est une méthode à portée spirituelle, fondée sur le même « Portail de la confiance en Dieu » qui l'avait tant aidé alors qu’il était un étudiant anxieux, ainsi que sur d'autres textes juifs classiques. Le programme se déroule via Internet, de manière à pouvoir être utilisé de façon anonyme, par tout un chacun, n'importe où et à tout moment. Ce programme ne nécessite aucun thérapeute, et ne demande qu’une demi-heure par jour pendant deux semaines. 

Pour sa thèse, David Rosmarin a créé un portail en ligne d’accès gratuit, qui teste l'efficacité de son programme par rapport à une autre méthode classique appelée Relaxation Musculaire Progressive (Voir www.jpsych.com/dr pour plus d'informations). Une soixantaine de personnes ont déjà complété ce cycle d’études, et bon nombre d’entre elles ont pu attester des bienfaits ressentis. J'ai moi-même suivi une première demi-heure de formation, et je pense que cela a changé ma vie. 

La foi en Dieu et l’Exode

La « confiance en Dieu » prônée par ce programme comprend trois composantes principales :

1. Croire que Dieu est omniscient (et sait parfaitement ce dont vous avez besoin)

2. Croire que Dieu est tout-puissant (et peut donc changer la réalité physique)

3. Croire que Dieu vous aime (et donc agit dans votre intérêt).

Comme le fait remarquer David Rosmarin, il est logique qu'une personne croyant en un Dieu omniscient, omnipotent et soucieux de ses intérêts, soit beaucoup moins sujet à l'inquiétude ou à la dépression.

Mais est-ce bien vrai? Ne serait-il pas possible de croire en un Dieu omniscient, omnipotent, et aimant, Créateur du monde, mais indifférent à mes déboires boursiers ou à mes déficits financiers qui sont en train de vider ma complémentaire retraite? Ne serait-il  pas possible de croire que Dieu aime ce monde, mais ne se préoccupe pas dans mes soucis liés à mon chômage ?

C’est là qu’intervient l’Exode. Comme beaucoup l’auront remarqué, le judaïsme est obnubilé par l’Exode. Tandis que le salut du programme génocidaire d’Haman n’est mentionné qu’à une seule reprise à Pourim, et que la délivrance des gréco-syriens est mentionnée une seule fois par an à Hanouka, la délivrance d’Egypte est mentionnée non seulement à Pâques, mais chaque Chabbath dans le Kidouch, et chaque jour dans les prières du matin. D’ailleurs, c’est une mitsva de se souvenir de l’Exode chaque jour.

La croyance juive en Dieu comporte deux éléments essentiels:

1. Dieu a créé le monde.

2. Dieu intervient dans l'Histoire humaine.

Dieu intervient non seulement dans les évènements à l’échelle universelle, mais aussi dans les menus événements de notre vie quotidienne.

Tout comme le premier principe signifie que Dieu a créé aussi bien Himalaya que nos ongles, de même le second principe indiquer que Dieu intervient non seulement dans les évènements à l’échelle universelle, mais aussi dans les menus événements de notre vie quotidienne. Dans le judaïsme, l’Exode est code qui fait référence à ce vaste concept, qui dit que Dieu gère le monde jusque dans ses moindres détails, que la Providence divine surveille et intervient, et que Dieu est présent et attentif.

Du point de vue de l’homme, l’Exode est un témoignage de la croyance du peuple juif que Dieu prendrait effectivement soin d’eux. Entre l’Egypte et la Terre promise, il n’y avait rien de plus qu’un désert géant, sans assez d’eau ou de nourriture pour subvenir aux besoins d’un peuple si nombreux. Quitter l’esclavage égyptien revenait à s’échapper de la prison d’Alcatraz en sautant droit dans un océan infesté de requins. Comme Dieu le dira à Israël quelques siècles plus tard par l’intermédiaire de Son Prophète : « Je me souviens de l’amour de ta jeunesse, quand tu me suivais dans le désert, dans une terre inculte ». De fait, à Pâques, nous ne commémorons pas seulement l’intervention de Dieu pour nous sauver, mais également notre croyance que les miracles spectaculaires de l’Exode seraient suivis par la providence quotidienne de Dieu dans nos vies.

Pâques constitue à juste titre la fête de la foi en Dieu. La matsa représente à la fois le « pain de l’affliction » et le « pain de la liberté ». Le Séder est rempli aussi bien de symboles de souffrance que de rédemption. Le message que nous devons intégrer est que la souffrance et la rédemption sont intimement liées, que Dieu occasionne la souffrance afin de nous rendre spirituellement prêts à mériter la rédemption. Le soir du Séder, nous nous élevons à un niveau de foi auquel dans lequel chacun d’entre nous affirme : « Tu connais notre souffrance, Tu peux agir pour nous délivrer, et je suis convaincu que parce que Tu nous aimes, Tu feras ce qui est véritablement bien pour nous ».

Comme l’affirme David Rosmarin : « En dépit des crises sur les marchés financiers et des grandes préoccupations causées par le manque croissant de sécurité dans le monde, le stress et l’inquiétude semblent se volatiliser, en particulier au sein de la communauté juive. Accroître la croyance en Dieu peut contribuer à éliminer beaucoup de détresse. »

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