Torah de Vie

Chéma Israël

28/07/2015 | par Shraga Simmons

Ce qui se cache derrière la plus célèbre des prières juives.

En 1945, Rabbin Eliezer Silver fut envoyé en Europe pour aider à retrouver les enfants juifs qui avaient été cachés pendant l’Holocauste chez des familles non-juives. Comment s’y prit-il pour découvrir les enfants juifs ? Il se rendait à des réunions d’enfants et proclamait à voix haute la prière du Chéma Israël : « Ecoute ô Israël, l’Eternel est notre D.ieu, l’Eternel est Un. » Puis il observait les visages des enfants à la recherche de ceux qui avaient les larmes aux yeux ; ces enfants juifs ayant conservé au fond de leur mémoire le souvenir inoubliable de leur maman qui chaque soir les bordait en récitant le Chéma avec eux.

Chéma Israël, « Ecoute ô Israël, l’Eternel est notre D.ieu, l’Eternel est Un » est sans doute la plus célèbre de toutes les prières juives.

Le Chéma est une profession de foi, un serment d’allégeance au Dieu unique. Elle est prononcée au réveil le matin et au coucher la nuit. Elle est dite au moment de louer D.ieu ou de l’implorer. C’est la toute première prière qu’un enfant juif apprend à réciter. Ce sont les derniers mots qu’un juif prononce avant de rendre l’âme.

Le Talmud affirme que lorsque Jacob s’apprêtait à révéler la date de la fin des temps à ses enfants, il craignit que l’un d’entre eux fusse un non-croyant. Ses fils le rassurèrent aussitôt en s’écriant : « Chéma Israël. »

La Torah rapporte que Moïse inclut le Chéma dans son discours d’adieu au peuple juif.

Nous récitons le Chéma en nous préparant à la lecture de la Torah les Chabbath et fêtes. Et nous récitons le Chéma à la fin du jour le plus saint, celui de Yom Kippour, lorsque nous atteignons le niveau des anges.

Le Chéma est écrit dans la mézouza que nous fixons aux linteaux de nos portes ainsi que dans les tefilines que nous attachons à notre bras et à notre tête.

Le cri du Chéma symbolise la manifestation ultime de notre foi dans les situations les plus tragiques.

A travers les siècles, le cri du Chéma a toujours symbolisé la manifestation ultime de notre foi dans les situations les plus tragiques. C’est avec le Chéma aux lèvres que les juifs acceptèrent le chemin du martyre sur le bûcher de l’Inquisiteur ou dans les chambres à gaz nazies.

Quelle est la signification profonde de cette affirmation historique de la conviction religieuse centrale du judaïsme ?

Chéma : « Le mode d’emploi »

Nous avons l’ordre de réciter le Chéma deux fois par jour : une fois le matin et de nouveau le soir. Cette exigence est dérivée du verset (Deutéronome 6, 7) : « Tu en parleras assis dans ta maison, en marchant sur le chemin en te couchant et en te levant » (Deut. 6, 7). Le Talmud explique que l’expression « en te couchant et en te levant » ne se réfère pas à la position littérale du corps de l’homme mais désigne plutôt le moment de la journée auquel il convient de réciter le Chéma (Berakhot 10b).

En termes techniques, le moment pour réciter le Chéma du soir débute à la tombée de la nuit (environ 40 minutes après le coucher du soleil) et se poursuit jusqu’à minuit (ou si nécessaire jusqu’à l’aube du jour suivant). Le moment pour réciter le Chéma du matin débute environ une heure après le lever du soleil (à partir du moment où l’on peut reconnaître un ami à quatre coudées de distance) et continue jusqu’à environ 8h du matin (la fin de trois heures saisonnières complètes).

Le Chéma aborde les concepts de l’amour de D.ieu, de l’étude de la Torah et de la transmission de la tradition juive à nos enfants.

Le Chéma complet est compris de trois paragraphes de la Torah. Le premier paragraphe, Deutéronome 6, 4-9, aborde les concepts de l’amour de D.ieu, de l’étude de la Torah et de la transmission de la tradition juive à nos enfants.

Ces versets se réfèrent aussi spécifiquement aux mitsvot de téfilines et mézouza. Pendant la prière, nous portons les téfilines comme un signe ostensible de la proximité de D.ieu à notre tête et à notre cerveau, montrant ainsi que chacune de nos pensées et de nos émotions sont dirigées vers D.ieu. Le parchemin de la mezouza est fixé aux linteaux de nos portes pour montrer que nous nous sentons en sécurité en présence de D.ieu.

Le deuxième paragraphe, Deutéronome 11, 3-21, nous parle des conséquences positives de l’accomplissement des mitsvot et des conséquences négatives dans le cas contraire.

Le troisième paragraphe, Nombres 15, 37-41 aborde spécifiquement la mitsva de porter les tsisit et l’Exode d’Egypte. Les tsitsit constituent un rappel physique des 613 commandements de la Torah. Nous déduisons cela de la valeur numérique du mot tsitsit (600), plus les cinq nœuds et huit fils sur chaque coin, ce qui fait 613 en tout.

L’unité divine

Le thème central du premier verset est l’Unité de D.ieu : « Ecoute ô Israël, le Seigneur est notre D.ieu, le Seigneur est Un » (Deutéronome 6, 4).

Plus loin, tel que cela est écrit dans le parchemin de la Torah, les lettres « Ayin » et « Daled » du premier verset sont agrandies de manière à former le terme hébraïque Ed, « témoin ». Quand nous récitons le Chéma, nous témoignons de l’Unicité de D.ieu.

Pourquoi l’ « unicité » est un thème aussi central dans la croyance juif ? En quoi cela importe-t-il que D.ieu soit un et non pas trois.

Le même D.ieu qui nous prodigue tant de bonté un jour, peut faire en sorte que tout aille si mal le lendemain.

Les évènements de notre monde pourraient sembler masquer l’idée que D.ieu est un. Un jour nous nous levons et tout va bien dans le meilleur des mondes. Le lendemain, tout va de travers. Que s’est-il passé ?! Est-ce possible que le même D.ieu qui nous prodigue tant de bonté un jour, puisse faire en sorte que tout aille si mal le lendemain ? Nous savons que D.ieu est bon, alors comment peut-il y avoir tant de douleur dans ce monde ? Est-ce simplement de la « malchance » ?

Le Chéma est une déclaration que tous les évènements de la vie proviennent de l’Un, et uniquement de l’Un. La confusion émane de notre perception limitée de la réalité. Une manière de comprendre l’unité de D.ieu est d’imaginer une lumière se reflétant à travers un prisme. Même si nous voyons de nombreuses couleurs du spectre, celle-ci émanent en réalité d’une seule et unique lumière. De même, même s’il semble que certains évènements ne sont pas causés par D.ieu mais plutôt par une quelconque autre force ou malchance, en réalité, ils proviennent tous du Dieu unique. Dans le plan éternel magistral, tout est pour le « bien », car D.ieu sait ce qui est le meilleur pour nous.

Ce principe se situe aux antipodes de la doctrine zoroastrienne de la dualité qui prône l’idée de deux pouvoirs conflictuels ; le bien et le mal.

Quand un juif récite le Chéma, l’habitude est qu’il ferme ses yeux et les couvre avec sa main. L’autre occurrence dans la tradition juive où les yeux de la personne sont fermés est la mort. Tout comme au jour dernier où nous finirons par comprendre comment même le « mal » était en réalité pour le « bien », de même en récitant le Chéma nous aspirons à atteindre ce niveau de foi et de compréhension.

Nos Sages nous disent que le patriarche Jacob, après une séparation de 22 ans avec son fils Joseph, descendit finalement en Egypte pour le revoir. Lors de leurs retrouvailles, Jacob récita le Chéma. Toutes ces années de nostalgie pour son fils disparu depuis si longtemps se cristallisèrent en la prière chargée d’émotion de Chéma Israël.

Aimer Dieu

Le deuxième verset du Chéma est : « Et tu aimeras l’Éternel ton D.ieu de tout ton cœur, de toute ton âme, avec toutes tes ressources » (Deut. 6, 5)

Que signifie aimer D.ieu de tout son cœur ? Le Talmud explique que le mot « cœur » est une métaphore pour les « désirs ». Même aujourd’hui, nous disons en langage familier « J’aime le chocolat » pour exprimer le fait que nous désirons du chocolat. Quand le Chéma nous enjoint d’ « aimer D.ieu de tout ton cœur », il nous demande d’utiliser non seulement nos « bons traits de caractère » comme la bonté ou la compassion pour accomplir la volonté de D.ieu, mais aussi d’utiliser nos traits de caractère plus critiques pour Le servir.

Profitez de ce monde afin de vous aider à vous détendre et à mieux apprécier le monde que D.ieu a créé.

Par exemple, quand vous allez dans un bon restaurant, n’y allez pas parce que vous désirez faire bombance. Essayez plutôt de garder en tête que vous manger pour conserver votre corps en bonne santé cela afin d’être à même de servir D.ieu. De la même manière, si vous vous offrez un CD de musique, vous devriez essayer l’écouter dans le but de vous détendre et de mieux apprécier le monde que D.ieu a créé.

Que signifie « aimer D.ieu de toute son âme » ?

Le grand sage du Talmud Rabbi Akiva (IIème siècle) aimait tellement D.ieu qu’il enseigna la Torah en dépit du décret romain qui l’interdisait. Quand les romains s’en aperçurent, ils le condamnèrent à une mort atroce. Ils prirent un grand peigne de fer et se mirent racler sa chair avec. Alors qu’il se faisait torturer, Rabbi Akiva récita le Chéma avec une ferveur joyeuse : « Ecoute ô Israël, le Seigneur est notre D.ieu, le Seigneur est Un. »

Ses disciples ahuris lui demandèrent : « Maître, comment pouvez-vous louer D.ieu en subissant de telles torture ? »

Rabbi Akiva répliqua : « Toute ma vie, j’ai aspiré à aimer D.ieu de toute mon âme. A présent que j’ai l’opportunité de l’accomplir, je le fais avec joie ! » Avec son dernier souffle, il sanctifia le nom de D.ieu en criant les mots du Chéma (Talmud – Berakhot 61a).

La dernière partie de ce verset nous enjoint d’ « aimer D.ieu avec toutes nos ressources ». Ceci est difficile à comprendre parce qu’en règle général, la Torah ordonne les séries de commandements du plus facile au plus ardu. Or dans ce cas précis, l’ordre est le suivant : Aime Dieu émotionnellement (« cœur »), sois même prêt à donner ta vie si nécessaire (« âme »), et même à dépenser ton argent pour Lui !

Est-ce une progression logique ? Y aurait-il vraiment des personnes qui considèrent que l’argent est plus important que leur vie même ?!

La réponse est oui. Le Talmud (Berakhot 54a) évoque le cas d’un homme qui traverse un champ épineux et retrousse son pantalon afin d’éviter de le déchirer. Les jambes de ce malheureux sont toutes égratignées et tailladées mais au moins, son pantalon est sain et sauf !

Dans le Nevada, où les jeux d’argent sont légaux et où chaque hôtel possède son propre casino, les fenêtres des chambres d’hôtels sont spécialement destinées pour ne s’ouvrir que l’espace d’une petite fente. Pourquoi ? Pour que les clients qui perdent leur argent au jeu ne soient pas tentés de sauter par la fenêtre. Eh oui, pour certaines personnes, l’argent revêt plus d’importance que la vie même.

L’Unité Juive

Seth Mandel, le père de Koby Mandel, l’adolescent de treize ans qui fut matraqué à mort dans une grotte par des terroristes arabes, prit la parole lors d’un grand rassemblement pro-israélien à Washington DC en avril 2002. Il raconta l’histoire suivante :

Dans l’attentat à la bombe de la pizzeria Sbarro qui fit 15 victimes à Jérusalem, cinq membres de la famille Dutch trouvèrent la mort. L’un d’entre eux était un petit garçon de 4 ans appelé Avraham Its’hak. Alors qu’il gisait à même le sol, saignant, brûlant et agonisant, il dit à son père : « Abba, aide-moi s’il te plait. Sauve-moi. »

Alors qu’il gisait à même le sol, à l’article de la mort, ils récitèrent les mots du Chéma à l’unisson.

Son père s’approcha de lui et lui tint la main. Puis ils récitèrent les mots du Chéma à l’unisson.

Seth Mandel dit à la foule de Washington :

« Mon fils Koby est mort seul. Je n’ai pas eu la chance de réciter le Chéma avec lui. Alors maintenant, je veux que vous m’aidiez à réciter le Chéma pour les centaines de juifs qui ont été assassinés au cours des violences qui agitent le Moyen Orient. Dites le Chéma avec moi pour le mérite du petit garçon de Sbarro. Et dites le Chéma avec moi pour le mérite de mon fils Koby. » Puis il conduisit la foule de 250 000 personnes réunies devant lui dans la récitation du Chéma.

L’histoire biblique et moderne démontre que l’unité juive a apporté de la sécurité aussi bien au peuple juif qu’au monde entier. Un assaut physique et spirituel fut lancé contre l’humanité le 11 septembre. La tension en Israël continue à monter. La menace du terrorisme pèse encore lourdement sur nous. Qui sait ce que nous réserve l’avenir ? Que pouvons-nous faire ?

Maintenant, dans notre époque turbulente, chacun d’entre nous, hommes, femmes ou enfants peut aider d’une manière simple mais ô combien puissante : chaque matin et soir, prenez une pause de 15 secondes de ce que vous êtes en train de faire et récitez le Chéma.

Le plus important est de comprendre et de vous concentrer sur la signification des mots. Si vous ne comprenez pas l’Hébreu, vous pouvez le réciter également en français. Et par la suite, tâchez d’apprendre la prononciation et la signification afin d’être à même de le réciter en Hébreu également.

Les parents peuvent dire le Chéma à voix haute avec leurs enfants. Cela peut être très rassurant pour eux d’ajouter à leur rituel nocturne la récitation le Chéma, une prière au Tout Puissant pour qu’Il les protège.

Dire le Chéma est une formule simple, forte de six mots, destinée à unir tous les gens qui aiment la paix ainsi qu’à apporter davantage de lumière spirituelle dans notre monde.

Le texte du Chéma

Tout de suite après avoir récité le Chéma, concentrez-vous sur l’accomplissement des commandements positifs de réciter le Chéma chaque matin. Il est important de prononcer distinctement les mots et de bien les articuler.

En priant sans un quorum d’hommes, commencez par cette formule de trois mots :

D.ieu, Roi fidèle.

Récitez le premier verset à voix haute en couvrant vos yeux avec votre main droite et ayez l’intention expresse d’accepter la souveraineté absolue de D.ieu.

Ecoute ô Israël, l’Eternel est notre D.ieu, l’Eternel est Un.

A voix basse :

Béni soit le nom de la gloire de Sa royauté à tout jamais.

En récitant le premier paragraphe (Deutéronome 6, 5-9), concentrez-vous sur l’acceptation du commandement d’aimer D.ieu. Touchez vos téfilines de la main en disant « Tu les attacheras » et celles de la tête en disant « et elles seront comme fronteaux », puis embrassez les extrémités de vos doigts.

Et tu aimeras l’Éternel ton D.ieu de tout ton cœur, de toute ton âme, avec tout ton pouvoir. Que les paroles que Je t’adresse aujourd’hui soient sur ton cœur. Tu les enseigneras à tes fils, tu en parleras assis dans ta maison, en marchant sur le chemin à ton coucher et à ton lever. Tu les attacheras en signe sur ta main et elles seront comme fronteaux entre tes yeux. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et à tes portes.

Voici ce passage en hébreu :

En récitant le deuxième paragraphe (Deutéronome 11, 13-21), concentrez-vous sur l’acceptation de tous les commandements ainsi que le concept de récompense et punition. Touchez vos téfilines des bras en disant « Tu les attacheras » et celles de la tête en disant « et elles seront comme fronteaux », puis embrassez les bouts de vos doigts.

Et ce sera, si vous écoutez bien Mes commandements que Je vous ordonne aujourd’hui, d’aimer l’Éternel votre D.ieu et le servir de tout votre cœur et de toute votre âme. Je donnerai la pluie de votre terre en son temps, averse d’automne et ondée du printemps, et tu récolteras ton blé, ton vin et ton huile. Je donnerai l’herbe dans ton champ pour ton bétail, tu mangeras et tu seras rassasié.

Gardez-vous de laisser séduire votre cœur, de vous écarter et de séduire d’autres dieux, de vous prosterner devant eux. La colère de l’Éternel s’enflammerait contre vous. Il fermerait les cieux, il n ‘ y aurait plus de pluie et la terre ne donnerait plus sa récolte, et vous disparaîtriez bientôt du bon pays que D.ieu vous donne.

Mettez ces paroles que Je vous énonce, dans votre cœur et dans votre âme, attachez-les comme signe à votre main et qu’elles soient en fronteau entre vos yeux. Vous les enseignerez à vos fils, pour vous en entretenir assis dans votre maison, en marchant sur le chemin, en se couchant et en se levant. Tu l’écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes afin que se multiplient vos jours et ceux de vos enfants sur la terre que D.ieu à juré à vos pères de leur donner, comme les jours des cieux sur la terre.

Avant de réciter le troisième paragraphe (Nombres 15, 37-41), les tsitsit qui étaient jusque là tenus dans la main gauche, sont tenus dans la main droite également. On embrasse les tsitsit à chaque mention du mot « tsitsit » et à la fin du paragraphe, on les passe devant ses yeux en disant « dont la vue » :

L'Éternel parla à Moïse en ces termes : Parle aux enfants d'Israël, et dis-leur de se faire des franges aux coins de leurs vêtements, dans toutes leurs générations, et d'ajouter à la frange de chaque coin un cordon d'azur. Cela formera pour vous des franges dont la vue vous rappellera tous les commandements de l'Éternel, afin que vous les exécutiez et ne vous égariez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux, qui vous entraînent à l'infidélité. Vous vous rappellerez ainsi et vous accomplirez tous mes commandements, et vous serez saints pour votre Dieu. Je suis l'Éternel votre Dieu, qui vous ai fait sortir du pays d'Égypte pour devenir votre Dieu ; Je suis moi, l'Éternel, je suis votre Dieu !

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