Odyssées Spirituelles

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21/04/2013 | par Aish.fr

Comment j’ai vaincu ma dépendance à la pornographie.

Attention : le contenu de cet article est soumis à la discrétion du lecteur.

C’est à l’âge de 11 ans que j’ai découvert la pornographie. Séparé du reste des rayons, au fin fond d’un petit supermarché de quartier, se trouvait une section « réservée aux adultes » où jamais personne ne se rendait. Je pouvais y flâner en toute impunité. Au début, les images n’ont suscité en moi qu’une simple curiosité. N’ayant jamais rien vu de semblable, je me souviens avoir demandé en toute innocence à ma petite sœur: « Tu crois que ces photos sont vraies ? »  Nous en avons ri tous les deux. Même si de mon côté, je riais jaune… Je pensais sans arrêt à ces photos. Je sautais sur chaque occasion de me glisser dans cette section pour parcourir encore et toujours plus ces images qui enflammaient mon imagination. Je me suis mis à fantasmer.

Plus tard, le supermarché a réduit la taille de cette section pour adultes pour finalement la supprimer. Mais les graines avaient été plantées.

J’ai passé mes années de collège dans un internat et je me suis consacré à mes études avec sérieux et application J'avais toujours été un bon élève et je me suis donc rapidement hissé au rang des « cracks » qui caracolaient en tête de la classe. Puis, aux alentours de 16 ans, j’ai découvert la masturbation et, au tréfonds de mon être, c’est un univers entier qui a commencé à prendre forme. J'ai commencé à écrire des histoires pour alimenter mes fantasmes. Un soir, désespéré et brûlant de l’envie de pouvoir passer à la « vitesse supérieure », j’ai voulu m’acheter un magazine. J’ai donc emprunté le vélo d'un ami pour me rendre dans un kiosque de quartier qui vendait des revues porno. Mais je n'avais que 17 ans, il me manquait encore quelques mois pour avoir l’âge « légal » d’acheter de tels magazines et j’ai dû revenir bredouille.

Mon anniversaire est arrivé peu de temps après et j’ai enfin pu passer à l’étape suivante. Mais au bout de quelque temps, ces lectures ont fini par perdre leur attrait. Je m’en suis donc lassé. Aussi, ai-je décidé de surmonter ma honte légitime et ma réticence pour franchir le seuil d’une vraie librairie pour adultes. Au début, j’ai commencé par m’approvisionner en anciens numéros de magazines qui étaient vendus à très bas prix. Inutile de me ruiner pour poursuivre mes plaisirs coupables. La pornographie me permettait d'échapper aux peines que je ressentais au jour le jour, et cela me faisait du bien, du moins temporairement.

Certes, je me sentais coupable mais d’après ce que tout le monde semblait dire, ce sentiment n’avait rien d’extraordinaire ; ce que je faisais était non seulement monnaie courante mais était même parfaitement naturel. C'était une étape normale sur la route menant au monde adulte, quelque chose de temporaire car, une fois marié, il y aurait une soupape de soulagement, on grandirait et on passerait à autre chose.

Ma double vie ne s’est pas magiquement fondue dans un contexte plus sain. J'étais détenteur d’un lourd et noir secret.

Effectivement, la vie a suivi son cours. J'ai poursuivi des études supérieures, passé un certain temps en Israël et obtenu mon diplôme. Je me suis marié et j’ai commencé à élever une famille. Je travaillais assez dur, la vie me souriait mais ma double vie ne s’est pas magiquement fondue dans un contexte plus sain. J'étais détenteur d’un lourd et noir secret. À ce stade, je me sentais sale, peu importe ce qu’en pensait le monde extérieur. Bien que je me sois confié à ma femme pendant que nous sortions ensemble, je lui avais dit que j’avais mis le holà à ces activités et que tout cela était du passé. Elle ne savait donc pas que le problème était encore bien là. J’avais en fait réussi à rester « propre » durant nos premières années de mariage, mais l'émergence de l'Internet et sa facilité d'accès étaient trop difficiles à combattre. Je n’avais aucune chance et je suis donc retombé dans mes vieilles habitudes.

En très peu de temps, je suis redevenu accro. Bien que je n’aie pas ressenti le besoin de m’engager dans d'autres types d'activités plus extrêmes, la fréquence et le degré de ma tentation se sont tout de même accélérées. Certains spectacles que d’autres individus, n’ayant jamais été exposés à la pornographie, n’auraient même pas remarqués, déclenchaient en moi des pulsions ravageuses.

Pour finir, j'ai commencé à me sentir engourdi et insensible. De tels sentiments conduisent au désespoir, celui de ne pouvoir jamais pouvoir ressentir à l’avenir la même excitation. A la manière d’un médicament, il vous faut constamment augmenter la dose et abaisser son niveau d’exigence pour se sentir soulagé. A chaque « rechute », le plaisir diminue et la douleur s’accroit, ainsi que le besoin. Au fil du temps, vous devenez extrêmement sensible à la plus petite trace de « drogue », tandis que parallèlement, la dose nécessaire pour satisfaire l'envie augmente, creusant un fossé sans cesse plus profond qui ne peut être comblé et qui aboutit finalement à une douleur constante et quasi-obsessionnelle.

Cette obnubilation m’a conduit à une espèce de dédoublement de personnalité. A l'extérieur, j'étais un mari et père parfaitement heureux, vivant dans une belle communauté juive. A l'intérieur, en revanche, tout n’était que désir, luxure, et recherche du plaisir instantané. J'ai commencé à me sentir moins à l’aise avec mes pairs, comme déconnecté, puisque je n'habitais plus vraiment la même planète. Rien ne semblait plus pouvoir me satisfaire, qu’il s’agisse de mon travail ou autres. Je ne vivais que pour la luxure, c’était la seule chose qui me rendait vivant. Ainsi, cette rupture en moi affectait non seulement ma capacité à me lier avec des gens ou à maintenir des relations saines avec eux, mais détruisait également d'autres domaines de ma vie.

Je savais que ces deux univers ne pouvaient coexister, je ne pouvais pas concilier une telle chose avec le style de vie que j’avais choisi. C’était anormal et ce, qu’importe ce que les messages sur des panneaux publicitaires pouvaient en dire. J'ai essayé d'arrêter, pour retomber une fois de plus. Je me trouvais dans une impasse - déterminé à arrêter, mais incapable de le faire.

Bien avant que votre monde extérieur ne s’autodétruise, vous êtes déjà mort en votre for-intérieur.

La culpabilité et le dégoût que je ressentais devenaient ingérables. Vous regardez tous vos rêves et aspirations s'écrouler par votre propre faute. Bien avant que votre monde extérieur ne s’autodétruise, vous êtes déjà mort en votre for-intérieur.

Au bord du précipice

J’ai heureusement pris conscience que j'étais dans cette spirale descendante, et que je fonçais droit vers l'autodestruction. Mon moi intérieur ne se sentait plus humain.

Un jour, en parcourant un site juif d’actualité, je suis tombé sur un encart qui semblait avoir été écrit juste pour moi : « Protège Tes Yeux ». Il s’agissait d’un nouveau site pour aider les Juifs qui s’étaient laissé prendre au piège de la pornographie. On pouvait y lire quelques témoignages ainsi que des discussions sur le problème et sa prévalence dans la société moderne. Je sentais qu’un poids se libérait de ma poitrine, j’allais enfin pouvoir me délester de mon secret. J'ai parcouru le site de A à Z et j’ai découvert des liens vers d'autres sites similaires, ce qui m’a permis de lire encore davantage sur ce sujet. C’était à la fois libérateur et extrêmement stressant car tout en vivant une double vie, j'avais réussi à en ignorer la partie laide et compartimenter mes deux facettes. Or, à présent, je devais relever ce défi et faire face à la réalité en m’y jetant tête baissée. J’avais enfin une chance de m’en sortir et j'étais déterminé à la saisir.

L'objectif était clair - je devrais cesser de vivre dans mon petit monde. Ma satisfaction et mes accomplissements devraient provenir d'activités réelles et d’événements concrets prenant place dans le monde extérieur, parmi de vraies personnes. La première étape était de faire face à ma responsabilité, je devais assumer. J'allais devoir révéler mon secret à un autre être humain et combler le fossé qui séparait le bien du mal. Je devais en fait devenir à nouveau une seule et même personne confrontée à un problème auquel elle devait trouver une solution.

J'ai contacté l'administrateur du site internet et mis en place un contrôle quotidien avec un autre membre via e-mail. J'ai parlé à un thérapeute et à mon rabbin. Tous deux se sont engagés à m'aider. Il est rapidement devenu évident que si j'allais attaquer à bras le corps ce problème pour m’en guérir, il me faudrait me confier à ma femme. Ce que j’ai fait, après plusieurs jours d’angoisse. Comme on peut s’y attendre, elle n’a pas bien réagi et a quitté la maison. Pendant le temps qu’a duré son absence, j’ai ressenti une douleur émotionnelle insupportable, la plus atroce que j'ai jamais connue dans ma vie. Avec le recul, la profondeur de cette douleur fut la plus grande bénédiction que je reçus durant ce combat pour m’en sortir. Ma crainte de devoir revivre une peine d’une telle intensité fut de loin ma plus forte motivation pour éviter que je ne « rechute ». Je ne voulais jamais plus revivre pareille expérience

Faire face aux conséquences

Le secret était éventé, mais des années passées à vivre dans un autre monde créent des habitudes de pensée qui ne peuvent s'annuler du jour au lendemain, dès qu'elles sont révélées. Les techniques qui m'aidèrent à me rétablir se partagent en deux types. Les premières étaient des moyens concrets pour cesser de cacher mon petit jeu.

Un de ces moyens consistait à écrire une liste détaillée des conséquences que je devrais subir si je ne m’arrêtais pas : comme la souffrance émotionnelle, la perte de tout ce que je chérissais le plus dans ma vie (ma femme et mes enfants, mon travail et le respect de mes collègues et mes pairs), mon sentiment d’échec si je ne parvenais pas au but à atteindre, la honte de céder à une force destructrice contre ma volonté, et la rupture du lien me permettant de poursuivre des buts et des idéaux élevés.

Il faut juste savoir résister au moment critique – après ça, l'envie s’atténue.

La liste des récompenses qui seraient les miennes si je parvenais à m’arrêter n’en était pas moins longue: Je vais m’épanouir. Je vais gagner et conserver le respect et l’amitié de ma femme, la meilleure partenaire dont je puisse rêver. Je vais être émotionnellement plus stable et je vais vivre serein et heureux tous les jours de ma vie. Je vais profiter des plaisirs du monde de la manière dont ils doivent être appréciés, et non avec un goût amer dans la bouche. Je vais élever des enfants heureux et en bonne santé et maintenir de bonnes relations avec eux et leurs enfants aussi, que nous nous sentions proches et remplis d’affection les uns pour les autres. Et je vais avoir la liberté mais aussi les outils nécessaires pour atteindre des objectifs qui étaient hors de ma portée jusqu'à maintenant.

Un autre moyen était de penser à tout ce qui m’avait incité à agir de la sorte dans le passé, d’éviter de me retrouver à nouveau dans ces situations et de m’occuper plutôt avec des activités positives et productives. Par exemple, si surfer sur Internet m'avait attiré des ennuis, il me fallait installer des filtres de sécurité intégrés sans que j’en connaisse le mot de passe. Appeler ou envoyer un e-mail à mon partenaire chargé de me surveiller et donc de me protéger lorsque l'envie se faisait urgente. Car il faut juste savoir résister au moment critique – après ça, l'envie s’atténue. Se fixer des objectifs réalistes. Ne pas pensez à s’arrêter « pour le restant de ses jours », mais plutôt à ne s’arrêter que pour un jour, à devoir ne tenir bon qu’aujourd’hui.

Le nœud du problème

La deuxième étape de la guérison consiste à poursuivre activement des objectifs positifs. La nature a horreur du vide. La pornographie est certes néfaste, et se révèle une cause de souffrance mais elle m’avait procuré jusqu'à présent un semblant de plaisir et soulagé des épreuves de la vie. Les épreuves n'ont pas disparu, mais la méthode permettant de les traverser, l’utilisation de la pornographie, n’étant plus accessible, seul demeure un grand vide. Il faut combler ce vide ou l'envie de revenir à ses anciennes habitudes se révélera tôt ou tard si forte qu’il sera impossible d’y réchapper.

Le moyen de combler ce vide est unique à chacun, dépendant de sa personnalité et de ce qui le motive. La pornographie divise, comme il a été décrit ci-dessus, une personne en deux, avec son moi intérieur, tourné exclusivement sur la luxure. La conscience de notre véritable personnalité n'a jamais été développée et donc la connaissance de ce qui peut nous motiver ou nous épanouir fait cruellement défaut. Il n'existe aucune structure interne, mais elle est pourtant essentielle ! La première étape est d’avoir pleinement conscience de qui nous sommes.

La thérapie est une bonne base de départ. Vous apprenez à reconnaitre peu à peu vos propres sentiments et à comprendre ce qui les a provoqués. Vous pouvez alors évaluer s’ils sont justifiés ou tenter de les modifier. Par exemple, disons que vous êtes maintenant en mesure de reconnaitre si vous êtes stressé. Ce n’était pas le cas auparavant et pourtant le stress était bien là, suscitant l'envie de le réduire en vous défoulant. Mais maintenant que vous savez le reconnaitre, vous pouvez tenter d’en déterminer la cause. Vous pouvez prendre conscience de certains facteurs « Je suis stressé parce que je n'ai pas réussi à conclure cette affaire. » Une fois la cause identifiée, vous pouvez vérifier si elle est justifiée. « Je ne suis pas obligé de convaincre chaque client de signer – J’ai déjà réussi à boucler trois contrats cette semaine - c'est plutôt bien! » Cette constatation apporte un soulagement et le stress disparaît.

Mais admettons que le stress soit pleinement justifié. « Je suis stressé parce que j'ai dit quelque chose de blessant à un ami et c’est inexcusable ». Vous avez le choix, vous pouvez vous excuser justement et lui demander pardon, ou au moins prendre la résolution de faire plus attention à l’avenir. Encore une fois, la solution apporte un soulagement et le stress se dissipe.

Une fois la structure interne mise en place, la vraie construction peut commencer. Vous êtes enfin prêt à identifier ce qui vous motive. Ce qui est important pour vous et ce qui ne l'est pas. Quelles sont vos vraies valeurs, et vos objectifs pour les atteindre. Une nouvelle manière de penser peut émerger, peut être adoptée et une vie d'épanouissement véritable peut commencer. Tandis que je commençais à appliquer ces méthodes, je réalisais douloureusement combien cette vie centrée uniquement sur mon propre plaisir immédiat avait pu être vaine.

Me libérer de mon addiction m'a permis de retrouver une profondeur et une connexion que seule peut procurer l'intimité.

Mon approche face à l'intimité a également changé. Elle est devenue moins superficielle. L'intimité physique est un don du Tout-Puissant. Elle est une force puissante par laquelle je peux donner à mon épouse, la compagne avec laquelle j’ai créé un lien profond, la femme que j'aime le plus au monde. La pornographie s’empare de cet acte riche d’un tel potentiel spirituel qu’est l'amour et le profane en le réduisant à un mécanisme égoïste dont la fonction n’est que de satisfaire un besoin animal. Me libérer de mon addiction m'a permis de retrouver une profondeur et une connexion que seule peut procurer l'intimité, dont la motivation provient de l’âme et tout ce qui est élevé et non pas de ce qui est vil et bas.

Je me sens également extrêmement redevable à mon épouse pour la réaction exemplaire qui a été la sienne. Après le choc initial et la douleur, elle a non seulement réussi à me pardonner et me comprendre, mais également à me soutenir dans mes progrès de réhabilitation. Notre relation n’en est ressortie que plus riche et plus profonde

Je me rends compte que mon expérience peut paraitre extrême, mais ce n’est pas sans raison que la pornographie est une industrie de plusieurs milliards de dollars – beaucoup souffrent de cette dépendance. Et quel qu’en soit le nombre, c’est là un phénomène inquiétant. Le rabbin Dr. Abraham Twerski, un expert en thérapie des toxicomanies, affirme qu’une seule photo pornographique est suffisante pour certains pour devenir dépendant. La pornographie vous éloigne de votre âme intérieure; elle vous rabaisse et réduit les femmes à des objets. Croyez-moi, vous jouez avec le feu.

La pornographie n’est qu’un arôme que l’on sentirait sans jamais goûter le plat véritable duquel il émane. Comme tous les plaisirs contrefaits, elle laisse en vous une impression de vide, de creux, sans aucune signification. Le vrai plaisir ne s’accompagne pas de honte. Au contraire, il nous élève tel un hymne à la vie. La puissance du plaisir physique a le pouvoir de construire ou de détruire. A vous de faire le bon choix.

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