Torah de Vie

Infinité et humilité

Vayichla'h (Genèse 32:4-36:43 )

Une réflexion contemporaine sur la Paracha de la semaine.

L’orgueil est considéré comme le défaut le plus méprisable aux yeux des maîtres du Talmud (Sota, 5a). Cependant les sages avancent dans un autre texte une idée qui va à contrecourant de ce principe : un érudit doit avoir un huitième de huitième d’orgueil ! Cette affirmation est vraiment étonnante puisque l’on peut lire quelques lignes auparavant, les mêmes maîtres proclamer avec force que D.ieu et l’orgueilleux ne peuvent résider ensemble…

Que signifient donc les mots « huitième de huitième d’orgueil » ?

Un premier élément de réponse nous est fourni par le Gaon de Vilna.

A l’affût de la moindre anomalie apparente de nos textes, le Gaon de Vilna s’étonne de la formulation talmudique. Pourquoi ne pas dire simplement « un peu d’orgueil » ? Et le Gaon de nous proposer une intéressante explication. Le « huitième de huitième » fait référence au verset 8 de la 8ème paracha de la Tora. Il s’agit de la parachat Vaychla’h. Ce verset commence par les mots « Je suis petit pour toutes les bontés que m’as accordées… ». C’est Yaacov qui parle et qui fait état de son humilité, de sa petitesse devant tout le Bien dont D.ieu l’a comblé.

Mais ceci renforce la question. Comment le Talmud peut-il évoquer l’orgueil, précisément à propos d’un verset dans lequel le Patriarche proclame qu’il n’est rien et qu’il ne mérite absolument pas ce que D.ieu lui accorde ?

Conscience de l’infini

Avant de répondre à cette question, essayons de comprendre pourquoi la bonté divine engendre l’humilité.

Lorsqu’un homme fait du bien à son prochain, quelque chose de nouveau se produit. Outre la paix intérieure que ressent celui qui a été gratifié de ce bienfait. Un nouveau type de relation, un sentiment de proximité, va s’installer entre celui qui reçoit et celui qui donne.

Il en va de même dans notre relation à D.ieu. Lorsqu’Il nous donne plus de Sagesse pour mieux comprendre le sens de notre vie ou pour mieux comprendre un texte de Tora qui restait obscur. Ou bien lorsque l’Éternel nous gratifie d’un miracle, on se sent plus proche de Lui. Et cette proximité nous fait alors prendre conscience de Sa grandeur infinie.

Alors tout naturellement, on devient plus humble car devant l’Infini qui nous dépasse, qui peut encore faire preuve d’orgueil ?

Ensemble

Il nous sera, à présent, possible de saisir la contradiction soulevée plus haut. Pourquoi le Talmud évoque-t-il l’orgueil (un huitième de huitième) précisément lorsque Yaacov affirme sa petitesse ? L’humilité et l’orgueil peuvent-ils coexister ? Si la Tora a placé ces deux attitudes dans un même verset, c’est pour nous apprendre que l’humilité a des limites et que parfois nous devons également nous affirmer.

Dans quel cas ? Lorsque l’honneur de la Tora et d’Israël sont menacés. Dans une telle situation c’est de la Majesté de D.ieu dont il est question. Cet enseignement nous est donné précisément dans la Paracha Vaychla’h. C’est en effet dans ce texte que pour la première fois, Yaacov, symbole de l’humilité, va affronter l’antisémitisme, personnifié par son frère Essav. Et dans de telles circonstances, l’humilité n’est pas de mise. Il faut être prêt à combattre avec vigueur l’antisémitisme sous toutes ses formes.

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