Spiritualité

Gardiens de la nature

10/04/2016 | par Noah Dana-Picard

La bénédiction à réciter sur les arbres fruitiers en fleurs nous donne l’occasion de réfléchir à notre relation à la nature et à la place des sciences de la nature dans la Torah.

D’ici peu, nous allons réciter la bénédiction sur les arbres fruitiers en fleurs, une bonne occasion pour réfléchir un peu à notre relation à la nature et à la place des sciences de la nature dans la Torah. Quand D. a placé l’Homme dans le Jardin d’Éden, il l’a fait en lui donnant comme mission explicite de le travailler et de le garder (לְעָבְדָהּ וּלְשָׁמְרָהּ) (Genèse 2,15). Le Midrach Kohélet  Rabba (chap. 7) raconte que D. a fait passer Adam parmi les arbres en lui disant : « Vois Mes œuvres, vois comme ces arbres sont beaux et bons… Prends soin de ne pas endommager et de ne pas détruire Mon monde. Personne ne sera là après toi pour réparer. »

La Science nous aide à nourrir plantes et animaux, à les rendre résistants aux maladies. Idem pour les humains. Elle permet d’utiliser les ressources naturelles de façon parfois plus efficace que par le passé. Elle nous permet de sculpter le minéral. Parfois l’homme met en valeur de cette façon la richesse géologique (visitez le parc volcanique sur le Golan), parfois le but est autre (Mont Rushmore, statues destinées à une certaine forme d’idolâtrie, détruites par les Taliban). La Science permet de purifier, de désaliniser l’eau que nous buvons, de procurer de l’eau à qui en manque cruellement. Elle permet aussi de faire le contraire. La Mer d’Aral a quasiment disparu. Récemment des reportages ont montré un lac chinois totalement pollué par les industries chimiques voisines. L’usage intensif de pesticides nuit à la santé des hommes et des animaux. On accuse d’ailleurs ceux-là de l’énorme diminution  de la population d’abeilles dans le monde.

Le Rav D.T. Hoffman (sur Genèse 2,7) mentionne trois origines au nom Adam. Yosef Ben Matityahu le fait provenir de אדום rouge, couleur du sang. L’homme est capable d’engendrer de grandes catastrophes. En général, on fait dériver ce nom de אדמה, la terre. En effet, Adam a été créé de la terre עפר מן האדמה ; il est essentiel de se souvenir d’où nous venons (voir Pirke Avot 3,1). Le Rav S.R. Hirsch le rapproche plutôt de הדום, le piédestal (voir Isaïe 66,1 : וְהָאָרֶץ הֲדֹם רַגְלָי ). L’homme est le représentant de D. sur Terre. Le Rav Hirsch indique que עבודה et שמירה ne concernent pas seulement le travail de la terre, mais tout notre lien avec la nature, avec la Création.

Dans une lettre au Président de l’État d’Israël, I. Ben Tsvi, le Rabbi de Lubavitch explique que la « garde » ne signifie pas ne rien toucher. Au contraire. L’élagage permet aux arbres de mieux grandir, un poirier en espalier reçoit chaleur et lumière nécessaires pour des fruits de qualité. Une gestion responsable de la population halieutique assure le renouvellement des réserves, pour le bien général de la nature et celui des hommes qui s’en nourrissent. Rappelons ici le souvenir de Volterra, mathématicien juif italien qui, pendant la Première Guerre mondiale, a établi un modèle mathématique prédateur-proie (en parallèle avec son homologue polonais Lotka, qu’il ne connaissait probablement pas), suite à son étude de cette population dans l’Adriatique.

Certains décrivent la Torah comme un livre de commandements et le Talmud comme composé de deux sortes de textes : la halakha et ses préceptes d’une part, la Agadah et ses paraboles et allégories dont le Prof. Yehuda Levi dit qu’elles procurent une idéologie comme guide dans la vie, d’autre part. C’est bien plus que cela. Les deux parties du Talmud véhiculent les mêmes fondamentaux, la halakha les fait appliquer. La bénédiction ברכת האילנות insiste sur ce que D. a créé : tous ces bons arbres afin que les humains en aient du plaisir להנות בהם בני אדם.

Le verset interdisant le Chaatnez (Lévitique 19,19) nous enseigne que chaque animal, chaque végétal a sa place propre, à ne pas mélanger n’importe comment (voir Sanhedrin 56b, Yalkut Shimoni 613). Le minéral aussi doit être préservé. Combien de villages européens s’effondrent suite à l’abandon des mines qui les minent.

Les avancées scientifiques ont permis d’allonger la vie humaine et d’en améliorer les conditions. De même pour le règne animal et le règne végétal. Nous sommes parfois témoins d’abus, incompatibles avec une vie de Torah. C’est aussi le sens du commandement אל תשחית, n’abime pas. Nous parlions d’abus ? Un excès serait une idolâtrie de science et/ou de nature, dominant les humains. La Torah nous enseigne l’équilibre.

Lien vers le site en hébreu : http://www.jct.ac.il/cemj

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