Philosophie

La guerre contre Amalek : génocide ou devoir sacré?

14/01/2014 | par Aish.fr

Quelle différence entre la barbarie nazie et l'ordre d'éradiquer le peuple amalécite?

QUESTION :

Nous avons été victimes du Nazisme qui a voulu détruire aveuglément TOUS les juifs. Or, nous-mêmes avons reçu l'ordre de détruire "radicalement" Amalek: hommes, femmes, enfants (innocents...) et les animaux !

1/Comment un tel ordre est-il possible, de la part d'Hachem, qui est Le Créateur,  surtout face aux enfants et aux bêtes ?

2/ De quel droit pouvons-nous plaindre de ce qu'on nous a fait subir, alors que nous mêmes "prônons" dans la Torah, l'assassinat de tout un peuple?!

RÉPONSE :

Votre question est très pertinente et nous vous remercions de nous en faire part.

Les interrogations que soulèvent l’Holocauste sont cruciales pour l'affirmation de notre foi, et c'est d'ailleurs souvent l'absence de réponses satisfaisantes dans ce domaine qui freinent bon nombre de juifs dans leur évolution spirituelle.

D’un côté, la Torah nous ordonne de ne pas tuer, d’un autre, elle nous ordonne d’opérer un véritable "génocide" à l’encontre du peuple d’Amelek. Comment deux injonctions apparemment si contradictoires peuvent-elles coexister dans une même religion ?

En réalité, la guerre contre Amalek, qui est un commandement de la Torah valable pour toutes les générations, n’est pas une guerre comme une autre. Amalek est un peuple avec des caractéristiques bien spécifiques qui le placent aux antipodes du peuple juif et des valeurs spirituelles qu'il incarne.

Sa volonté est l’éradication pure et simple des juifs, hommes et femmes, adultes et enfants, par tous les moyens et à tout prix. Il est animé par un esprit de destruction et utilise les méthodes les plus violentes, primitives et cruelles pour parvenir à ses fins. Il a lâchement attaqué notre peuple dans le désert alors qu’il était épuisé après de longues années d'esclavage et qu’il venait à peine de sortir d’Égypte : (cf. Deutéronome (25 :18)

Même si la Torah emploie un "langage propre" pour décrire ce qu'Amalek a fait au peuple juif, le Talmud et le Midrach nous livrent les détails horripilants de ses méfaits: les Amalécites violèrent, castrèrent et assassinèrent les hommes juifs (Sifri, Tanhouma 10; Rachi sur Deutéronome 25 :17).

Malgré cela, nous sommes et étions obligés de demander un traité de paix avant d'attaquer n'importe quelle nation, Amalek y compris. Une fois que les Amalécites refusèrent de signer ce traité de paix et maintinrent leur volonté d'éradiquer l'ensemble du peuple juif, hommes, femmes et enfants, il n'y avait pas d'autre choix que de déclarer la guerre sur l'ensemble de la nation amalécite. (cf. Maïmonide - Lois des Rois 6:4)

De plus, Amalek, n'est pas seulement un peuple violent et criminel, c'est aussi un peuple qui se démarque par son absence totale de soumission à Dieu. En poursuivant sans relâche le peuple d'Israël, il fait indirectement la guerre à Dieu. L’exemple le plus emblématique de cette guerre contre Dieu est cet acte monstrueux constituant à lancer au ciel les organes castrés de ses victimes en signe de défiance vis à vis de Dieu et de son alliance (cf. Rachi sur Deutéronome 25 :17).

L’attitude du peuple Amalek est ancrée dans sa propre origine. Le Midrach raconte qu'Amalek, petit-fils d’Esav, fut chargé par son grand-père d’achever le travail qu’il avait entamé avec Yaakov. Sa haine envers le peuple juif est viscérale. Ce qui ne laisse pas entrevoir une quelconque possibilité de changement.

Depuis qu’il existe, Amalek a semé la haine et la destruction. Ses différentes apparitions dans l’histoire le démontrent. Ce n’est pas un peuple comme tous les autres puisqu’il est habité par une volonté furieuse de répandre le mal dans le monde.  

Quand, Dieu nous préserve, une personne souffre d’une tumeur cancérigène, la meilleure solution de survie est d’enlever cette tumeur.

Voilà pourquoi Dieu est si catégorique quand il demande, au Roi Saül, par l’intermédiaire de son prophète Samuel, de tuer le peuple d’Amalek. Il ne doit rester aucune trace de lui, même pas ses enfants ou ses animaux (Samuel I/ 15).

Amalek est l’ennemi le plus féroce et dangereux d’Israël. Face à lui aucun raisonnement ne tient, aucun dialogue n’est possible. La seule réponse est son éradication pure et simple pour nous éviter et éviter au monde les pires scénarios. D’ailleurs le Talmud identifie une nation nommée Germamia comme descendante d’Amalek. Etrange ressemblance ! Le régime nazi n’était-il pas au même titre qu’Amalek une machine  d’extermination aveugle?

À l'inverse, le peuple juif représente la foi en Dieu, le combat pour la vérité, la justice, la loi  et l’espoir d’un progrès de l’humanité. Tuer le peuple juif revient à tuer le bien, tuer l'espoir, tuer la bonté, tuer la lumière de Dieu sur terre. Alors que tuer Amalek, c'est éradiquer le mal, éradiquer la méchanceté, éradiquer la perfidie.

Il n'y a donc aucun lieu de comparer la barbarie nazie avec le commandement sacré de tuer Amalek et ses descendants...

À notre niveau nous pouvons saisir que l’impératif d’éliminer un ennemi qui est voué au mal est bien pour les juifs et l’humanité toute entière. Mais il y a bien sûr des explications beaucoup plus profondes que nous ne percevons pas parce que Dieu ne nous révèle pas tout. Nous devons donc nous armer de Emouna et croire très fort que sa compassion est infinie et que par conséquent chacun de ses commandements est imprégné de cette compassion.

Amalek continue à sévir aujourd’hui mais de façon plus subtile. Il existe sous forme d’une philosophie ou d’un système de pensée qu’adoptent des individus isolés ici et là mais aussi, et là le danger est beaucoup plus grand, des personnages publics ou des hommes politiques.

Revenons à vos questions :

De quel droit pouvons-nous plaindre de ce qu'on nous a fait subir, alors que nous mêmes "prônons" dans la Torah, l'assassinat de tout un peuple?!

La réponse est simple : en tuant Amalek, nous éradiquons le mal sur terre, alors que quand les Nazis exterminaient les Juifs, ils désiraient éradiquer le peuple qui incarnait la recherche du bien, le peuple qui portait la conscience de Dieu sur terre.

Comparer notre devoir de tuer Amalek aux crimes perpétrés par les Nazis reviendrait à comparer les Nazis à la Résistance Française qui combattit le régime nazi en n’hésitant pas à tuer des criminels nazis.

Qu’en est-il des enfants amalécites?

Seul Dieu peut déterminer le fait que dans la nation amalécite, la quête du mal est si viscérale qu’elle en est irréversible. Cela signifie que Dieu sait avec certitude que dans la descendance des Amalécites, aucun rejeton n’est capable d’être juste.

Laisser vivre les enfants reviendrait à laisser la porte ouverte à la recrudescence du mal sur terre.

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