Odyssées Spirituelles

Le judaïsme vu par une non-Juive

15/06/2017 | par Aish.fr

Par un pur hasard, une non-Juive découvre le sens et la sagesse de la Torah.

Tout a commencé par un simple accès de curiosité il y a deux ans et demi, quelques mois après mon 22ème anniversaire. Je m’étais fait une amie juive orthodoxe en ligne (dans un réseau de fans d’Harry Potter) qui, un certain vendredi, m’avait confié avec désinvolture : « Demain, je ne pourrai pas tchatter avec toi parce que c’est Chabbath. »

« Chabbath ? Mais de quoi s’agit-il ? » lui avais-je demandé.

J’étais loin de me douter que cette simple question en déclencherait des milliers d’autres. Au début, mes interrogations portaient essentiellement sur des thèmes basiques comme les fêtes juives, le respect de la cacherout et d’autres traditions. Je pensais qu’il était véritablement passionnant de découvrir une toute nouvelle culture et un système de croyance dont j’ignorais jusque là l’existence, puisque rares sont les Juifs qui vivent aux Philippines.

Tout cela ne revêtira jamais d’importance à mes yeux tant que je n’en fais pas moi-même l’expérience.

Tout se passait bien jusqu’à ce qu’un jour, je me fis la réflexion suivante : tout cela ne revêtira jamais d’importance à mes yeux tant que je n’en fais pas moi-même l’expérience.

J’ai donc commencé par une « petite » chose. Quelle impression cela ferait-il de réciter les bera’hot, les bénédictions. J’en ai choisi une à titre d’expérience : acher yatsar, la bénédiction que l’on récite après avoir soulagé ses besoins. Je me suis promis qu’à compter de ce jour, à chaque fois que je sortirai des toilettes et me laverai les mains, je réciterai cette bénédiction. Au début, cela me semblait un peu stupide. Mais petit à petit, l’idée a fait son chemin dans mon esprit, et finalement, je me suis mise à réciter la bénédiction avec le sourire. Eh, regardez, mon corps fonctionne à merveille ! Merci mon Dieu !

J’ai commencé à apprendre d’autres bénédictions, en me cantonnant aux plus basiques et « générales » et à celles que je me sentais plus à l’aise de réciter en tant que non-Juive. Je faisais la prière de Modé Ani aussitôt réveillée, et me délectais de réciter les bénédictions du matin qui s’appliquaient à moi. Je récitais le Chéma du coucher avec beaucoup de ferveur. En fin de compte, je me suis mise à remercier Dieu pour tout, y compris les fois où ma voiture démarrait sans faire d’histoire. Les bénédictions juives sont VÉRITABLEMENT formidables. Elles m’ont permises de remarquer toutes les petites choses que j’accomplissais tout au long de la journée. Elles m’ont fait réaliser le nombre incalculable de bénédictions que je recevais à chaque instant, sans parler de chaque jour ! Et cela a fait pénétrer dans mon esprit le fait que tout cela provient du Tout-Puissant. Depuis, je n’ai que ce mot à la bouche : merci, merci, et encore merci à Toi Hachem.

Ensuite, j’ai pensé que peut-être j’avais simplement eu de la chance d’avoir entamé par hasard mon expérience du judaïsme par les bénédictions. Il était temps de faire l’essai d’une nouvelle mitsva.  J’ai fait une expérience et mis au point un « pseudo-Chabbath » de mon cru, qui consistait tout bonnement à éteindre mon portable un soir par semaine. Au bout de plusieurs semaines d’essai, je n’arrivais pas à croire à quel point ces quelques heures de déconnection avaient un effet positif sur mon bien-être psychologique et émotionnel. Je me suis d’ailleurs surprise à attendre avec impatience cette soirée particulière où je me retrouvais enfin.

Cette expérience m’a également appris à me concentrer. Il m’est devenu plus facile d’être productive pendant la semaine, sachant que je m’étais réservée un moment fixe durant lequel je pouvais me consacrer exclusivement à me ressourcer, à me reconnecter à moi et à Dieu, et à passer du bon temps avec ma famille.

Cette forme de réflexion a fini par rayonner dans d’autres domaines de ma vie. Par exemple, je suis devenue moins impatiente avec ma petite nièce et plutôt que de compter les heures qui me restaient à endurer avant de pouvoir enfin la renvoyer chez sa mère, j’ai commencé à être plus présente et même à apprécier le temps que nous passions ensemble.

J’ai commencé à apprécier l’impact considérable que ces actions ordinaires avaient sur ma vie. Prise d’un enthousiasme d’une rare intensité, j’ai voulu à tout prix en savoir plus sur le judaïsme. Je me suis donc mise à mettre à profit chaque petit instant de libre que j’avais pour étudier la Torah, et parfois, je restais même réveillée une heure ou deux de plus le soir. J’ai lu des tas d’articles sur Aish.com et j’ai écouté des cours de Torah en ligne dans la voiture tout en conduisant, parvenant ainsi à écouter deux à trois cours par semaine. Du coup, j’ai commencé à espérer être coincée dans un embouteillage…

J’ai découvert le concept du tikoun olam, acquis une meilleure compréhension de la notion du libre-arbitre, et étudié les lois du lachone hara (l’interdiction de la médisance) et ses répercussions sur le monde. Lentement mais surement, mon attitude face au bonheur s’est transformée ; j’ai décidé d’être heureuse ici et maintenant plutôt que quand « ceci ou cela arrivera. » J’ai décidé que je devrais commencer à porter plus souvent des jupes, et pour m’assurer de ne pas revenir sur ma promesse, j’ai rassemblé la majeure partie de mes jeans et en ai fait don sans plus attendre. J’ai commencé à fréquenter le centre communautaire Chabad local où je m’entretenais avec la rabbanite à propos des lois noahides.

Je lisais des Psaumes, je donnais la tsedaka [charité] et je recherchais activement des occasions quotidiennes de faire du ‘hessed [actes de bonté]. J’ai commencé à prendre conscience que je vis dans le monde de Dieu ; c’est Lui qui fixe les règles, non pas moi. Et j’ai poursuivi mes expériences : je me suis efforcée de ne pas écouter de musique pendant les trois semaines précédant Ticha Béav, j’ai fait mon examen de conscience pendant le mois d’Eloul, et dressé une liste de bonnes résolutions pour Roch Hachana. Je me suis aussi mise à pratiquer du sport plus régulièrement, et à faire plus attention à mon alimentation. À ce stade, j’avais compris qu’autant il importait de grandir sur le plan spirituel, il importait également de veiller à sa santé physique. En bref, j’ai commencé à mener une vie plus riche de sens.

J’ai également pris conscience que je suis le fruit de mes choix, et le produit de toutes ces choses qu’on ne pourra jamais m’enlever. Comme un orateur l’a si bien résumé : « La seule chose qui m’appartienne vraiment est ce que j’ai donné à autrui. » Ce concept a totalement métamorphosé mon échelle de priorités. Habituée à rechercher ce que je pouvais prendre, je me suis mise en quête de ce que je pouvais donner. J’ai appris que Dieu contrôle absolument tout, et que chaque situation et chaque expérience que je rencontre chaque jour est un message venant de Sa part. Il en découle que la seule chose que je puisse contrôler est ma réaction face à ces événements.

Ces leçons ont fait de moi une personne nettement plus calme et j’ai passé plus de temps à méditer et à analyser ce que Dieu pouvait essayer de me dire, mes réactions, et les choses que je pouvais améliorer en moi, plutôt qu’à ressasser les contrariétés que telle ou telle personne m’avait causées. J’ai appris que l’on ne peut pas grandir sans fournir d’effort. Du coup, j’ai commencé à m’aventurer plus fréquemment hors de mon terrain de prédilection en recherchant la compagnie de personnes qui pouvaient m’adresser des reproches constructifs et des conseils avisés plutôt que de celles qui se contentaient de me couvrir de compliments. Au lieu de choisir la solution de facilité, j’ai commencé à opter pour les choix les plus exigeants parce que je savais qu’à long terme, ils seraient plus rentables.  

Parfois, j’ai du mal à croire que j’ai découvert le pouvoir de la Torah au détour d’un jeu d’Harry Potter en ligne. Je remercie constamment Hachem de m’avoir offert l’opportunité de suivre cette voie.

La Torah n’est pas seulement destinée à être étudiée, elle est destinée à être vécue.

Mon odyssée spirituelle a été composée de centaines de pas de fourmis étalés sur plusieurs semaines, mois et années. Elle n’est pas aussi spectaculaire que ce témoignage pourrait le laisser entendre. À d’innombrables reprises, j’ai fait un pas en avant et deux pas en arrière. Mais j’ai appris que l’élément le plus important d’un parcours spirituel n’est ni la force, ni l’intelligence, mais la persistance.

Je ne sais pas encore vers quelle direction j’évolue ni comment tout cela se terminera. Pour le moment, je souhaite encore rester non-juive. La seule chose dont je suis absolument certaine est que ma vie est devenue bien plus chargée de sens depuis que je me suis plongée dans la Torah, et que je ne veux jamais cesser de l’étudier. La Torah m’a appris à ouvrir les yeux et m’a montré ce qui importe vraiment, à cesser de gaspiller mon temps, mon argent et mon énergie pour des choses qui n’ont pas, ni n’auront jamais d’importance parce qu’elles sont éphémères. La Torah n’est pas seulement destinée à être étudiée, elle est destinée à être vécue. Et le plus beau dans tout cela, c’est que vous voyez de merveilleux résultats. Ne me croyez pas sur parole. Faites votre propre expérience.

Je voudrais profiter de cette occasion pour remercier les nombreux rabbanim et rabbaniot d’Aish.com, TorahAnytime.com, la page Facebook Accidental Talmudist, et Chabad Manila. Puisse le Tout-Puissant vous combler tous de bénédictions !

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